LG_244
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Juillet / Août 2021 n˚ <strong>244</strong><br />
www.gemengen.lu<br />
Gilles Hempel<br />
Directeur<br />
Fondation pour l’Accès au Logement<br />
YOLIANA BAYONA ET FRÉDÉRIC CHAPELLE<br />
PwC Luxembourg<br />
Professionnaliser sa fonction Achats<br />
MARIANNE RAU ET PIERRE WAUTHIER<br />
Arendt & Medernach<br />
Législation sur l’autoconsommation<br />
PAUL PHILIPP<br />
FLF<br />
Une vie dévouée au football
vos experts en droit<br />
et développement<br />
des entreprises<br />
le monde du travail change<br />
télétravail, présentiel, transfrontaliers, signature électronique...<br />
Arendt vous accompagne à travers cette nouvelle donne<br />
arendt.com
ÉDITO<br />
PAR MARTINA CAPPUCCIO<br />
Justice fiscale: les multinationales passeront-elles<br />
enfin à la caisse?<br />
Le 1 er juillet dernier, 130 pays – représentant 90% du PIB mondial –<br />
ont ratifié un accord visant à soumettre les multinationales à un<br />
impôt minimum de 15% et à le moduler selon les bénéfices réalisés<br />
dans chaque pays et non plus en fonction de leur présence physique<br />
sur un territoire. Sont ainsi concernées les entreprises dont le chiffre<br />
d’affaires mondial excède 20 milliards d’euros et dont les bénéfices<br />
sont supérieurs à 10%. On retrouve notamment parmi celles-ci les<br />
GAFAM, étant jusqu’ici parvenues, à coup «d’optimisation fiscale»,<br />
à ne s’acquitter que d’impôts dérisoires. De plus, les activités des<br />
grands groupes pourront être segmentées de manière à taxer celles<br />
qui génèrent de tels bénéfices – indépendamment du reste de la<br />
société –, comme les activités dématérialisées de type «cloud». Selon<br />
l’Organisation de développement et de coopération économique<br />
(OCDE), ce socle minimum permettrait de percevoir plus de 150<br />
milliards de dollars supplémentaires par an.<br />
Si l’annonce est belle, l’envers du décor laisse pourtant à désirer. Il<br />
est tout d’abord à noter que les États-Unis, dont le président Joe<br />
Biden a remis le projet sur la table, étaient bien plus courageux en<br />
souhaitant instaurer une taxation minimum de 21%. Jugeant ce taux<br />
trop dangereux pour le commerce et craignant qu’il ne dissuade de<br />
nombreux États de l’appliquer, l’Europe a tiré ces ambitions vers<br />
le bas. Chaque pays aura toutefois la possibilité d’appliquer une<br />
taxation plus élevée. Difficile également d’ignorer que cet accord<br />
profiterait essentiellement aux États du G7 qui, selon l’ONG Oxfam,<br />
rafleraient à eux seuls environ 60% des recettes fiscales engendrées<br />
par ce dernier. En effet, bien qu’augmentant la part perçue par<br />
les pays à faibles revenus, cet accord privilégierait les marchés de<br />
consommation au détriment des pays de production… Enfin, il<br />
n’est pas à exclure que cette taxation finisse tout bonnement par<br />
être facturée aux consommateurs. Rappelons qu’en 2019, lorsque<br />
la France a créé la «taxe GAFA», Amazon a utilisé ce prétexte pour<br />
augmenter ses commissions de 3%, la répercutant ainsi par effet de<br />
ruissellement sur les particuliers.<br />
En effet, selon le Parlement européen, le taux moyen d’imposition<br />
sur les bénéfices des premières atteindrait seulement 9,5% à l’heure<br />
actuelle, contre 23% pour les entreprises traditionnelles. Et bien qu’il<br />
puisse encore varier d’un pays à l’autre, cet accord serait avant tout le<br />
symbole d’un système socialement injuste qui se remet en question.<br />
Mais ne crions pas «demi-victoire» trop vite! Une telle harmonisation<br />
fiscale doit en effet faire l’unanimité parmi les 27 États membres<br />
pour être adoptée. Contre toute attente, le Luxembourg s’est montré<br />
plutôt enthousiaste face à cette proposition, Pierre Gramegna<br />
affirmant qu’elle ne devrait «pas avoir d’impact sur l’attractivité<br />
du pays, les investisseurs étant davantage sensibles au triple A, à la<br />
prévisibilité et à la croissance économique qu’au taux d’imposition».<br />
On ne peut pas en dire autant pour la Hongrie, l’Estonie et l’Irlande<br />
qui freinent pour l’heure le projet. «The Guardian» a pourtant<br />
révélé récemment qu’une filiale de Microsoft générant près de<br />
325 milliards d’euros de bénéfices par an ne payait que des impôts<br />
dérisoires en Irlande. Dans ce contexte, difficile d’imaginer les<br />
arguments que le pays pourrait avancer pour ne pas réparer les<br />
injustices fiscales qui profitent aux multinationales…<br />
Dans un monde souffrant économiquement d’une pandémie qui a<br />
rendu les riches plus riches et les pauvres plus pauvres, les sommes<br />
promises par cette harmonisation fiscale pourraient constituer<br />
un véritable enjeu de relance et participer ainsi à réduire ces<br />
inégalités. Les 130 pays participant aux négociations ont jusqu’au<br />
mois d’octobre pour finaliser les travaux techniques permettant la<br />
mise en œuvre de cet accord en 2023, soit autant de temps laissé à<br />
l’Europe pour régler ses conflits internes. Ses beaux discours font<br />
aujourd’hui pâle figure face aux ambitions des États-Unis dont<br />
l’ultra-libéralisme semble s’être tempéré avec l’arrivée de Joe Biden<br />
à la Maison-Blanche. Nous manquait-il un leader américain fort<br />
pour à nouveau faire preuve de courage politique? n<br />
Cet accord, sans doute imparfait, permettrait toutefois de réduire<br />
les disparités de traitement entre les multinationales et les PME.
4<br />
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
SOMMAIRE<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
42 | DAVID VIAGGI<br />
Administration communale de Bissen<br />
COVERSTORY<br />
0 8 | GILLES HEMPEL<br />
Fondation pour l’Accès au Logement<br />
Bissen fait peau neuve…<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
50 | YOLIANA BAYONA CAMARGO ET<br />
FRÉDÉRIC CHAPELLE - PwC Luxembourg<br />
La promotion immobilière sociale: plus qu’une nécessité<br />
De l’importance de professionnaliser<br />
sa fonction Achats<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
12 | JACQUES VANDIVINIT<br />
Fonds du Logement<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
34 | MARIO DI STEFANO<br />
DSM Avocats à la Cour<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
52 | DAVID GRAY<br />
CK Group<br />
Accueillir, loger et accompagner<br />
Le droit de préemption «Pacte Logement»:<br />
la jurisprudence récente<br />
Accompagner les PME dans<br />
leur transformation digitale<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
18 | MARC THEIN<br />
Socom S.A.<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
38 | ROMAIN REITZ<br />
Administration communale de Junglinster<br />
ÉNERGIE<br />
64 | MARIANNE RAU ET PIERRE WAUTHIER<br />
Arendt & Medernach<br />
Socom: 50 ans d’histoire électrisante<br />
Le charme de la ruralité allié à la modernité<br />
Autoconsommation:<br />
quelles possibilités ouvertes par la loi?
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
5<br />
ÉNERGIE<br />
68 | XAVIER MAKA<br />
Naturgas Kielen<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
84 | ÄNDER SCHANCK<br />
Oikopolis<br />
LETZEBUERGER GEMENGEN<br />
Publication éditée par Euro-Editions S.A.<br />
www.gemengen.lu<br />
Quel avenir pour la biométhanisation?<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
76 | GUY SPANIER ET CARLO LECUIT<br />
Administration communale de Schifflange<br />
L’agriculture biologique à la loupe<br />
SANTÉ<br />
96 | FRANK HALMES<br />
Luxembourg Air Rescue<br />
Société éditrice<br />
Euro-Editions S.A.<br />
24, rue Michel Rodange • L-4660 Differdange<br />
Régie publicitaire<br />
Julien Malherbe<br />
marketing@euroeditions.lu<br />
Administration<br />
Lucia Ori<br />
Tél. 58 45 46-29 • Fax 58 49 19<br />
admin@euroeditions.lu<br />
Raouf Hatira<br />
secretariat@euroeditions.lu<br />
En piste pour la mobilité active!<br />
PORTRAIT<br />
104 | PAUL PHILIPP<br />
Fédération Luxembourgeoise de Football<br />
Un nouveau commandant à bord<br />
chez Luxembourg Air Rescue<br />
Rédaction<br />
Martina Cappuccio<br />
martina@euroeditions.lu<br />
Pierre Birck<br />
Adeline Jacob<br />
Raouf Hatira<br />
Dominique Coutant<br />
Marc Auxenfants<br />
Claire Sibella<br />
Conception et réalisation graphique<br />
Anna Arbizzoni<br />
Photographie<br />
Marie De Decker<br />
Eric Devillet<br />
Agence Kapture<br />
Nader Ghavami – Photopro Luxembourg<br />
Impression<br />
Imprimerie Centrale<br />
Une vie de passionné, dévouée au football<br />
© Euro-Editions<br />
Tous droits de reproduction réservés pour tous pays.<br />
Tous manuscrits, photos et documents envoyés à la<br />
rédaction ne peuvent être exploités qu’avec l’accord de<br />
leurs auteurs. Publiés ou non, ils ne seront pas restitués.<br />
Les reportages signés n’engagent que leurs auteurs.<br />
Les prix figurant dans cette revue sont indicatifs et<br />
peuvent être sujets à des variations dont l’éditeur ne<br />
pourrait nullement être tenu pour responsable.
6<br />
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
INDEX<br />
08 | GILLES HEMPEL<br />
Directeur<br />
Fondation pour l’Accès<br />
au Logement<br />
12 | JACQUES<br />
VANDIVINIT<br />
Directeur<br />
Fonds du Logement<br />
16 | ANGÉLINE PRÉVOT<br />
Administrateur délégué<br />
GERI Management<br />
18 | MARC THEIN<br />
Président du comité de<br />
direction<br />
Socom S.A.<br />
22 | PHILIPPE GENOT<br />
Wood Cluster Manager<br />
Luxinnovation<br />
32 | JÉRÔME LAURENT<br />
Bourgmestre<br />
Commune de Mertert<br />
34 | MARIO DI STEFANO<br />
Managing Partner<br />
DSM Avocats à la Cour<br />
38 | ROMAIN REITZ<br />
Bourgmestre<br />
Commune de Junglinster<br />
42 | DAVID VIAGGI<br />
Bourgmestre<br />
Commune de Bissen<br />
48 | NICO PUNDEL<br />
Bourgmestre<br />
Commune de Strassen<br />
50 | YOLIANA BAYONA<br />
CAMARGO<br />
Director<br />
PwC Luxembourg<br />
50 | FRÉDÉRIC CHAPELLE<br />
Partner, Digital Procurement<br />
PwC Luxembourg<br />
52 | DAVID GRAY<br />
Directeur général<br />
CK Group<br />
.<br />
58 | SEBASTIEN<br />
WILECZEK<br />
Head of Digital Business<br />
Consulting<br />
Fujitsu<br />
60 | FRANZ CLÉMENT<br />
Chercheur<br />
LISER
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
7<br />
INDEX<br />
64 | MARIANNE RAU<br />
Avocate et associée<br />
Arendt & Medernach<br />
64 | PIERRE WAUTHIER<br />
Lead Advisor Real Estate<br />
Arendt Regulatory &<br />
Consulting<br />
66 | LAURENT MAGI<br />
Responsable des services<br />
liés à la transition<br />
énergétique<br />
Enovos Services S.A.<br />
68 | XAVIER MAKA<br />
Directeur général<br />
Naturgas Kielen<br />
70 | GÜNTER KRINGS<br />
Managing Director<br />
Viessmann.<br />
74 | GUY PETTINGEN<br />
Bourgmestre<br />
Commune de Steinfort<br />
76 | GUY SPANIER<br />
Responsable du<br />
service Urbanisme et<br />
Développement durable<br />
Commune de Schifflange<br />
76 | CARLO LECUIT<br />
Échevin<br />
Commune de Schifflange<br />
80 | FERNAND KLOPP<br />
Co-directeur<br />
SICONA<br />
80 | YVES SCHAACK<br />
Co-directeur<br />
SICONA<br />
Copyright: MA<br />
84 | ÄNDER SCHANCK<br />
Directeur<br />
Oikopolis Groupe<br />
88 | ROMAIN SCHNEIDER<br />
Ministre de l’Agriculture<br />
94 | CLAUDE TONINO<br />
Bourgmestre<br />
Commune de Vianden<br />
96 | FRANK HALMES<br />
CEO<br />
Luxembourg Air Rescue<br />
A.s.b.l.<br />
98 | PAULETTE LENERT<br />
Ministre de la Santé<br />
36 | PAUL PHILIPP<br />
Président<br />
Fédération<br />
Luxembourgeoise de<br />
Football
8<br />
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
COVERSTORY<br />
La promotion immobilière<br />
sociale: plus qu’une nécessité<br />
Créée en 2009, la Fondation pour l’Accès au Logement (FAL) se bat sur tous les fronts pour<br />
garantir l’accès au logement pour tous. Celle-ci se positionne en tant qu’intermédiaire avec<br />
les communes pour atteindre cet objectif. Gilles Hempel, directeur, revient en détail sur les<br />
activités de la FAL et notamment sur Abitatio, son activité de promotion immobilière sociale<br />
en charge de la construction de logements à destination des bénéficiaires de l’AIS (Agence<br />
Immobilière Sociale).<br />
Gilles Hempel
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
9<br />
D’où est venue l’idée de se lancer dans la<br />
promotion immobilière?<br />
Elle est née d’une nécessité. L’AIS réinsère<br />
des personnes en situation de précarité<br />
par le biais de biens immobiliers sur le<br />
marché privé. Nous gérons actuellement<br />
600 biens en location et nos locataires<br />
ne peuvent bénéficier que d’une mise à<br />
disposition à durée déterminée. Ce laps de<br />
temps, nécessaire pour garantir l’équilibre<br />
financier d’un ménage, parfois pour trouver<br />
un travail et même suivre des formations,<br />
ne suffit pourtant plus. Nos locataires sont<br />
toujours aussi motivés à retrouver une<br />
autonomie mais, en dix ans d’activité, nous<br />
avons constaté que l’envolée des prix de<br />
l’immobilier ne laissait aucune chance de<br />
se loger aux plus démunis.<br />
Partant de ce constat, il fallait agir en tant<br />
que promoteur immobilier afin de devenir<br />
propriétaire et d’offrir des baux à durée<br />
indéterminée à des prix abordables. Nous<br />
avons donc lancé Abitatio, un promoteur<br />
social créé au sein de la FAL. Au cours<br />
de ces trois dernières années, nous nous<br />
sommes professionnalisés et outillés pour y<br />
parvenir en sachant que les dix premières<br />
années de notre activité ne concernaient<br />
que la gestion locative sociale.<br />
“Il fallait agir<br />
en tant que<br />
promoteur<br />
immobilier<br />
afin de devenir<br />
propriétaire<br />
et d’offrir des<br />
baux à durée<br />
indéterminée<br />
à des prix<br />
abordables”<br />
Cela dépend de leur vision politique mais<br />
dans tous les cas, elles sont assurées que les<br />
logements resteront toujours sociaux.<br />
Avec le Pacte Logement 2.0, les communes<br />
sont incitées à créer des logements à prix<br />
abordable. La plupart d’entre elles n’ont<br />
pas les moyens humains ou financiers de<br />
réaliser des projets de construction et<br />
Abitatio a pour objectif de les accompagner<br />
dans cette démarche.<br />
Nous favorisons les projets de six à douze<br />
logements. Certains sont réalisés par<br />
Abitatio, mais nous collaborons aussi avec<br />
d’autres promoteurs privés dans le cadre<br />
de grands projets où l’on acquiert des<br />
lots. En effet, les promoteurs sont obligés<br />
de réserver une partie de la superficie à<br />
des logements abordables. Dans le même<br />
temps, cela facilite la mixité sociale.<br />
Par ailleurs, en tant que Fondation, notre<br />
but n’est pas la rentabilité ni le profit.<br />
L’esprit social anime chacun de nos projets<br />
avec l’objectif de créer des logements<br />
abordables, agréables et favorisant le vivre<br />
ensemble dans les immeubles que nous<br />
construisons et dans leurs alentours. Nous<br />
souhaitons également apporter une plusvalue<br />
aux communes en réalisant des projets<br />
qui respectent les lieux.<br />
Construire et gérer des logements sont<br />
deux métiers totalement différents mais<br />
notre expérience en matière de gestion, en<br />
plus de la promotion immobilière sociale,<br />
nous permet aujourd’hui de proposer des<br />
services de qualité. En effet, en dehors de la<br />
construction, c’est la gestion et le suivi qui<br />
intéressent le plus les communes.<br />
Comment se déroule la collaboration<br />
entre Abitatio et les communes?<br />
L’AIS collabore avec environ 50 communes<br />
en matière de gestion locative sociale et<br />
nous comptons également collaborer au<br />
niveau de la construction de logements.<br />
Nous offrons une prestation complète à<br />
celles qui souhaitent s’engager sur cette<br />
voie: de la planification à la gestion des<br />
logements, en passant par le financement<br />
et la construction. Deux choix s’offrent<br />
aux communes: un bail emphytéotique<br />
de 50 à 99 ans ou la vente de terrains.<br />
Quels sont les projets en cours et à<br />
venir?<br />
Nous avons réalisé deux projets de neuf<br />
logements, l’un à Niederkorn l’autre à<br />
Harlange, comprenant respectivement sept<br />
et deux appartements. Ces derniers ont<br />
d’ores et déjà été livrés et sont aujourd’hui<br />
habités.<br />
“Créer des<br />
logements<br />
abordables,<br />
agréables et<br />
favorisant le vivre<br />
ensemble”
10 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DOSSIER<br />
Dix autres projets de 60 logements sont<br />
en cours de construction et se trouvent<br />
à différents stades d’avancement. À<br />
Heinerscheid, un immeuble de douze unités<br />
sera terminé en fin d’année, tout comme les<br />
six appartements à Wiltz. À Wilwerdange,<br />
deux maisons sont actuellement en<br />
réalisation. Celles-ci seront livrées au<br />
printemps 2022.<br />
“L’esprit social<br />
anime chacun<br />
de nos projets”<br />
À des échéances plus lointaines, en 2023,<br />
Mondorf-les-Bains disposera de neuf<br />
appartements, Merscheid de cinq et<br />
Hosingen de six. Encore plus loin, en 2024,<br />
Niederkorn bouclera son deuxième projet<br />
avec nous grâce à la construction de sept<br />
appartements. En fin de la même année,<br />
Altrier, une localité de la commune de<br />
Bech, disposera de six appartements.<br />
Deux autres projets, dont les dates ne sont<br />
pas encore connues, verront le jour: l’un<br />
à Schifflange avec l’installation de deux<br />
maisons modulaires, l’autre à Sennigerberg<br />
avec la construction de six appartements.<br />
D’autres projets avec diverses communes<br />
sont en préparation, voire en cours de<br />
négociation. n<br />
Fondation pour l’Accès au Logement<br />
202 B Rue de Hamm<br />
L-1713 Luxembourg<br />
www.fondation-logement.lu
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
Le logement Triple A<br />
11<br />
Accessible - Abordable - Accompagné<br />
Le promoteur social<br />
www.abitatio.lu<br />
Le bailleur social<br />
www.ais.lu<br />
L’inclusion sociale<br />
www.accompagnement.lu<br />
Une fondation, 3 départements<br />
Contactez-nous au 26 48 39 52 ou par email : info@fondation-logement.lu<br />
www.fondation-logement.lu<br />
202b, rue de Hamm L-1713 Luxembourg
12 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
Accueillir, loger<br />
et accompagner<br />
En poste depuis 2019, Jacques Vandivinit, directeur du<br />
Fonds du Logement, poursuit ses efforts de modernisation<br />
de l’établissement public pour optimiser le parcours des<br />
candidats depuis leur inscription jusqu’à leur emménagement<br />
dans une habitation à prix abordable ainsi que pour intensifier<br />
la construction de ce type de logements. Dans cet article, il<br />
nous parle des grands projets en cours et nous fait part de ses<br />
ambitions pour l’avenir du Fonds. Interview.<br />
Quels sont les objectifs et les missions<br />
du Fonds du Logement?<br />
Le Fonds du Logement est un établissement<br />
public dont les missions sont définies par<br />
la loi. Cette dernière stipule que notre<br />
fonction principale est la construction<br />
et la mise sur le marché de logements<br />
abordables destinés, selon nos objectifs,<br />
à 70% à la location et à 30% à la vente.<br />
Nous donnons ainsi accès au logement à<br />
des personnes à revenus modestes puisque<br />
beaucoup de ménages n’ont pas les moyens<br />
de louer ou d’acheter un bien sur le<br />
marché privé. Depuis la création du Fonds<br />
en 1979, nous avons créé plus de 4.000<br />
logements. Fin 2020, nous gérions 2.003<br />
habitations en location. Ce chiffre ne cesse<br />
d’augmenter au gré des aboutissements de<br />
nos projets de construction.<br />
Nous sommes également responsables<br />
de la conception de quartiers entiers. À<br />
ce titre, nous sommes amenés à gérer<br />
l’aménagement d’infrastructures, de<br />
voiries, d’espaces publics, etc. Nous<br />
veillons par ailleurs à y assurer une mixité<br />
sociale et fonctionnelle en y créant des<br />
espaces à vocation commerciale, sociale ou<br />
professionnelle, de même que des logements<br />
non subventionnés. Au niveau de ce type de<br />
projets, nous assurons la fonction de maître<br />
d’ouvrage de l’ensemble et les communes<br />
gèrent, quant à elles, la construction de<br />
certains bâtiments spécifiques d’utilité<br />
publique.<br />
Dans le cadre de la recherche d’opportunités<br />
foncières, nous sommes parfois amenés<br />
à acquérir des terrains nécessitant une<br />
dépollution et un assainissement préalables<br />
à la construction ou encore des sites dont le<br />
patrimoine est protégé. Certains éléments<br />
existants sont alors intégrés au projet,<br />
permettant une préservation de l’héritage<br />
historique...<br />
Nos équipes s’attèlent également à la<br />
gestion de notre patrimoine immobilier en<br />
assurant son suivi technique et matériel ainsi<br />
que sa rénovation constante afin de garantir<br />
une bonne qualité de vie aux locataires. En<br />
2020, nous avons notamment réalisé plus de<br />
2.000 interventions techniques auprès de<br />
nos locataires, et ce, malgré les difficultés<br />
engendrées par la pandémie de Covid-19.<br />
Nos services location et accompagnement<br />
social veillent à ce que nos locataires vivent<br />
de manière convenable et durable dans<br />
leur logement; par exemple, une famille<br />
qui s’agrandit doit pouvoir être relogée<br />
de manière à disposer de suffisamment<br />
d’espace. Ils gèrent également la liste<br />
d’attente des candidats, attribuent les<br />
logements et accompagnent les locataires<br />
qui en ont besoin. Les priorités d’accès<br />
à nos logements subventionnés sont<br />
définies sur base d’une déclaration des<br />
revenus nets disponibles des ménages<br />
ainsi que d’une d’enquête sociale réalisée<br />
auprès des candidats afin de privilégier les<br />
plus défavorisés. Les loyers sont ensuite<br />
calculés par notre service de comptabilité<br />
en fonction des revenus et de la surface du<br />
logement occupé et peuvent donc varier<br />
d’une année à l’autre si des changements<br />
sont intervenus dans la situation de<br />
nos locataires.<br />
Nous faisons également de la gestion<br />
locative sociale de logements nonsubventionnés,<br />
qui restent malgré tout<br />
sous les prix du marché privé. Cela nous<br />
permet d’accorder une habitation à d’autres<br />
catégories de revenus, et ainsi de proposer<br />
un logement à des personnes qui peinent<br />
aussi à se loger sur le marché privé.<br />
Comment s’organise votre collaboration<br />
avec les communes?<br />
À ce jour, nous collaborons avec 51<br />
communes, un chiffre que j’espère pouvoir<br />
augmenter dans les années à venir. Nous<br />
continuons à les rencontrer régulièrement<br />
pour identifier de potentielles collaborations<br />
en vue de la construction de logements<br />
abordables. Nous pouvons leur apporter<br />
notre expertise à différents niveaux, par<br />
exemple dans le cadre du développement<br />
d’un PAP ou du conseil à l’acquisition de<br />
terrains pour la construction de logements<br />
abordables. Du début de la planification d’un<br />
projet jusqu’à l’autorisation de construire,<br />
nous travaillons en étroite collaboration avec<br />
ces dernières. Nous pouvons nous occuper<br />
de la construction de logements ainsi que de<br />
leur gestion et de leur administration. Elles<br />
doivent bien sûr organiser l’aménagement<br />
des infrastructures en conséquence de
l’augmentation de leur population, toutefois<br />
une collaboration avec le Fonds du<br />
Logement leur permet de se doter d’un parc<br />
de logement abordable.<br />
Quels sont les grands projets en cours<br />
du Fonds du Logement?<br />
Nos projets à Dudelange et à Wiltz sont<br />
nos plus grands chantiers en cours, qui<br />
comprendront à terme plus de 1.000 unités<br />
soit environ 2.500 nouveaux habitants par<br />
site. Les deux quartiers présentent plusieurs<br />
similarités comme la nécessité de dépolluer<br />
et d’assainir les terrains avant tout autre<br />
aménagement ainsi que la future présence<br />
d’un cours d’eau au cœur du projet.<br />
À Wiltz, la planification des sept quartiers<br />
est placée sous le signe de l’économie<br />
circulaire. Ainsi, nous procéderons à<br />
une approche de dépollution circulaire,<br />
nous réutiliserons les matériaux issus des<br />
démolitions pour les réinsérer dans le projet,<br />
nous revaloriserons une ancienne cheminée<br />
en mur d’escalade, nous construirons des<br />
logements de manière modulaire pour une<br />
approche plus durable et certains éléments<br />
comme les parkings seront construits afin<br />
de pourvoir être transformés à d’autres fins<br />
ultérieurement. Les travaux de construction<br />
des premières habitations devraient<br />
commencer en 2023 et les travaux de<br />
réalisation de l’ensemble du site sont prévus<br />
pour une durée d’environ quinze ans.<br />
À Dudelange, le site dans son intégralité<br />
doit être assaini et un certain nombre de<br />
bâtiments protégés devront être dépollués<br />
en vue de leur conservation. Les travaux<br />
d’infrastructures devraient pouvoir<br />
démarrer en 2023. Quatre PAP comprenant<br />
des logements, des espaces publics, une école<br />
et d’autres bâtiments à vocation publique<br />
seront ensuite progressivement développés.<br />
De plus, un concept de géothermie sera<br />
déployé de manière à exploiter une source<br />
naturelle d’énergie qui, avec des apports<br />
photovoltaïques complémentaires, devrait<br />
rendre le quartier autonome d’un point de<br />
vue énergétique.<br />
Jacques Vandivinit<br />
“Plus de 4.000<br />
logements sont<br />
en cours de<br />
planification et<br />
de développement”
14 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
D’autres réalisations importantes sont<br />
également en cours de planification: un<br />
projet d’environ 100 unités au Val St André<br />
à Luxembourg-Ville, un projet d’environ 200<br />
unités à Echternach et un troisième d’environ<br />
150 unités à Mamer, dont les travaux<br />
d’infrastructures débuteront en 2022.<br />
En parallèle, en collaboration avec la<br />
Ville d’Esch-sur-Alzette, le Fonds réalise<br />
actuellement le quartier «Wunnen<br />
am Park» à Esch-Nonnewisen, qui<br />
comprendra à terme 750 logements,<br />
dont les deux tiers seront réalisés par la<br />
Ville d’Esch-sur-Alzette et le tiers restant<br />
par le Fonds du Logement. Le Fonds y<br />
poursuit actuellement ses travaux, avec la<br />
construction de 17 maisons unifamiliales et<br />
de 3 immeubles résidentiels et commerciaux<br />
de 20, 24 et 40 appartements.<br />
Quelle est votre vision pour l’avenir du<br />
Fonds du Logement?<br />
Depuis mon arrivée à la direction du<br />
Fonds, nous avons entamé et continué la<br />
planification de grands projets d’envergure<br />
qui verront le jour dans les quinze années<br />
à venir. À titre indicatif, plus de 4.000<br />
logements sont en cours de planification<br />
et de développement aujourd’hui! Pour<br />
intensifier cette production, nous tenons à<br />
renforcer nos compétences et développer<br />
nos partenariats. Et les équipes doivent<br />
croître ensemble. Je veux donc continuer<br />
à professionnaliser et moderniser notre<br />
établissement en assurant la mise en<br />
place de bonnes procédures et une<br />
communication efficace entre les services.<br />
Nous souhaitons également collaborer<br />
davantage avec les autres acteurs qui<br />
créent du logement et surtout avec les<br />
communes, afin de créer des espaces de vie<br />
dynamiques qui s’intègrent parfaitement<br />
dans le tissu urbain existant.<br />
“Créer des espaces<br />
de vie dynamiques<br />
qui s’intègrent<br />
parfaitement dans<br />
le tissu urbain<br />
existant”<br />
Enfin, nous publierons dans quelques<br />
semaines notre rapport annuel qui définit<br />
les missions et activités du Fonds du<br />
Logement et montrera notre présence à<br />
travers les communes luxembourgeoises.<br />
Beaucoup d’entre elles n’ont pas encore de<br />
logement abordable et nous pourrions très<br />
facilement leur permettre d’assurer une<br />
mixité sociale sur leur territoire… n<br />
CHIFFRES<br />
4.000<br />
logements en cours de planification<br />
2.003<br />
logements en location<br />
51<br />
communes partenaires<br />
2.000<br />
interventions techniques en 2020<br />
Fonds du Logement<br />
52, Boulevard Marcel Cahen<br />
L-1311 Luxembourg<br />
info@fondsdulogement.lu<br />
www.fondsdulogement.lu
Empfänken, logéieren<br />
a begleeden
16 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
GERI Management<br />
et GMproject: gages de qualité<br />
et de satisfaction<br />
Pénurie de matériaux sur fond de crise sanitaire, c’est la double<br />
peine pour le secteur de la construction. Cela n’empêche pas<br />
certaines entreprises du métier de tirer leur épingle du jeu et<br />
de consolider leur position sur le marché. C’est le cas de GERI<br />
Management et GMproject, respectivement spécialisées dans<br />
la sécurité et la santé sur les chantiers et dans la gestion de<br />
projets, qui n’ont cessé de s’agrandir pour arriver aujourd’hui<br />
à stabilité. Angéline Prévot, ingénieur civil et administrateur<br />
délégué, revient sur l’actualité de ses deux entreprises-sœurs.<br />
Présentez-nous les activités de GERI<br />
Management et de GMproject…<br />
GERI Management est une société<br />
luxembourgeoise spécialisée dans la<br />
coordination de sécurité et de santé sur<br />
les chantiers et dans l’état des lieux avant<br />
travaux. Active depuis 2008, elle assure<br />
actuellement plusieurs centaines de<br />
chantiers au Luxembourg, de la maison<br />
individuelle aux grandes tours des quartiers<br />
d’affaires. Quant à GMproject, elle a vu<br />
le jour pour répondre à une demande<br />
de nos clients qui souhaitaient que nous<br />
élargissions notre mission au pilotage des<br />
travaux. Nous assistons donc le maître<br />
d’ouvrage dans la coordination des travaux,<br />
l’aidons à trouver les entreprises les<br />
plus adéquates et assurons le respect des<br />
plannings. Essentiellement actifs sur les<br />
projets résidentiels et de rénovation, nous<br />
n’avons pas l’intention de concurrencer<br />
les grands bureaux d’études déjà en place,<br />
mais simplement de satisfaire les demandes<br />
spécifiques de nos propres clients. Si un<br />
besoin particulier se fait sentir, nous faisons<br />
appel aux bureaux d’études spécialisés.<br />
Quels sont les projets sur lesquels vous<br />
travaillez actuellement? Les importantes<br />
pénuries qui touchent le secteur de la<br />
construction ont-elles un impact sur vos<br />
activités?<br />
Nous travaillons sur tous types de<br />
projets, du chantier de rénovation du<br />
pont «Bow-String» à Schifflange à celui<br />
de la maison de soins de Bascharage en<br />
passant par des travaux sur les réseaux<br />
de télécommunication. La diversité des<br />
chantiers rend le travail intéressant.<br />
Malheureusement, nous subissons indirectement<br />
les effets de la pénurie des<br />
matériaux. Puisque certains chantiers se<br />
retrouvent temporairement à l’arrêt, nos<br />
activités dans le domaine de la sécurité et<br />
de la santé le sont par conséquent aussi.<br />
Cela ne nous empêche pas de rester présents<br />
auprès des maîtres d’ouvrage qui en<br />
ressentent le besoin en raison de la multiplication<br />
des contrôles de l’Inspection du<br />
travail et des mines. L’ITM s’efforce de remettre<br />
toutes les sociétés et tous les maîtres<br />
d’ouvrage sur le droit chemin. L’époque où<br />
ils pouvaient espérer passer entre les mailles<br />
du filet est révolue.<br />
“La diversité<br />
des chantiers<br />
rend le travail<br />
intéressant”<br />
Pour GMproject, la pénurie des matériaux<br />
entraîne des conséquences plus directes en<br />
raison de la nature de ses activités: le respect<br />
des plannings ne pourra pas toujours être<br />
assuré et il en va de même pour les budgets,<br />
certains matériaux étant désormais 50 voire<br />
70% plus chers. Reste à espérer que cette<br />
situation soit temporaire.<br />
Votre équipe s’est récemment agrandie<br />
malgré la crise, c’est un signal positif!<br />
En effet, nous avons grandi vite et sommes<br />
passés de 22 collaborateurs en 2019 à une<br />
équipe de 34 personnes aujourd’hui. L’idée,<br />
désormais, est de stabiliser cette équipe et de<br />
fournir un travail d’encore meilleure qualité.<br />
“GERI Management<br />
est associée à un<br />
esprit de bienveillance,<br />
de respect, de<br />
professionnalisme<br />
et à la satisfaction<br />
de ses clients”<br />
Il faut grandir vite et bien. Certains de mes<br />
collaborateurs ont l’envie de développer<br />
de nouvelles activités et j’ai moi-même<br />
des projets en vue pour l’année prochaine,<br />
mais pas avant. Toute notre attention doit<br />
pour l’instant se porter sur la qualité de nos<br />
prestations. C’est pourquoi j’organise depuis<br />
peu des audits internes de nos collaborateurs<br />
sur chantier. Cela me permet non seulement<br />
d’échanger et de partager un moment<br />
privilégié avec eux mais aussi de m’assurer<br />
que l’âme de la société perdure. Il me tient à<br />
cœur que GERI Management soit toujours<br />
associée à un esprit de bienveillance,<br />
de respect, de professionnalisme et à la<br />
satisfaction de ses clients. n<br />
CHIFFRES<br />
34<br />
collaborateurs constituent les équipes de<br />
GERI Management et GMproject<br />
GERI Management<br />
198E Rue Pierre Gansen<br />
L-4570 Niederkorn<br />
www.geri.lu
Angéline Prévot
18 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
Socom: 50 ans<br />
d’histoire<br />
électrisante<br />
Spécialiste des domaines du génie électrique, mécanique,<br />
de l’énergie et des réseaux de communication, Socom S.A.<br />
conçoit, installe et maintient des systèmes ou sous-systèmes<br />
dans l’industrie, les infrastructures et le tertiaire. Fondée en<br />
1971, la société souffle cette année ses 50 bougies. Retour<br />
sur un demi-siècle d’histoire et projection dans l’avenir de<br />
l’entreprise avec Marc Thein, président du comité de direction.<br />
De l’électricité aux solutions multitechniques<br />
Avec ses 680 collaborateurs, Socom occupe<br />
aujourd’hui une place de leader dans le<br />
domaine des installations électriques<br />
au Luxembourg. L’histoire de la société<br />
commence en 1971. «Socom a été fondée<br />
afin de soutenir le milieu industriel,<br />
principalement l’Arbed (aujourd’hui<br />
ArcelorMittal) et Goodyear. En quelques<br />
mois, ce ne sont pas moins de 150 salariés<br />
qui œuvraient pour ces deux premiers<br />
clients. Trois ans plus tard, en 1974, la<br />
société avait trouvé son actionnariat<br />
actuel. Au fil des années, et en réponse à la<br />
crise sidérurgique, l’entreprise a proposé<br />
ses services au secteur tertiaire, tout en<br />
diversifiant ses activités dans l’industrie<br />
pour finalement offrir, aujourd’hui, une<br />
solution globale: de l’installation électrique<br />
à la serrurerie en passant par la tuyauterie et<br />
les solutions en HVAC industriel», raconte<br />
Marc Thein.<br />
Et le portefeuille d’activités de la société<br />
ne cesse de s’étoffer, témoignant de sa<br />
continuelle adaptation aux évolutions du<br />
marché. Depuis trois ans, Socom s’adresse<br />
en effet au secteur des infrastructures<br />
en proposant des services relatifs à<br />
l’aménagement de tunnels et parkings,<br />
aux énergies renouvelables – notamment<br />
le photovoltaïque – ou encore à<br />
l’électromobilité.<br />
Les références d’un leader<br />
L’emblématique «tour rouge» qui abritait les<br />
bureaux de la BIL à Belval, l’ancien bâtiment<br />
de la Banque européenne d’investissement,<br />
les hauts-fourneaux de l’Arbed, ces édifices<br />
bien connus des Luxembourgeois, qui<br />
façonnent encore aujourd’hui la ligne<br />
d’horizon du pays, ont tous un point<br />
commun: leurs installations électriques<br />
sont signées Socom. Mais on doit aussi<br />
à la société des réalisations plus récentes<br />
et diversifiées: «Aujourd’hui, nous nous<br />
modernisons. Des hauts-fourneaux, nous<br />
nous sommes spécialisés dans les centres<br />
de données. Le data centre de Betzdorf<br />
est l’une de nos réalisations. Nous nous<br />
tournons également vers l’électromobilité<br />
et avons réalisé l’installation qui permet de<br />
recharger le camion électrique de Biogros,<br />
le premier du genre à sillonner les routes<br />
luxembourgeoises. L’un de nos projets les<br />
plus remarquables demeure celui du tram à<br />
Luxembourg: Socom a opéré à l’installation<br />
des lignes électriques, à l’équipement de<br />
quatre sous-stations d’énergie et a mis en<br />
place la signalisation routière et ferroviaire<br />
ainsi que l’éclairage public», développe<br />
Marc Thein.<br />
Une entreprise de valeurs<br />
En tant qu’acteur majeur dans son domaine,<br />
Socom s’engage à entretenir un milieu<br />
des affaires sain et durable. L’entreprise,<br />
labellisée RSE, a mis en place une série<br />
d’actions concrètes pour répondre aux enjeux<br />
sociaux, éthiques et environnementaux les<br />
plus pressants. «Socom s’est dotée de toutes<br />
les structures internes qui permettent<br />
d’adresser ces questions, comme un service<br />
QSE (qualité, sécurité, environnement), un<br />
comité d’éthique, ou un service Achats très<br />
compétent qui, depuis 2008, suit une charte<br />
du fournisseur qui permet, entre autres, de<br />
s’assurer que les opérations de production<br />
s’effectuent dans un environnement où<br />
le travail des enfants est exclu. Nous<br />
sélectionnons nos sous-traitants dans<br />
le même esprit: en nous assurant qu’ils<br />
respectent la législation quant aux paiement<br />
des impôts et des cotisations sociales. Pour<br />
protéger l’environnement, nous conduisons<br />
des véhicules électriques et proposons<br />
à nos clients des éclairages LED ou des<br />
accumulateurs d’énergie qui permettent<br />
de stocker l’énergie photovoltaïque et de la<br />
consommer en différé», dévoile le président<br />
du comité de direction.<br />
L’entreprise a également imaginé une<br />
double action de solidarité grâce à<br />
laquelle elle entend soutenir l’Association<br />
des Parents d’Enfants Mentalement<br />
Handicapés (APEMH) et les restaurateurs<br />
qui ont subi de plein fouet les conséquences<br />
de la pandémie de Covid-19. «Au mois<br />
d’août, nous lancerons l’action «So<br />
Yummy». Chacun peut y participer en<br />
s’inscrivant sur soyummy.lu et recevra un<br />
cadeau de la part de Socom. L’objectif est<br />
alors de se photographier avec ce présent<br />
dans un restaurant de son choix. Pour<br />
chaque photo reçue, Socom fera un don à
l’APEMH. Quant aux dix meilleures, elles<br />
seront récompensées par un bon de 100<br />
euros à utiliser dans le restaurant où elles<br />
auront été prises», annonce-t-il.<br />
“L’un de nos<br />
projets les plus<br />
remarquables<br />
demeure celui<br />
du tram à<br />
Luxembourg”<br />
Une nouvelle page à écrire<br />
«Le ralentissement économique induit<br />
par la crise du coronavirus nous a donné<br />
l’occasion de nous pencher sur des<br />
questions qui ne touchent pas directement<br />
à notre cœur de métier mais qui gagnent en<br />
importance, comme la gestion des stocks<br />
et du magasin ou l’approvisionnement<br />
régional et respectueux de l’environnement.<br />
La pénurie des matériaux que nous<br />
connaissons actuellement a confirmé le<br />
bienfondé de ces réflexions», souligne Marc<br />
Thein.<br />
Et puis, comme bon nombre d’entreprises,<br />
Socom devra prendre part à la lutte contre<br />
le changement climatique. En plus de<br />
réaliser de grands travaux d’infrastructures<br />
dans les domaines de la mobilité durable<br />
et de l’efficacité énergétique, la société se<br />
penche désormais sur l’hydrogène en tant<br />
que solution pour l’industrie et la mobilité.<br />
Mais bien d’autres défis attendent<br />
l’entreprise qui a toujours su tirer profit de<br />
son solide héritage industriel pour innover.<br />
À l’heure où l’induction se développe<br />
et où l’électricité sans fil connait des<br />
débuts prometteurs, Socom se prépare<br />
au changement. «Grossièrement, notre<br />
cœur de métier consiste à tirer des câbles.<br />
Socom S.A.<br />
10, rue du Commerce<br />
L-3895 Foetz<br />
www.socom.lu<br />
Marc Thein<br />
Avec le développement de ces nouvelles<br />
technologies, nous allons devoir prendre<br />
un tournant si nous voulons rester leader<br />
du marché. Pour ce faire, nous misons<br />
beaucoup sur la formation de notre<br />
personnel. L’employabilité de nos salariés<br />
nous tient à cœur et les formations que<br />
nous leur offrons au Centre de compétence<br />
du génie technique permettent de<br />
perfectionner leur savoir-faire mais aussi<br />
de faire avancer l’entreprise tout entière»,<br />
conclut Marc Thein. n
20 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
Mise en chantier de la<br />
toute nouvelle poutre<br />
composite bois-béton<br />
conçue par Steffen Holzbau<br />
Dans le cadre d’un projet de construction émanant de l’Administration des bâtiments publics,<br />
l’entreprise Steffen Holzbau érige actuellement un bâtiment de quatre étages et demi<br />
dans le quartier d’affaires du Kirchberg à Luxembourg pour l’Office National de l’Accueil<br />
en coopération avec Weiler Bau et S+B Inbau. Les responsables de la planification étant les<br />
cabinets d’architectes Fabeck et Daedalus Engineering pour la construction, ainsi que RMC<br />
Counsulting pour la technique du bâtiment.<br />
Après la mise en place d’une structure<br />
prototype élaborée par Steffen Holzbau<br />
pour ses nouveaux locaux sur le Potaschberg<br />
de Grevenmacher en 2019, le concept de<br />
poutre composite bois-béton, déjà breveté<br />
et primé la même année au concours de<br />
l’artisanat de Luxembourg, est implémenté<br />
pour la première fois dans ce projet annexe.<br />
Aujourd’hui, les exigences relatives aux<br />
bâtiments à plusieurs étages sont telles que<br />
ceux-ci peuvent être réalisés dans des délais<br />
de construction minimum grâce à un degré<br />
élevé de préfabrication et que l’agencement<br />
des étages est aussi librement réalisable<br />
que possible grâce aux constructions de<br />
plafonds à grande portée. Cependant,<br />
en termes de durabilité, l’utilisation de<br />
matériaux de construction écologiques<br />
visant à préserver les ressources et facilitant<br />
le démontage des bâtiments, une fois leur<br />
durée d’exploitation révolue, pèse de plus<br />
en plus dans la balance. Par ailleurs, la<br />
protection du climat étant régulièrement<br />
mise en exergue, les constructions en bois<br />
permettent d’économiser immédiatement<br />
du CO 2<br />
par le biais de matières premières<br />
renouvelables (1 m³ de bois utilisé dans la<br />
construction conserve environ 1 tonne de<br />
CO 2<br />
).<br />
Le bois, comme le béton et l’acier, est un<br />
matériau de construction présentant de<br />
nombreux atouts. Or, la combinaison des<br />
matériaux, en utilisant leurs avantages<br />
respectifs, contribue à améliorer<br />
considérablement leurs propriétés. C’est à<br />
partir de ce principe que Steffen Holzbau<br />
a élaboré la poutre composite bois-béton.<br />
Au cours de son développement, l’accent<br />
a été mis sur la réalisation de plus grandes<br />
portées, une haute résistance au feu (REI<br />
90) et l’intégration de la technologie du<br />
bâtiment dans la section transversale des<br />
poutres. La faisabilité de grandes portées<br />
dans une construction en bois résout<br />
notamment les problèmes de limitations des<br />
différents systèmes de plafonds disponibles<br />
actuellement sur le marché.<br />
Économiquement parlant, les matériaux<br />
standards utilisés dans la construction,<br />
comme le bois, l’acier ou le béton, sont<br />
appropriés dans une structure porteuse<br />
d’une portée maximale de huit mètres.<br />
En cas d’exigence de portée supérieures,<br />
la rentabilité des matériaux utilisés pour<br />
des systèmes conventionnels diminue. La<br />
nouvelle poutre composite bois-béton<br />
offre justement une solution innovante et<br />
économique dans ce domaine en étendant<br />
la portée de huit à quatorze mètres. Cette<br />
poutre composite novatrice combine les<br />
avantages spécifiques des matériaux utilisés –<br />
bois, béton armé et acier de précontrainte –<br />
pour respecter les exigences élevées des<br />
dalles de plancher.<br />
Les éléments en bois permettent d’alléger<br />
le poids propre du système tout en<br />
envisageant des perspectives de durabilité.<br />
Le noyau en béton armé agit positivement<br />
sur le comportement vibratoire par sa<br />
grande rigidité et améliore également la<br />
résistance des éléments en cas d’incendie.<br />
Grâce à la précontrainte employée, le<br />
surhaussement de la poutre peut être<br />
précisément ajusté, et ainsi, la déflexion<br />
requise peut être maintenue, même en<br />
cas de portées accrues, en tenant compte<br />
naturellement de la dimension économique<br />
des éléments. Par conséquent, les exigences<br />
de capacité de charge et de fonctionnalité<br />
du plafond peuvent être atteintes avec une<br />
faible hauteur statique.<br />
Les grandes portées permettent également<br />
un transfert de charges sur les murs<br />
extérieurs, réduisant le nombre d’éléments<br />
porteurs. Cela répond aux exigences<br />
actuelles en matière de (re)conception<br />
flexible des plans d’étage. En outre, la<br />
préfabrication de modules individuels<br />
et l’assemblage sans colonne satisfont<br />
l’exigence de délais de construction courts,<br />
anticipant et facilitant ainsi les travaux de<br />
menuiserie intérieure.<br />
Avant sa mise en pratique initiale dans<br />
les nouveaux locaux du Potaschberg où<br />
les performances de la poutre se sont<br />
révélées convaincantes, le nouveau système<br />
composite de Steffen Holzbau avait<br />
déjà pu démontrer ses propriétés lors de<br />
nombreux essais statiques et dynamiques<br />
effectués préalablement en partenariat avec<br />
l’université de Trèves, la RWTH d’Aixla-Chapelle<br />
et le KIT de Karlsruhe. Les<br />
résultats des tests d’aptitude au service et de<br />
capacité de charge de la poutre furent plus<br />
que satisfaisants, l’efficience se traduisant<br />
par une déflexion inférieure à L/500, même<br />
pour des portées de plus de huit mètres.<br />
Afin d’établir la charge maximale de la<br />
poutre, une charge de rupture de 600 kN a<br />
été déterminée par des essais de flexion en<br />
quatre points, à une portée de 9,4 mètres.<br />
Cela correspondait à près de huit fois la<br />
capacité de charge requise. Les exigences<br />
furent donc largement dépassées.
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
21<br />
Les avantages en bref:<br />
- Portées jusqu’à quatorze mètres en toiture<br />
ou treize mètres en plafond;<br />
- Découplage de la hauteur statique et de la<br />
consommation de matériaux;<br />
- Rigidité élevée due à une âme en béton<br />
avec armature;<br />
- Délais de construction raccourcis en<br />
l’absence de séchage et de montage;<br />
- Intégration des équipements techniques<br />
du bâtiment dans la poutre (longitudinale<br />
et transversale);<br />
- Équipements techniques du bâtiment<br />
accessibles dans l’unité d’utilisation à des<br />
fins de maintenance;<br />
- Réduction des coûts par rapport à<br />
l’ensemble du système;<br />
- Démontabilité;<br />
- Exigence pare-feu REI 90 sans revêtement;<br />
- Liberté de planification pour la réalisation<br />
d’un étage en retrait sur faux plafond;<br />
- Capacité de charge extrêmement élevée;<br />
- Réduction du poids et de la hauteur de<br />
l’ensemble du bâtiment.<br />
La poutre composite bois-béton souligne la<br />
capacité d’innovation de Steffen Holzbau,<br />
justement récompensée avec le prix «The<br />
Hands of Innovation» lors du dernier<br />
concours de la Chambre des Métiers dans<br />
la catégorie Produit/Design. À l’issue<br />
de la présentation du système de poutre<br />
composite précontrainte, le jury avait<br />
notamment apprécié l’aspect écologique<br />
du projet, synonyme de véritable évolution<br />
pour la construction en bois. n<br />
Steffen Holzbau S.A.<br />
13, rue de Flaxweiler<br />
L-6776 Grevenmacher<br />
www.steffen-holzbau.lu<br />
info@steffen-holzbau.lu
22 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
L’union de la forêt<br />
et de la filière bois<br />
PAR ADELINE JACOB<br />
Alors que l’humanité cherche urgemment à se construire un<br />
avenir soutenable, le bois, naturel et renouvelable, redevient<br />
matériau de prédilection. Comme s’il avait été tout à coup<br />
redécouvert, ce matériau millénaire est désormais associé à<br />
l’innovation et à la durabilité. Pour le politique, l’heure est<br />
donc à la mise à jour d’une filière certes en pleine expansion,<br />
mais demeurée relativement traditionnelle. Avec l’initiative<br />
«Eist Holz», les produits issus des forêts luxembourgeoise<br />
se voient aujourd’hui offrir un coup de pouce bienvenu sur<br />
le marché régional. Explications avec Philippe Genot, Wood<br />
Cluster Manager chez Luxinnovation.<br />
Le ministère de l’Économie et le<br />
ministère de l’Environnement, du<br />
Climat et du Développement durable<br />
ont présenté le visuel de promotion<br />
«Eist Holz» destiné à la filière bois. De<br />
quoi s’agit-il?<br />
Chaque année, les forêts luxembourgeoises<br />
connaissent un accroissement de 750.000 m 3<br />
et quelque 500.000 m 3 en sont extraits.<br />
En parallèle, le pays dispose d’une filière<br />
bois à laquelle sont liées plus de 1.200<br />
entreprises. Dès la création du Wood Cluster<br />
de Luxinnovation, nous avons souligné<br />
la nécessité d’établir une chaine de valeur<br />
régionale et circulaire et, surtout, de la lier à la<br />
production de bois en forêt. De cette réflexion,<br />
menée conjointement avec les ministères de<br />
l’Économie et de l’Environnement, est née<br />
l’initiative «Eist Holz».<br />
«Eist Holz», c’est un visuel sous lequel sont<br />
regroupés, d’un côté, tous les acteurs qui<br />
sont liés à la forêt et à la chaine de valeur<br />
du bois et, de l’autre côté, des outils qui<br />
en font une initiative concrète. Mais c’est<br />
aussi un message politique clair, émanant<br />
de plusieurs ministères, en faveur de plus de<br />
régionalité, de durabilité et de circularité.<br />
Quels sont les outils qui doivent<br />
concrétiser cette volonté et que<br />
peuvent-ils apporter aux entreprises de<br />
la filière bois?<br />
La première action qui a été présentée, le<br />
Klimabonus Bësch, concerne la gestion<br />
forestière. Il s’agit d’une prime destinée aux<br />
propriétaires privés qui mettent en œuvre<br />
une sylviculture proche de la nature. C’est<br />
une manière pour l’État de cofinancer<br />
les services rendus par la forêt, comme<br />
le filtrage de l’air et de l’eau ou encore<br />
le stockage de CO 2<br />
. Le Luxembourg est<br />
assez précurseur à cet égard; peu de pays<br />
européens ont pris ce genre d’initiatives.<br />
“Plus de<br />
régionalité,<br />
de durabilité<br />
et de circularité”<br />
Le deuxième outil est le label «Holz von<br />
Hier» qui, en certifiant la provenance<br />
régionale du bois, doit inciter à réduire les<br />
distances de transport tout au long de la<br />
chaine de transformation. Toute entreprise<br />
qui peut démontrer que le bois qu’elle<br />
utilise pour fabriquer l’un ou l’autre de<br />
ses produits ne parcourt qu’entre 100 et<br />
250 km avant transformation pourra faire<br />
labelliser ceux-ci. Le cadre dépasse donc<br />
le Grand-Duché et le label s’applique<br />
ainsi au bois issu de la Grande Région.<br />
Le Luxembourg n’a d’ailleurs rien<br />
inventé, puisque ce label existe depuis<br />
plusieurs années en Allemagne, en<br />
Autriche et en Italie. En l’introduisant,<br />
le gouvernement répond également à une<br />
attente des communes qui, régulièrement,<br />
souhaitent recourir à du bois régional<br />
pour leurs constructions, mais n’avaient<br />
jusqu’ici pas les moyens de retranscrire<br />
cette volonté dans leurs soumissions<br />
publiques. Ce sera désormais possible<br />
avec ce label «Holz von Hier» tout à<br />
fait conforme aux règles européennes en<br />
matière de marchés publics.<br />
Le dernier outil qui doit encourager la<br />
création d’une chaine de valeur régionale<br />
est la plateforme «e-Holzhaff», un projet<br />
de Luxinnovation et du ministère de<br />
l’Économie. Il s’agit d’une plateforme<br />
digitale qui doit faciliter la mise en relation<br />
entre l’offre et la demande au sein de la<br />
filière bois et sur laquelle les entreprises<br />
locales pourront offrir des services de<br />
transformation du bois. L’objectif de ce<br />
projet est de donner plus de visibilité au<br />
marché, mais aussi de faciliter certaines<br />
transactions régionales. La plateforme, qui<br />
est toujours en cours de développement,<br />
sera lancée le 5 octobre lors du Wood
Cluster Forum. C’est un outil très innovant<br />
pour cette filière qui est relativement<br />
traditionnelle et nous espérons qu’il<br />
encouragera ses entreprises à accroître leur<br />
digitalisation.<br />
Malgré ces développements positifs,<br />
le secteur souffre actuellement de<br />
pénuries. À quoi sont-elles dues et<br />
quelles en sont les conséquences pour<br />
les entreprises?<br />
Dans la filière bois, les effets de la pénurie<br />
se font ressentir depuis février-mars. La<br />
première explication à ce phénomène est<br />
directement liée à la pandémie: partout<br />
en Europe, les particuliers ont utilisé leur<br />
budget vacances pour réaliser des travaux<br />
de rénovation, ce qui fait que la demande<br />
en bois est restée forte malgré la crise. La<br />
deuxième a plutôt trait au marché mondial.<br />
Au mois de mars, les États-Unis (où jusqu’à<br />
80% des maisons sont construites en bois<br />
dans certaines régions) ont connu une<br />
reprise économique très forte et donc une<br />
hausse de la demande. Or, les importations<br />
canadiennes étant fortement taxées, les<br />
entreprises américaines cherchent depuis<br />
lors à se fournir en Europe. En outre, ce<br />
contexte a contribué à l’émergence de ce<br />
que j’appellerais un «effet papier toilette»:<br />
craignant le manque, les consommateurs<br />
se sont mis à stocker le moindre morceau<br />
de bois. Par conséquent, il y a moins de<br />
matériaux en circulation et tout s’emballe.<br />
Actuellement, certains produits s’achètent<br />
entre 70 et 100% plus chers qu’auparavant<br />
quand d’autres sont tout simplement<br />
en rupture de stock. C’est le secteur de<br />
la construction, qui utilise d’énormes<br />
quantités de matériaux et fonctionne<br />
avec peu de stocks, qui est le plus affecté.<br />
Certaines entreprises ont d’ailleurs recours<br />
au chômage partiel.<br />
Néanmoins, ces pénuries auront cela de<br />
positif qu’elles permettront sûrement<br />
de sensibiliser la filière à l’importance<br />
des chaines de valeur régionales qui sont<br />
Philippe Genot<br />
plus stables, plus visibles et plus simples à<br />
gérer. En ce sens, cette crise pourrait être<br />
bénéfique aux initiatives que nous mettons<br />
en place. Nous sommes d’ailleurs assez<br />
persuadés que ce ne sera pas la dernière<br />
de la sorte et que construire des filières<br />
régionales fortes nous aidera à amortir les<br />
effets de difficultés futures. n
24 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
Going, going, gone!<br />
PAR DOMINIQUE COUTANT<br />
Du bois à l’acier en passant par le pétrole, l’offre en matériaux<br />
de construction peine à satisfaire la demande mondiale<br />
actuelle. Pire, elle s’est même soldée dernièrement par une<br />
explosion des prix généralisée et un manque de visibilité<br />
pour des sociétés de plus en plus inquiètes des retards et des<br />
chantiers en «stand-by». Le Luxembourg n’est pas épargné<br />
par ce marasme, synonyme d’inflation XXL à moyen et long<br />
termes dans des secteurs primordiaux de l’économie.<br />
Un secteur en état d’urgence…<br />
À l’instar de nombreux constructeurs<br />
automobiles en proie à des difficultés<br />
grandissantes de production faute de<br />
caoutchouc nécessaire à la fabrication<br />
des pneus, les principaux acteurs<br />
du BTP commencent eux aussi à<br />
souffrir sérieusement. Victimes de<br />
leur renchérissement et des retards de<br />
livraison, les matériaux de construction se<br />
raréfient depuis déjà plusieurs semaines<br />
au Luxembourg comme chez ses voisins.<br />
Qu’il s’agisse de bois, cuivre, sable, fer,<br />
acier et autres, la pénurie mondiale de<br />
matières premières, bel et bien réelle,<br />
fait trembler le secteur du bâtiment<br />
luxembourgeois.
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
25<br />
Une rupture de stock s’annonce déjà pour<br />
les panneaux de construction dont il faut<br />
réserver le matériel à l’avance pour une<br />
livraison en temps voulu. Se fournir à court<br />
terme est devenu quasiment impossible et<br />
les réserves des revendeurs se vident. Idem<br />
pour tous les matériaux de construction à<br />
base de pétrole (membranes d’étanchéité,<br />
isolants, silicone, etc.) et de métal (matériel<br />
de fixation, sous-construction, entre<br />
autres); les délais d’approvisionnement<br />
s’étirent désormais sur plusieurs semaines,<br />
voire des mois. L’ombre d’un arrêt forcé<br />
plane sur les chantiers, notamment pour le<br />
parachèvement (toitures et pose de tuyaux),<br />
accusant des retards de trois à quatre mois,<br />
y compris chez certains particuliers devant<br />
faire restaurer leur habitation (sols, portes<br />
et plafonds). Avec des augmentations<br />
de prix de base fulgurantes, cette crise<br />
conjoncturelle a vu les tarifs s’envoler;<br />
résultat: + 70% pour l’acier, 20% pour le<br />
cuivre et 40% pour le plastique [1] .<br />
En outre, la réouverture des magasins,<br />
des bars et des restaurants en terrasses a<br />
également vu la demande exponentielle de<br />
palettes exploser. Celles-ci étant devenues<br />
une denrée rare, leur prix, corrélé à celui<br />
du bois et des clous, grimpe à toute vitesse<br />
provoquant la crainte d’une pénurie chez les<br />
industriels et les spécialistes de la logistique.<br />
Ce phénomène mondial (environ 5 milliards<br />
de palettes utilisées dans le monde dont<br />
90% en bois) est symptomatique. Avec un<br />
cours passé de dix dollars il y a un an à plus<br />
de quinze aujourd’hui, ce dernier pourrait<br />
continuer de monter. Sur la même période,<br />
le bois utilisé est passé de 530 à 635 dollars<br />
par 300 mètres carrés de planches [2] . De<br />
plus, à une augmentation de plus d’un tiers<br />
du prix des clous s’est greffé un manque de<br />
main-d’œuvre dû à la pénibilité du travail<br />
dans ce secteur. Certes, les palettes en<br />
plastique demeurent une alternative mais<br />
elles coûtent trois fois plus.<br />
Selon la Chambre des Métiers grandducale,<br />
29% des entreprises de construction<br />
locales sont touchées par la hausse des coûts<br />
de l’acier, 27% pour le bois, 22% pour les<br />
matières d’isolation et 21% pour d’autres<br />
matériaux. La Chambre et le groupement<br />
des entrepreneurs attend désormais du<br />
gouvernement une extension des délais<br />
pour les travaux publics afin d’éviter des<br />
pénalités de retard. Par ailleurs, en raison de<br />
cette pénurie inédite généralisée, le Comité<br />
de conjoncture a décidé d’accorder des<br />
mesures exceptionnelles de chômage partiel<br />
aux entreprises concernées, notamment de<br />
la mi-mai à juin de cette année, moyennant<br />
certaines conditions. Plus de 4.000<br />
entreprises et plus de 30.000 salariés sont<br />
concernés par cette décision.<br />
La loi des plus forts<br />
En anticipant la reprise de leurs marchés<br />
respectifs, la Chine et les États-Unis ont<br />
su prendre le contre-pied de l’expectative<br />
post-pandémie ayant perduré sur le Vieux<br />
Continent, faisant bondir par la même<br />
occasion la demande mondiale de matières<br />
aussi essentielles que le bois, l’acier ou<br />
encore le cuivre. S’en est suivie une hausse<br />
drastique des prix causée par le principe<br />
de l’offre et de la demande. Le même<br />
phénomène a touché le pétrole et ses<br />
produits dérivés en plastique (tuyaux, gaines<br />
de câbles, etc.). Ensuite, l’effet domino a fait<br />
le reste sur l’ensemble du cycle, entraînant<br />
une pénurie qui présage un ajustement<br />
général par des hausses de prix.<br />
S’agissant des États-Unis, une autre<br />
explication selon laquelle le bois, par<br />
exemple, aurait pâti a posteriori des taxes<br />
instaurées par les autorités fin 2017 sur<br />
les importations canadiennes semble<br />
légitimer l’incitation des entreprises<br />
américaines à venir se fournir en Europe,<br />
quitte à offrir le triple du prix (au grand<br />
dam de la concurrence locale). Ceci<br />
étant, du bois de menuiserie importé au<br />
Grand-Duché principalement du nord de<br />
l’Europe (de Norvège, Suède ou parfois<br />
d’Allemagne) a également vu ses prix<br />
augmenter de 30%.<br />
Quant à la Chine et la puissance d’achat<br />
que représente son industrie gigantesque,<br />
celle-ci demeure malgré tout le plus gros<br />
client de tous les producteurs de matières<br />
premières, réduisant à peau de chagrin<br />
les restes disponibles pour les autres.<br />
En vérité, en raflant la production, la<br />
Chine organise simplement ses achats<br />
collectifs et emmagasine massivement<br />
pour mieux anticiper les risques de pénurie<br />
et pérenniser l’approvisionnement et<br />
le fonctionnement de ses industries; de<br />
quoi absorber par anticipation une future<br />
inflation au détriment de la concurrence et<br />
d’asseoir sa suprématie.<br />
Au demeurant, la Russie et sa multitude<br />
de richesses naturelles apparaît comme un<br />
partenaire potentiel et idéal de secours en<br />
cas de resserrement du marché des matières<br />
premières, mais quid des différends à son<br />
égard? Il semble nécessaire de s’interroger<br />
de façon pertinente sur la précarité de<br />
l’économie européenne dont fait partie<br />
le Luxembourg face à des partenaires<br />
et concurrents mondiaux toujours plus<br />
aguerris et voraces. n<br />
[1] Déclaration de Pol Faber, secrétaire général du Groupement des<br />
entrepreneurs; et RTL 5 minutes (AFP), du 15 avril 2021.<br />
[2] Pascal Samama, BFM économie, 19 mai 2021.
ORDRE DES ARCHITECTES ET DES INGÉNIEURS-CONSEILS<br />
26 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
Bauhärepräis OAI 2020:<br />
maison relais à Angelsberg<br />
Maître d’ouvrage mentionné: administration communale de Fischbach<br />
Fortement impliquée dans le Pacte Climat, l’administration<br />
communale de Fischbach, ensemble avec les intervenants du<br />
projet, démontre avec ce bâtiment, primé par la première<br />
mention dans la catégorie «Grand prix construction durable»<br />
à la conférence mondiale sur le climat à Katowice, qu’un<br />
nouveau type de construction est possible.<br />
Copyright: Coeba, Steve Troes<br />
Comment s’est passée votre collaboration<br />
avec l’équipe des concepteurs?<br />
En raison de l’utilisation de matériaux et<br />
de techniques de construction écologiques<br />
spéciaux, nous avons été dès le début en<br />
étroite collaboration avec les architectes<br />
et les ingénieurs. Ensemble, nous avons<br />
réussi à atteindre les objectifs que nous<br />
nous étions fixés dans les trois sections –<br />
construction, budget et planning. L’intérêt<br />
commun de toutes les parties concernées<br />
à s’engager dans la réalisation d’un projet<br />
innovant était important.<br />
BAUHÄREPRÄIS OAI 2020<br />
MENTION<br />
O A I<br />
Quels enseignements tirez-vous de votre<br />
expérience en tant que maître d’ouvrage?<br />
Rétrospectivement, nous pouvons dire que<br />
notre courage de prendre une voie avec<br />
de nouveaux défis, et dans certains cas des<br />
risques, en a valu la peine: le fait que notre<br />
projet innovant ait attiré l’attention au<br />
niveau national et international et ait reçu<br />
divers prix de durabilité nous montre que<br />
nous avons pris le bon chemin.<br />
Avez-vous des conseils à donner à de<br />
futurs maîtres d’ouvrage?<br />
Nous aimerions conseiller aux futurs<br />
maîtres d’ouvrage d’aborder les nouvelles<br />
tâches avec courage et de faire confiance<br />
aux planificateurs pour développer leurs<br />
idées innovantes. Si toutes les personnes<br />
impliquées apportent leurs capacités de la<br />
meilleure manière possible et convainquent<br />
avec de bons arguments, des projets durables<br />
et orientés vers l’avenir peuvent être créés. n<br />
Architecte: coeba dave lefèvre et associés<br />
Ingénieur technique: betic Ingénieurs-Conseils<br />
Ingénieur structure: Schroeder & Associés Ingénieurs-Conseils S.A.<br />
Commentaire du jury<br />
«Pour les enfants mais sans exagération<br />
des couleurs, traitement convaincant des<br />
questions de durabilité»<br />
BAUHÄREPRÄIS OAI 2020<br />
Qu’avez-vous appris durant la conception<br />
et la réalisation de votre projet?<br />
Pour nous comme pour tous les partenaires<br />
du projet, il est intéressant de constater que<br />
l’utilisation de matériaux écologiques ne<br />
répond pas seulement à l’exigence d’agir<br />
dans le sens de la durabilité, mais surtout que<br />
le bien-être et le comportement des enfants<br />
ont manifestement évolué positivement - ce<br />
qui représente un investissement précieux<br />
dans leur avenir.<br />
Article réalisé en partenariat avec l’OAI et<br />
s’inscrivant dans une série destinée à présenter<br />
les maîtres d’ouvrage du secteur communal<br />
distingués lors du Bauhärepräis OAI 2020. Plus<br />
d’informations sur www.bhp.lu.
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
27<br />
Bauhärepräis OAI 2020:<br />
château d’eau d’Altrier<br />
Maître d’ouvrage nominé: administration communale de Bech<br />
Pour la conception architecturale du château d’eau c’est<br />
finalement une forme très élégante, ressemblant à une sculpture<br />
en béton, qui a été retenue. La tour de base rectangulaire,<br />
dont certains pans sont coupés, s’intègre au paysage et se<br />
profile comme un nouveau repère. Les surfaces biseautées des<br />
façades extérieures sont réalisées en métal déployé anodisé<br />
sur une ossature en bois. Ceci permet à l’ensemble de vieillir<br />
le plus uniformément possible sans avoir à entretenir la façade<br />
extérieure. Le château d’eau a un réservoir de stockage de 150 m 3<br />
divisé en deux cuves entièrement préfabriquées en acier<br />
inoxydable. De plus, un réservoir sous terre d’une capacité de<br />
500 m 3 a été intégré à la base de la tour.<br />
Copyright: Andrés Lejona<br />
Comment s’est passée votre collaboration<br />
avec l’équipe des concepteurs?<br />
La confiance dans l’équipe des concepteurs<br />
fut grande, et ce, pas uniquement car le<br />
bureau d’architecture avait une bonne<br />
renommée au Luxembourg. L’équipe fut<br />
très respectueuse et à l’écoute du collège<br />
échevinal. Le climat entre les deux parties<br />
fut agréable. Les points critiques ont été<br />
discutés ensemble dans le but de trouver un<br />
consensus. Tous les participants sont sortis<br />
des réunions avec le sentiment que le projet<br />
évoluait dans une bonne direction.<br />
De quelle manière vos attentes ont-elles<br />
été prises en compte par les concepteurs?<br />
Les attentes du collège échevinal ont été<br />
entièrement satisfaites par les concepteurs.<br />
Le haut degré de professionnalisme des<br />
concepteurs, la volonté de réaliser un projet<br />
d’envergure hors pair et la collaboration<br />
exemplaire entres les deux parties ont fait<br />
que la réalisation de ce projet fut pour tous<br />
les concernés une expérience très positive. n<br />
Architecte: Beiler François Fritsch<br />
Ingénieur-conseil: Daedalus Engineering S. à r. l.<br />
BAUHÄREPRÄIS OAI 2020<br />
Qu’avez-vous appris durant la conception<br />
et la réalisation de votre projet?<br />
Nous avons appris et nous sommes<br />
persuadés qu’il était important que le<br />
collège échevinal de la commune croie en<br />
un projet d’une telle envergure et que des<br />
objectifs soient clairement définis. Ces<br />
deux prémisses doivent être exprimées<br />
aux concepteurs. Si le concepteur utilise<br />
quant à lui cette dynamique pour réaliser<br />
un bon projet – ce qui fut vraiment le cas –<br />
sa réalisation ne peut que devenir un<br />
succès.<br />
Article réalisé en partenariat avec l’OAI et<br />
s’inscrivant dans une série destinée à présenter<br />
les maîtres d’ouvrage du secteur communal<br />
distingués lors du Bauhärepräis OAI 2020. Plus<br />
d’informations sur www.bhp.lu.
28 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
IMMOBILIER & CONSTRUCTION<br />
Bauhärepräis OAI 2020:<br />
complexe scolaire<br />
à Helmsange<br />
Maître d’ouvrage nominé:<br />
administration communale de Walferdange<br />
Un des principaux enjeux du projet de construction du<br />
complexe scolaire à Helmsange était de relier de façon<br />
cohérente l’école existante avec la nouvelle maison relais<br />
et le nouveau hall sportif, tout en créant différents espaces<br />
extérieurs de récréation et de jeux. Ainsi, placé au centre du<br />
site, un préau couvert sur deux étages distribue le flux des<br />
écoliers vers les différents bâtiments, l’école étant désormais<br />
directement reliée à la maison relais.<br />
Copyright: dma<br />
Qu’avez-vous appris durant la conception<br />
et la réalisation de votre projet?<br />
La réalisation d’un bâtiment public requiert<br />
un grand savoir-faire technique de la part<br />
des planificateurs et des architectes.<br />
Avez-vous des conseils à donner à de<br />
futurs maîtres d’ouvrage?<br />
De nombreuses réunions de planification<br />
sont nécessaires pour mettre en place les<br />
conditions techniques et administratives<br />
d’un projet de qualité.<br />
Quels enseignements tirez-vous de<br />
votre expérience en tant que maître<br />
d’ouvrage?<br />
L’échange avec l’équipe de conception à<br />
tous les stades du projet est essentiel pour<br />
que toutes les exigences soient atteintes. n<br />
Architecte: David Michels architectes s. à r. l.<br />
Ingénieur-conseil: Simon-Christiansen & associés et Luxplan S.A.<br />
Ingénieur technique: Goblet Lavandier & Associés S.A.<br />
Article réalisé en partenariat avec l’OAI et<br />
s’inscrivant dans une série destinée à présenter<br />
les maîtres d’ouvrage du secteur communal<br />
distingués lors du Bauhärepräis OAI 2020. Plus<br />
d’informations sur www.bhp.lu.<br />
BAUHÄREPRÄIS OAI 2020
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
29<br />
Bauhärepräis OAI 2020:<br />
école fondamentale<br />
de Schouweiler<br />
Maître d’ouvrage nominé:<br />
administration communale de Dippach<br />
L’idée initiale du projet était de créer un nouveau site scolaire<br />
afin d’y intégrer différentes fonctions. Le nouveau bâtiment,<br />
qui abrite le précoce et l’école primaire (d’une capacité de 360<br />
écoliers) et forme un ensemble avec les bâtiments existants<br />
doté d’un préscolaire (40 places) et de la maison relais, a<br />
permis d’atteindre cet objectif. Le terrain de jeu intérieur<br />
du précoce et le théâtre multifonctionnel de l’école primaire<br />
constituent les particularités de ce complexe.<br />
Copyright: Linda Blatzek<br />
Comment s’est passée votre collaboration<br />
avec l’équipe des concepteurs?<br />
La collaboration entre les différents<br />
concepteurs pour ce projet s’est déroulée de<br />
manière très efficace et a été bien orientée vers<br />
des solutions viables. Une bonne collaboration<br />
avec le maître d’ouvrage, toujours coordonnée<br />
par rapport aux délais, a garanti la réalisation<br />
de sa vision de l’école, sans faire retarder<br />
l’avancement du projet. Tous les concepteurs<br />
ont bien travaillé en équipe et ont réalisé un<br />
projet qui est non seulement fonctionnel<br />
mais qui fait aussi preuve d’une élégance<br />
architecturale, tout en intégrant tous les<br />
éléments de durabilité voulus.<br />
Avez-vous des conseils à donner à de<br />
futurs maîtres d’ouvrage?<br />
Un prérequis primordial pour le maître<br />
d’ouvrage est de connaître les besoins et<br />
d’avoir une vision du projet. Cependant, il<br />
doit aussi laisser les libertés architecturales et<br />
techniques nécessaires aux concepteurs afin<br />
que ceux-ci puissent développer une réalisation<br />
harmonieuse pour en garantir une utilisation<br />
appropriée et durable par la mise en œuvre de<br />
matériaux de construction et d’installations<br />
techniques modernes et adaptés. n<br />
Qu’avez-vous appris durant la conception<br />
et la réalisation de votre projet?<br />
Architecte: WW+ architektur + management S. à r. l.<br />
Ingénieur structure: TR-ENGINEERING Ingénieurs-Conseils S.A.<br />
Ingénieur-technique: Goblet Lavandier & Associés S.A.<br />
BAUHÄREPRÄIS OAI 2020<br />
Dans le cadre du respect des nouvelles<br />
normes, surtout environnementales, et en<br />
vue de garantir une utilisation agréable<br />
et accueillante d’une école moderne, les<br />
installations techniques, en particulier celles<br />
ayant trait au chauffage, à la ventilation et<br />
à la climatisation, constituent un facteur<br />
essentiel à ne pas négliger. L’architecture<br />
est aujourd’hui confrontée au devoir de<br />
réaliser un mariage harmonieux entre une<br />
multitude d’installations techniques du<br />
bâtiment, l’esthétique voulue et la statique.<br />
Article réalisé en partenariat avec l’OAI et<br />
s’inscrivant dans une série destinée à présenter<br />
les maîtres d’ouvrage du secteur communal<br />
distingués lors du Bauhärepräis OAI 2020.
30 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
BRÈVES COMMUNALES – EST<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
REMICH<br />
Par arrêté ministériel du 1 er juin 2021,<br />
Jean-Paul Kieffer a été nommé aux<br />
fonctions d’échevin de la commune<br />
de Remich. Entre les mains de Taina<br />
Bofferding, ministre de l’Intérieur,<br />
l’intéressé a prêté le serment prescrit<br />
par l’article 6 de la loi communale<br />
modifiée du 13 décembre 1988.<br />
<br />
Source: gouvernement.lu<br />
SCHENGEN<br />
L’Ordre des architectes et des<br />
ingénieurs-conseils, en collaboration<br />
avec la commune de Schengen, la<br />
fondation Valentiny, le Biodiversum et<br />
l’asbl «Erliefnis Baggerweieren», invite<br />
les curieux à découvrir, du 25 juin au 6<br />
octobre, les 36 réalisations des maîtres<br />
d’ouvrage primés lors du Bauhärepräis<br />
OAI 2020. Celles-ci seront exposées<br />
sur les quatre sites phares de<br />
Remerschen: l’administration communale,<br />
la fondation Valentiny, le<br />
Biodiversum et Baggerweieren.<br />
<br />
Source: oai.lu<br />
MONDORF-LES-BAINS<br />
La commune a mis en ligne une vidéo<br />
retraçant tous les changements et<br />
travaux qui ont été mis en œuvre<br />
en 2020. Publiée sur le site internet,<br />
celle-ci démontre tous les efforts que<br />
la commune a mis en place pour les<br />
citoyens ainsi que son engagement<br />
envers eux.<br />
Source: mondorf-les-bains.lu<br />
MANTERNACH<br />
La commune indique qu’elle<br />
subventionnera les investissements<br />
mis en œuvre pour une utilisation<br />
plus rationnelle de l’énergie. Cela<br />
concerne, par exemple, l’installation<br />
de capteurs solaires thermiques,<br />
la récupération d’eau de pluie,<br />
l’acquisition d’un vélo classique ou<br />
électrique ou encore l’installation de<br />
panneaux photovoltaïques.<br />
<br />
Source: manternach.lu<br />
<br />
BETZDORF<br />
La commune a présenté un nouveau concept de gestion de ses<br />
déchets. Un ouvrage explicatif se trouve en ligne. Le concept<br />
est divisé en trois phases: l’équipement des poubelles par<br />
une puce électronique, l’enregistrement de la fréquence de<br />
vidange et du poids des déchets et enfin, l’application d’un<br />
nouveau système de facturation en 2023. Cette nouvelle<br />
gestion a pour but de motiver au recyclage et de réduire la<br />
quantité de déchets.<br />
<br />
Source: betzdorf.lu<br />
FRISANGE<br />
En mai dernier a eu lieu la cérémonie de la pose de la première<br />
pierre de la nouvelle maison communale à Frisange. La<br />
cérémonie a eu lieu en présence de Taina Bofferding, ministre<br />
de l’Intérieur, et Roger Beissel, bourgmestre de la commune.<br />
<br />
Source: frisange.lu<br />
FLAXWEILER<br />
Une chasse au trésor pour enfants sera lancée à partir du 15<br />
juillet et jusqu’au 15 septembre. Il s’agit d’une petite randonnée<br />
sur un chemin de 7 km d’une durée d’environ quatre heures<br />
de marche. Des questions et des jeux sont prévus en cours de<br />
route. Le départ sera donné dans la commune de Flaxweiler.<br />
<br />
Source: flaxweiler.lu<br />
LENNINGEN<br />
Dans le cadre de sa collaboration avec la SuperDrecksKëscht,<br />
la commune invite ses citoyens à prendre connaissance de<br />
certains renseignements concernant l’économie des ressources<br />
dans les résidences. Ces informations au sujet du tri des<br />
déchets, des capteurs, etc. se trouvent sur leur site internet.<br />
<br />
Source: lenningen.lu<br />
NIEDERANVEN<br />
Les élus locaux ont informé leurs<br />
citoyens que la navette E-Charly et<br />
le Nightlifebus circulent à nouveau<br />
aux horaires habituels depuis la fin<br />
du mois de juin. Des informations<br />
supplémentaires concernant les deux<br />
moyens de mobilité se trouvent sur le<br />
site internet de la commune.<br />
<br />
Source: niederanven.lu<br />
STADTBREDIMUS<br />
La commune a délivré des<br />
informations concernant le projet<br />
«Social ReUse» au container Park<br />
«am Haff», en collaboration avec<br />
Ecotrel et Hein. Cela concerne la<br />
réutilisation d’anciens équipements<br />
électroniques ou électroménagers.<br />
Dans le respect du RGPD, ces<br />
derniers sont remis à l’asbl «Digital<br />
Inclusion» qui les offre aux<br />
personnes dans le besoin.<br />
<br />
Source: stadtbredimus.lu<br />
BOUS<br />
Les élus ont expliqué le plan<br />
de développement de la fusion<br />
communale entre Bous et<br />
Waldbredimus ainsi que la raison de<br />
cette décision sur leur site internet. Les<br />
citoyens seront consultés par voie de<br />
référendum sur le projet de fusion et<br />
un plan directeur sera prochainement<br />
présenté. Les responsables politiques<br />
tiennent compte des doléances des<br />
habitants pour planifier l’avenir de la<br />
nouvelle commune.<br />
<br />
Source: bous.lu<br />
FRISANGE<br />
Un bâtiment historique et emblématique<br />
de Frisange a fait peau neuve. Le château<br />
d’Aspelt a été construit en 1590. Celuici<br />
a été rénové et inauguré les 4 et 5 juin<br />
derniers. Une statue en l’honneur de<br />
Pierre D’Aspelt a aussi été dévoilée. La<br />
cérémonie est disponible, en vidéo, sur<br />
le site internet de la commune.<br />
<br />
Source: frisange.lu
JUNGLINSTER<br />
Une commune moderne et croissante dédiée<br />
à la protection du climat<br />
xxxx
32 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
Mertert, une commune<br />
en pleine expansion<br />
PAR CLAIRE SIBELLA<br />
Jérôme Laurent est le bourgmestre de la commune de Mertert. Tout en relatant les projets de<br />
construction actuels et à venir, il fait part des priorités que la commune doit respecter afin que<br />
tout se passe pour le mieux.<br />
Subvenir aux besoins des citoyens<br />
Jérôme Laurent<br />
«Il ne s’agit pas simplement de construire.<br />
Il s’agit surtout de remplir la toute<br />
première mission qu’une commune<br />
se doit d’honorer, soit d’assurer un<br />
développement harmonieux des lieux en<br />
s’assurant que Mertert et Wasserbillig<br />
disposent des infrastructures publiques<br />
nécessaires à leur fonctionnement d’une<br />
part, et, d’autre part, qu’elles puissent,<br />
dans les meilleures conditions possibles,<br />
subvenir aux besoins de leurs citoyens,<br />
qu’ils soient déjà résidents ou qu’ils<br />
souhaitent la rejoindre», nous explique le<br />
bourgmestre.<br />
Actuellement, la commune de Mertert<br />
compte 4.700 citoyens. Nombreux<br />
sont les projets de construction nés<br />
d’initiatives privées qui avancent<br />
rapidement tant et si bien que dans les<br />
dix années à venir, la commune sera<br />
susceptible d’accueillir entre 1.200 et<br />
1.300 nouveaux habitants. À court terme,<br />
450 logis seront bâtis. Parmi eux, il est<br />
prévu qu’un certain nombre de logements<br />
soient à coût modéré. À long terme,<br />
d’autres grands plans d’aménagement<br />
particuliers sont en cours de négociation<br />
avec les promoteurs.<br />
Jérôme Laurent développe: «Dans un<br />
environnement de plus en plus complexe<br />
d’augmentation continue des prix, les<br />
subsides octroyés à la construction des<br />
infrastructures publiques n’ont pas évolué<br />
dans la même proportion. Néanmoins, la<br />
commune consent à des investissements<br />
considérables».<br />
Des projets phares<br />
Mertert s’est engagée dans quatre<br />
projets phares. Tout d’abord, un nouveau<br />
bâtiment scolaire y a ouvert ses portes<br />
le 3 janvier dernier. Il comprend une<br />
maison relais qui accueille une centaine<br />
d’enfants du cycle 1. Ensuite, et il s’agit<br />
là du projet le plus conséquent en termes<br />
de budget, une nouvelle école a été bâtie<br />
à Wasserbillig. Elle entrera en service à la<br />
rentrée, en septembre 2021. Quant à sa<br />
structure d’accueil annexe, la crèche, elle<br />
sera opérationnelle au début de l’année<br />
2022. Le troisième projet incontournable<br />
est la rénovation du bassin d’eau afin de<br />
garantir à la commune et ses concitoyens<br />
un approvisionnement de qualité, adapté<br />
et efficace. Enfin, les infrastructures des<br />
terrains de tennis de Wasserbillig ont été<br />
déplacées et entièrement rénovées. C’est à<br />
leur ancien emplacement que sera installée<br />
l’école, l’endroit s’y prêtant le mieux.<br />
Par ailleurs, la commune a acquis un terrain<br />
en plein centre de Mertert, afin d’agrandir<br />
l’école fondamentale. Sur une partie de ces<br />
terrains, il sera également possible de bâtir<br />
des logements à coût modéré.<br />
Le centre de Wasserbillig va également se<br />
transformer. La commune a échangé des<br />
terrains avec un promoteur qui y construit<br />
110 logements ainsi qu’un parking sousterrain<br />
(dont une soixantaine de places<br />
seront acquises par la commune). Mertert a<br />
construit de nouveaux ateliers communaux<br />
au milieu des deux localités; ils offrent des<br />
infrastructures modernes, efficaces, plus<br />
facilement accessibles et des conditions de<br />
travail optimales.<br />
Du côté de la dépollution des eaux, Mertert<br />
est connectée à la station d’épuration de<br />
Grevenmacher. Dans deux à trois mois,<br />
Wasserbillig y sera également connectée.<br />
La situation sanitaire n’a pas permis de<br />
respecter les délais fixés, mais la commune<br />
de Mertert met les bouchées doubles pour<br />
finaliser ce projet.<br />
Jérôme Laurent conclut: «Mertert se trouve<br />
dans un contexte où tout s’enchaîne très<br />
rapidement. L’an dernier, la commune a<br />
relevé le défi posé par une situation sanitaire<br />
compliquée: 21 ouvriers doivent travailler<br />
au sein des ateliers communaux, mais nous<br />
devrons adapter nos effectifs au fur et à<br />
mesure de notre expansion». n
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
33<br />
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LUXEMBOURG<br />
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34 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
Le droit de préemption<br />
«Pacte Logement»:<br />
la jurisprudence récente<br />
Fondée en 2004, DSM Avocats à la Cour fait aujourd’hui partie<br />
des études d’avocats les plus réputées au Grand-Duché de<br />
Luxembourg. Mario Di Stefano, Managing Partner – Avocat<br />
à la Cour, présente DSM et revient plus particulièrement<br />
sur les évolutions de la jurisprudence en matière de droit de<br />
préemption.<br />
Pouvez-vous présenter DSM Avocats à<br />
la Cour?<br />
J’ai fondé l’étude en 2004. Depuis lors,<br />
DSM Avocats à la Cour n’a cessé de<br />
croître tant en termes de collaborateurs<br />
qu’en compétences, tout en gardant<br />
et en respectant ses valeurs originelles<br />
d’excellence, de réactivité et de<br />
disponibilité, de proximité, d’indépendance<br />
et d’ouverture internationale. Au départ,<br />
nous étions trois avocats. Aujourd’hui,<br />
nous sommes plus de 35 avocats, juristes<br />
et collaborateurs. L’arrivée d’avocats aux<br />
compétences variées a progressivement<br />
complété l’éventail des services que nous<br />
offrons à nos clients; ce qui fait de nous une<br />
étude d’avocats d’affaires «full service».<br />
Nous sommes également fiers de constater<br />
que, outre la confiance que nous accordent<br />
nos clients depuis de nombreuses années,<br />
DSM Avocats à la Cour est reconnue par les<br />
guides de référence du marché juridique tels<br />
que Legal500, Chambers et LeadersLeague<br />
comme l’une des études d’avocats les plus<br />
réputées dans de nombreux domaines.<br />
Quelles sont vos expertises principales?<br />
Nous sommes actifs dans plusieurs<br />
domaines du droit: immobilier,<br />
construction, bancaire et financier, fiscal,<br />
santé, commercial et des affaires, fusions<br />
et acquisitions, travail et sécurité sociale<br />
ou encore du numérique et cela dans les<br />
domaines du conseil et, on ne peut pas<br />
toujours l’éviter, du contentieux.<br />
Notre étude est particulièrement reconnue<br />
au Luxembourg pour sa forte expertise en<br />
matière de droit immobilier et droit de la<br />
construction. Au-delà de nos compétences<br />
juridiques inhérentes au métier d’avocat,<br />
nous misons beaucoup sur le relationnel et<br />
la communication avec nos clients.<br />
DSM Avocats est une étude indépendante<br />
et également membre de plusieurs<br />
réseaux à l’international. Quels sont les<br />
avantages de ces deux volets?<br />
Cela nous permet d’un côté de conserver<br />
notre indépendance et de pouvoir réagir<br />
rapidement et de façon pragmatique,<br />
et en même temps d’offrir des services<br />
complets à travers le monde. Au fil des<br />
années, cela nous a également permis de<br />
nouer des partenariats avec d’excellents<br />
cabinets disposant d’une multitude de<br />
spécialisations dans tous les centres<br />
économiques du monde. À tout moment,<br />
nous pouvons compter sur leur soutien<br />
rapide et pertinent à l’étranger. Tous nos<br />
partenaires internationaux sont également<br />
indépendants, ce qui nous permet de choisir<br />
le meilleur partenaire selon le profil du<br />
client ainsi que les circonstances et la nature<br />
des affaires en cause.<br />
Quelle est votre politique en matière de<br />
Responsabilité Sociale des Entreprises<br />
(RSE)?<br />
Nous sommes très conscients des défis<br />
en matière de RSE et nous en tenons<br />
compte tant en interne qu’en externe. Par<br />
exemple, nous avons signé la Charte de<br />
la diversité en 2015 et sommes membres<br />
d’IMS Luxembourg depuis janvier 2020.<br />
Notre étude s’engage également en faveur<br />
de la société, en témoignent nos récentes<br />
actions liées au développement durable,<br />
à la formation des jeunes et au mécénat<br />
juridique. Nous avons par exemple<br />
fourni des écrans d’ordinateur à l’asbl<br />
Digital Inclusion, travaillé à l’élimination<br />
des plastiques à usage unique dans nos<br />
locaux, rejoint le programme #ReAct de<br />
la Chambre de Commerce pour aider<br />
les entrepreneurs en difficulté ou encore<br />
accueilli des lycéens en stage dans le cadre<br />
du dayCARE Digital Explorer.<br />
Pouvez-vous revenir sur une question<br />
qui intéresse certainement de nombreux<br />
lecteurs, à savoir l’évolution de la<br />
jurisprudence concernant le droit de<br />
préemption?<br />
La loi du 22 octobre 2008 dite «Pacte<br />
Logement », telle que modifiée par la loi du<br />
3 mars 2017 (dite «Loi Omnibus»), ouvre,<br />
sous certaines conditions, des droits de<br />
préemption au profit des communes et/ou<br />
du Fonds du Logement.<br />
Ainsi, avant de pouvoir passer un acte de<br />
vente, le notaire doit vérifier l’existence<br />
d’un tel droit de préemption et, dans<br />
l’affirmative, notifier l’intention de vente et<br />
ses conditions au(x) bénéficiaire(s) du droit<br />
de préemption.<br />
En cas d’exercice de ce droit par le pouvoir<br />
préemptant, l’acte authentique devra<br />
être dressé dans les trois mois, le pouvoir<br />
préemptant pouvant poursuivre en justice<br />
l’exécution forcée de l’acquisition ou la<br />
condamnation du propriétaire cédant au<br />
paiement de dommages et intérêts.<br />
Le droit de préemption ne peut être exercé<br />
qu’en vue de la réalisation de logements<br />
visés par les dispositions de la loi modifiée<br />
du 25 février 1979 concernant l’aide au<br />
logement, ou en vue de la réalisation de<br />
travaux de voirie et d’équipements publics<br />
ou encore visant à ériger des équipements<br />
collectifs conformément à la loi modifiée du<br />
19 juillet 2004 concernant l’aménagement<br />
communal et le développement urbain.<br />
Cela étant dit, dans trois décisions<br />
récentes, les juridictions administratives
ont eu l’opportunité d’apporter quelques<br />
éclaircissements notables en ce qui<br />
concerne les modalités d’exercice du droit<br />
de préemption.<br />
Ainsi, le tribunal administratif avait décidé<br />
par jugement du 22 juillet 2020, n°42595<br />
du rôle, que le pouvoir préemptant doit<br />
«expliquer la finalité de l’exercice du droit<br />
de préemption, qui non seulement doit<br />
correspondre à l’une des finalités énumérées<br />
à l’article 3 de la loi Pacte Logement,<br />
mais qui doit encore correspondre à un<br />
projet concret ou du moins en voie de<br />
concrétisation, les explications fournies<br />
ne pouvant en tout cas pas se limiter à des<br />
considérations abstraites et hypothétiques».<br />
Cette décision a été confirmée en appel<br />
par la Cour administrative, qui a cependant<br />
nuancé les obligations à charge du pouvoir<br />
préemptant en estimant qu’il suffira que<br />
celui-ci indique avec précision l’affectation<br />
qui va devoir être donnée à l’immeuble<br />
préempté. La Cour a aussi précisé que cette<br />
affectation devra correspondre aux objectifs<br />
poursuivis par la loi Pacte Logement, être<br />
indiquée dès la notification au notaire<br />
de la décision d’exercice du droit de<br />
préemption, et être ensuite réalisée dans les<br />
meilleurs délais possibles, compte tenu des<br />
circonstances du cas d’espèce» (Arrêt du 5<br />
janvier 2021, n° 44939C du rôle).<br />
Dans une autre décision, le Tribunal<br />
administratif a confirmé que «l’objectif<br />
en vue duquel le droit de préemption est<br />
exercé doit se cristalliser au moment de<br />
l’exercice de ce droit et ne saurait être<br />
fourni ex post». Il a par ailleurs suivi la Cour<br />
administrative en indiquant qu’il ne suffira<br />
pas pour le pouvoir préemptant de fournir<br />
des indications vagues sur la destination de<br />
l’immeuble, de se référer à une réalisation<br />
potentielle de l’un des objectifs énumérés<br />
par la loi, ou de se référer de manière<br />
générale à l’ensemble des objectifs<br />
potentiels envisagés par l’article 3 de la<br />
loi Pacte Logement (Jugement du 3 mars<br />
2021, n°43 352 du rôle).<br />
En guise de conclusion, on peut saluer les<br />
précisions apportées par les juges, dont les<br />
décisions récentes n’ont pas manqué de<br />
garantir un certain équilibre, entre d’une<br />
part, le respect du droit de propriété, et<br />
d’autre part, l’action publique et l’exercice<br />
du droit de préemption. n<br />
DSM Avocats à la Cour<br />
55-57 Rue de Merl<br />
L-2146 Luxembourg<br />
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Mario Di Stefano
36 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
Le Masterplan communal:<br />
un outil pour façonner l’avenir<br />
L’évolution d’une commune est complexe si bien qu’il est nécessaire de prendre en considération<br />
de nombreuses données lorsque des décisions politiques sont prises. Il s’agit du masterplan.<br />
Frank Leuschen, fondateur et administrateur délégué du cabinet de conseil indépendant MC<br />
Luxembourg, présente les avantages d’un tel type de plan d’action dans le développement des<br />
communes et des services liés aux citoyens.<br />
Depuis près d’une quinzaine d’années,<br />
vous assistez des communes dans<br />
leur recherche de solutions aux défis<br />
liés à leurs nombreuses missions.<br />
Que constatez-vous dans le contexte<br />
actuel?<br />
La complexité qui pèse sur la plupart des<br />
communes croît de jour en jour. Elles<br />
doivent non seulement faire face à une<br />
hausse de leur population, synonyme<br />
d’une augmentation substantielle des<br />
dépenses, mais aussi à des «missions»<br />
complémentaires souvent d’ordre – voire<br />
d’intérêt – national. Le développement<br />
multiculturel de notre société, par exemple,<br />
impacte directement le sujet de l’éducation<br />
et de l’encadrement socioéducatif. Il<br />
réclame une coopération renforcée entre<br />
les acteurs socioprofessionnels et, par<br />
ailleurs, l’aménagement d’infrastructures<br />
multifonctionnelles adaptées aux besoins,<br />
à court et à moyen termes, au niveau<br />
communal et éventuellement régional. De<br />
même, les défis et enjeux en matière de<br />
développement durable nécessitent tant<br />
des plans d’action cohérents (Pacte Climat)<br />
qu’une mise en œuvre de projets concrets<br />
souvent complexes, pour lesquels il faut<br />
mobiliser des compétences et ressources<br />
hautement qualifiées ainsi que des moyens<br />
budgétaires parfois substantiels. Quant au<br />
financement desdites missions communales,<br />
elles ne sont peut-être pas remises en cause<br />
mais doivent être considérées avec une<br />
certaine prudence, à l’aune du contexte<br />
économique actuel et des effets éventuels<br />
de la crise sanitaire. Elles doivent faire<br />
l’objet d’une analyse approfondie et, avant<br />
tout, réaliste.<br />
Quelle approche les dirigeants communaux<br />
devraient-ils adopter?<br />
Nous proposons d’engager une profonde<br />
réflexion autour des services au citoyen et<br />
de leur qualité de vie. Quels sont les besoins<br />
et attentes à moyen et à long termes de<br />
nos citoyens? Voilà la question-clé dans<br />
ce débat. Pour pouvoir y répondre d’une<br />
manière structurée et pérenne, il y a lieu de<br />
développer un plan d’action: un masterplan.<br />
Celui-ci doit s’appuyer sur un état des<br />
lieux suffisamment précis: qu’avons-nous,<br />
que nous manque-t-il? Que devons-nous<br />
faire pour que notre commune reste – ou<br />
devienne – attractive? À la base, les attentes<br />
d’un citoyen à l’égard d’une commune sont<br />
similaires partout, qu’il se trouve dans le<br />
nord ou le sud du pays. Prenons l’exemple<br />
d’un jeune couple avec un ou deux enfants<br />
qui est à la recherche d’une nouvelle<br />
habitation. Ils iront voir quatre ou cinq sites<br />
en comparant prioritairement les offres<br />
au niveau de l’encadrement scolaire et des<br />
structures d’accueil telles que les crèches, les<br />
écoles ou les maisons relais. Ils vérifieront<br />
si le chemin pour se rendre en classe ou à<br />
d’autres activités est sûr et bien organisé,<br />
à pied ou avec les transports en commun.<br />
Ils se renseignent aussi sur les services de<br />
proximité, de soins ou de prise en charge<br />
médicale… C’est ce que je définis comme<br />
l’«attractivité» d’une commune, une notion<br />
essentielle pour toute agglomération<br />
désireuse de bien préparer son avenir.<br />
Certaines communes pourront répondre<br />
à ces critères, d’autres dans une moindre<br />
mesure.<br />
Comment peuvent-elles maximiser<br />
leurs chances pour y arriver?<br />
Nous recommandons le développement<br />
d’un plan d’action cohérent avec un<br />
phasage réaliste, considérant les capacités<br />
budgétaires de la commune. L’appui<br />
que nous proposons aux responsables<br />
communaux est d’ordre stratégique. Avec<br />
nos équipes, nous les assistons à définir<br />
une vision à moyen voire à long terme<br />
autour de laquelle s’articulera le futur<br />
masterplan. Comme nous avons déjà mené<br />
à bien une bonne quinzaine de projets de<br />
ce genre, nous bénéficions aujourd’hui<br />
d’une expertise que nous avons pu affiner<br />
au fil du temps en fonction des retours<br />
d’expériences sur le terrain. J’insiste sur<br />
le fait que nous suivons une approche<br />
holistique et intégrée qui va bien audelà<br />
des considérations liées aux seules<br />
infrastructures communales. Ainsi nous<br />
traitons aussi les aspects environnementaux,<br />
les questions liées au logement, aux finances<br />
communales, voire au développement<br />
économique communal ou régional. Il est<br />
fondamental de se donner une perspective<br />
démographique pour le long terme et<br />
de l’analyser à la lumière du PAG et des<br />
différents PAP, qu’ils soient déjà votés, en<br />
cours de procédure ou en planification. Il va<br />
sans dire que cela doit aller de pair avec une<br />
analyse financière sereine et des projections<br />
réalistes. Et, considérant que «l’union fait<br />
la force», une évaluation des opportunités<br />
de création d’effets de synergie au niveau<br />
régional ou intercommunal, dans le cadre<br />
de la mise en œuvre des différentes missions<br />
communales, peut toujours constituer un<br />
levier d’optimisation.<br />
Comment s’organisent les échanges<br />
entre les représentants de la commune<br />
et vos experts ?<br />
L’élaboration d’un masterplan n’est pas<br />
une mission technique ou scientifique.<br />
Notre approche repose, dès le départ,<br />
sur le développement «fondamental» de<br />
la commune, et ce, dans le cadre d’une<br />
approche participative. Nous nous appuyons<br />
donc sur une plateforme d’échange avec<br />
un spectre plus large. Au niveau politique,<br />
toutes les parties prenantes sont impliquées<br />
d’une manière active. Les «forces vives»
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
37<br />
©MC<br />
Nohalteg<br />
Infrastrukturen<br />
Synergie<br />
Bewegung<br />
Flexibilitéit<br />
Zesummenhalt<br />
Biergerbedeelegung<br />
Lokal Integréiert<br />
Wirtschaftlech Schoul a Kannerbetreiung<br />
Entwécklung Intergenerationell<br />
Bezuelbare<br />
Gesondheet<br />
Ekonomie<br />
Circulaire<br />
Ëmwelt<br />
Gerecht<br />
Wunnen<br />
Sport a<br />
Recycling<br />
Erfarung<br />
Masterplang<br />
Modern<br />
Innovativ<br />
Betreiung<br />
Gemengen Servicer<br />
Regional Design for all<br />
Zesummenaarbecht<br />
Kommunikatioun<br />
Inklusioun<br />
Laangfristeg<br />
Objektiver<br />
Energie<br />
Integratioun<br />
Wunnraum<br />
Gemengefinanzen Mobilitéit<br />
Perspektiven<br />
Sanéierung<br />
Sozial<br />
Aktiivt Jugend<br />
a Veräinsliewen<br />
Mixitéit an Engagement<br />
Ëffentlechen Transport<br />
Regional<br />
Saisonal<br />
locales sont, elles aussi, associées à ce<br />
processus pour obtenir une photographie<br />
la plus nette possible des besoins de la<br />
commune, tant aux niveaux administratif et<br />
technique qu’au niveau sociétal.<br />
Une fois cet état des lieux achevé,<br />
quelles sont les prochaines étapes de<br />
l’élaboration du plan d’action?<br />
Pour chaque mission communale, qu’elle<br />
soit obligatoire ou facultative, il y a lieu<br />
de développer, ensemble avec les parties<br />
prenantes, des scénarios alternatifs<br />
qui seront évalués par la suite sur base<br />
de critères objectifs et neutres. Les<br />
analyses sont aussi bien quantitatives<br />
que qualitatives. C’est dans le cadre d’un<br />
débat contradictoire et constructif qu’une<br />
priorisation des scénarios et des projets<br />
relatifs est établie, et ce, en fonction des<br />
valeurs ajoutées qu’ils pourraient apporter<br />
aux citoyens et à la commune, tout en<br />
tenant compte évidemment du coût de mise<br />
en œuvre et de la faisabilité du scénario<br />
en question. C’est ainsi que cet exercice<br />
structuré permet d’établir un plan d’action<br />
cohérent et intégré. Il ne s’agit pas de<br />
mener une discussion qui se limite aux<br />
bâtiments et aux infrastructures, mais bien<br />
sur l’ensemble des besoins en matière de<br />
services communaux! Ce qui nous importe,<br />
c’est que le jeune couple pris en exemple<br />
précédemment se dise: «c’est dans cette<br />
commune que je souhaite m’installer,<br />
même si elle est relativement petite». Le<br />
masterplan est non seulement le résultat<br />
d’un processus réfléchi, mené à travers<br />
une approche participative, mais c’est<br />
également un document clé dans le cadre<br />
de la préparation et de la mise en œuvre<br />
d’un programme politique, voire d’une<br />
déclaration échevinale. Selon moi, chaque<br />
commune devrait avoir le sien! n<br />
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22 Rue des Champs<br />
L-7521 Mersch, Luxembourg<br />
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38 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
Le charme<br />
de la ruralité allié<br />
à la modernité<br />
Située entre le Müllerthal et Luxembourg-Ville, Junglinster<br />
présente tous les aspects d’une commune moderne et<br />
dynamique tout en conservant son charme rural et sa<br />
tranquillité. Romain Reitz, entré au sein du conseil communal<br />
en 2003, devenu échevin en 2007, puis bourgmestre en 2015,<br />
est un témoin privilégié de l’histoire récente de la commune,<br />
mais aussi l’un des acteurs majeurs des changements opérés<br />
et décidés au sein de celle-ci. Il revient avec nous sur les<br />
différents projets réalisés ces dernières années et ceux à venir.<br />
Pouvez-vous présenter Junglinster en<br />
quelques mots?<br />
Notre commune compte 8.300 habitants<br />
et regroupe douze localités: Altlinster,<br />
Beidweiler, Blumenthal, Bourglinster, Eisenborn,<br />
Eschweiler, Godbrange, Gonderange,<br />
Graulinster, Imbringen, Junglinster et<br />
Rodenbourg. C’est la plus grande en termes<br />
d’habitants et la deuxième en superficie<br />
dans l’est du pays. Junglinster est plutôt<br />
bien située géographiquement. Nous avons<br />
en effet l’avantage d’être placés à la porte<br />
du Müllerthal et derrière le Grünewald tout<br />
en étant très proches de Luxembourg-Ville.<br />
Les transports publics tels que le réseau<br />
RGTR ou les CFL nous permettent d’être<br />
bien connectés à la capitale mais aussi aux<br />
autres grandes villes du Grand-Duché<br />
comme Echternach, Ettelbrück ou Mersch.<br />
Nous disposons également d’une zone<br />
d’activité commerciale qui croît au fur et à<br />
mesure des années et ceci est un grand atout<br />
pour la région car beaucoup de personnes<br />
venant des communes environnantes se<br />
déplacent jusqu’à Junglinster pour faire<br />
leurs achats. D’ailleurs, cette zone sera<br />
agrandie puisqu’un supermarché, un<br />
hôtel ainsi qu’un centre de loisirs y seront<br />
installés au cours des trois prochaines<br />
années.<br />
Les travaux pour créer un contournement de<br />
Junglinster nous ont aussi apporté davantage<br />
de tranquillité car ils ont permis de réguler le<br />
trafic routier au sein de nos localités.<br />
Dans la campagne, notre commune jouit<br />
aussi de très beaux paysages avec des<br />
structures de haies, des forêts et des zones<br />
classées Natura 2000.<br />
Votre commune est certifiée au niveau<br />
2 du Pacte Climat. Quels ont été les<br />
projets mis en œuvre pour obtenir cette<br />
certification?<br />
Nous montons actuellement une équipe<br />
dédiée au Pacte Climat 2.0. Nous avons<br />
effectivement obtenu la certification 2<br />
pour la première mouture grâce à quelques<br />
projets. Lorsque nous avons construit<br />
nos bâtiments communaux, nous avons<br />
travaillé avec des matériaux recyclables.<br />
Nos infrastructures fonctionnent aussi<br />
grâce à des énergies renouvelables. Tous<br />
nos bâtiments communaux sont en effet<br />
reliés à une installation de chauffage à<br />
distance qui est alimentée par du biogaz<br />
issu de la centrale «Lënster Energie» située<br />
à Gonderange. C’est un véritable atout<br />
car nous n’avons plus recours aux énergies<br />
fossiles comme le mazout pour chauffer nos<br />
bâtiments.<br />
En matière de biodiversité, nous privilégions<br />
le fauchage tardif et la plantation, à<br />
différents endroits de la commune, de<br />
parterres de fleurs, d’arbres fruitiers ou de<br />
haies. Nous travaillons notamment avec le<br />
syndicat à vocation multiple SIAS (Syndicat<br />
intercommunal pour l’assainissement du<br />
bassin hydrographique de la Syre) dans le<br />
cadre d’un projet situé entre le plateau de<br />
Gonderange et Bourglinster et sur lequel<br />
se trouvent des champs de blé et de maïs.<br />
Une fois l’automne arrivé, il n’y a plus<br />
rien sur ces parcelles. Nous y installerons<br />
donc des structures de haies et des fleurs<br />
de la région pour améliorer la biodiversité.<br />
C’est notamment en travaillant dans ce<br />
domaine que nous pouvons faire partie de<br />
ce syndicat.<br />
Qu’en est-il des projets de construction<br />
de logements à prix abordable?<br />
La population est en croissance constante.<br />
Nous prévoyons ainsi d’accueillir 9.000<br />
personnes ces prochaines années et cela<br />
implique la création de 300 nouvelles<br />
habitations. En septembre débuteront les<br />
travaux de construction de 21 logements.<br />
Il s’agit de quatre maisons à Godbrange<br />
ainsi que de dix appartements et sept<br />
maisons individuelles à Junglinster. Celles
Romain Reitz<br />
de Godbrange seront construites avec des<br />
matériaux traditionnels et recyclables tandis<br />
que les maisons à Junglinster seront en bois,<br />
sauf dans le sous-sol. Grâce à leurs toitures<br />
plates végétalisées, ces logements pourront<br />
par exemple accueillir des panneaux<br />
photovoltaïques.<br />
Ces habitations seront toutes à prix<br />
abordable. Même si le Pacte Logement<br />
2.0 n’est toujours pas signé, nous mettons<br />
en œuvre des décisions politiques qui<br />
vont dans ce sens. La complexité est de<br />
réaliser des logements à coût modéré tout<br />
en sachant que les prix de l’immobilier<br />
sont très volatiles, particulièrement dans<br />
notre commune. Notre positionnement<br />
géographique, combiné à la disponibilité<br />
des terrains, alourdissent l’équation.<br />
Une évolution de la population implique<br />
forcément d’autres décisions politiques,<br />
notamment en matière d’éducation,<br />
d’accueil et de gestion des maisons<br />
relais...<br />
Effectivement, nous avons déjà agrandi<br />
les maisons relais à Junglinster ainsi qu’à<br />
Gonderange, où nous en avons installé<br />
une nouvelle. Nous envisageons un autre<br />
projet de construction de cette envergure<br />
à Bourglinster car nous y possédons déjà<br />
les terrains pour accueillir une maison<br />
relais. Celle de Junglinster peut recevoir<br />
380 enfants des cycles un et deux. Nous<br />
prévoyons d’en construire une autre pour<br />
ceux des cycles trois et quatre.<br />
Naturellement, et en raison de la<br />
population qui augmente d’année en<br />
année, les écoles fondamentales ont<br />
aussi été agrandies et peuvent à ce jour<br />
accueillir dix classes supplémentaires.<br />
Nous comptons plus de 700 élèves dans<br />
notre commune, ces travaux étaient<br />
donc indispensables. Le Lënster Lycée<br />
International School, qui accueille<br />
“Tous nos bâtiments<br />
communaux sont<br />
reliés à une<br />
installation de<br />
chauffage à distance<br />
qui est alimentée<br />
par du biogaz issu<br />
de la centrale de<br />
Gonderange”
40 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DOSSIER<br />
les enfants et adolescents d’origine<br />
étrangère, sera lui aussi étendu. Les<br />
travaux démarreront l’année prochaine.<br />
“La complexité<br />
est de réaliser<br />
des logements<br />
à coût modéré<br />
tout en sachant<br />
que les prix de<br />
l’immobilier sont<br />
très volatiles”<br />
Le Luxembourg est un pays multiculturel,<br />
quels sont les efforts déployés par la<br />
commune en matière d’intégration?<br />
Nous avons, en interne, un collaborateur<br />
qui est responsable de ce volet. Nous<br />
travaillons également avec le GRESIL<br />
(GRoupe d’Échange et de Soutien en<br />
matière d’Intégration au niveau Local),<br />
soutenu par le ministère de la Famille, de<br />
l’Intégration et à la Grande Région.<br />
En avril dernier, nous avons accueilli 37<br />
demandeurs de protection internationale<br />
à l’ancien Euro-Hôtel à Gonderange qui<br />
est désormais transformé en une structure<br />
d’hébergement. Ce sont des familles<br />
originaires d’Érythrée, d’Irak, d’Afghanistan<br />
et de Syrie. Leurs enfants sont déjà intégrés<br />
dans les écoles de la commune, tandis que<br />
leurs parents suivent des cours de langue et<br />
entament les processus d’intégration pour, à<br />
terme, trouver du travail. Des entrepreneurs<br />
aux alentours m’ont déjà personnellement<br />
appelé pour m’indiquer qu’ils sont prêts à<br />
embaucher.<br />
Par ailleurs, tous les deux ans, nous<br />
organisons la «Fiesta Integrale» qui permet<br />
à tous les habitants de la commune de se<br />
réunir et de découvrir les spécificités de<br />
chaque culture, notamment les produits<br />
culinaires. Ce moment de partage et de<br />
folklore a malheureusement dû être annulé<br />
en raison de l’épidémie de Covid-19. De<br />
même pour le Café des langues qui reprend,<br />
malgré tout, petit à petit.<br />
Comment l’épidémie de Covid-19 a-telle<br />
été gérée dans votre commune?<br />
Dès le début, en mars 2020, nous avons<br />
pris les bonnes mesures et notre personnel<br />
communal, qu’il s’agit d’ouvriers ou<br />
fonctionnaires, a fait preuve d’une grande<br />
discipline en respectant les gestes barrières<br />
et toutes les mesures de précaution.<br />
Lorsqu’il était possible, le télétravail<br />
était obligatoire et a très bien fonctionné,<br />
même si aujourd’hui l’ensemble de nos<br />
collaborateurs est en présentiel.<br />
Nous avons également distribué des<br />
masques à nos citoyens et donné des<br />
bons d’achat à la population afin d’aider<br />
les commerces locaux et la restauration<br />
touchés par l’épidémie. Ces mêmes citoyens<br />
ont aussi fait preuve d’un élan de solidarité<br />
en organisant un groupe pour aider les<br />
plus vulnérables et les personnes âgées à<br />
réaliser certaines tâches comme les achats<br />
de première nécessité.<br />
Étant donné le recul de l’épidémie et la<br />
vaccination, cet été marque aussi la première<br />
édition de la «Lënster Plage» en extérieur<br />
pour que les personnes puissent se retrouver<br />
et parvenir à recréer du lien social.<br />
Comment la commune de Junglinster<br />
prend-elle le virage de la digitalisation?<br />
La digitalisation est un sujet qui est<br />
évidemment mis sur la table à chacune de<br />
nos réunions. Nous avons déjà introduit<br />
le mode de paiement «Digicash» et nous<br />
réfléchissons à mettre en place la facturation<br />
par email afin d’éviter l’utilisation excessive
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
41<br />
du papier. Cet aspect entre notamment<br />
dans les réflexions qui s’articulent autour<br />
du Pacte Climat.<br />
Le service de communication travaille<br />
également sur la signalétique des sentiers<br />
pédestres. Nous veillons à installer<br />
des «QR Codes» en lieu et place des<br />
grands panneaux explicatifs pour éviter<br />
la pollution visuelle de nos beaux<br />
paysages. Il suffit de scanner le code sur<br />
son smartphone afin d’obtenir toutes les<br />
informations relatives à l’endroit où l’on<br />
se situe. Il en va de même pour les noms<br />
de rues par exemple.<br />
En ce qui concerne la communication<br />
institutionnelle, nous sommes présents<br />
en ligne via notre site internet, mais aussi<br />
via les réseaux sociaux tels que Facebook<br />
et Instagram. Notre magazine «Mag<br />
Junglinster» est également distribué sur<br />
tous les canaux disponibles, à savoir en<br />
ligne et sur le support papier, et sera très<br />
prochainement relooké.<br />
Quels sont les grands défis à venir pour<br />
la commune?<br />
Comme au niveau national, les sujets<br />
qui tournent autour des logements et de<br />
l’impact climatique font partie des défis de<br />
toutes les communes, dont la nôtre.<br />
“Nous réfléchissons<br />
à la facturation<br />
par email<br />
afin d’éviter<br />
l’utilisation<br />
excessive du papier”<br />
Le prochain défi est lié à l’augmentation<br />
du nombre d’habitants. Nous prévoyons<br />
l’extension de l’administration communale<br />
qui accueillera très bientôt 17 bureaux<br />
supplémentaires.<br />
Il s’agit de trouver l’équilibre entre<br />
les prévisions de la croissance de la<br />
population et les investissements dans<br />
les infrastructures. Être trop en avance<br />
ou être trop en retard nuirait au bon<br />
fonctionnement de la commune.<br />
Un dernier mot sur votre parcours au<br />
sein de Junglinster?<br />
J’ai démarré la politique en 1995 et je suis<br />
entré au conseil communal de Junglinster<br />
en 2003, avant de devenir échevin en 2007,<br />
puis bourgmestre en 2015. Ces 18 années<br />
passées à la direction de la commune m’ont<br />
énormément apporté.<br />
La politique communale, c’est avant tout<br />
une vocation. À Junglinster, même si<br />
les différences politiques existent, nous<br />
trouvons toujours un terrain d’entente.<br />
Personnellement, j’ai toujours voulu faire<br />
évoluer les choses. En ce sens, nous avons<br />
réalisé de nombreux projets et construit<br />
des écoles ou des grandes salles de sport.<br />
Nous avons acheté des terrains et investi<br />
dans de nombreux domaines pour les<br />
citoyens. n<br />
Administration communale<br />
de Junglinster<br />
12, rue de Bourglinster<br />
L-6112 Junglinster<br />
www.junglinster.lu
42 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE<br />
Bissen fait peau<br />
neuve…<br />
Ces deux dernières années ont été productives pour la<br />
commune de Bissen. Il faut dire que son bourgmestre, David<br />
Viaggi, a de grandes ambitions. À travers la refonte du PAG, il a<br />
initié de nombreux projets dans des domaines variés tels que le<br />
tourisme, la mobilité, la planification des premiers logements<br />
à coût modéré de la commune ainsi que l’aménagement<br />
des infrastructures et la modernisation de l’administration<br />
accompagnant qualitativement la croissance démographique.<br />
Tour d’horizon d’un programme communal bien chargé pour<br />
ces prochaines années…<br />
En vacances à Bissen<br />
C’est au cœur de la forêt de Bissen, dont la<br />
commune possède une centaine d’hectares,<br />
qu’une trentaine de kilomètres de chemins<br />
pédestres et de pistes cyclables ont été<br />
aménagés. Appréciés par les citoyens, ces<br />
chemins devraient donner un coup de<br />
pouce au tourisme dans la commune. «Nous<br />
sommes en train de placer une signalisation<br />
sur ces parcours ainsi que des installations<br />
de fitness, permettant aux utilisateurs d’y<br />
combiner différentes activités sportives.<br />
La même signalisation sera appliquée dans<br />
le centre du village ainsi que dans la zone<br />
industrielle et à travers tous les points<br />
d’intérêt de notre commune», explique le<br />
bourgmestre. Il espère également qu’un<br />
chemin auto-pédestre national passera à<br />
l’avenir par ces nouvelles pistes, à l’image<br />
de la Piste Cyclable 12 qui les traverse déjà.<br />
Pour continuer à développer le tourisme<br />
dans ses localités, David Viaggi a par<br />
ailleurs eu l’idée de réaménager l’ancienne<br />
maison des garde-barrières des CFL. Cette<br />
dernière se situe le long d’une piste cyclable<br />
et sera réaménagée en un établissement de<br />
restauration appelé «cyclo-croc» destiné<br />
aux randonneurs et cyclistes. Il détaille:<br />
«Nous allons entamer très prochainement<br />
les travaux de rénovation des lieux. Nous<br />
avons déjà établi un cahier des charges en vue<br />
du choix d’un exploitant qui devra respecter<br />
certaines conditions; nous voudrions en<br />
effet créer un menu typique, simple et<br />
sain pour qu’il soit adapté aux personnes<br />
fréquentant les pistes environnantes».<br />
Le cyclo-croc disposera également<br />
d’une terrasse dont les familles pourront<br />
profiter et de toutes les infrastructures<br />
nécessaires aux cyclistes: station de lavage<br />
et de réparation, bornes de recharge,<br />
stationnements pour vélos, etc. L’exploitant<br />
aura à sa disposition deux cargo-bikes pour<br />
ses livraisons à domicile ou aux entreprises<br />
de la zone d’activité. Sa localisation n’étant<br />
pas accessible en voiture, la commune a<br />
également prévu une remorque électrique<br />
pour assurer l’approvisionnement du snack.<br />
Les frais de gestion à charge de l’exploitant<br />
seront donc très bas. «Lorsque nous le lui<br />
avons présenté, le ministère du Tourisme<br />
s’est montré très enthousiaste à l’idée de<br />
l’élaboration de ce concept! Le cyclo-croc<br />
deviendrait en effet un point de rencontre<br />
pour l’organisation de randonnées ou de<br />
balades à vélo ainsi qu’un lieu de restauration<br />
en fin de parcours. Nous espérons pouvoir<br />
l’inaugurer en février 2022».<br />
Les ambitions de Bissen vont encore plus<br />
loin avec la reconversion de son moulin,<br />
situé à l’entrée de la commune, en un<br />
Bed & Bike d’une quinzaine de chambres.<br />
Classé patrimoine culturel, le moulin, qui<br />
produisait à l’origine de la farine locale,<br />
pourra d’ici 2026 accueillir les touristes ou<br />
les personnes en voyage d’affaires autour des<br />
tables de son restaurant. Le bourgmestre<br />
développe: «Nous voulons également<br />
y offrir un service de location de vélos<br />
pour les personnes qui s’y rendraient en<br />
voiture. L’hôtel offrira également toute une<br />
panoplie de services aux cyclotouristes afin<br />
qu’ils puissent entretenir leurs montures».<br />
Enfin, la commune a entamé des<br />
négociations avec l’ArcelorMittal pour le<br />
rachat ou la location des anciennes maisons<br />
ouvrières. Construites vers 1900 et laissées<br />
à l’abandon depuis une trentaine d’années,<br />
ces anciennes habitations font partie de<br />
l’héritage culturel de Bissen qui voudrait y<br />
créer d’ici 2025 un atelier pour artistes ainsi<br />
qu’un espace d’exposition qui retracera son<br />
histoire. «L’itinéraire idéal du touriste se<br />
composerait alors d’une nuit dans l’ancien<br />
moulin de Bissen, d’une balade sur nos<br />
chemins, d’un snack au cyclo-croc ainsi que<br />
d’une visite à notre centre d’exposition!», se<br />
réjouit David Viaggi.<br />
Repenser son PAG<br />
Ces projets touristiques s’inscrivent<br />
dans une refonte plus large du PAG. Le<br />
bourgmestre précise: «Nous n’avons pas<br />
fait d’extension du périmètre du PAG et<br />
avons même réduit certaines zones pour<br />
garantir un développement qualitatif<br />
dans le temps». Ayant connu une forte<br />
croissance démographique depuis 2010<br />
avec la revalorisation de plusieurs terrains<br />
et la création de nouveaux quartiers, Bissen<br />
a voulu faire grandir ses infrastructures<br />
en parallèle. Ainsi, la commune fait<br />
évoluer ses services, notamment avec<br />
la création de départements «sport» et<br />
«communication» et l’agrandissement de<br />
son service technique. Pour accompagner
ces évolutions, l’administration déménagera<br />
dans de nouveaux locaux au centre-ville<br />
qui comprendront également un centre<br />
culturel. Dans ce cadre, le croisement entre<br />
la N22 et l’A7 sera revu afin de fluidifier<br />
le trafic.<br />
“Une trentaine<br />
de kilomètres de<br />
chemins pédestres<br />
et de pistes cyclables<br />
ont été aménagés”<br />
L’actuelle place communale, située<br />
stratégiquement entre la maison relais,<br />
le préscolaire et l’école fondamentale,<br />
sera reconvertie en salles de restauration<br />
collective et de réunion au service de<br />
l’ensemble du campus scolaire dont la<br />
zone sera limitée à 30 km/h. Tous les sites<br />
pourront être reliés à pied ou à vélo grâce à<br />
des voies sécurisées, et ce, afin d’encourager<br />
les habitants – et surtout les écoliers – à<br />
privilégier la mobilité douce. «Nous avons<br />
également planifié l’extension de la crèche<br />
actuelle ainsi que la création d’une nouvelle<br />
crèche en forêt pour favoriser le contact<br />
des enfants avec la nature et qui pourra<br />
accueillir une trentaine d’enfants en bas<br />
âge», ajoute le bourgmestre.<br />
Enfin, Bissen bénéficie de l’eau de ses<br />
deux puits qui lui permettent d’en tirer<br />
l’ensemble de sa consommation, soit 700<br />
à 750 m 3 par jour. David Viaggi ajoute:<br />
«Nos bassins ne suffisent plus à stocker<br />
l’eau nécessaire à l’approvisionnement<br />
des ménages, c’est pourquoi nous avons<br />
planifié la construction d’un bassin adapté<br />
à la croissance de la population pour les<br />
prochaines années. Le projet du nouveau<br />
collecteur d’eau de pluie ainsi que des<br />
eaux usées s’achèvera en octobre de<br />
l’année courante. Ceci afin de garantir une<br />
meilleure gestion des eaux résiduaires».<br />
David Viaggi<br />
David Viaggi a pour ambition de<br />
moderniser sa commune tant au niveau<br />
de ses infrastructures que de sa mentalité:<br />
«Nous ne voulons pas seulement être un<br />
bureau administratif mais aussi un lieu de<br />
dialogue avec le citoyen. Je vois la commune<br />
comme un puzzle comprenant plusieurs<br />
pièces (mobilité, logement, infrastructures,<br />
etc.) que nous devons réussir à assembler.<br />
Nous essayons de progresser dans ces<br />
domaines tout en accompagnant l’évolution<br />
démographique et en restant à l’écoute des<br />
besoins des habitants. Nous avons pour cela<br />
mis en place un service de communication<br />
avec de nombreux outils pour rester proches<br />
de ces derniers».<br />
L’avènement du logement à coût modéré<br />
Les premiers logements à coût abordable<br />
de Bissen verront le jour dans le quartier<br />
«An der Bléi». Ce dernier comprendra<br />
des maisons unifamiliales, des résidences,<br />
des logements à coût modéré créés en<br />
collaboration avec la SNHBM ainsi que des
44 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DOSSIER<br />
logements encadrés destinés aux personnes<br />
âgées et reprenant environ 80 chambres.<br />
D’autres projets de ce type sont également<br />
en cours de planification: «En 2020, nous<br />
avons acquis les bâtiments inoccupés du<br />
quartier de la Laiterie dont l’aspect se<br />
dégradait. Nous voulons y construire des<br />
logements abordables, quelques commerces<br />
de proximité ainsi que des logements<br />
destinés aux jeunes de la commune. La crise<br />
a en effet révélé l’instabilité de leur situation,<br />
au sein de familles où l’ambiance est parfois<br />
conflictuelle. Nous voulons donc créer 12<br />
à 18 chambres qui pourraient les accueillir<br />
pendant une période allant de six mois à<br />
deux ans et pendant laquelle ils seraient<br />
encadrés par les éducateurs de la maison<br />
des jeunes et de l’office social dans l’objectif<br />
d’être réinsérés au sein de la société».<br />
“Nous ne voulons<br />
pas seulement<br />
être un bureau<br />
administratif mais<br />
aussi un lieu<br />
de dialogue avec<br />
le citoyen”<br />
Enfin, la commune négocie actuellement<br />
avec des propriétaires privés – en<br />
collaboration avec le ministère du Logement<br />
et la SNHBM – le rachat d’un terrain de<br />
4 ha afin d’y créer des logements abordables.<br />
Une partie de ces terrains serait réservée à<br />
la création d’infrastructures publiques, dans<br />
un futur lointain.<br />
Mobility Management Plan<br />
Depuis sa création en 2004, la zone<br />
d’activité et commerciale de Bissen n’a<br />
cessé de grandir. Si la commune prévoit<br />
d’y installer son atelier communal lors de<br />
son déménagement dans environ quatre<br />
ans, les terrains destinés aux entreprises<br />
s’y font rares: «Les quelques hectares qu’il<br />
reste à développer sont en mains privées.<br />
Si le projet de création d’un datacenter<br />
Google aboutit, alors Bissen affichera<br />
complet et n’aura plus d’emplacements<br />
pour accueillir de nouvelles sociétés dans sa<br />
zone d’activité».<br />
Pour y fluidifier le trafic, la commune<br />
souhaite installer trois ronds-points sur<br />
la N7 et y réduire la vitesse à 50 km/h.<br />
Elle aimerait également installer à travers<br />
le zoning des pistes en site propre pour<br />
piétons et cyclistes. Actuellement seule la<br />
ligne de bus Ettelbruck-Mersch passe par<br />
Bissen, mais elle n’est pas suffisante pour<br />
gérer l’afflux des employés du zoning aux<br />
heures de pointe. Manquant de soutien<br />
de la part du ministère de la Mobilité à ce<br />
niveau, Bissen s’est lancée dans la création<br />
d’un plan de Mobility Management: «Avec<br />
l’aide du bureau d’études Schroeder &<br />
Associés, nous réaliserons dès ce mois de<br />
juillet des entretiens individuels avec toutes<br />
les entreprises. Nous analyserons ensuite<br />
leurs besoins et les problématiques qu’elles<br />
rencontrent afin de créer un catalogue de<br />
mesures à déployer soit par la commune,<br />
soit par les entreprises ou encore de manière<br />
conjointe. J’assisterai personnellement à ces<br />
entretiens pour comprendre également<br />
leurs besoins à d’autres niveaux», assure le<br />
bourgmestre. n<br />
Administration communale de Bissen<br />
1 Rue des Moulins<br />
L-7784 Bissen<br />
commune@bissen.lu<br />
www.bissen.lu
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
45
46 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
BRÈVES COMMUNALES – CENTRE<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
MERSCH<br />
Le centre aquatique Krounebierg de<br />
Mersch a assoupli les mesures prises<br />
contre le Covid-19 dans le cadre de ses<br />
conditions d’accueil. Entre temps, elle<br />
a aussi lancé un site internet flambant<br />
neuf. Les usagers profitent ainsi d’une<br />
navigation plus ergonomique et de visuels<br />
plus attirants. Il est désormais aussi plus<br />
facile de réserver un créneau ou de passer<br />
des commandes par le webshop.<br />
<br />
Source: mersch.lu<br />
STRASSEN<br />
La classe de cycle 3 des enseignants<br />
Hoffmann et Thein a pu découvrir les<br />
locaux de l’administration communale<br />
le 18 juin dernier lors d’une visite guidée<br />
de la commune. Le bourgmestre, Nico<br />
Pundel, a conduit les écoliers à travers la<br />
ville. Il a présenté les différents services<br />
et expliqué leurs tâches respectives.<br />
<br />
Source: strassen.lu<br />
CONTERN<br />
Le collège échevinal de la commune<br />
de Contern a décidé d’offrir un<br />
cadeau à chaque ménage pour<br />
célébrer la fête nationale. Il leur a<br />
notamment offert un crémant et a<br />
invité ses citoyens à lui envoyer une<br />
photo d’eux lors de leur dégustation.<br />
<br />
Source: contern.lu<br />
BISSEN<br />
Il est porté à la connaissance du public<br />
qu’en sa séance du 3 juin 2021 le conseil<br />
communal a marqué son accord pour<br />
le projet de refonte complète du plan<br />
d’aménagement général (PAG) de la<br />
commune de Bissen.<br />
<br />
Source: bissen.lu<br />
STEINFORT<br />
La commune, en collaboration avec<br />
Aktikulti asbl, a lancé l’exposition<br />
«Impfstoff» le 19 juin dernier. Celle-ci<br />
consiste à créer des objets d’art pour<br />
réaliser une exposition colorée, joyeuse<br />
et pleine d’espoir en vue de la fin de la<br />
pandémie de Covid-19. Près de 200<br />
lanternes et capteurs de rêves ont été<br />
fabriqués pour l’occasion.<br />
<br />
Source: steinfort.lu<br />
<br />
MAMER<br />
La commune de Mamer ne cesse d’investir dans les<br />
infrastructures pour améliorer le bien-être et la qualité de vie<br />
de ses habitants et des travailleurs. Elle informe qu’elle a édité<br />
une brochure donnant des explications sur tous les grands<br />
projets urbanistiques qui seront réalisés ou entamés durant<br />
cette année. La brochure a été distribuée à tous les ménages<br />
de la commune mais se trouve aussi en version digitale sur le<br />
site internet.<br />
<br />
Source: mamer.lu<br />
LUXEMBOURG-VILLE<br />
La nouvelle crèche municipale de Gasperich a été inaugurée<br />
en juin dernier. D’une capacité de 81 places, celle-ci prend<br />
en charge des enfants de la naissance à quatre ans. La<br />
crèche s’organise sur deux niveaux, formant chacun un U. La<br />
conception des espaces gravitant autour du patio central, créé<br />
par la superposition inversée des deux volumes en U, est un<br />
élément essentiel du projet permettant au soleil de pénétrer de<br />
toute part au cœur du bâtiment.<br />
<br />
Source: vdl.lu<br />
KEHLEN<br />
Le collège échevinal et le conseil communal ont décidé d’offrir<br />
à chaque citoyen un bon d’achat d’une valeur de dix euros<br />
afin de soutenir financièrement les associations et commerces<br />
locaux frappés par la crise du Covid-19. Les bons d’achat<br />
seront distribués dans le courant du mois d’août et pourront<br />
ensuite être utilisés ou offerts comme don à titre gracieux aux<br />
commerces et aux associations participants de la commune<br />
jusqu’au 31 décembre 2021.<br />
<br />
Source: kehlen.lu<br />
Lukas Roth Fotografie<br />
HESPERANGE<br />
Le 1 er juillet dernier s’est tenue une<br />
réunion d’information au CELO au<br />
sujet du contournement Hesperange-<br />
Alzingen et de son impact positif,<br />
améliorant la qualité de vie. Celle-ci<br />
s’est notamment déroulée en présence<br />
de François Bausch, ministre de la<br />
Mobilité et des Travaux publics.<br />
<br />
Source: hesperange.lu<br />
MAMER<br />
Youth&Work est une asbl qui offre<br />
un accompagnement individuel et<br />
du conseil aux plus jeunes et aux<br />
jeunes adultes dans leur recherche<br />
de formation et d’emploi. Ce service<br />
est volontaire et gratuit. Youth&Work<br />
travaille dans ce contexte avec le<br />
ministère du Travail, les cantons et<br />
les communes, les entreprises et les<br />
écoles ainsi que les instituts de conseil<br />
et de formation. Mamer collabore<br />
étroitement avec l’association pour<br />
lutter contre le chômage des jeunes.<br />
<br />
Source: mamer.lu<br />
KOPSTAL<br />
La commune a signé, en date du 3<br />
juin, le pacte du vivre ensemble en<br />
présence de Corinne Cahen, ministre<br />
de la Famille, de l’Intégration et à la<br />
Grande Région, et d’Emile Eicher,<br />
président du SYVICOL. Ce pacte<br />
permet une collaboration renforcée<br />
entre la commune, la commission<br />
d’intégration, le ministère de la Famille<br />
ainsi que les associations ASTI et CEFIS.<br />
<br />
Source: kopstal.lu<br />
LUXEMBOURG-VILLE<br />
Le parking Knuedler sera fermé du<br />
21 juin à fin novembre 2021 dans<br />
le cadre des travaux de rénovation<br />
et d’extension, excepté pour les<br />
abonnés long terme. Une signalisation<br />
afférente sera mise en place aux<br />
abords du parking. Afin de guider<br />
les automobilistes au mieux vers les<br />
emplacements libres et de connaître<br />
avec précision et en temps réel le<br />
nombre de places disponibles, la Ville<br />
recommande aux usagers de la route<br />
de se référer au système de guidage<br />
dynamique (Parkleitsystem) et de<br />
consulter le taux d’occupation des<br />
parkings dans l’application mobile<br />
cityapp–VDL, sur parking.vdl.lu ou sur<br />
maps.vdl.lu.<br />
<br />
Source: vdl.lu
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48 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
Strassen, une commune<br />
pour tous<br />
PAR CLAIRE SIBELLA<br />
Selon Nico Pundel, bourgmestre de la commune de Strassen,<br />
l’aménagement du territoire constitue une question clé sur<br />
laquelle tout se joue. Sa situation de commune limitrophe à<br />
la Ville de Luxembourg fait d’elle un endroit très convoité en<br />
matière de construction. L’évolution est désirée mais elle doit<br />
être réfléchie, cadrée et maîtrisée.<br />
conseillers communaux. Les fonds consentis<br />
sont estimés entre 23 et 25 millions d’euros.<br />
Parallèlement, sur le terrain de football<br />
actuel, la commune construira de nouvelles<br />
écoles et des structures d’accueil.<br />
En matière de logements à coût modéré,<br />
l’action de Strassen se veut durable.<br />
La commune dispose de plus de 40<br />
appartements loués à titre de logements<br />
sociaux. Quant aux rachats de terrains<br />
aux promoteurs auxquels la commune<br />
procèdera, ils seront revendus sous deux<br />
formes: bail emphytéotique ou location<br />
sociale. La qualité de construction des<br />
logements à coût modéré est identique à<br />
celle des autres habitations. Nico Pundel<br />
souligne: «Il nous tient à cœur de maintenir<br />
une qualité identique dans nos constructions<br />
pour tous les habitants: nous avons bâti une<br />
résidence en bois de onze appartements de<br />
très haute qualité qui en témoigne».<br />
Construire durablement<br />
Strassen est l’une des communes les<br />
plus chères du pays. Nombreux sont les<br />
promoteurs qui souhaitent investir et<br />
construire, tant et si bien que la commune<br />
éprouve parfois des difficultés à maîtriser<br />
le rythme qui s’impose à elle. Nico<br />
Pundel explique: «De manière générale,<br />
les communes de l’entourage de la Ville<br />
partagent ce sentiment: on veut que la<br />
commune évolue, on est conscients qu’on<br />
doit construire. Chez nous, les PAP sont<br />
constamment votés. Nous ne désirons<br />
pas accélérer le rythme de construction,<br />
déjà suffisamment soutenu. Nous ne<br />
voulons pas non plus y faire obstacle, mais<br />
nous établissons le cadre adéquat pour<br />
le maîtriser. Les prix ont atteint de tels<br />
niveaux que les Strassenois ne peuvent<br />
plus se permettre d’acheter. Les capitaux<br />
Nico Pundel<br />
viennent de l’étranger. Ceci nous frustre<br />
beaucoup, nous les politiques locaux,<br />
car les solutions nous échappent pour<br />
répondre aux difficultés de nos habitants».<br />
Pour y remédier, Strassen envisage de faire<br />
signer une convention aux promoteurs<br />
qui lancent de nouveaux PAP. Il s’agit<br />
de négocier avec eux le rachat par la<br />
commune d’une partie des appartements<br />
à des prix abordables. La commune<br />
projette de revendre ces appartements à<br />
des conditions qu’elle-même définit. Ainsi,<br />
chacun s’y retrouve: les promoteurs qui<br />
veulent vendre et la commune qui entend<br />
que sa population soit mixte.<br />
Parmi les grands projets de construction,<br />
discutés lors du prochain conseil communal<br />
de juillet, la réalisation d’un complexe<br />
sportif et d’un terrain de football à bâtir<br />
autour des thermes sera soumise au vote des<br />
Strassen agit en faveur de l’environnement<br />
Outre la création d’un poste d’ingénieur<br />
technicien pour améliorer la position de<br />
la commune dans ce domaine, elle dispose<br />
d’une Climat Team, au sein de laquelle des<br />
citoyens de tous horizons se rassemblent<br />
pour travailler sur le sujet. Ce regroupement<br />
est particulièrement actif et réellement<br />
engagé. Nico Pundel ajoute: «La Climat<br />
Team bouillonne de belles idées, travailler<br />
avec elles est vraiment un plaisir».<br />
La commune opère par ailleurs une refonte<br />
des taxes déchets pour limiter le contenu<br />
des poubelles grises. De grandes campagnes<br />
de sensibilisation auront lieu cet automne<br />
et tout au long de l’année 2022.<br />
Enfin, Strassen a bâti une nouvelle école<br />
modulaire dont la toiture est faite pour<br />
être équipée en cellules photovoltaïques,<br />
tout comme l’est le bâtiment communal<br />
où l’alimentation en énergie se fait par<br />
voie directe, les bornes de la commune<br />
y étant reliées. Le bourgemstre conclut:<br />
«Strassen est un endroit où il fait bon<br />
vivre et nous faisons tout pour qu’elle<br />
le reste. Nous voulons qu’elle soit une<br />
commune pour tous!». n
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fournisseurs et sous-traitants. Cette<br />
performance se traduit par un planning<br />
réfléchi, des solutions créatives,<br />
le respect des engagements et<br />
la qualité des produits et services<br />
fournis.<br />
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de management basé sur une<br />
démarche d’amélioration continue<br />
et le principe du LEAN, qui consiste<br />
en la recherche de la performance<br />
(en matière de productivité, de<br />
qualité, de délais et de couts) en vue<br />
d’éliminer le gaspillage.<br />
Conscients des enjeux actuels, ces<br />
innovations sont notamment<br />
possibles grâce au développement<br />
d’outils digitaux (plannings de flux<br />
de marchandises, digitalisation des<br />
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JUILLET / AOÛT 2021<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
De l’importance de<br />
professionnaliser sa fonction<br />
Achats<br />
60% des entreprises ont reconsidéré les priorités stratégiques de leur service Achats en raison<br />
de la crise du coronavirus. C’est ce que dévoile la 3 e enquête sur l’approvisionnement numérique<br />
(ou «Digital Procurement») réalisée par PwC. En révélant la fragilité de certaines chaines<br />
d’approvisionnement, la crise a fait de la gestion des achats un nouvel enjeu stratégique qui a<br />
beaucoup à gagner de la transformation digitale. Explications avec Yoliana Bayona Camargo,<br />
directrice, et Frédéric Chapelle, associé chez PwC Luxembourg.<br />
PwC a récemment publié la 3 e édition de<br />
son enquête sur le «Digital Procurement».<br />
Quelles sont les conséquences de la crise<br />
sanitaire d’après cette étude?<br />
YB: L’enquête révèle que, dans le contexte<br />
de la crise sanitaire, la digitalisation perd<br />
légèrement du terrain dans la liste des<br />
priorités stratégiques des services Achats,<br />
bien qu’elle y occupe la troisième position,<br />
derrière la réduction des coûts et le sourçage<br />
des fournisseurs. Malgré tout, elle confirme<br />
que la transformation numérique des<br />
fonctions Achats a progressé régulièrement<br />
ces dernières années, et même plus<br />
rapidement qu’attendu, peut-être en partie<br />
grâce à la nature de la crise qui a nécessité,<br />
pour respecter la distanciation sociale, une<br />
utilisation accrue des outils digitaux.<br />
FC: La crise a malheureusement démontré,<br />
dans un certain nombre de cas, la faiblesse<br />
de la chaine logistique. La saga des masques<br />
est particulièrement révélatrice à cet égard<br />
et témoigne d’un manque de maturité de<br />
nombreuses entreprises dans la gestion<br />
de leur chaine d’approvisionnement, bien<br />
souvent parce que la fonction Achats en<br />
tant que telle fait généralement figure de<br />
parent pauvre. C’est une fonction backoffice<br />
considérée comme peu rentable, voire<br />
comme un mal nécessaire. Or, je pense que<br />
la crise a démontré son importance. Toutes<br />
les entreprises et institutions publiques qui<br />
ont sécurisé leurs fournisseurs et établi de<br />
bons contrats sont restées fortes.<br />
D’autres événements récents, comme le<br />
blocage du canal de Suez, ont mis en lumière<br />
l’importance de la sécurisation de la chaine<br />
d’approvisionnement. De nombreuses<br />
sociétés fonctionnent avec des stocks<br />
très réduits et le moindre incident peut<br />
remettre en cause leur capacité à vendre et à<br />
satisfaire leurs clients. C’est pourquoi elles<br />
tendent désormais à standardiser certains<br />
processus, notamment via des outils cloud<br />
qui permettent de sécuriser la sélection de<br />
leurs fournisseurs et de lancer des appels<br />
d’offres de manière automatisée, le tout en<br />
réduisant même certains coûts.<br />
Et puis, au-delà de ces événements certes<br />
exceptionnels, l’heure est à la transparence:<br />
de plus en plus de clients sont attentifs<br />
à la traçabilité des produits. Ce souci,<br />
concomitant à l’émergence de critères ESG,<br />
revalorise également la fonction Achats et<br />
s’accompagne, dans un certain nombre de<br />
cas, de relocalisations.<br />
“La transformation<br />
numérique des<br />
fonctions Achats<br />
a progressé<br />
régulièrement ces<br />
dernières années”<br />
L’enquête met en évidence trois groupes<br />
de cas d’usage pour lesquels PwC<br />
propose une stratégie de développement<br />
différente. Quels sont-ils?<br />
YB: Les trois groupes de cas d’usage<br />
correspondent à des niveaux de maturité<br />
différents dans le processus d’automation.<br />
Le premier rassemble les cas d’usage<br />
«fondamentaux», à savoir les solutions<br />
Procure-to-pay, Source-to-contract et des<br />
outils d’analyse de données qui forment la base<br />
de la digitalisation de la fonction Achats et pour<br />
lesquels nous recommandons de poursuivre<br />
le développement de bonnes pratiques,<br />
d’harmoniser les processus et d’augmenter le<br />
nombre d’utilisateurs et le périmètre d’achat.<br />
Les cas d’usage du second groupe, dits «de<br />
développement», sont implémentés dans<br />
les services Achats ayant atteint un certain<br />
degré de maturité et cherchant à répondre<br />
à des besoins additionnels. Il peut s’agir,<br />
entre autres, de recourir à des portails<br />
collaboratifs, d’automatiser certaines tâches<br />
administratives ou d’améliorer la traçabilité<br />
de la chaine d’approvisionnement et la<br />
connaissance des fournisseurs. Dans ce<br />
cas, nous conseillons de mesurer la valeur<br />
ajoutée de certains cas d’usage, d’accélérer<br />
le développement des plus prometteurs et<br />
de les déployer dans toute l’organisation.<br />
Enfin, le troisième groupe, qui rassemble<br />
les cas d’usage à fort potentiel de<br />
développement, repose sur des technologies<br />
plus poussées, telles que l’intelligence<br />
artificielle, permettant par exemple le<br />
recours à des assistants virtuels ou des outils<br />
de sourçage intelligents. C’est également<br />
à ce niveau de maturité qu’il devient<br />
pertinent de s’intéresser à la gestion des<br />
risques, notamment en s’enquérant de la<br />
capacité de livraison de ses fournisseurs,<br />
en améliorant son processus de sélection<br />
et en multipliant les catalogues de ses<br />
partenaires potentiels. Finalement, plus<br />
un service Achats gagne en maturité dans<br />
son processus de digitalisation, plus il aura<br />
d’options à connecter à son système pour<br />
augmenter son efficacité.<br />
Dans cette étude, PwC expose sa vision<br />
du parcours de l’acheteur de demain.<br />
Pouvez-vous nous la présenter en<br />
quelques mots?<br />
FC: Son parcours sera soutenu par différents
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
51<br />
Yoliana Bayona Camargo et Frédéric Chapelle<br />
cas d’usage à fort potentiel qui faciliteront<br />
les tâches du quotidien et augmenteront la<br />
valeur ajoutée de la fonction Achats. L’un<br />
de ceux-ci sera l’automatisation des achats<br />
à faible valeur ajoutée afin que les acheteurs<br />
puissent concentrer leur attention sur les<br />
tâches à forte valeur ajoutée, comme des<br />
appels d’offres complexes ou des achats très<br />
spécifiques qui différencient leur groupe.<br />
YB: Dans son parcours, l’acheteur de demain<br />
sera également attentif à la gestion des risques<br />
liés à ses fournisseurs, soit en les diversifiant,<br />
soit en relocalisant la production d’éléments<br />
stratégiques. Il cherchera également à<br />
rendre ses processus plus intelligents,<br />
notamment en recourant à l’exploration<br />
de données pour identifier les derniers<br />
goulets d’étranglement et les éliminer, ainsi<br />
qu’à automatiser ses interactions avec ses<br />
fournisseurs en recourant à des assistants<br />
virtuels par exemple.<br />
PwC propose divers services en termes<br />
de «Digital Procurement». Quelles sont<br />
les caractéristiques de votre approche et<br />
les conseils que vous donneriez à une<br />
entreprise désireuse de se lancer dans<br />
la transformation digitale de sa fonction<br />
Achats?<br />
FC: Chez PwC, nous traitons chaque client<br />
de manière spécifique et unique en fonction<br />
de ses besoins et de ses objectifs, mais aussi<br />
de sa taille et de sa maturité. En effet,<br />
nous nous adressons aussi bien à de grands<br />
groupes, pour lesquels notre message est<br />
déjà clair, qu’à des PME qui utilisent Word<br />
et Excel pour réaliser le suivi de leurs<br />
achats. Ces entreprises peu matures dans la<br />
gestion de leur approvisionnement, nous les<br />
conseillons sur la sélection des fournisseurs,<br />
la sécurisation de leurs catalogues, la<br />
négociation des contrats, l’établissement<br />
des bons de commande ou encore la<br />
réception et le paiement des factures. Au fur<br />
et à mesure qu’elles se professionnalisent,<br />
nous recommandons des solutions d’eprocurement<br />
simples et relativement peu<br />
chères qui apporteront une réelle valeur<br />
ajoutée, jusqu’à la mise en place de solutions<br />
complètes, éventuellement renforcées par<br />
une plateforme de gestion du changement<br />
rendant leur adoption intuitive. Ainsi, nous<br />
accompagnons nos clients de l’élaboration<br />
de leur stratégie à son exécution, sur<br />
l’ensemble de la chaine des achats, et ce,<br />
quelle que soit leur taille. Dans la plupart<br />
des cas, le retour sur investissement s’opère<br />
en moins d’un an.<br />
Nous accompagnons aussi les clients<br />
du secteur public, qui font face à des<br />
problématiques particulières liées à la<br />
procédure de passation des marchés publics.<br />
Au-delà de la partie relative aux achats, il y a<br />
tout un mécanisme d’engagement financier<br />
parfois complexe lié à une comptabilité<br />
budgétaire, qui est au cœur de la fonction<br />
finance dans le secteur public. n<br />
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52 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
Accompagner<br />
les PME dans leur<br />
transformation<br />
digitale<br />
À la direction de CK Group depuis février dernier, David<br />
Gray a consacré sa carrière au domaine de l’informatique<br />
documentaire. Grâce à sa solide expérience dans la direction<br />
de diverses sociétés actives dans ce secteur, il semble tout<br />
indiqué pour reprendre les rennes du groupe fêtant ses 75 ans<br />
cette année. Il nous livre dans cette interview son analyse de la<br />
transformation digitale des entreprises luxembourgeoises et<br />
nous présente les solutions et services CK qui pourront aider<br />
les PME à opérer cette transition efficacement.<br />
Comment ont réagi vos clients à la<br />
pandémie de Covid-19?<br />
Dans un premier temps, ils se sont tournés<br />
vers nous pour se procurer des ordinateurs<br />
portables ainsi que des solutions d’accès<br />
à distance à leurs données et à leurs<br />
applications métiers pour pouvoir assurer la<br />
continuité de leurs activités.<br />
Les PME sont désormais passées d’une<br />
approche réactionnaire à une approche<br />
tactique. Elles ont conscience que le<br />
télétravail conservera une certaine place<br />
dans leur organisation et réfléchissent à<br />
présent à ce qu’il faudra mettre en place<br />
comme solutions, outils et services pour<br />
l’optimiser et le sécuriser. La transition<br />
digitale des grands groupes et entreprises<br />
a connu en quelques mois une progression<br />
équivalente à plusieurs années. Pour les<br />
plus petites, en revanche, de nombreux<br />
efforts restent à fournir en matière de<br />
sécurité, d’accès à distance aux informations<br />
ou d’échange avec les clients.<br />
Quels sont les processus prioritairement<br />
digitalisés par les PME et pourquoi?<br />
Les processus liés à la vente, à l’achat et à<br />
la formalisation des échanges sont souvent<br />
une priorité. La digitalisation des processus<br />
RH internes ou externes fait également<br />
partie des priorités des PME. Faciles à<br />
automatiser, ils permettent de s’assurer que<br />
les employés ou candidats recevront bien<br />
des réponses à leurs questions.<br />
Certains processus chronophages sont<br />
relativement standards et peuvent être<br />
digitalisés dans toute entreprise, quel que<br />
soit son domaine d’activité. La gestion des<br />
factures peut en effet être automatisée à 80%<br />
et ne nécessite d’interventions humaines<br />
que pour une levée de doute. Des logiciels<br />
permettent par exemple de réceptionner<br />
la facture du fournisseur, procéder à<br />
sa dématérialisation et à l’extraction<br />
automatique des données ainsi que d’assurer<br />
la gestion comptable et le paiement. Il s’agit<br />
d’un moyen facile d’améliorer la qualité de<br />
ce service en évitant les erreurs et en faisant<br />
gagner un temps précieux aux employés.<br />
Nous pouvons également analyser en détail<br />
le fonctionnement d’une entreprise pour<br />
identifier les axes de digitalisation prioritaires.<br />
Une transition digitale réussie s’opère<br />
selon nous en cinq étapes. Tout d’abord,<br />
nous leur conseillons d’établir en interne<br />
une stratégie reprenant les points critiques<br />
et les axes d’amélioration de l’entreprise.<br />
Nous dressons ensuite avec eux le bilan de<br />
ce qui fonctionne déjà bien car il ne sert à<br />
rien de moderniser un processus qui a déjà<br />
prouvé son efficacité. En troisième lieu,<br />
nous les aidons à repenser leur modèle<br />
économique en fonction du digital en<br />
identifiant ce qu’il leur apportera en<br />
termes de force de travail complémentaire<br />
et d’efficacité dans les échanges. Notre<br />
quatrième conseil serait de mettre en place<br />
une chose à la fois, même si le bilan montre<br />
plusieurs axes d’amélioration possibles. En<br />
effet, et il s’agit de notre cinquième point,<br />
le digital apporte son lot de changements<br />
que les collaborateurs doivent intégrer.<br />
Il est important d’en tenir compte pour que<br />
la transformation digitale soit un succès.<br />
“CK est considéré<br />
comme un<br />
«one stop shop»<br />
par ses clients”<br />
Quelles sont les solutions proposées par<br />
CK aux entreprises pour faciliter leur<br />
transition digitale?<br />
CK est considérée comme un «one stop<br />
shop» par ses clients dans le domaine de<br />
l’informatique documentaire combinant à<br />
la fois produits, solutions et services.<br />
Certaines de nos solutions sont particulièrement<br />
populaires auprès des PME. Je pense<br />
par exemple aux solutions d’impressions<br />
flexibles comme le «Mobile printing».<br />
Quel que soit l’appareil utilisé et où que
David Gray<br />
vous soyez, il permet de lancer ses impressions<br />
sur l’imprimante de son lieu de travail.<br />
Les documents peuvent ensuite être récupérés<br />
au bureau grâce à une badgeuse, de<br />
manière sécurisée. Nos clients peuvent ainsi se<br />
libérer de la charge mentale liée à l’impression.<br />
Tout le volet documentaire lié au workflow<br />
est également en croissance. Il permet<br />
de fluidifier la communication interne<br />
et externe à l’entreprise en distribuant<br />
les documents aux bonnes personnes –<br />
tout en tenant compte des absences des<br />
collaborateurs – pour qu’ils puissent<br />
être traités rapidement ou encore en<br />
gérant les échanges documentaires entre<br />
collaborateurs ou vers l’extérieur. Toutes<br />
nos solutions de collaboration par document<br />
interposé ou par vidéoconférence, d’accès<br />
aux données et aux applications ou encore<br />
de sécurisation des données ont aussi connu<br />
un essor depuis le début de la crise.<br />
Quels sont les services que vous<br />
proposez en parallèle de ces solutions?<br />
Nous proposons tout d’abord des services<br />
d’optimisation et d’amélioration des parcs IT<br />
et d’impression à travers des rapports d’audit<br />
détaillés. Nous permettons ainsi à nos clients<br />
de rationaliser leur matériel pour réaliser des<br />
économies, et ce, quelle qu’en soit la marque.<br />
Nous offrons également toute une série<br />
de services externalisés de scanning et<br />
d’impression avec des niveaux de services<br />
différents selon les besoins. Les entreprises<br />
sont en effet souvent amenées à traiter<br />
une documentation hybride digital/papier.<br />
Le service de scanning ne se contente<br />
pas de dématérialiser un document, mais<br />
opère une collecte assistée des données,<br />
pour éviter les saisies longues et lourdes.<br />
Le service impression a certes connu une<br />
légère baisse pendant l’année 2020, mais<br />
continue à séduire. Le support papier reste<br />
un moyen de travailler et un média efficace,<br />
notamment pour l’analyse et l’annotation<br />
de documents volumineux.<br />
À la demande de nos clients, nous avons<br />
récemment développé un service cloud. Audelà<br />
d’une simple solution de sauvegarde, il<br />
permet aussi d’accéder facilement et rapidement,<br />
et ce, quelle que soit sa localisation, à ses<br />
applications métiers, données et documents.<br />
Ce service s’accompagne bien sûr de toutes<br />
les garanties de sécurité nécessaires pour un<br />
coût opérationnel avantageux. S’il s’agit de<br />
nos propres infrastructures, nous avons fait<br />
le choix d’un hébergement et d’une gestion<br />
européenne, garantissant un traitement<br />
des données conforme au RGPD, pour des<br />
raisons de sécurité.<br />
Pour continuer à innover, nous disposons<br />
d’un groupe de travail chargé de définir nos<br />
axes de développement. Nous opérons ainsi<br />
une veille technologique en combinant nos<br />
axes produits, solutions et services pour<br />
répondre au mieux aux besoins du marché<br />
en matière de digitalisation. n<br />
CK Charles Kieffer Group<br />
2, rue Léon Laval<br />
L-3372 Leudelange<br />
sales@ck-group.lu<br />
www.ck-group.lu
54 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
Une année de live<br />
streaming<br />
PAR FRANÇOIS PASCAL<br />
Permettre aux entreprises et aux personnes de se retrouver...<br />
en ligne. Laurent Seve, directeur marketing de Broadcasting<br />
Center Europe (BCE), et Xavier Thillen, responsable de la<br />
production et des médias numériques, discutent de certains<br />
des grands projets luxembourgeois entrepris par BCE et<br />
parlent de l’avenir des événements hybrides.<br />
Comment BCE a-t-il réussi à répondre<br />
rapidement à la situation du marché?<br />
LS: Lorsque la pandémie s’est déclarée en<br />
2020, Broadcasting Center Europe lançait<br />
ses services de streaming sur le marché<br />
des médias, comprenant une production<br />
de haute qualité, de la postproduction, des<br />
services avancés de streaming en direct et<br />
des fonctionnalités de vidéo en ligne.<br />
Avec de nombreuses entreprises et<br />
institutions impatientes de renouer<br />
le contact avec leurs clients via des<br />
expériences en ligne au Luxembourg,<br />
il était important d’adapter notre offre<br />
de streaming pour répondre aux besoins<br />
du marché en matière de qualité,<br />
d’organisation et de continuité.<br />
XT: Il était surtout important de trouver<br />
le bon équilibre entre nos moyens et<br />
services existants, le travail de nos équipes<br />
créatives et l’utilisation de notre plateforme<br />
de streaming propriétaire pour offrir au<br />
marché des services de streaming et de<br />
production avancés, tout en gardant une<br />
gamme de prix qui pourrait correspondre à<br />
la situation du marché.<br />
Vous parlez de services avancés de<br />
streaming et de production, pourriezvous<br />
nous en dire plus? Qu’est-ce<br />
qui rend BCE unique sur le marché<br />
luxembourgeois?<br />
LS: En 2018, notre société a fait l’acquisition<br />
de Freecaster, un expert en live streaming<br />
fournissant des services avancés à des<br />
clients tels que le célèbre Tomorrowland,<br />
de nombreuses maisons de mode comme<br />
Céline, Yves-Saint-Laurent et Lacoste ainsi<br />
que des institutions telles que le Bundesrat.<br />
La plateforme vidéo en ligne de Freecaster<br />
offre un large éventail de fonctionnalités<br />
à valeur ajoutée, notamment le streaming<br />
HD en direct, le chapitre de contenu, la<br />
sélection de caméras par l’utilisateur, le<br />
ciblage géographique, l’intégration de<br />
réseaux sociaux et la gestion de contenu.<br />
De plus, son réseau de diffusion de<br />
contenu (CDN), étendu avec de multiples<br />
partenaires dans le monde entier, garantit<br />
la disponibilité immédiate des vidéos des<br />
clients à l’échelle planétaire.<br />
XT: Côté production, BCE a une<br />
longue expérience dans la couverture<br />
d’événements, nous avons aussi tous les<br />
moyens: caméras, éclairages, son, studios,<br />
cars de production extérieurs, drones<br />
et les équipes pour assurer la meilleure<br />
production. Nous avons également un<br />
département de postproduction qui
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
55<br />
peut habiller les vidéos aux couleurs des<br />
marques de nos clients, en intégrant<br />
leurs logos et graphismes, mais aussi en<br />
créant des animations, des pages web et<br />
du contenu pour enrichir l’expérience<br />
utilisateur.<br />
LS: Sans oublier l’intégration de modules<br />
supplémentaires ajoutant de l’interactivité<br />
entre les téléspectateurs et les intervenants,<br />
tels que le chat en direct avec un outil de<br />
modération complet, des formulaires pour<br />
adresser des questions directement aux<br />
orateurs et l’intégration des systèmes de<br />
sondage directement dans la page web<br />
et dans la vidéo elle-même. C’est notre<br />
capacité à gérer les événements de diffusion<br />
en direct de A à Z qui rend BCE unique<br />
sur le marché. Nous sommes une société<br />
de médias et de vidéo; par conséquent,<br />
nous avons toute l’expertise pour assurer<br />
le succès des événements en ligne de nos<br />
clients.<br />
Avec cette approche globale, quels types<br />
de projets et d’événements BCE peut-il<br />
produire?<br />
LS: Bien que nos clients s’orientent<br />
généralement vers des événements d’une<br />
journée, notre plateforme peut également<br />
assurer la diffusion en continu de programmes<br />
plus longs. Par exemple, Asteroid<br />
Day a diffusé du contenu en direct et<br />
enregistré pendant 34 jours, rassemblant<br />
un public mondial et le sensibilisant à<br />
l’importance des astéroïdes.<br />
Pour l’ICT Spring, nous avons fourni des<br />
services de production et de streaming en<br />
direct. Bien que nous puissions organiser<br />
des événements sur notre plateforme vidéo<br />
en ligne, les flux de streaming en direct ont<br />
été parfaitement intégrés à leur plateforme<br />
d’événements. De plus, les équipes de<br />
BCE étaient sur place pour assurer la<br />
couverture des séances et interconnecter les<br />
conférenciers avec les participants à distance.<br />
XT: Notre expertise va bien au-delà de la<br />
diffusion en direct et de la production. En fait,<br />
nous pouvons également installer tous types<br />
de systèmes multimédias et de technologies.<br />
Pour Luxembourg For Finance, nous avons<br />
installé un studio de production dans les<br />
locaux de la Chambre de Commerce. Avec<br />
plus de quinze événements live produits par<br />
BCE, Luxembourg For Finance propose<br />
à ses téléspectateurs des programmes de<br />
haute qualité avec interaction en direct grâce<br />
à un formulaire en ligne et à l’intégration<br />
de sondages. Les événements proposent<br />
également une traduction en direct dans<br />
plusieurs langues.<br />
“Nous tenons<br />
à remercier<br />
toute l’équipe de<br />
BCE pour son<br />
efficacité et son<br />
professionnalisme<br />
dans l’excellente<br />
mise en<br />
œuvre de nos<br />
vidéoconférences”<br />
The Bridge Forum Dialogue<br />
Équipé d’un éclairage professionnel, de<br />
systèmes audio et de caméras, le studio et<br />
ses décors peuvent être facilement modifiés<br />
pour correspondre à l’image de marque<br />
d’autres entreprises telles que The Bridge<br />
Forum Dialogue et la FEDIL.<br />
LS: En parlant de studios, nous pouvons<br />
également installer des décors éphémères,<br />
comme avec la course connectée Lëtz<br />
Go Gold, où BCE a monté un studio de<br />
télévision extérieur à côté de la Fondation<br />
Kriibskrank Kanner. Pour cet événement,<br />
BCE était sur place avec une équipe de<br />
production pour couvrir les représentations<br />
en direct et les interventions des<br />
participants. Les coureurs ont été connectés<br />
via le réseau 4G à la plateforme principale<br />
et ont contribué à l’émission avec une<br />
interaction en direct avec présentateurs.<br />
Le live stream a été intégré au site Web<br />
de Lëtz Go Gold et un module de chat en<br />
direct a permis aux gens de discuter avec<br />
une équipe dédiée à la fondation.<br />
XT: Pour le ministère de l’Agriculture, le<br />
chat en direct a été utilisé directement dans<br />
le studio. Un modérateur communiquait les<br />
questions les plus intéressantes à l’orateur<br />
principal. Il y a eu une véritable interaction<br />
entre les téléspectateurs en ligne et le<br />
ministère. Nous pourrions également citer<br />
le ministère de l’Éducation pour lequel nous<br />
avons créé une page avec un formulaire en<br />
ligne. Ouvert aux questions quelques jours<br />
avant l’événement, il a permis au ministre<br />
Claude Meisch de répondre clairement aux<br />
préoccupations des téléspectateurs.<br />
Jean-Paul Didier, responsable de la division<br />
paiements directs de SER, a d’ailleurs<br />
déclaré: «En 2018, notre ministre de<br />
l’Agriculture a décidé d’appliquer une<br />
procédure de déclaration de revendication<br />
de superficie sans papier à partir de 2021.<br />
Pour atteindre cet objectif ambitieux,<br />
l’assistance technique est essentielle.<br />
Par conséquent, nous avons prévu une<br />
présentation à grande échelle de la<br />
procédure en ligne via un webinaire. BCE<br />
est un partenaire expérimenté qui avait<br />
déjà fourni un service très professionnel<br />
à d’autres occasions auparavant. Par<br />
conséquent, notre webinaire a été un succès<br />
total malgré les conditions météorologiques<br />
pour les activités agricoles».<br />
Avec les nouvelles règles moins contraignantes<br />
annoncées par le gouvernement,<br />
comment voyez-vous l’avenir des<br />
événements hybrides?<br />
LS: Alors que de nombreuses entreprises affirment<br />
que la diffusion en direct faisait partie
56 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DOSSIER<br />
de leur évolution numérique et prévoyaient<br />
d’intégrer ce type de technologie dans leurs<br />
workflows au cours des dix prochaines<br />
années, elles admettent que la pandémie les<br />
a forcées à revoir leurs priorités pour assurer<br />
une communication parfaite avec leurs<br />
clients et leurs contacts. Le live streaming<br />
fait désormais partie des stratégies de communication<br />
hybride des entreprises. Alors<br />
que les gens reviendront progressivement<br />
aux événements en présentiel, la pandémie<br />
a accéléré l’essor des événements de nouvelle<br />
génération, permettant aux entreprises<br />
d’élargir leur public, de se connecter avec des<br />
participants situés à distance, de créer une<br />
interaction en direct avec les téléspectateurs<br />
et d’enrichir leur contenu avec de la vidéo.<br />
“BCE est pour<br />
nous un partenaire<br />
fiable qui excelle<br />
en compétence,<br />
qualité et efficacité.<br />
J’ai été ravie de<br />
constater que<br />
derrière l’entreprise<br />
se cachent des<br />
gens engagés!”<br />
Anne Goeres, directrice, Fondatioun Kriibskrank Kanner<br />
XT: Du côté de BCE, la pandémie a<br />
accéléré le développement de notre<br />
nouvelle plateforme de streaming. Avec<br />
nos nombreux clients, nous avons une<br />
compréhension approfondie de leurs<br />
besoins et avons donc conçu une nouvelle<br />
solution pour répondre plus rapidement<br />
à la demande croissante du marché. La<br />
plateforme sécurisée «BCE Stream» nous<br />
permet d’organiser plusieurs événements<br />
par client, d’intégrer plus rapidement les<br />
éléments d’interaction, mais aussi de créer<br />
en quelques clics un événement privé<br />
complet, avec accès protégé par mot de<br />
passe et des messages automatisés pour<br />
l’inscription ou la communication autour<br />
des événements.<br />
Les FEDIL Industry Days 2021 ont<br />
d’ailleurs été organisés via cette plateforme,<br />
permettant au client de sélectionner la<br />
date exacte de la publication de la page de<br />
streaming en direct ainsi que la disponibilité<br />
de la rediffusion. La FEDIL a également<br />
reçu le fichier vidéo final via une liaison<br />
sécurisée. René Winkin, directeur général de<br />
la FEDIL a commenté: «Avec la pandémie<br />
de Covid-19 en cours et l’accélération<br />
générale de la communication en ligne, la<br />
FEDIL a opté pour de nouvelles façons de<br />
communiquer avec ses membres par le biais<br />
des médias numériques. En ce qui concerne<br />
l’organisation des FEDIL Industry Days<br />
2021, un événement local sous l’égide de<br />
la EU Industry Week par la Commission<br />
européenne, nous avons sollicité des<br />
conseils professionnels, des infrastructures<br />
et un soutien pour la mise en place d’un<br />
programme ambitieux comprenant divers<br />
orateurs et configurations. L’équipe et les<br />
services de BCE ont réussi à refléter nos<br />
idées et, ensemble, nous avons proposé au<br />
public des présentations et une expertise de<br />
haut niveau».<br />
La BGL BNP Paribas se réjouissait de<br />
créer un événement interne pour ses<br />
collaborateurs. En quelques clics, la<br />
plateforme «BCE Stream» a créé une<br />
page d’inscription, une page de connexion<br />
et a permis à BCE d’autoriser ou de<br />
refuser facilement l’accès à l’événement.<br />
Une fois autorisés, les participants ont<br />
automatiquement reçu leurs identifiants<br />
personnels et leurs mots de passe par email.<br />
Notre équipe de production a installé un<br />
décor éphémère au siège de l’entreprise<br />
à Luxembourg Kirchberg et a assuré la<br />
diffusion en direct en HD pour les employés<br />
inscrits.<br />
LS: BCE soutient le monde de l’événementiel<br />
depuis le début de la pandémie. En tant<br />
que leader européen des médias, nous<br />
continuerons à fournir des services de haute<br />
qualité pour assurer le développement de nos<br />
clients à la fois dans le monde numérique et<br />
réel. Notre expérience et notre technologie<br />
peuvent répondre à tous types et toutes<br />
tailles de projets, qu’il s’agisse d’un concert<br />
live (Tomorrowland), d’un festival culturel (la<br />
Nuit de la Culture), d’un salon professionnel<br />
(ICT Spring, Home Expo), d’un événement<br />
d’entreprise (Arendt & Medernach),<br />
d’événements sportifs (Skoda Tour, ING<br />
Marathon, Confédération européenne de<br />
volleyball) ou de défilés de mode (Louboutin,<br />
Givenchy, Hermès), nos équipes sont<br />
disponibles pour vous accompagner à chaque<br />
étape de vos projets. n<br />
Broadcasting Center Europe<br />
43 Boulevard Pierre Frieden<br />
L-1543 Luxembourg<br />
www.bce.lu/bce-streaming/
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
57<br />
Capture, protect<br />
and exploit your ideas<br />
Advice on patents, trade marks,<br />
designs, domain names and more.<br />
A network of offices spanning Europe,<br />
North America and Asia.
58 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
Digital Transformation,<br />
l’adoption d’un processus<br />
d’amélioration continue<br />
La transformation digitale reste le sujet majeur de toute démarche engagée par une entreprise<br />
pour s’adapter au monde autour duquel elle gravite. Il est important d’avoir à l’esprit les grands<br />
principes mais surtout la stratégie opérationnelle qui en découlent. Sebastien Wileczek, Head<br />
of Digital Business Consulting chez Fujitsu, nous fait part des dernières évolutions liées à<br />
cette approche.<br />
Sebastien Wileczek
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
59<br />
Se transformer, c’est accepter de changer<br />
en permanence<br />
La transformation digitale n’est pas<br />
uniquement la prise de décision qui amène<br />
à transformer l’entreprise, car cela va bien<br />
au-delà. Le mécanisme de transformation<br />
digitale nécessite de devenir un processus<br />
itératif. Chaque année, l’entreprise doit se<br />
poser les bonnes questions et surtout être<br />
capable de les réitérer de façon régulière.<br />
Elle doit savoir où elle se situe entre «faire<br />
du digital» (implémenter des technologies<br />
digitales sans réels impacts sur le long<br />
terme) et évoluer vers «être digitale»<br />
(créer un nouveau modèle économique<br />
en positionnant, au centre, les clients et<br />
parties prenantes de l’entreprise dans des<br />
écosystèmes interconnectés). L’idéal est que<br />
la définition de la transformation ne soit pas<br />
gravée dans le marbre mais en perpétuelle<br />
corrélation avec les écosystèmes. Le but à<br />
atteindre cette année diffèrera certainement<br />
de celui de l’année précédente. L’un des<br />
points essentiels concerne la situation<br />
digitale de l’entreprise. Il est fortement<br />
conseillé d’utiliser un outil d’évaluation de la<br />
maturité digitale pour suivre son évolution<br />
année après année. La transformation<br />
digitale n’est ni fixe, ni figée dans le temps<br />
mais bien une éternelle remise en question<br />
pour l’entreprise.<br />
Business model, savoir s’adapter à son<br />
écosystème<br />
Aujourd’hui, il ne suffit plus de faire des<br />
efforts sur les produits ou les services<br />
vendus aux clients pour les satisfaire.<br />
L’ensemble des parties prenantes de<br />
l’entreprise, voire au-delà, à travers des<br />
partenaires stratégiques, sont à considérer<br />
et à placer au même niveau dans le but<br />
d’offrir des réponses toujours plus adaptées<br />
aux clients finaux.<br />
Il existe différentes approches qui<br />
permettent de travailler sur le réajustement<br />
du business model de l’entreprise. Tout<br />
d’abord, il existe un modèle centré sur<br />
l’expérience utilisateur, où tout projet<br />
placera l’utilisateur en tant que point<br />
central de l’offre produit ou service. Cela<br />
vaut également pour les évolutions futures.<br />
Le business model centré sur les interactions<br />
client/conseiller (expérience totale, symbiose<br />
de l’interaction entre les deux) permet,<br />
lui, de le faire évoluer autour du client<br />
en même temps que la partie métier. Le<br />
business model peut être repensé autour<br />
de la donnée pour accélérer sa mutation<br />
vers des modèles dits «prédictifs», afin<br />
d’anticiper au mieux les futurs besoins des<br />
clients et l’accompagnement plus efficace<br />
des métiers.<br />
Pour finir, l’approche mettant en avant<br />
l’écosystème de l’entreprise doit, elle,<br />
intégrer et s’intégrer avec d’autres<br />
écosystèmes. Le futur passera par<br />
l’interconnexion et l’interopérabilité entre<br />
les services dans lesquels le client final<br />
évoluera. Par exemple, les GAFAM ont vite<br />
compris que l’avenir ne se résume pas à la<br />
définition d’une offre unique, mais bien à<br />
un business model centré sur le client,<br />
basé sur les données de l’utilisateur et<br />
l’interopérabilité des écosystèmes.<br />
“La refonte<br />
du modèle<br />
opérationnel de<br />
l’entreprise doit<br />
passer d’un modèle<br />
dit «traditionnel»<br />
vers un modèle<br />
opérationnel<br />
«adaptatif» ”<br />
La prochaine génération des modèles<br />
opérationnels (Operating Models)<br />
Le changement radical de cycle de vie<br />
des produits et services au travers de<br />
l’innovation apporte des produits alternatifs<br />
ou disruptifs toujours plus nombreux.<br />
Ce que les entreprises conventionnelles<br />
(entendez ici les sociétés non créées comme<br />
des startups) doivent envisager, pour<br />
résister aux changements des clients, de la<br />
concurrence et donc du marché en général,<br />
c’est une mise à l’échelle du business dans<br />
le but de délivrer plus de valeur et par la<br />
même occasion de la nouvelle valeur.<br />
En conséquence, la refonte du modèle<br />
opérationnel de l’entreprise doit passer<br />
d’un modèle dit «traditionnel» (processus<br />
interne habituel pour le lancement de<br />
nouveaux produits et services) vers un<br />
modèle opérationnel «adaptatif» (prise en<br />
compte de l’existant et des aménagements<br />
à réaliser avant toute expérimentation ou<br />
tout déploiement d’un nouveau produit<br />
ou service).<br />
Lorsque l’entreprise évolue, les différents<br />
composants sont à revoir avec l’ambition<br />
de les adapter. Nous pouvons citer: les<br />
processus, les données collectées et générées,<br />
les individus, la technologie et la localisation.<br />
Les lacunes en termes de capacités sont<br />
généralement observées par l’entreprise<br />
lorsqu’elle accélère sa transformation en<br />
lançant une réponse rapide aux nouvelles<br />
offres des concurrents. C’est à ce momentlà<br />
que les problématiques apparaissent.<br />
L’une des solutions les plus probantes<br />
est de challenger le modèle opérationnel<br />
existant avec une approche globale. Une<br />
autre approche consiste à se focaliser sur<br />
ce qui doit être changé et permettre à<br />
l’entreprise d’atteindre un modèle viable au<br />
travers de nouvelles capacités et processus<br />
plus adaptés. La bonne approche n’est plus<br />
d’attendre que le modèle opérationnel soit<br />
plus efficient, mais bien d’anticiper le sujet<br />
dès l’initiation de nouveaux projets et ainsi<br />
prévoir toutes modifications.<br />
Rôle de la technologie pour une<br />
transformation digitale impactante<br />
Il n’y a pas de transformation digitale sans<br />
penser aux nouvelles technologies. La<br />
motivation du choix des technologies doit<br />
se faire en adéquation quasi parfaite avec<br />
les projets de l’entreprise. Tout d’abord,<br />
il est primordial de viser des technologies<br />
évolutives. Les choix doivent prendre en<br />
compte les futurs besoins de l’entreprise afin<br />
d’éviter de grandes erreurs stratégiques. Les<br />
technologies interconnectables prennent<br />
alors tout leur sens dans cette approche<br />
et permettent plus de flexibilité dans le<br />
déploiement de futures solutions et, par la<br />
même occasion, dans le choix des futurs<br />
partenaires de l’écosystème de l’entreprise.<br />
Le sujet de l’interchangeabilité n’est pas<br />
à l’ordre du jour mais pourrait s’avérer<br />
utile à l’avenir. Il devient indispensable<br />
d’instaurer des implémentations rapides<br />
car, constatant la vitesse d’évolution des<br />
clients et des marchés, le temps alloué à<br />
l’implémentation sera forcément raccourci<br />
dans les prochaines années. n<br />
Fujitsu<br />
Parc d’Activités Capellen<br />
89 C, rue Pafebruch<br />
L-8308 Capellen<br />
www.fujitsu-luxembourg.lu
60 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
CONSEILS & SERVICES AUX PME<br />
Le soutien de l’État<br />
pour la formation<br />
dans les entreprises<br />
La formation continue en entreprise au Grand-Duché est<br />
connue. En revanche, on ne sait pas toujours, à travers les<br />
offres de formations possibles, que l’État peut intervenir<br />
financièrement dans ce domaine. Franz Clément, chercheur<br />
au LISER, nous invite à un petit tour dans les méandres de<br />
ces aides étatiques [1] .<br />
Conditions d’éligibilité<br />
L’État luxembourgeois soutient les<br />
entreprises en contribuant au financement<br />
de leurs plans de formation. Selon le<br />
montant de l’investissement annuel et<br />
selon le type de formation professionnelle<br />
continue offerte, une entreprise peut<br />
demander un cofinancement de ses actions<br />
de formation de la part de l’État. La<br />
demande de cofinancement est gérée par<br />
l’Institut National pour le développement<br />
de la Formation Professionnelle Continue<br />
(INFPC).<br />
Toute entreprise privée, légalement<br />
établie au Grand-Duché et qui y exerce<br />
principalement ses activités, peut donc<br />
bénéficier du soutien financier de l’État.<br />
Bien entendu, la formation doit concerner<br />
les salariés de ces entreprises. Cela signifie<br />
concrètement que ces derniers doivent être<br />
affiliés à la sécurité sociale luxembourgeoise<br />
et qu’ils doivent être liés à l’entreprise par<br />
un véritable contrat de travail, qu’il soit à<br />
durée déterminée ou indéterminée.<br />
Ceci ne signifie pas que tous les éléments<br />
d’une formation soient éligibles. En effet,<br />
ces frais sont strictement énumérés. Il s’agit<br />
des droits d’inscription des participants à<br />
la formation, des frais de restauration et<br />
d’hébergement, des frais de déplacement<br />
des participants et de leurs formateurs,<br />
du coût salarial des formateurs, du coût<br />
des fournisseurs-formateurs et des<br />
organismes de formation externes, du<br />
coût salarial des participants, du coût du<br />
réviseur d’entreprise relatif à l’examen du<br />
décompte financier, des frais de logiciel de<br />
gestion de la formation ainsi que des frais<br />
de cotisation, basés sur une convention<br />
collective ou un accord interprofessionnel,<br />
pour les organismes de formation.<br />
En pratique: comment y accéder?<br />
Au-delà des conditions d’éligibilité, des<br />
modalités pratiques sont elles aussi très<br />
clairement déterminées. La demande de<br />
cofinancement doit être adressée par envoi<br />
recommandé avec accusé de réception<br />
ou par colis avec suivi d’expédition à<br />
l’INFPC. Il est important de préciser que<br />
cette demande sous format papier doit<br />
encore être accompagnée d’une version<br />
électronique. Elle doit comprendre<br />
toutes ces données: les intitulés des<br />
formations réalisées, les dates, les durées<br />
et les lieux des formations, ainsi que le<br />
nombre de personnes formées, leur sexe<br />
et leur qualification, l’identification des<br />
formateurs internes et des organismes<br />
de formation externes ou fournisseursformateurs<br />
ainsi que le mode d’organisation<br />
de la formation.<br />
En effet, ce mode de formation peut<br />
revêtir trois aspects différents que voici:<br />
on trouve d’abord une formation externe<br />
assurée par un organisme de formation<br />
ou un formateur externe à l’entreprise,<br />
ensuite une formation interne structurée,<br />
dispensée par un salarié de l’entreprise<br />
à au moins deux autres salariés, ou une<br />
formation d’adaptation au poste de travail<br />
dispensée par un salarié de l’entreprise<br />
à un seul autre salarié. On trouve enfin<br />
une formation de type «e-learning», soit<br />
une formation utilisant des technologies<br />
de l’information et de la communication.<br />
“Une entreprise<br />
peut demander<br />
un cofinancement<br />
de ses actions de<br />
formation de la<br />
part de l’État”<br />
La demande de cofinancement peut parfois<br />
paraître très formaliste, mais n’oublions<br />
pas qu’il s’agit d’argent public dont la<br />
dépense doit être pleinement justifiée.<br />
C’est pourquoi cette demande doit être<br />
accompagnée de plusieurs types de<br />
documents. Il s’agit du décompte financier,
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
61<br />
pièces justificatives à l’appui, ou certifié<br />
exact par un réviseur d’entreprise, de l’avis<br />
et de la note d’évaluation de la délégation<br />
du personnel de l’entreprise, d’un relevé<br />
d’identité bancaire, d’un certificat<br />
indiquant le nombre de salariés occupés<br />
dans l’entreprise, d’un certificat précisant<br />
le montant de la masse salariale ainsi que<br />
des listes de présence aux différentes<br />
formations.<br />
Calculer le montant des aides<br />
L’entreprise peut obtenir une aide à la<br />
formation s’élevant à 15% imposables du<br />
montant annuel investi. De même, selon<br />
le nombre de salariés occupés au sein de<br />
l’entreprise, l’investissement en formation<br />
est plafonné. De 1 à 9 salariés, il s’agit de<br />
20% de la masse salariale. De 10 à 249<br />
salariés, ce sera 3% de la masse salariale et<br />
pour les entreprises de 249 salariés et plus,<br />
il ne s’agira plus que de 2% de la masse<br />
salariale. Précisions bien que le nombre de<br />
salariés est pris en compte au 31 décembre<br />
de l’année précédant l’exercice pour lequel<br />
un cofinancement est demandé.<br />
La participation financière de l’État peut<br />
être plus élevée et même passer à 35%<br />
imposables pour les frais de salaire des<br />
participants répondant à certains critères<br />
à la date de début du plan de formation:<br />
soit ils ne disposent pas d’un diplôme<br />
reconnu et ont une ancienneté dans<br />
l’entreprise inférieure à 10 ans, soit ils<br />
sont âgés de plus de 45 ans au début de<br />
la mise en œuvre du plan de formation<br />
de l’entreprise. L’État prend également<br />
en charge les frais de constitution du<br />
dossier de la demande de cofinancement<br />
à hauteur de 500 euros.<br />
Sans entrer dans les détails, signalons que<br />
des sanctions sont applicables en cas de<br />
non-respect des règles précitées par les<br />
entreprises utilisatrices des aides financières.<br />
On peut en apprendre davantage sur le site<br />
«guichet.public.lu».<br />
Luxembourg Institute of<br />
Socio-Economic Research<br />
11, Porte des Sciences<br />
L-4366 Esch-sur-Alzette<br />
www.liser.lu<br />
Franz Clément<br />
Quels sont à présent les types de formations<br />
possibles? On en relève quatre différents: en<br />
langues, en informatique, en management<br />
et en adaptation des postes de travail en<br />
cas de mutation ou de nouvelle embauche.<br />
Ces formations peuvent paraître à première<br />
vue limitées, mais signalons que l’entreprise<br />
peut toujours trouver une formation<br />
particulière ou un organisme de formation<br />
adéquat sur le site «lifelong-learning.lu». n<br />
[1] https://guichet.public.lu/fr/entreprises/financement-aides/<br />
aides-emploi-recrutement-formation/formation-professionnellecontinue/fpc-entreprise.html
62 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
BRÈVES ÉCONOMIQUES<br />
PAR RAOUF HATIRA<br />
Le chômage partiel à la<br />
rescousse de l’Horesca<br />
La fédération Horesca ainsi que l’OGBL<br />
et le LCGB ont signé un plan de<br />
maintien dans l’emploi sectoriel pour les<br />
entreprises du secteur suite au comité<br />
de conjoncture du 22 juin. Ce plan<br />
permettra aux entreprises en difficulté<br />
de recourir au chômage partiel pour<br />
les salariés jusqu’à la fin de l’année, et<br />
encadre certaines dispositions comme<br />
la formation ou le prêt de main-d’œuvre.<br />
Le taux retenu pour le chômage partiel<br />
est de 50% des heures prestées. Cet<br />
accord doit néanmoins être validé par le<br />
conseil de gouvernement.<br />
<br />
Source: Fédération Horesca<br />
Développer l’offre<br />
touristique en milieu rural<br />
Afin de développer l’offre touristique<br />
dans le pays, le ministre du Tourisme,<br />
Lex Delles, a présenté les conclusions<br />
du processus de réflexion sur<br />
l’hébergement touristique en milieu<br />
rural. Trois concepts semblent<br />
retenir l’attention du secteur. Le<br />
«Glamping Cabins», la création d’un<br />
concept au niveau national pour un<br />
hébergement individuel, léger et<br />
attractif; le «Mixed-Use Hotspot»,<br />
le développement d’un réseau de<br />
sites stratégiques à forte vocation<br />
touristique en divers endroits ruraux<br />
et le «Camping-Car Park»: la création<br />
au niveau national d’un réseau d’aires<br />
de stationnement attractives pour<br />
visiteurs en camping-cars.<br />
Source:<br />
Direction générale du tourisme<br />
L’entreprenariat en forte hausse<br />
Selon le rapport «Global Entrepreneurship<br />
Monitor», les activités<br />
entrepreneuriales ont ralenti en<br />
Europe au cours de l’année 2020.<br />
Le Luxembourg a subi une baisse<br />
comparable à celle des autres pays<br />
européens. Cependant, les données<br />
récentes du registre des entreprises<br />
luxembourgeoises indiquent qu’il y a<br />
des raisons d’être optimiste étant donné<br />
le rebond de la création de nouvelles<br />
entreprises s’élevant à 20% au cours des<br />
cinq premiers mois de 2021.<br />
<br />
Source: STATEC<br />
Les prêts garantis par l’État prolongés<br />
Le ministère des Finances et les représentants des banques BCEE,<br />
BIL, BGL BNP Paribas, Banque de Luxembourg, Raiffeisen, ING,<br />
Bank of China et Banque BCP viennent de signer les avenants de<br />
prolongation du régime de prêts garantis par l’État en faveur de<br />
l’économie luxembourgeoise dans le contexte de la pandémie<br />
de Covid-19. Cette prorogation s’inscrit dans le cadre de la loi<br />
du 1 er juin 2021 qui étend la période d’application du régime de<br />
garantie étatique du 30 juin au 30 décembre 2021.<br />
<br />
Source: Ministère des Finances<br />
La situation économique en nette amélioration<br />
Le STATEC a publié son analyse de la situation et des<br />
perspectives à court terme de l’économie luxembourgeoise.<br />
Il en ressort que l’activité économique a subi un recul en<br />
2020 sous les effets de la pandémie, mais celui-ci apparaît<br />
peu prononcé en comparaison aux autres pays européens.<br />
L’accélération de la vaccination permet d’envisager un<br />
renforcement de la dynamique économique à partir du 2 e<br />
semestre 2021, en combinaison avec les mesures de relance<br />
nationales et internationales. Le PIB du Luxembourg devrait<br />
ainsi enregistrer une progression en volume de 6% sur<br />
l’ensemble de 2021, suivie d’une expansion de 3,5% en 2022.<br />
<br />
Source: STATEC<br />
Prolongation des accords sociaux sur le télétravail<br />
Après l’accord trouvé avec la France et la Belgique, le<br />
Luxembourg et l’Allemagne ont convenu de prolonger la<br />
disposition exceptionnelle permettant de ne pas prendre en<br />
compte les journées de télétravail liées à la crise du Covid-19,<br />
et ce, dans le cadre de la détermination de la législation de<br />
sécurité sociale applicable aux travailleurs frontaliers jusqu’au<br />
31 décembre 2021. Les dispositions dérogatoires qui auraient<br />
pris fin au 30 juin 2021 sont ainsi maintenues jusqu’à la fin<br />
de cette année. Cet accord est important afin d’éviter un<br />
changement d’affiliation en cas de dépassement du seuil de<br />
25% de travail en dehors des frontières luxembourgeoises<br />
prévu dans la législation européenne pour les travailleurs<br />
concernés.<br />
<br />
Source: Ministère de la Sécurité sociale<br />
Fin du chômage partiel<br />
L’octroi du chômage partiel aux<br />
conditions dites «chômage partiel<br />
structurel, simplifié», mises en place au<br />
mois de mars 2020 dans le but d’aider<br />
les entreprises pendant la période de<br />
crise sanitaire liée au Covid-19 et de<br />
maintenir l’emploi, a pris fin le 30 juin<br />
2021. Ces conditions étaient régies<br />
par la loi modifiée du 17 juillet 2020<br />
introduisant une série de mesures de<br />
lutte contre la pandémie de Covid-19.<br />
À partir du 1 er juillet 2021, l’accès au<br />
chômage partiel sera défini selon les<br />
dispositions légales prévues par le code<br />
du travail sous la mention «Prévenir des<br />
licenciements et maintien de l’emploi».<br />
Cette mesure permettra d’aider les<br />
entreprises les plus vulnérables pendant<br />
cette période de transition.<br />
Source: Ministère de l’Économie<br />
Baisse significative du chômage<br />
Le nombre de demandeurs d’emploi<br />
résidents disponibles inscrits à l’ADEM<br />
s’établit à 17.340 au 31 mai 2021. Cela<br />
constitue une baisse de 14,2% par<br />
rapport au mois de mai 2020 et une<br />
baisse de 909 personnes par rapport<br />
au mois d’avril 2021. En mai 2020 le<br />
marché du travail était fortement impacté<br />
par la crise sanitaire, avec une<br />
hausse annuelle de 33,6% des demandeurs<br />
d’emploi. La baisse actuelle peut<br />
donc être considérée comme étant<br />
un contrecoup. Le taux de chômage,<br />
corrigé des variations saisonnières,<br />
calculé par le STATEC, s’élève à 5,9% et<br />
poursuit donc sa baisse par rapport aux<br />
mois précédents.<br />
<br />
Source: ADEM<br />
Le Luxembourg dans le collimateur<br />
des médias d’investigation<br />
Suite à une enquête journalistique menée<br />
par plusieurs médias d’investigation<br />
européens dénonçant la prétendue<br />
«nouvelle astuce» du Luxembourg pour<br />
s’affranchir de la transparence fiscale,<br />
le gouvernement luxembourgeois<br />
réfute les nombreuses allégations<br />
sur les pratiques de rulings fiscaux<br />
au Luxembourg. «Les affirmations<br />
avancées dans ces articles sont erronées<br />
et injustifiées et le Luxembourg est<br />
conforme aux normes internationales<br />
les plus élevées en matière d’échange<br />
de renseignements sur les décisions<br />
fiscales», indique un communiqué du<br />
ministère des Finances.<br />
Source: Ministère des Finances
xxxx
64 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
ÉNERGIE<br />
Autoconsommation: quelles<br />
possibilités ouvertes par la loi?<br />
Dans le cadre de son Plan national intégré en matière d’énergie et de climat, le gouvernement<br />
entend atteindre les 25% d’énergies renouvelables dans sa consommation globale d’ici 2030.<br />
Dans ce contexte, et pour encourager notamment la production d’énergie photovoltaïque,<br />
il ouvre de nouvelles possibilités aux particuliers, entreprises et communes en matière<br />
d’autoconsommation via la loi du 3 février 2021 relative à l’organisation du marché de<br />
l’électricité. Le premier conseil que Pierre Wauthier, Lead Advisor Real Estate chez Arendt<br />
Regulatory & Consulting, et Marianne Rau, avocate et associée chez Arendt & Medernach,<br />
donnent à tous ces acteurs est simple: rechercher un accompagnement professionnel avant<br />
de se lancer dans des projets de développement d’installations photovoltaïques en vue de<br />
l’autoconsommation et/ou de la vente de l’énergie produite.<br />
Quel bilan peut-on dresser des<br />
efforts fournis par le Luxembourg<br />
en matière de production d’énergie<br />
photovoltaïque?<br />
PW: En 2016, suite à l’Accord de Paris,<br />
l’Union européenne a exigé de ses États<br />
membres qu’ils développent un Plan<br />
national intégré en matière d’énergie et<br />
de Climat. Celui du Luxembourg prévoit<br />
trois objectifs dont celui d’atteindre<br />
25% d’énergies renouvelables dans sa<br />
consommation globale à l’horizon 2030.<br />
Pour y parvenir, le pays doit augmenter ses<br />
capacités de production mais aussi diminuer<br />
la quantité d’énergie consommée.<br />
Le Luxembourg a réellement accentué ses<br />
efforts de production depuis 2018 en lançant<br />
des appels d’offres pour la construction de<br />
centrales photovoltaïques s’accompagnant<br />
d’un contrat de prime de marché pour<br />
l’injection de l’énergie produite pendant<br />
quinze ans. À titre indicatif, le pays<br />
disposait d’une capacité de production<br />
de 160 MW d’énergie photovoltaïque fin<br />
2019 dont 40 MW avaient été installés<br />
en 2018-2019, soit 25% de la production<br />
totale. Un nouvel appel d’offres de 40 MW<br />
s’est clôturé en avril dernier et d’autres<br />
suivront jusqu’en 2023, à commencer par<br />
celui qui sera lancé d’ici la fin de cette<br />
année. En additionnant la totalité de ces<br />
appels à la construction de centrales sur<br />
la période s’étalant de 2018 à 2023, 185<br />
MW de puissance supplémentaire auront<br />
été déployés grâce à ces initiatives, ce qui<br />
représentera environ la moitié des capacités<br />
totales de production installées.<br />
En matière d’autoconsommation,<br />
quelles sont les possibilités ouvertes<br />
par la loi du 3 février 2021 relative à<br />
l’organisation du marché de l’électricité?<br />
MR: Cette loi donne l’opportunité aux<br />
entreprises, particuliers et communes<br />
d’accéder à l’autoconsommation et les<br />
encourage par la même occasion à la<br />
production d’électricité photovoltaïque.<br />
Ainsi, des entités qui ne sont pas issues<br />
du secteur de l’énergie s’intéressent<br />
à présent au photovoltaïque pour les<br />
besoins de leur propre consommation,<br />
mais aussi pour participer, à leur échelle,<br />
à la protection de l’environnement. La loi<br />
permet d’autoconsommer, de stocker et de<br />
vendre le surplus produit sur le marché.<br />
Concrètement, cela signifie qu’il est<br />
désormais possible de conclure des contrats<br />
de vente de manière privée, sans autorisation<br />
de fourniture. Certaines conditions<br />
doivent toutefois être respectées: on ne<br />
peut par exemple pas vendre l’électricité de<br />
manière professionnelle, l’activité devant<br />
rester accessoire. Le régime prévu par le<br />
règlement grand-ducal de 2014 relatif à<br />
la production d’électricité basée sur des<br />
sources renouvelables d’énergies prévoit<br />
par ailleurs des tarifs garantis ou des primes<br />
de marché selon les puissances fournies.<br />
Les potentiels producteurs d’énergie sont<br />
donc face au défi de trouver des surfaces<br />
éligibles ainsi qu’un modèle économique<br />
basé sur le régime d’aides dont ils choisiront<br />
de profiter.<br />
PW: Grâce au nouveau règlement relatif à<br />
la performance énergétique des bâtiments<br />
tertiaires, de plus en plus d’installations<br />
de production d’énergies renouvelables y<br />
seront déployées. Au moment de la location,<br />
les promoteurs seront face au choix de louer<br />
le bâtiment et conserver cette installation<br />
pour leur propre intérêt ou bien de louer<br />
ces installations de manière conjointe avec<br />
leurs locaux. Il faudra alors définir des<br />
contrats conformes en fonction de l’option<br />
choisie.<br />
Quelle est la nature de votre accompagnement<br />
dans ce cadre?<br />
PW: Il est conseillé de se faire accompagner<br />
dès la recherche des autorisations à<br />
obtenir en amont d’un projet et lors de la<br />
définition des risques encourus en termes<br />
de faisabilité. Les relations contractuelles<br />
avec les parties prenantes, que ce soit le<br />
promoteur, une future entreprise locataire,<br />
le propriétaire foncier ou une commune<br />
nécessitent également le développement<br />
d’une documentation adaptée.<br />
Selon la complexité de l’opération,<br />
différentes matières sont abordées. Cela<br />
peut concerner des questions urbanistiques,<br />
environnementales et énergétiques. Les<br />
modalités d’exploitation elles-mêmes<br />
peuvent faire l’objet d’accord entre les<br />
parties.<br />
MR: Pour mener à bien ces projets de<br />
construction, de location ou de vente<br />
d’installations photovoltaïques, différents<br />
volets doivent être maitrisés. Suite à l’entrée<br />
en vigueur de la loi du 3 février dernier,
Marianne Rau et Pierre Wauthier<br />
nous sommes régulièrement consultés<br />
pour connaitre les possibilités s’offrant<br />
aux différents acteurs concernés. Comme<br />
ces concepts sont relativement neufs, il est<br />
important de se faire conseiller avant de se<br />
lancer dans un tel projet. Concernant les<br />
appels d’offres du gouvernement pour la<br />
construction de centrales photovoltaïques,<br />
il s’agit de projets s’étalant sur 20 à 30<br />
années et des questions peuvent se poser en<br />
matière de location des surfaces requises,<br />
comme des terrains ou des toitures de<br />
bâtiments, et du type de bail à créer.<br />
D’autres problématiques relatives au<br />
raccordement d’une installation au réseau<br />
peuvent se présenter: dans le cas d’une<br />
installation sur un terrain, il faudra parfois<br />
y accéder par d’autres propriétés, auquel<br />
cas des servitudes devront être prévues. Ces<br />
études doivent être menées en amont de la<br />
réponse à l’appel d’offres pour s’assurer que<br />
le projet est bien réalisable.<br />
L’autoconsommation figure parmi<br />
les mesures inscrites dans la nouvelle<br />
version du Pacte Climat. Quel soutien<br />
pouvez-vous apporter aux communes<br />
dans ce cadre?<br />
MR: Le Pacte Climat prévoit déjà un volet<br />
financier et une assistance technique auprès<br />
des communes. Nous pouvons leur fournir<br />
un accompagnement complémentaire<br />
concernant l’établissement de contrats et<br />
l’identification des possibilités qu’offre un<br />
projet en fonction de la réglementation<br />
actuelle. Idéalement, la législation actuelle<br />
pourrait être utilisée par les communes pour<br />
le développement de politiques sociales<br />
dans le cadre desquelles elles investiraient<br />
dans des installations photovoltaïques pour<br />
rendre l’approvisionnement en électricité<br />
moins cher pour des personnes à revenus<br />
modestes dans le but de soutenir ces ménages.<br />
En outre, le concept d’autoconsommation<br />
collective permet aux occupants d’une<br />
même résidence de partager l’énergie<br />
produite par une installation commune<br />
sans devoir créer une société ou reposer<br />
sur une personne morale. En revanche, une<br />
telle démarche doit être accomplie dans le<br />
cas de la création d’une communauté de<br />
partage d’énergies renouvelables à travers<br />
un quartier regroupé autour d’un même<br />
poste de transformation.<br />
PW: Avec l’entrée en vigueur de cette<br />
nouvelle loi sur l’autoconsommation et<br />
son inscription dans les objectifs du Pacte<br />
Climat, les communes seront amenées<br />
à développer ce type de projets, pour<br />
lesquels nous pourrons leur apporter notre<br />
expertise. Les initiatives qu’elles prendront<br />
dépendront toutefois des opportunités<br />
qu’offre leur territoire! n<br />
Arendt & Medernach SA<br />
Arendt Regulatory & Consulting SA<br />
41 Avenue John F. Kennedy<br />
L-2082 Luxembourg<br />
www.arendt.com
66 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
ÉNERGIE<br />
Programme enoprimes:<br />
des ambitions revues à la hausse<br />
«L’Europe est le continent le plus ambitieux d’un point de vue<br />
environnemental et, en son sein, le Luxembourg veut être le<br />
leader en la matière». Pour Laurent Magi, responsable des<br />
services liés à la transition énergétique chez Enovos Services<br />
S.A., le Luxembourg n’a pas à rougir de son Plan national intégré<br />
en matière d’énergie et de climat, qui affiche des ambitions<br />
encore plus fortes que celles de l’UE. La récente législation<br />
dont dépend le nouveau système enoprimes s’inscrit dans cette<br />
mouvance et est beaucoup plus stricte. Source d’opportunités,<br />
le programme demandera une implication encore plus grande<br />
du fournisseur d’énergie et de services énergétiques.<br />
Pourriez-vous nous rappeler comment<br />
fonctionne le programme enoprimes?<br />
Ce programme a démarré en 2015 et est basé<br />
sur le conseil et l’obtention de primes d’aide<br />
pour des travaux de rénovation énergétique ou<br />
d’efficacité énergétique. Tous types d’acteurs<br />
(particuliers, professionnels du secteur<br />
tertiaire, industries, PME, administrations)<br />
planifiant un projet de rénovation permettant<br />
de réaliser des économies d’énergie peuvent y<br />
prétendre. De plus, ces aides sont cumulables,<br />
notamment avec celles prévues par l’État<br />
comme les PRIMe House ou encore celles<br />
qui sont octroyées par certaines communes.<br />
Laurent Magi
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
67<br />
Nous nous reposons sur un réseau de<br />
440 partenaires, dont 300 artisans, qui<br />
remplissent les dossiers de demandes de<br />
primes pour leurs clients. Ces derniers<br />
doivent juste en faire la demande auprès de<br />
l’un de nos partenaires avant la signature<br />
d’un bon de commande ou d’un devis<br />
pour les travaux. Tous nos partenaires sont<br />
repris sur annuaire.enoprimes.lu.<br />
Les communes sont également éligibles à ces<br />
aides. Les plus petites sont particulièrement<br />
intéressées par ce programme qui leur<br />
permet d’améliorer l’efficacité énergétique<br />
des bâtiments qu’elles gèrent et auquel<br />
elles peuvent également recourir pour<br />
d’autres travaux comme le remplacement<br />
de l’éclairage public. Nous collaborons<br />
également avec les communes dans le<br />
cadre d’initiatives de sensibilisation telles<br />
que l’action que nous avons menée avec 27<br />
d’entre elles. Au total, 130.000 ampoules<br />
LED ont déjà été distribuées.<br />
Quel bilan dressez-vous de la première<br />
période du programme enoprimes<br />
s’étalant de 2015 à fin 2020?<br />
En six ans, nous avons réalisé 1,7 TWh<br />
d’économies d’énergie avec nos clients, ce<br />
qui représente la consommation électrique<br />
annuelle de 425.000 foyers, soit un peu plus<br />
d’une année de consommation des ménages<br />
luxembourgeois. Neuf millions d’euros de<br />
primes ont ainsi été distribués par Enovos.<br />
Suite à l’épidémie de Covid-19, la<br />
thématique des économies d’énergie<br />
n’était plus prioritaire, nous avons donc<br />
vu une nette baisse de dépôts des dossiers.<br />
Grâce au programme de relance «Neistart<br />
Lëtzebuerg» prévoyant des bonus sur<br />
les subventions PRIMe House et aux<br />
augmentations des enoprimes, les particuliers<br />
ont manifesté un véritable engouement pour<br />
la rénovation de leur habitation si bien que<br />
nous avons connu un dernier trimestre<br />
particulièrement dense, faisant de 2020<br />
l’année la plus réussie en termes de volume<br />
d’économies d’énergie réalisées.<br />
“1,7 TWh<br />
d’économies<br />
d’énergie en<br />
six ans, soit la<br />
consommation<br />
électrique annuelle<br />
de 425.000 foyers”<br />
Quelles sont les nouveautés liées à ce<br />
programme?<br />
Depuis le 17 juin 2021, des nouveautés sur<br />
la plateforme d’introduction des demandes<br />
my.enoprimes.lu ainsi que l’adaptation de<br />
notre site enoprimes.lu réunissant toutes<br />
les informations relatives à ces changements<br />
sont disponibles. Nous avons veillé à<br />
maintenir des démarches simplifiées afin<br />
que le système soit toujours aussi efficace et<br />
attractif.<br />
Jusqu’à présent, nous calculions la<br />
consommation d’énergie avant et après<br />
rénovation pour établir le montant des<br />
primes. À présent, les clients ne peuvent<br />
plus acquérir n’importe quel produit du<br />
fait qu’il consommera moins que l’ancien.<br />
Des standards fixés par la législation<br />
européenne sont à respecter. La prime est<br />
donc calculée en fonction des économies<br />
réalisées entre le standard défini par la<br />
législation et ce que le client achètera; ces<br />
économies seront donc forcément moins<br />
grandes que dans l’ancien système. Les<br />
chaudières à mazout ne sont plus éligibles<br />
aux enoprimes, en revanche, un soutien<br />
financier supplémentaire sera accordé à<br />
tout client souhaitant se défaire de cette<br />
énergie fossile pour chauffer son habitation.<br />
Par ailleurs, alors que nous ne soutenions<br />
pas les chaudières à bois par le passé, ce<br />
combustible est à présent éligible à nos<br />
primes. L’un dans l’autre, nos aides ont<br />
finalement légèrement augmenté.<br />
Depuis octobre 2020, nous avons renforcé<br />
nos liens avec nos partenaires sur le terrain<br />
en les rémunérant pour chaque demande<br />
d’enoprimes validée pour leurs clients.<br />
De plus, nous voulons renforcer notre<br />
collaboration avec les communes pour les<br />
accompagner dans leurs propres projets<br />
de rénovation mais également pour établir<br />
un relais d’informations concernant nos<br />
primes vers leurs citoyens. Le Pacte Climat<br />
a véritablement structuré leur approche<br />
environnementale et sa nouvelle version fixe<br />
des objectifs encore plus ambitieux. Nous<br />
espérons qu’à travers cette sensibilisation<br />
renforcée, elles intègreront à l’avenir<br />
encore mieux nos enoprimes dans le cadre<br />
de leurs rénovations.<br />
Par exemple, nous avons récemment<br />
collaboré avec la commune de Mamer<br />
pour l’édition d’une brochure reprenant<br />
toutes les aides existantes auxquelles leurs<br />
citoyens peuvent prétendre afin de leur<br />
montrer l’étendue des soutiens financiers<br />
cumulables dont ils peuvent bénéficier.<br />
Les démarches d’obtention de ces aides<br />
sont parfois compliquées et en rassemblant<br />
toutes les informations en un seul endroit,<br />
la commune de Mamer facilite ainsi la<br />
tâche de ses citoyens et les encourage à<br />
entreprendre ce type de travaux.<br />
Les nouvelles constructions ont déjà<br />
d’excellentes performances énergétiques, c’est<br />
surtout au niveau des rénovations que nous<br />
avons un rôle à jouer. Dans ce cadre, le relais<br />
que les communes peuvent nous apporter sur<br />
le terrain en matière de sensibilisation des<br />
citoyens n’est pas à négliger! n<br />
Enovos<br />
2 Domaine du Schlassgoard<br />
L-4327 Esch-sur-Alzette<br />
www.enovos.lu<br />
www.enoprimes.lu
68 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
ÉNERGIE<br />
Quel avenir pour la<br />
biométhanisation?<br />
La biométhanisation serait-elle démodée et pourquoi? C’est<br />
la question que se pose Xavier Maka, directeur de Naturgas<br />
Kielen, face au revirement de stratégie qui semble s’opérer au<br />
ministère de l’Énergie. Un changement de cap qui, s’il est mal<br />
appréhendé, pourrait mettre en péril la survie de l’installation<br />
qui, en dix ans, a injecté 182 GWh de gaz vert dans le réseau<br />
luxembourgeois. Interview aux allures de plaidoyer.<br />
Il y a quelques mois, le ministère de<br />
l’Énergie a présenté les résultats d’une<br />
étude commandée à l’IFEU (Institut<br />
für Energie- und Umweltforschung<br />
Heidelberg) et sur laquelle il entend<br />
baser sa future stratégie relative à la<br />
biométhanisation. Comment accueillezvous<br />
les recommandations de cette étude?<br />
L’étude en question dresse un état des lieux<br />
de la biométhanisation au Luxembourg et<br />
adresse sur cette base des recommandations<br />
au ministère de l’Énergie. Celui-ci,<br />
dans sa formation actuelle, n’est plus<br />
particulièrement un ardent défenseur de<br />
la biométhanisation. Loin de la rejeter,<br />
il n’en fait en tout cas pas une priorité<br />
comme a pu le faire le gouvernement en<br />
fonction à l’époque où l’installation de<br />
Naturgas Kielen a été pensée. Il semblerait<br />
donc qu’au fil du temps et des évolutions<br />
technologiques, la biométhanisation soit<br />
finalement passée de mode. C’est pourquoi<br />
le ministère entend recibler sa stratégie et<br />
redéfinir sur quels types d’intrants elle doit<br />
s’appliquer. En l’occurrence, il s’intéresse<br />
particulièrement aux effluents agricoles,<br />
à savoir le fumier et le lisier. Produits à<br />
hauteur de deux millions de tonnes par an<br />
au Luxembourg, ils présentent le double<br />
avantage, lorsqu’ils sont biométhanisés, de<br />
générer du gaz vert mais aussi de ressortir<br />
sous forme de digestat, un engrais de<br />
qualité supérieure qui diminue le risque de<br />
pollution des sols et des nappes phréatiques<br />
et contribue à la réduction des émissions<br />
d’ammoniac. Voilà pourquoi le ministère<br />
envisage même – bien que rien ne soit<br />
encore décidé – d’offrir des avantages aux<br />
agriculteurs qui valoriseraient ainsi leurs<br />
effluents agricoles.<br />
Cette stratégie donne l’impression que le<br />
gouvernement n’entend plus capitaliser<br />
sur les autres déchets organiques issus,<br />
par exemple, de la grande distribution, des<br />
collectivités, des poubelles individuelles ou<br />
encore de l’industrie agroalimentaire. C’est<br />
là que le bât blesse car les effluents agricoles<br />
en question sont peu méthanogènes<br />
comparés à ces autres biodéchets. Certes,<br />
si l’on se positionne à l’échelle nationale,<br />
les deux millions de tonnes d’effluents<br />
agricoles produits chaque année pourraient<br />
suffire à injecter sur le réseau une quantité<br />
de biométhane qui permettrait de respecter<br />
certains engagements en termes de<br />
proportion de gaz vert. Mais, pour une<br />
installation comme Naturgas Kielen,<br />
conçue pour biométhaniser d’autres<br />
types de déchets, c’est la mort assurée. La<br />
centrale est en effet alimentée par 20% de<br />
biodéchets et 80% de matières à caractère<br />
agricole. Ces dernières comprennent donc<br />
le fumier et le lisier mais aussi des produits<br />
issus de cultures énergétiques, comme le<br />
maïs, le sorgo ou l’orge, qui ont un pouvoir<br />
méthanogène élevé. Si nous venions à<br />
n’alimenter Naturgas Kielen – une unité<br />
qui n’est déjà pas rentable aujourd’hui –<br />
que par des effluents agricoles comme le<br />
recommande le ministère de l’Énergie,<br />
la quantité de biométhane produite<br />
diminuerait considérablement et nous<br />
ne pourrions plus couvrir tous nos frais.<br />
Seule une modification de sa configuration<br />
actuelle ou un nouveau business model<br />
pourrait alors la sauver. C’est pourquoi<br />
l’approche du ministère de l’Énergie n’est<br />
pas raisonnable selon moi.<br />
Quand vous avez pris la direction de<br />
Naturgas Kielen, votre objectif était<br />
justement de repenser ce modèle<br />
d’affaires…<br />
Effectivement, c’est l’objectif que je m’étais<br />
fixé. Mais, lorsque je suis arrivé, je ne<br />
connaissais l’état de l’entreprise que par<br />
ses bilans, pas tellement par sa trésorerie<br />
ou situation historique. Or, le problème de<br />
Naturgas Kielen, c’est l’investissement de<br />
départ qui a été beaucoup trop important<br />
par rapport à la valeur ajoutée que la<br />
société peut générer. Puisque le prix du<br />
biométhane a été établi à neuf centimes<br />
le kWh par le règlement grand-ducal du<br />
15 décembre 2011 relatif à la production,<br />
la rémunération et la commercialisation<br />
de biogaz, nous connaissions le chiffre<br />
d’affaires de la société dès le départ (pour<br />
autant que l’installation tourne parfaitement<br />
toute l’année) et pouvions savoir que<br />
l’amortissement de l’investissement n’était<br />
pas viable. C’est ce que j’ai appris à mes<br />
dépens en arrivant ici. Je pensais pouvoir<br />
redresser la situation mais le dernier<br />
trimestre 2020 m’a clairement démontré<br />
que, même en atteignant quasiment nos<br />
maximums de production en recourant à<br />
des plantes énergétiques, nous n’arrivions<br />
pas à équilibrer le budget. Au-delà des frais<br />
fixes élevés, nous devons payer certains des<br />
intrants à fort pouvoir méthanogène qui ne<br />
sont pas considérés comme des déchets mais
Xavier Maka<br />
plutôt comme des sous-produits. Or, pour<br />
qu’une installation fasse vraiment sens, elle<br />
devrait plutôt être rétribuée pour capter<br />
les déchets (ou ces sous-produits) et les<br />
valoriser sous forme de gaz. La logistique<br />
représente également un coût important.<br />
Puisque nous ne sommes pas intégrés à la<br />
chaine des déchets, celle-ci doit être assurée<br />
par un prestataire externe, typiquement les<br />
collecteurs de déchets. Le modèle d’affaires<br />
doit changer si nous voulons surmonter ces<br />
obstacles.<br />
“Le modèle<br />
d’affaires doit<br />
changer si nous<br />
voulons surmonter<br />
ces obstacles”<br />
Dernièrement, vous étudiiez la<br />
possibilité d’utiliser de l’hydrogène<br />
vert pour amplifier la production de<br />
biométhane de votre installation. Ce<br />
projet a-t-il une chance de voir le jour?<br />
La réflexion avance. L’idée de départ était de<br />
valoriser la grande quantité de CO 2<br />
produite<br />
lors du processus de biométhanisation. En<br />
effet, plutôt que de le neutraliser, il est possible<br />
de le transformer en méthane en l’associant<br />
à de l’hydrogène dans un bioréacteur.<br />
Ce processus permettrait de booster la<br />
production d’une unité de biométhanisation<br />
et d’augmenter sa capacité de 25 à 30%.<br />
Évidemment, pour que le procédé fasse sens,<br />
il faudrait recourir à de l’hydrogène vert. Or,<br />
aujourd’hui, celui-ci est majoritairement gris<br />
car issu de la gazéification du charbon. Nous<br />
avons donc entamé certaines discussions<br />
avec le LIST pour étudier la faisabilité de<br />
cette réaction dans un bioréacteur mais<br />
aussi rechercher des procédés de production<br />
d’hydrogène vert. À l’heure actuelle, nous<br />
n’en sommes qu’à l’étape des études de<br />
faisabilité et de rentabilité. n<br />
Naturgas Kielen<br />
B.P. 26<br />
Route N12<br />
L-8205 Kehlen<br />
www.naturgaskielen.lu
70 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
ÉNERGIE<br />
Quand location rime<br />
avec confort<br />
Connue en tant que productrice de chaudières depuis plus<br />
d’un siècle, la société Viessmann a récemment étendu sa<br />
gamme de services. Günter Krings, directeur d’agence au<br />
Luxembourg, présente l’offre «Viessmann Comfort» avec<br />
laquelle les particuliers peuvent louer un système de chauffage<br />
et profiter de plusieurs avantages.<br />
Pourquoi avez-vous décidé de vous<br />
lancer dans la location de systèmes de<br />
chauffage?<br />
Nous avons lancé «Viessmann Comfort» en<br />
Allemagne en 2018 et au Luxembourg ainsi<br />
qu’en Belgique en ce début d’année 2021. Si<br />
nous proposons un tel service, c’est en partie<br />
suite à la demande de nos clients installateurs.<br />
De plus, le modèle du «Flat Rate» se<br />
démocratise et connait un grand succès<br />
dans de nombreux domaines: la mobilité, les<br />
télécommunications, l’énergie, etc.<br />
Ce service concerne les chaudières au gaz,<br />
au fuel ou encore les pompes à chaleurs.<br />
Notre gamme de produits destinée à la<br />
location s’élargira à court et moyen termes.<br />
“Le contrat de<br />
location comprend<br />
également la<br />
garantie, l’entretien<br />
ou encore les<br />
réparations”<br />
Quels sont les avantages de ce nouveau<br />
service, tant pour les particuliers que<br />
pour les installateurs?<br />
Les avantages sont multiples pour les<br />
clients finaux. La location permet d’abord<br />
de planifier le budget familial et d’éviter<br />
des investissements trop lourds; c’est<br />
intéressant si un client n’a pas les liquidités<br />
pour investir dans un nouveau système dans<br />
l’immédiat. D’autres y voient le confort et la<br />
facilité car le contrat de location comprend<br />
également la garantie, l’entretien ou encore<br />
les réparations. Il en va de même dans les<br />
copropriétés, avec des résidences ou des<br />
appartements, puisque ces charges entrent<br />
dans les frais fixes. Par ailleurs, ce service<br />
peut inciter les clients disposant de systèmes<br />
désuets, mais ne souhaitant pas investir, à<br />
les remplacer sans devoir attendre par des<br />
systèmes plus modernes, plus économiques<br />
et plus respectueux de l’environnement.<br />
Quant à l’installateur, il peut proposer à<br />
sa clientèle un système haut de gamme<br />
en location, contrairement à un autre bon<br />
marché qui sera certes moins cher, mais<br />
moins efficace. Cela lui enlève également la<br />
crainte de ne pas être payé car Viessmann<br />
est propriétaire des systèmes loués. À<br />
travers un tel service, l’installateur vend un<br />
contrat d’entretien qui est effectif pendant<br />
toute la durée de location.<br />
Comment se calcule le montant du<br />
contrat de location?<br />
Sont inclus dans le prix: l’achat et<br />
l’installation du matériel, l’entretien<br />
annuel ainsi que tous les risques de casse<br />
ou de défaut. Lorsque le chauffagiste<br />
intervient chez son client, il peut d’abord<br />
lui proposer une acquisition classique.<br />
Si le client préfère l’offre de location,<br />
alors l’installateur nous enverra toutes<br />
les informations nécessaires pour que<br />
nous puissions calculer la mensualité en<br />
fonction de l’investissement et de la durée<br />
de contrat qui est de dix ou de quinze ans.<br />
Si le client veut acheter, le remplacement<br />
du système de chauffage se fait de manière<br />
classique, mais s’il veut profiter de la<br />
location, nous établissons un contrat avec<br />
le client final et nous passons commande<br />
pour le montage et l’installation au<br />
chauffagiste. Pour l’installateur, la<br />
seule différence résidera au niveau de la<br />
facturation qui ne reviendra pas au client<br />
final, mais bien à Viessmann. Il en va de<br />
même pour la facture des entretiens et des<br />
réparations.<br />
Qu’est-il prévu en cas de déménagement<br />
ou de divers imprévus pendant la durée<br />
du contrat?<br />
Tout est stipulé dans le contrat que nous<br />
signons avec le client final. En cas de<br />
déménagement, le nouveau propriétaire peut<br />
reprendre la suite du contrat ou achètera<br />
l’installation à sa valeur résiduelle. Le même<br />
cas de figure se présente aux héritiers en cas de<br />
décès. De toute manière, l’installateur n’a pas<br />
besoin de répondre à ces questions. Il suffit<br />
qu’il nous renvoie la balle car nous disposons<br />
de spécialistes en interne pour répondre à<br />
toutes les questions des installateurs et des<br />
utilisateurs finaux.<br />
“Nous misons<br />
énormément sur<br />
la digitalisation<br />
de nos installations”<br />
Un dernier mot sur «Viessmann Comfort»?<br />
Nous réalisons une vérification complète de<br />
l’installation, ensemble avec le chauffagiste.<br />
En plus, nous misons énormément sur la<br />
digitalisation de nos installations, celles<br />
concernées par la location n’y échappent pas.<br />
Elles sont toutes équipées de capteurs qui<br />
nous permettent de recevoir en instantané<br />
toutes les informations sur le bon (ou mauvais)<br />
fonctionnement. Nous pouvons ainsi réagir<br />
rapidement et efficacement pour résoudre un<br />
problème éventuel, toujours en collaboration<br />
avec l’installateur.<br />
Cette double inspection assure au client<br />
que tout est en règle et en parfait état<br />
de marche pendant toute la durée de vie<br />
de son installation, donc un vrai package<br />
«sans souci»! n<br />
Viessmann Luxembourg Sarl<br />
35 Rue J-F Kennedy<br />
L-7327 Steinsel<br />
www.viessmann.lu<br />
Tél: 263362-1<br />
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comfort@viessmann.lu<br />
Tél: 8002 4631
Günter Krings
72 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
BRÈVES COMMUNALES – SUD<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
ESCH-SUR-ALZETTE<br />
En 2021, les villes d’Esch-sur-Alzette,<br />
Mödling, Offenbach, Zemun et<br />
Puteaux fêtent le 65 e anniversaire<br />
de leur jumelage. En 1956, l’objectif<br />
était surtout de renforcer les liens<br />
d’amitié dans l’Europe d’aprèsguerre.<br />
Aujourd’hui, le jumelage<br />
s’articule de plus en plus autour de<br />
questions comme l’inclusion sociale, la<br />
coopération économique, la démocratie<br />
participative, le développement durable<br />
ou encore le maintien de la paix et l’aide<br />
au développement.<br />
<br />
Source: esch.lu<br />
DIFFERDANGE<br />
Il y a 19 ans, la Ville de Differdange lançait<br />
sa première «Jugendkonschtwoch»,<br />
une exposition artistique destinée aux<br />
jeunes de 12 à 26 ans. Son objectif est<br />
d’offrir une plateforme aux jeunes<br />
artistes pour se faire connaître.<br />
L’édition 2021 a eu lieu du dimanche<br />
30 mai au samedi 5 juin au 1535°<br />
Creative hub.<br />
<br />
Source: differdange.lu<br />
DUDELANGE<br />
Le «Buerféisswee», le chemin sensoriel<br />
du parc Le’h, est à nouveau ouvert<br />
aux visiteurs. Celui-ci, d’une longueur<br />
d’environ 550 mètres, dont le départ<br />
est situé derrière le kiosque, avait été<br />
inauguré en juillet de l’année dernière.<br />
Fermé au public pendant plusieurs<br />
mois, il a rouvert ses portes le 14 juin.<br />
Ce sentier à parcourir pieds nus vise<br />
l’éveil des sens et la détente. Il favorise<br />
en même temps les compétences<br />
motrices et suscite l’intérêt pour la<br />
nature ou tout simplement pour des<br />
activités originales.<br />
<br />
Source: dudelange.lu<br />
SCHIFFLANGE<br />
En raison du Covid-19, la fête nationale<br />
a été célébrée différemment grâce à<br />
la campagne «A mir feieren awer». La<br />
commune de Schifflange a ainsi offert<br />
à ses citoyens un panier garni rempli de<br />
produits régionaux qu’il était possible<br />
de retirer la veille et l’avant-veille.<br />
<br />
Source: schifflange.lu<br />
<br />
BETTEMBOURG<br />
Pour soutenir les cafés et restaurants locaux frappés par la crise<br />
sanitaire, le collège échevinal de la commune de Bettembourg<br />
a décidé d’offrir un bon de consommation d’une valeur de<br />
cinq euros à chaque habitant. Le montant total de cette action<br />
s’élève à environ 70.000 euros. La campagne a été lancée le 22<br />
juin 2021 à l’occasion de la fête nationale. Les bons pourront<br />
être utilisés jusqu’au 18 juillet 2021.<br />
Source:bettembourg.lu<br />
ESCH-SUR-ALZETTE<br />
En date du 11 juin 2021, Lex Delles, ministre des Classes<br />
moyennes et du Tourisme, a visité BENU Village Esch pour<br />
apprécier l’impact que le projet peut avoir sur le développement<br />
socio-économique et culturel local, voir régional.<br />
<br />
Source: administration.esch.lu<br />
MONDERCANGE<br />
Il est porté à l’attention du public que la restriction d’accès au<br />
bâtiment de la mairie ainsi que l’obligation de rendez-vous liées<br />
à la crise sanitaire ont été levées. Ainsi, l’accueil physique à<br />
l’administration est à nouveau assuré du lundi au vendredi de<br />
7h30 à 11h30 et de 13h à 16h. Les citoyens pourront demander<br />
un rendez-vous en dehors des plages d’ouverture. Celui-ci<br />
pourra être pris par email ou par téléphone auprès des services<br />
respectifs.<br />
<br />
Source: mondercange.lu<br />
DUDELANGE<br />
Durant les mois de juin et juillet 2021, les CFL procèdent à<br />
des travaux sur la ligne 60 entre Bettembourg et Volmerangeles-Mines<br />
en France. Les informations ainsi que les horaires<br />
de bus de remplacement se trouvent sur le site internet de la<br />
commune.<br />
<br />
Source: dudelange.lu<br />
KÄERJENG<br />
Dans le but de soutenir le redémarrage<br />
du secteur de l’Horesca, le collège<br />
des bourgmestre et échevins de la<br />
commune de Käerjeng distribuera des<br />
autotests antigéniques supplémentaires<br />
aux restaurateurs de la commune. Ces<br />
tests rapides pourront être utilisés<br />
par les clients afin de profiter de la<br />
réouverture des restaurants sur le<br />
territoire.<br />
Source:kaerjeng.lu<br />
SANEM<br />
La transition énergétique et<br />
l’autoconsommation prennent une<br />
part de plus en plus importante<br />
dans le paysage énergétique. Dans<br />
ce contexte, Wattway, un projet<br />
pilote de route solaire à Sanem,<br />
apparaît comme une des solutions<br />
de production d’énergie locale.<br />
Les dalles photovoltaïques ont été<br />
installées sur le parking situé derrière<br />
la mairie. L’électricité produite est<br />
utilisée pour alimenter les serveurs<br />
informatiques de l’administration<br />
communale. L’autoconsommation<br />
est effective depuis le mois de février.<br />
<br />
Source: suessem.lu<br />
LEUDELANGE<br />
Dans le cadre de l’action «nos<br />
arbres ont du caractère», organisée<br />
par l’Administration de la nature et<br />
des forêts, Leudelange invite ses<br />
habitants à localiser le plus bel arbre<br />
de la commune. Il suffit d’envoyer la<br />
photo avec localisation de l’arbre à<br />
eisbeem@leudelange.lu au plus tard le<br />
30 septembre 2021. Le plus bel arbre<br />
sera ensuite, en coopération avec<br />
L’Administration de la nature et des<br />
forêts, retenu le 12 novembre 2021 à<br />
l’occasion de la «journée de l’arbre».<br />
<br />
Source: leudelange.lu<br />
RECKANGE-SUR-MESS<br />
À la suite des intempéries et des<br />
importantes inondations ayant frappé<br />
la commune de Reckange-sur-Mess,<br />
l’administration a mis en place des<br />
services d’aide, de conseils et de<br />
secours. La commune a organisé<br />
l’évacuation des déchets dans les<br />
quartiers les plus concernés par les<br />
inondations. Pour les autres, une benne<br />
a été mise à disposition des citoyens sur<br />
le parvis de l’atelier communal.<br />
<br />
Source: reckange.lu
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74 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
Steinfort s’engage<br />
pour l’environnement<br />
PAR CLAIRE SIBELLA<br />
Pour Guy Pettingen, bourgmestre de Steinfort, la commune est active sur tous les fronts et<br />
se donne les moyens d’évoluer tout en étant attentive aux besoins de ses habitants et aux<br />
contraintes à respecter en matière d’aménagement de son territoire.<br />
Le PAG<br />
Guy Pettingen<br />
À Steinfort, le PAG s’inscrit sous la loi de<br />
2004. Voté en 2010, le nouveau PAG est<br />
prêt mais sous saisine. Selon la procédure,<br />
chaque habitant peut s’exprimer sur le<br />
PAG et la commune doit récolter chaque<br />
témoignage. L’enquête publique est en<br />
cours mais la situation sanitaire la freine.<br />
Guy Pettingen explique: «La situation est<br />
délicate. Nous ne pouvons ni rassembler<br />
physiquement les habitants ni organiser<br />
des visioconférences, tous les citoyens<br />
n’étant pas équipés. Nous attendons les<br />
consignes du ministère de la Santé pour<br />
reprendre l’enquête».<br />
Parmi les grands projets de construction<br />
figure une nouvelle piscine destinée aux<br />
écoliers et un complexe sportif incluant<br />
un hall équipé pour la gymnastique. Le<br />
projet, dont le budget est estimé à environ<br />
45 millions d’euros, comprend deux<br />
phases: la construction de la piscine et du<br />
hall sportif puis la destruction des anciens<br />
bâtiments et la division du nouvel édifice<br />
en trois parties. La première étape devrait<br />
être achevée avant les vacances scolaires<br />
de 2023 pour tester les infrastructures<br />
pendant la période de congés. La seconde<br />
devrait prendre fin en 2025.<br />
Des projets d’infrastructures routières<br />
sont au programme. Un des projets phares<br />
est celui de la Cité Herrenfeld. Toutes les<br />
conduites de gaz, d’eau et d’électricité<br />
y seront rénovées. Les plans seront<br />
achevés en juin et les travaux débuteront à<br />
l’automne pour se terminer en 2025.<br />
Les logements à coûts modérés<br />
Steinfort se veut active en la matière. Guy<br />
Pettingen note: «Steinfort est l’une des<br />
premières communes à avoir ratifié le<br />
Pacte Logement, et lorsque la nouvelle<br />
version sera prête, nous la signerons<br />
également. La demande de logements<br />
est très élevée, tout comme les prix. Les<br />
jeunes sont démunis face à cette réalité, ils<br />
ne peuvent pas se permettre d’acheter. La<br />
commune n’est pas propriétaire d’un grand<br />
nombre de terrains, mais les négociations<br />
avec la SNHBM et le Fonds du Logement<br />
sont ouvertes».<br />
Il y a quatre mois, un projet de cinq maisons<br />
a été clôturé. Destiné aux jeunes de Steinfort<br />
parce qu’ils y vivent, y ont grandi ou y ont de<br />
la famille proche, ce projet s’est conclu par<br />
l’achat de quatre maisons. Les jeunes ont été<br />
questionnés sur leur composition de ménage<br />
et leurs revenus pour déterminer leur<br />
éligibilité et ont acquis leur logement sous<br />
bail emphytéotique. La commune a conservé<br />
la dernière maison pour ses propres besoins.<br />
À Hagen, l’ancien presbytère a été démoli.<br />
Six appartements à coûts modérés, dont les<br />
plans sont en cours de finition, seront bâtis<br />
à sa place.<br />
La protection de l’environnement<br />
Steinfort s’engage en étant membre<br />
d’associations et de syndicats. Depuis<br />
deux ans, la commune est par exemple<br />
affiliée au SICONA. Aussi, elle emploie<br />
une personne dédiée à l’élaboration de<br />
projets environnementaux, notamment la<br />
réhabilitation des vergers. Les pesticides ne<br />
sont plus utilisés et des machines spéciales<br />
sont d’usage pour débroussailler les chemins<br />
de la façon la plus écologique possible.<br />
Outre les aides de l’État, la commune<br />
octroie des subsides à ses habitants pour les<br />
encourager les projets verts.<br />
Guy Pettingen conclut: «Steinfort est<br />
impliquée dans un grand projet de 17<br />
millions d’euros, subventionné à hauteur<br />
de 6,6 millions d’euros par l’UE. Celuici<br />
comprendra une nouvelle station<br />
d’épuration destinée à reprendre les eaux<br />
usées de Steinfort, celles des villages aux<br />
alentours et des maisons situées sur la<br />
zone frontalière. Déjà opérationnelle, la<br />
station est en phase test et sera inaugurée<br />
fin octobre». n
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<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
75<br />
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76 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
En piste pour<br />
la mobilité active!<br />
La commune de Schifflange renforce ses efforts pour encourager ses citoyens à la mobilité<br />
active. Travaillant actuellement à la finalisation d’une piste cyclable et piétonne en site propre<br />
traversant son territoire de part en part et reliant des pistes nationales, la commune veille<br />
également à renforcer ses subventions incitant à l’achat d’un vélo ou d’une trottinette. Guy<br />
Spanier, responsable du service de l’urbanisme et du développement durable, et Carlo Lecuit,<br />
échevin responsable des travaux neufs et des infrastructures, nous dévoilent les coulisses des<br />
nouvelles mesures déployées en faveur d’une mobilité plus respectueuse de l’environnement.<br />
Une piste cyclable en site propre<br />
Pour atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés<br />
en matière de mobilité douce dans le cadre<br />
du Pacte Climat, la commune de Schifflange<br />
a récemment renforcé ses actions pour<br />
encourager ses citoyens à préférer le vélo ou<br />
la marche à la voiture. Suite à des analyses<br />
auprès des Schifflangeois, la commune a<br />
constaté que ces derniers ne se sentaient pas<br />
assez en sécurité lorsqu’ils utilisaient les pistes<br />
balisées sur les routes. Elle a alors décidé de<br />
créer une piste cyclable et piétonne en site<br />
propre traversant la commune du centre à la<br />
zone d’activité op Herbett (du nord au sud) et<br />
également de la cité op Hudelen à la rue du<br />
Pont (d’est en ouest).<br />
Profitant des travaux le long de la voie<br />
ferrée pour la construction d’un mur antibruit,<br />
Schifflange y a réalisé un passage<br />
sécurisé en site propre pour les piétons et<br />
cyclistes. Cette première liaison relie la<br />
cité op Hudelen à la rue du Pont et sera<br />
prolongée jusqu’à la rue Aloyse Kayser dès<br />
l’obtention de l’autorisation des CFL. Elle<br />
sera ensuite à nouveau étendue du parking<br />
des CFL à l’avenue de la Libération. «Dans<br />
le cadre de notre plan directeur scolaire,<br />
nous prévoyons l’ouverture d’une nouvelle<br />
école dans le quartier op Hudelen. Les<br />
travaux débuteront en 2022, mais les locaux<br />
provisoires seront ouverts dès septembre.<br />
La dernière liaison vers la future école sera<br />
réalisée en même temps que sa construction<br />
et reliera ainsi la piste cyclable nationale 8<br />
jusqu’à Kayl», précise Guy Spanier.<br />
Une seconde liaison traversant la commune<br />
de la gare à la zone d’activité op Herbett<br />
devrait quant à elle être étendue jusqu’à<br />
Foetz par l’Administration des ponts et<br />
chaussées et être connectée dans le futur<br />
à la «piste express» qui reliera Esch-sur-<br />
Alzette à Luxembourg-Ville. Des tronçons<br />
en site propre sont déjà finalisés de la gare<br />
à la rue du Moulin ainsi que du sentier am<br />
Brill jusqu’à la zone op Herbett. Une partie<br />
de la piste située rue du Moulin devrait<br />
être terminée dès la fin de l’année. Dans un<br />
futur proche, toute la localité de Schifflange<br />
pourra ainsi être traversée en site propre à<br />
vélo, trottinette ou à pied.<br />
Encourager l’utilisation du vélo<br />
Schifflange fait partie des neuf communes<br />
adhérant au service Vël’Ok depuis 2015.<br />
Ce dernier, gratuit pendant la première<br />
heure d’utilisation, compte 8.000 abonnés.<br />
«La fréquentation de ce service ne cesse<br />
d’augmenter. Nos statistiques dévoilent que<br />
ces vélos sont aujourd’hui davantage utilisés<br />
par les jeunes, dans le cadre de leur loisir»,<br />
explique Guy Spanier.<br />
Juste avant le confinement, un règlement<br />
de subvention a été voté pour soutenir les<br />
citoyens lors de l’achat d’un vélo ou d’une<br />
trottinette, classique ou électrique. Le<br />
montant de la participation communale<br />
s’élève à 10% du coût de l’investissement<br />
avec un maximum de 200 euros pour un<br />
vélo et de 100 euros pour une trottinette.<br />
Les personnes remplissant les conditions<br />
de l’office social ou bénéficiaires du Revis<br />
disposeront d’une majoration de 50 euros.<br />
La mobilité active sur le chemin de l’école<br />
Comment les élèves se rendent-ils à<br />
l’école? La commune de Schifflange<br />
a tenté de répondre à cette question<br />
grâce à une enquête menée auprès de ces<br />
derniers. Étonné, Guy Spanier en dévoile<br />
les résultats: «Nous avions pour objectif<br />
d’atteindre un taux de 70% des écoliers se<br />
rendant à l’école à pied d’ici 2022 et de 80%<br />
à l’horizon 2025. Il s’avère qu’aujourd’hui<br />
déjà, 74% des élèves du cycle 1 à 3 et 77%<br />
de ceux du cycle 4 se rendent à l’école à<br />
pied ou à vélo. Parmi ceux qui ne le font pas<br />
encore, ils sont plus de la moitié à manifester<br />
un intérêt pour la mobilité active».<br />
Pour encourager les plus hésitants, la<br />
commune créera de nouvelles liaisons<br />
piétonnières encore plus sécurisées.<br />
Par exemple, une liaison sera construite<br />
dans la rue Denis Netgen au sein de la<br />
cité Pärchen dans le cadre d’un PAP qui<br />
devrait être appliqué en début d’année<br />
prochaine. Grâce à celle-ci, les plus jeunes<br />
pourront relier des chemins piétons et<br />
des aires de jeu. Sur les espaces piétons<br />
existants, le balisage sera renforcé dès cet<br />
été. Par exemple, la cité Emile Mayrisch,<br />
pensée comme un «shared space» limité à<br />
30 km/h, bénéficiera prochainement d’un<br />
balisage plus clair pour parer à l’insécurité<br />
liée à l’absence de trottoir. «Nous allons<br />
également aménager des ralentisseurs<br />
près des écoles et sécuriser les passages<br />
pour piéton. Nous allons commencer<br />
cette année par équiper trois passages<br />
de la rue Denis Netgen d’une nouvelle<br />
signalisation réfléchissante et d’un<br />
éclairage LED, plus efficace lorsque la<br />
visibilité est réduite. Nous en profiterons<br />
pour les adapter aux personnes à mobilité<br />
réduite (PMR) en abaissant les trottoirs<br />
et en aménageant des dalles podotactiles<br />
pour les personnes malvoyantes», ajoute<br />
Carlo Lecuit.
Carlo Lecuit<br />
Enfin, la création d’une nouvelle école dans<br />
le quartier op Hudelen rapprochera de<br />
nombreux élèves de leur lieu de scolarité. Les<br />
stationnements pour vélos seront par ailleurs<br />
renforcés aux abords de toutes les écoles.<br />
La commune espère ainsi inciter davantage<br />
d’élèves à privilégier la mobilité active.<br />
Design for All<br />
Schifflange est une des rares communes<br />
luxembourgeoises à avoir créé une<br />
commission «Design for All» avec la<br />
participation des citoyens. Ayant ratifié<br />
la charte du même nom il y a trois ans,<br />
la commune a ainsi formalisé sa volonté<br />
d’aménager les espaces afin de permettre<br />
la circulation de tous au plus vite et sur un<br />
maximum du territoire.<br />
Ainsi, la commune commence à rénover ses<br />
passages pour piéton, dont la totalité sera<br />
adaptée au fur et à mesure aux PMR. Dans<br />
une même idée, Schifflange a collaboré<br />
avec les CFL dans le cadre de l’ajout, au<br />
sein de sa gare, d’ascenseurs suffisamment<br />
volumineux pour accueillir une chaise<br />
roulante pour permettre son accès aux<br />
quais. Un ascenseur a également été installé<br />
pour accéder à la commune devant laquelle<br />
une pente conforme à la circulation des<br />
personnes à mobilité réduite est en cours de<br />
construction. Les ateliers communaux ont<br />
par ailleurs fabriqué des rampes installées<br />
dans les abris-bus.<br />
“74% des élèves<br />
du cycle 1 à 3<br />
et 77% de ceux<br />
du cycle 4<br />
se rendent à l’école<br />
à pied ou à vélo”<br />
Guy Spanier<br />
Tous les bâtiments neufs qui appartiennent<br />
à la commune sont construits de manière à<br />
pouvoir accueillir les PMR et comprennent<br />
ainsi des infrastructures de type ascenseurs,<br />
rampes, toilettes adaptées, etc. «Nous<br />
veillons à adapter progressivement<br />
l’ensemble de nos établissements – neufs<br />
ou existants – à tous, y compris aux<br />
personnes âgées ou encore aux poussettes.<br />
Des compromis doivent toutefois parfois<br />
être trouvés par manque de place, mais<br />
même notre école provisoire du quartier op<br />
Hudelen possèdera un ascenseur!», ajoute<br />
l’échevin. Dans cette même idée, la maison<br />
des générations comprend huit chambres<br />
situées au rez-de-chaussée et équipées de<br />
cuisines réglables en hauteur. Les parkings<br />
de ces établissements prévoient des<br />
emplacements adaptés en largeur.<br />
Pour étendre cette action à tous les autres<br />
bâtiments, la commune révise actuellement<br />
son règlement sur les bâtisses, dans<br />
lequel elle exigera à l’avenir que chaque<br />
nouvelle résidence à partir de six unités
78 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
en comprenne une accessible aux PMR.<br />
Ensuite, par tranche de dix unités, une unité<br />
PMR supplémentaire devra être prévue. La<br />
même règle s’appliquera aux parkings des<br />
résidences. D’ailleurs, tout autre type de<br />
bâtiment devra également prévoir au moins<br />
un stationnement à cet effet.<br />
Et Carlo Lecuit d’ajouter: «Nous allons<br />
lancer une enquête auprès de la population<br />
pour détecter les points faibles de notre<br />
commune à ce niveau et tenter d’y remédier<br />
point par point».<br />
Prévoir l’électrification des véhicules<br />
À Schifflange, huit bornes permettent aux<br />
automobilistes de recharger leur voiture<br />
électrique. De nouvelles structures de<br />
recharge seront installées au sein du parking<br />
sous-terrain que la commune construira<br />
au centre-ville l’année prochaine ainsi<br />
que dans celui de la zone op Herbett. Les<br />
entreprises de cette zone sont par ailleurs<br />
de plus en plus demandeuses d’installations<br />
de ce type.<br />
Dorénavant, la commune impose également<br />
aux nouvelles constructions de pré-équiper<br />
l’ensemble de leurs stationnements afin<br />
de permettre un raccordement futur. Le<br />
nouveau règlement sur les bâtisses exige<br />
également 25% de pré-équipement des<br />
parkings de commerces, affectations<br />
tertiaires, professions libérales, restaurants<br />
ou bâtiments publics ainsi que 10% des<br />
stationnements des crèches, hôtels ou<br />
structures d’hébergements.<br />
Enfin, deux emplacements de car-sharing<br />
Flex ont pris place à Schifflange. «Notre<br />
règlement de subvention prévoit une<br />
participation financière aux abonnements<br />
de car-sharing de 10% sur la facture<br />
annuelle avec un maximum de 100 euros<br />
par an, pour inciter les automobilistes<br />
à utiliser ce service. Nous sommes la<br />
première commune à prévoir ce type de<br />
subvention!», se réjouit Guy Spanier. n<br />
“Nous sommes<br />
la première<br />
commune<br />
à prévoir une<br />
subvention<br />
encourageant<br />
le car-sharing”<br />
Administration communale<br />
de Schifflange<br />
L-3801 Schifflange<br />
info@schifflange.lu<br />
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80 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
Des petits ruisseaux naissent<br />
les grandes rivières<br />
Par Claire Sibella<br />
Le SICONA, Syndicat intercommunal pour la conservation<br />
de la nature, est né de l’union du SICONA Sud-Ouest, créé<br />
en 1990, et du SICONA Centre, créé en 2000, respectivement<br />
dirigés par Fernand Klopp et Yves Schaack. Protéger et<br />
conserver la nature est sa raison d’être.<br />
Fernand Klopp et Yves Schaack<br />
Mission et activités<br />
Fernand Klopp poursuit: «Au début, notre<br />
mission principale était de tailler les haies.<br />
La loi de 1982 sur la protection de la nature<br />
interdisait de les faire disparaître. Ainsi, dix<br />
communes se sont rassemblées et ont proposé<br />
aux agriculteurs de tailler gratuitement leurs<br />
haies entre octobre et février. Pour occuper<br />
nos ressources le reste de l’année, nous avons<br />
ajouté d’autres cordes à notre arc».<br />
xxxx<br />
Structure et organisation<br />
«Lorsque le SICONA Sud-Ouest est<br />
né, il comptait trois collaborateurs: deux<br />
ouvriers et un gestionnaire. Aujourd’hui,<br />
nos deux syndicats emploient 60 personnes.<br />
Chaque fois que nous pensons arriver à<br />
une phase de stabilisation de nos effectifs,<br />
nous lançons de nouveaux projets et<br />
engageons de nouveaux collaborateurs.<br />
En réalité, cette phase de stabilisation,<br />
nous ne l’avons jamais vraiment atteinte.<br />
Nous ne cessons de grandir», explique<br />
Fernand Klopp.<br />
Les effectifs du SICONA rassemblent<br />
25 ouvriers, 4 secrétaires, 6 guides<br />
pédagogiques, 8 techniciens et des<br />
universitaires de tous bords: biologistes,<br />
ingénieurs agronomes, ornithologistes, etc.<br />
Ils sont répartis à travers quatre services.<br />
Un premier service technique, un service<br />
de planification qui négocie avec les<br />
propriétaires privés, établit des conventions<br />
ou les démarches juridiques nécessaires, un<br />
service scientifique qui étudie la faisabilité<br />
des projets et en vérifie l’exécution et un<br />
service pédagogique qui sensibilise et<br />
informe, au-délà des 700 activités qu’il<br />
organise chaque année.<br />
Le SICONA compte 40 communes<br />
membres. Historiquement, 21 sont affiliées<br />
au SICONA Sud-Ouest et 19 au SICONA<br />
Centre. Géographiquement, le premier<br />
s’étend de Koerich à Dudelange et le<br />
second de Steinfort à Feulen. Yves Schaack<br />
détaille: «Les deux syndicats ont la même<br />
vocation. Notre union est régie par un<br />
contrat de coopération, nous disposons<br />
d’un organigramme commun, notre centre<br />
de biodiversité est à Olm et nos ateliers à<br />
Kehlen. Nous travaillons tous ensemble<br />
dans la même optique. En collaboration<br />
avec nos communes membres, nous<br />
élaborons des projets de protection de la<br />
nature, nous les conseillons sur le sujet et<br />
informons le grand public».<br />
Quelque 300 km de haies ont été taillés<br />
en hiver, ce qui représente la recette la<br />
plus conséquente du SICONA. Cette<br />
mission reste au cœur de ses activités, qui<br />
ne s’arrêtent cependant pas là. Le syndicat<br />
s’emploie à restaurer 500 nouvelles mares,<br />
120 ha de prairies fleuries et a planté<br />
16.000 arbres fruitiers. Le Grand-Duché<br />
dispose de 52.000 ha de prairies, dont 6.000<br />
seulement sont en bon état. Comparer<br />
le nombre d’arbres fruitiers à travers le<br />
temps est éloquent; en 1902, on comptait<br />
1.100.000 arbres fruitiers à hautes tiges<br />
sur l’ensemble du territoire, alors qu’en<br />
1992, on n’en comptait plus que 110.000 [1] .<br />
D’ailleurs, dans son Plan national pour la<br />
protection de la nature, le ministère de<br />
l’Environnement s’est fixé pour objectif de<br />
réhabiliter 15% des écosystèmes dégradés.<br />
«Restaurer les prairies fleuries, les mares,<br />
et plus largement les zones, habitats et<br />
espèces en milieu ouvert est une priorité<br />
nationale et communautaire. Leur nombre<br />
est actuellement en chute libre, il nous<br />
faut agir pour les protéger. L’exemple des<br />
zones humides est révélateur; des images<br />
aériennes prises en 1962 et en 1992<br />
montrent qu’elles ont disparu à 80%,<br />
principalement en raison des drainages<br />
des terres agricoles. Les prairies fleuries et<br />
vergers disparaissent par négligence tandis<br />
que les mares sont très peu détruites. Elles<br />
progressent donc plus vite vers l’objectif<br />
et les espèces menacées reviennent s’y<br />
réfugier rapidement. En définitive, nous<br />
touchons à des projets de longue haleine et<br />
la nature participe à nous offrir les résultats<br />
encourageants pour lesquels nous œuvrons<br />
chaque jour», conclut Yves Schaack. n<br />
[1] ASTA et natur&ëmwelt
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
81<br />
ETATS DES LIEUX<br />
COORDINATION SECURITE SANTE<br />
FORMATIONS
82 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
L’avenir sera<br />
électrique, silencieux<br />
et sans émission<br />
Partenaire des communes pour l’entretien de leurs voiries,<br />
places publiques et espaces verts, Daco dispose d’un catalogue<br />
complet de produits de plus en plus innovants et écologiques<br />
pour les soutenir dans ces travaux. Guy Lesch, directeur de<br />
la société, nous parle des marques phares avec lesquelles elle<br />
collabore et plus particulièrement des nouveautés de RAVO et<br />
FAUN dans le domaine des balayeuses et des camions à ordures.<br />
Présentez-nous votre société en<br />
quelques mots…<br />
Notre entreprise a été créée en 1965. Notre<br />
activité s’articule autour du domaine des<br />
outils d’entretien pour la voirie, les places<br />
publiques et les espaces verts.<br />
Dès les débuts de la société, nous avons<br />
créé un large service après-vente géré par<br />
un personnel formé aux produits dans<br />
l’objectif d’intervenir directement auprès<br />
de notre clientèle sur le terrain ou bien au<br />
sein de nos ateliers de réparation.<br />
Nous offrons par ailleurs un service de<br />
conseil à nos clients. Ce dernier se base sur<br />
une équipe de conseillers également formés<br />
à nos produits, sur une salle d’exposition<br />
présentant notre matériel ainsi que sur des<br />
démonstrations des machines choisies sur<br />
le terrain.
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
83<br />
Quel type de matériel fournissez-vous<br />
aux communes?<br />
Notre gamme de produits la plus vendue<br />
concerne le matériel d’entretien pour les<br />
espaces verts, les parcs et les terrains de<br />
sports. Nous collaborons dans ce cadre avec<br />
différentes marques.<br />
Grâce à KUBOTA nous fournissons par<br />
exemple des tracteurs, micro-tracteurs,<br />
tondeuses auto-portées, tondeuses à main<br />
et tailleuses de haies. La marque RAVO-<br />
MATHIEU nous permet par ailleurs<br />
d’offrir à nos clients des balayeuses<br />
de voirie compactes et auto-portées à<br />
propulsion thermique ou électrique, au<br />
volume de 1 à 5 m 3 .<br />
FAUN propose quant à elle en exclusivité<br />
des balayeuses aspirantes sur châssis-cabine<br />
équipées d’un contrôle des émissions<br />
de poussière. L’air chargé de poussières<br />
nocives est reconduit vers la buse<br />
d’aspiration et forme ainsi un circuit fermé.<br />
Peu de poussières sont finalement rejetées<br />
dans l’atmosphère. Cette marque affiche<br />
également dans son catalogue des bennes<br />
dédiées à la collecte des déchets sur châssiscabine<br />
au volume de 5 à 38 m 3 .<br />
Dans un autre domaine, nous collaborons<br />
avec LADOG pour la commercialisation de<br />
leurs porte-outils polyvalents à voie étroite<br />
assurant une maniabilité exceptionnelle<br />
grâce à sa construction particulièrement<br />
compacte et ses options inédites.<br />
Par ailleurs, une gamme complète de<br />
faucheuses débroussailleuses à bras articulé,<br />
destinée à l’entretien des accotements<br />
routiers et des espaces verts, nous est fournie<br />
par NOREMAT. Les motofaucheuses<br />
à simple essieu de REFORM et AEBI<br />
viennent compléter notre offre. Elles sont<br />
conçues spécifiquement pour les terrains<br />
en pente et difficilement praticables. Grâce<br />
à leurs dimensions compactes et leurs<br />
multiples possibilités d’utilisation, ces<br />
motofaucheuses sont très appréciées pour<br />
l’aménagement paysager des collectivités.<br />
Quant à WIEDENMANN, il s’agit d’un<br />
garant pour l’entretien professionnel<br />
dans les segments du gazon naturel et<br />
synthétique pour un sol et une pelouse en<br />
bonne santé. La marque propose en effet<br />
des méthodes simples pour l’entretien,<br />
assurant une pelouse sportive bien soignée.<br />
Enfin, une des activités premières de notre<br />
partenaire ZAUGG est le développement,<br />
la construction et la fabrication de lames<br />
à neige, d’une technique et d’une qualité<br />
de haut niveau pour le déneigement des<br />
routes, chemins et aérodromes. Les lames<br />
peuvent être aisément montées sur des<br />
tracteurs, des véhicules communaux et toutterrain<br />
de diverses marques, des chargeuses<br />
compactes, des chariots élévateurs, des<br />
transporteurs, des Unimog, des camions,<br />
des chargeuses sur roues et des véhicules de<br />
déblaiement pour aéroports.<br />
Parlez-nous plus spécifiquement de la<br />
balayeuse Ravo 5 e-Series…<br />
La RAVO 5 e-Series est une balayeuse fiable,<br />
entièrement électrique, exceptionnellement<br />
silencieuse et garantie zéro émission. Il<br />
s’agit d’une nouvelle étape dans la volonté<br />
du constructeur d’assurer le bien-être des<br />
résidents et de contribuer à un avenir sain<br />
et propre pour les habitants des villes. Basée<br />
sur une technologie éprouvée grâce à de<br />
nombreuses années d’expérience dans ce<br />
domaine, cette toute nouvelle génération<br />
est disponible depuis 2021.<br />
La RAVO 5 e-Series est conçue pour assurer<br />
une journée de travail de huit heures et offre<br />
les performances de balayage attendues, un<br />
système d’aspiration puissant ainsi qu’une<br />
capacité de charge importante variant de<br />
4.690 à 4.900 kg selon les modèles. En<br />
d’autres termes, elle représente tout ce que<br />
l’on attend d’une balayeuse, en plus d’une<br />
conception écologique et silencieuse. Selon<br />
le modèle choisi, son volume brut peut être<br />
de 4 ou 5 m 3 . Enfin, sa vitesse maximum en<br />
déplacement atteint les 40 km/h.<br />
“Intervenir<br />
directement auprès<br />
de notre clientèle<br />
sur le terrain<br />
ou bien au sein<br />
de nos ateliers”<br />
Quels sont les avantages des camions à<br />
immondices de votre partenaire FAUN?<br />
La recherche et le développement ainsi<br />
que les innovations qui singularisent ce<br />
constructeur permettent de réaliser la<br />
collecte des déchets et le balayage de la<br />
voirie avec un minimum d’impact sur<br />
l’environnement. FAUN continue de se<br />
positionner en tant que fournisseur haut de<br />
gamme de véhicules à propulsion alternative<br />
et prépare actuellement la mise en service<br />
de deux solutions: le véhicule entièrement<br />
électrique et le véhicule à pile à hydrogène<br />
(FAUN BLUEPOWER), garantis sans<br />
émission. Convenant particulièrement à<br />
la collecte des déchets, ces véhicules sont<br />
aussi basés sur une technologie existante: le<br />
système «Low Entry», avec deux marches<br />
permettant de monter et de descendre<br />
facilement de la cabine. Ils sont caractérisés<br />
par une vue large et une position basse<br />
du conducteur, ainsi le travail s’avère plus<br />
ergonomique pour ses occupants. n<br />
DACO s.a.<br />
10, rue de Bitbourg<br />
L-1273 Luxembourg<br />
www.daco.lu
84 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
L’agriculture<br />
biologique à la loupe<br />
Plus de 72,3 millions d’hectares de terres agricoles, réparties<br />
sur 187 États à travers le monde, sont aujourd’hui gérés de<br />
manière biologique par quelque 3 millions d’agriculteurs.<br />
Bénéficiant enfin du soutien des pouvoirs publics, cette<br />
méthode de production proche de la nature se heurte pourtant<br />
encore à certains obstacles d’ordre économique, sociétal<br />
ou écologique. Explications avec Änder Schanck, fondateur<br />
du groupe Oikopolis qui œuvre depuis plus de 30 ans au<br />
développement de l’agriculture biologique au Luxembourg.<br />
Tendance à la hausse pour le marché<br />
du bio<br />
La 22 e édition de «The World of Organic<br />
Agriculture», publiée en février, révèle une<br />
hausse de l’agriculture biologique et du<br />
marché du bio à l’échelle planétaire et…<br />
luxembourgeoise. Bien que la superficie<br />
sous gestion biologique y soit nettement<br />
inférieure à d’autres pays (4-5%), le Grand-<br />
Duché atteint le haut du classement à<br />
d’autres égards. En 2019, au Luxembourg,<br />
le biologique représentait 8,6% du marché<br />
total, ce qui le plaçait en 5 e position derrière<br />
le Danemark, la Suisse, l’Autriche et la Suède.<br />
En termes de consommation par habitant,<br />
le pays se hisse sur la troisième marche du<br />
podium mondial avec ses 265 euros par tête.<br />
«Ces résultats, que nous devons aussi bien<br />
au plan d’action national de promotion de<br />
l’agriculture biologique qu’aux ambitions<br />
de l’Union européenne, traduisent enfin<br />
un renversement de situation lié à la crise<br />
climatique et à un changement d’habitude<br />
des consommateurs. Il y a à peine 30 ans, il<br />
était encore inenvisageable de promouvoir<br />
l’agriculture biologique via la politique<br />
agricole commune ou le programme de<br />
développement rural», se souvient Änder<br />
Schank.<br />
Pourtant, selon lui, le bio ne pourra<br />
pleinement se globaliser sans modification<br />
profonde du système économique actuel.<br />
«Tous les agriculteurs vivent de subventions<br />
car leur activité ne leur permet pas de<br />
subvenir entièrement à leurs besoins. Aussi<br />
bien dans l’agriculture conventionnelle que<br />
biologique, c’est un problème que nous<br />
n’avons pu résoudre à la source. Après la<br />
guerre, ces subventions ont été accordées<br />
en fonction de la production, ce qui fait<br />
que les agriculteurs produisaient plus que<br />
de raison. Pour endiguer ce phénomène,<br />
les subsides ont finalement été attribués<br />
en fonction de la surface de l’exploitation<br />
et non plus de sa production. Mais cette<br />
politique se heurte à un autre problème lié<br />
cette fois à la propriété. Actuellement, 60 à<br />
62% des agriculteurs sont locataires de leur<br />
exploitation et sont contraints de partager<br />
les subventions avec leur propriétaire.<br />
L’argent injecté ne profite donc pas<br />
entièrement à leurs activités. Aujourd’hui,<br />
comme beaucoup, nous estimons qu’une<br />
subvention par tête d’ouvrier serait une<br />
solution, mais nous n’en sommes pas encore<br />
là. C’est pourquoi, chez Oikopolis, nous<br />
essayons de démontrer qu’un autre système<br />
est possible. Nous prônons un travail<br />
associatif d’un bout à l’autre de la chaine de<br />
valeur pour éviter que chaque maillon ne<br />
fasse pression sur le précédent et permettre<br />
à tous, producteurs et consommateurs, d’y<br />
trouver leur compte», explique le fondateur<br />
du groupe.<br />
L’impossible adéquation de l’offre et de<br />
la demande sur le marché national<br />
Quant à la question de savoir si les<br />
producteurs bio luxembourgeois pourront<br />
répondre à la demande croissante des<br />
consommateurs, la réponse est tout<br />
bonnement négative, pour diverses raisons.<br />
«Équilibrer l’offre et la demande est<br />
impossible dans un petit pays. Même dans<br />
un supermarché conventionnel, le client a<br />
le choix entre quelque 2.000 produits bio.<br />
On ne peut produire autant de références<br />
au Luxembourg. Le marché est désormais<br />
globalisé et, si nous revenions à une<br />
consommation régionale, nous n’aurions,<br />
d’une part, plus accès à de nombreux<br />
produits comme les oranges ou les bananes<br />
et, d’autre part, devrions consentir à<br />
dépenser davantage en raison des salaires,<br />
des frais de personnel et des loyers qui<br />
sont plus élevés au Grand-Duché. Or, un<br />
ménage luxembourgeois ne consacre que<br />
8% de ses revenus à son alimentation et,<br />
de ce fait, soutient très peu l’agriculture»,<br />
analyse Änder Schanck.<br />
“Hausse de<br />
l’agriculture<br />
biologique et<br />
du marché du<br />
bio à l’échelle<br />
planétaire”
D’ailleurs, si les chaînes de production et<br />
d’approvisionnement locales sont valorisées<br />
pour leur impact environnemental plus<br />
faible, le piège du nationalisme économique<br />
n’est pas loin. «L’exemple du lait est très<br />
représentatif à cet égard. La lactation des<br />
vaches étant indépendante de la demande<br />
des consommateurs, nous recourions<br />
précédemment à un réseau international<br />
qui permettait d’exporter ou d’importer le<br />
lait en fonction des besoins. Fin 2017, les<br />
Français n’ont plus voulu que du lait français<br />
et les autres acteurs ont suivi le mouvement.<br />
Plutôt que d’écouler notre production bio à<br />
l’étranger, nous avons dû la verser dans le<br />
pool conventionnel à un prix relativement<br />
bas. Derrière l’argument écologique brandi<br />
pour promouvoir les productions locales se<br />
dissimule parfois un certain chauvinisme»,<br />
déplore Änder Schanck.<br />
Du biologique plus écologique<br />
Malgré l’émergence de politiques favorables<br />
à l’essor de l’agriculture biologique, le<br />
groupe Oikopolis consentira prochainement<br />
à de nouveaux investissements qui devraient<br />
lui permettre de surmonter les défis de la<br />
prochaine décennie. Le premier: la loi<br />
relative aux emballages et aux déchets<br />
d’emballages selon laquelle, dès le 1 er janvier<br />
2022, les fruits et légumes frais devront<br />
être débarrassés de tout conditionnement<br />
contenant du plastique. «L’emballage<br />
des fruits et légumes biologiques revêt<br />
une importance toute particulière. Le<br />
supprimer, c’est perdre la confiance du<br />
consommateur, d’une part parce que<br />
l’étiquette garantit la traçabilité du produit<br />
(avec des informations sur le fournisseur ou<br />
la date de livraison) et d’autre part parce qu’il<br />
permet de distinguer sans doute possible<br />
les produits biologiques des produits<br />
conventionnels. C’est pourquoi nous nous<br />
battrons pour le garder tout en développant<br />
des matériaux qui soient compostables. Nos<br />
conditionnements actuels sont composés<br />
à 66% de maïs. Toutefois, dans quelques<br />
mois, nous utiliserons des emballages en<br />
cellulose 100% compostables que nous<br />
venons de mettre au point. Reste désormais<br />
Oikopolis<br />
13 Rue Gabriel Lippmann<br />
L-5365 Munscbach<br />
www.oikopolis.lu<br />
Änder Schanck<br />
à développer une étiquette biodégradable<br />
elle-aussi. Nous cherchons également des<br />
alternatives aux briques de lait composées<br />
de carton, de plastique et d’aluminium.<br />
Ces développements prennent beaucoup de<br />
temps, mais des solutions existent», dévoile<br />
Änder Schanck.<br />
D’autres défis attendent le groupe,<br />
notamment liés à la conservation, au<br />
nettoyage, au séchage et au stockage de ses<br />
céréales biologiques qui, faute de structures<br />
adéquates, passent par des entreprises<br />
étrangères relativement lointaines; un poids<br />
en termes de bilan carbone pour un groupe<br />
qui améliore continuellement son impact<br />
environnemental. n
86 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
Des bienfaits d’une<br />
consommation locale<br />
et de saison<br />
PAR MARTINA CAPPUCCIO<br />
Le confinement a eu un effet sur les consciences mais aussi sur les comportements d’achat.<br />
S’intéressant de plus près aux produits locaux, les particuliers ont montré un véritable<br />
engouement pour ces derniers. Ghislaine Soisson, chef de projet de la campagne «Sou schmaacht<br />
Lëtzebuerg» à la Chambre d’Agriculture, reste toutefois prudente: cet intérêt soudain semble<br />
aujourd’hui redescendre. Raison de plus pour poursuivre la sensibilisation des consommateurs<br />
aux avantages d’une alimentation locale et de saison.<br />
Quel est le rôle de la Chambre<br />
d’Agriculture?<br />
Notre fonction première est de promouvoir<br />
une agriculture durable, dynamique<br />
et équilibrée d’un point de vue social,<br />
écologique et financier. Avant tout, nous<br />
défendons les intérêts des agriculteurs,<br />
viticulteurs et horticulteurs et visons des<br />
objectifs comme la formation initiale et<br />
continue et la veille technologique de façon<br />
à nous tenir informés de l’évolution de la<br />
digitalisation dans le monde agricole. Nous<br />
menons également nos propres projets de<br />
recherche dans ces domaines. 60% de notre<br />
effectif s’attèle au transfert de connaissances<br />
et au renforcement des compétences auprès<br />
de différents acteurs. Cette activité prend la<br />
forme de conseils pour apprendre à mieux<br />
gérer son impact sur la nature et la protéger.<br />
Enfin, notre dernier volet concerne la<br />
promotion des produits agricoles.<br />
En quoi consiste votre campagne «Sou<br />
schmaacht Lëtzebuerg»?<br />
Elle vise à sensibiliser les consommateurs<br />
aux avantages d’une consommation locale<br />
et de saison: en évitant les longs transports,<br />
on évite également la cueillette prématurée<br />
des produits et leur détérioration pendant<br />
ces trajets. L’avantage est donc nutritionnel,<br />
mais aussi économique puisque en achetant<br />
local, le consommateur soutient toute une<br />
chaîne de production, de transformation et<br />
de vente à proximité de chez lui. Celle-ci<br />
respecte des règles strictes, lui garantissant<br />
par ailleurs un mode de cultivation<br />
sain, qualitatif et transparent. Quant<br />
aux élevages, ils sont de petite taille et<br />
respectent le bien-être des animaux dont<br />
la nourriture provient d’un circuit local<br />
également.<br />
Notre campagne vise aussi à faire<br />
découvrir au public toute la panoplie des<br />
denrées locales: si le lait ainsi que la viande<br />
bovine et porcine sont générés en quantité<br />
suffisante, d’autres produits comme les<br />
choux, brocolis, carottes, pommes-deterre,<br />
tomates, pommes, cerises, fraises et<br />
bien d’autres encore sont cultivés en plus<br />
petite quantité. D’autres fruits et légumes<br />
pourraient évidemment pousser sous<br />
serre, mais leur impact écologique serait<br />
alors bien plus grand. Nous poursuivons<br />
nos efforts pour rendre ces produits<br />
accessibles en grande surface et veillons<br />
en parallèle à faciliter le contact entre les<br />
consommateurs et les producteurs locaux.<br />
Ces derniers sont d’ailleurs référencés sur<br />
le site internet de la campagne, qui offre<br />
un service de géolocalisation permettant<br />
de trouver les plus proches en fonction de<br />
sa position.<br />
La campagne s’adresse aussi aux restaurants<br />
et à la restauration collective, qui peuvent<br />
signer une convention impliquant<br />
l’utilisation d’un certain nombre de<br />
produits luxembourgeois en échange d’une<br />
certaine visibilité.<br />
Votre site référence également les<br />
labels luxembourgeois. Que se cache-til<br />
derrière ces derniers?<br />
Tous les labels luxembourgeois disposant<br />
d’un véritable cahier des charges vérifiable<br />
par le consommateur sont en effet repris sur<br />
le site. Parmi ceux-ci, notre label «produit<br />
du terroir» a été décliné à la viande bovine,<br />
aux pommes-de-terre et à la farine/au blé.<br />
Concernant la viande bovine, par exemple,<br />
ce label garantit que la bête est née et a été<br />
élevée et abattue au Luxembourg. Pour les<br />
autres produits, il assure que la majorité de<br />
la chaîne de production a été réalisée au<br />
Luxembourg. Prochainement, nos labels<br />
bénéficieront d’une nouvelle identité<br />
visuelle et s’étendront à une gamme plus<br />
large de produits.<br />
Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture<br />
a déposé un projet de loi concernant la<br />
création d’une procédure d’agrément<br />
évaluant les labels sur base de critères<br />
techniques clairs et vérifiables, établis par<br />
les instances officielles, pour assurer la<br />
transparence envers les consommateurs.<br />
L’année écoulée a été marquée par la<br />
crise du Covid-19. Quel a été son impact<br />
sur le monde agricole?<br />
Dès le début du confinement, les<br />
agriculteurs ont été confrontés à un<br />
problème de main d’œuvre qui venait<br />
habituellement de l’étranger et qui n’a plus<br />
pu traverser les frontières. Nous les avons<br />
alors soutenus en déployant un système
d’inscription de volontaires en ligne et en<br />
assurant leur coordination. Les agriculteurs<br />
et vignerons ont ensuite dû faire face à la<br />
difficulté d’écouler la marchandise à une<br />
période où la restauration et l’événementiel<br />
étaient à l’arrêt.<br />
“Faciliter le<br />
contact entre<br />
les consommateurs<br />
et les producteurs<br />
locaux”<br />
La crise a également eu un impact sur<br />
les habitudes de consommation. Alors<br />
que nous venions de lancer une nouvelle<br />
campagne de sensibilisation sur les réseaux<br />
sociaux, le confinement a été annoncé. À<br />
travers l’analyse des statistiques sur notre<br />
site, nous avons alors constaté un tel<br />
engouement pour les denrées locales que<br />
les producteurs avaient du mal à suivre.<br />
Bien que l’intérêt ait baissé depuis, on note<br />
un accroissement dans la consommation de<br />
produits locaux en comparaison à la période<br />
«avant Covid». Il est toutefois difficile, avec<br />
si peu de recul, de savoir si cette tendance<br />
perdurera au-delà de la réouverture récente<br />
des restaurants et de la reprise d’un rythme<br />
de vie normal. En d’autres mots, nous ne<br />
savons pas s’il s’agit d’un intérêt durable<br />
développé grâce à la crise ou bien s’il s’agit<br />
d’une tendance passagère renforcée par la<br />
contrainte de repas pris exclusivement à<br />
domicile et la volonté d’éviter les grandes<br />
surfaces.<br />
xxxx<br />
La crise a indéniablement mis en évidence<br />
les bienfaits d’une consommation locale.<br />
Il parait aujourd’hui tellement évident<br />
qu’il s’agit du seul mode de consommation<br />
judicieux et durable! Le Luxembourg ne<br />
sera jamais à 100% autonome d’un point<br />
de vue alimentaire; nous pouvons toutefois<br />
privilégier les produits locaux lorsque cela<br />
est possible… n<br />
xxx<br />
xx<br />
xxx<br />
xxx<br />
email<br />
site web
88 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
Vers une agriculture<br />
durable et résiliente<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
Romain Schneider, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture<br />
et du Développement rural, et Marc Schiltz, secrétaire général<br />
du Fonds national de la recherche, ont signé un protocole<br />
d’accord le 3 juin dernier. Ce dernier lance un premier appel<br />
à projets de recherche conjoint autour de la thématique<br />
«Agriculture et systèmes alimentaires durables et résilients».<br />
Copyright: MA<br />
pour permettre au secteur agricole de faire<br />
face à ces défis avec les moyens et technologies<br />
adaptés.<br />
Trois domaines prioritaires<br />
Ce premier appel à projets vise ainsi à<br />
soutenir la recherche multidisciplinaire<br />
dans trois domaines d’adaptation prioritaires<br />
bien distincts: celle de l’agriculture<br />
luxembourgeoise au changement climatique,<br />
une autre concernant les pratiques<br />
agricoles locales en vue d’atténuer l’impact<br />
sur les ressources en eau et enfin<br />
celle des pratiques agricoles locales en<br />
vue d’atténuer l’impact sur la biodiversité<br />
et les services écosystémiques dans les<br />
agroécosystèmes.<br />
“Développer<br />
et échanger<br />
les connaissances<br />
et les expertises<br />
en matière<br />
d’agriculture”<br />
Marc Schiltz, le secrétaire général du Fonds<br />
national de la recherche, a également insisté<br />
sur l’importance des collaborations transfrontalières<br />
qui sont fortement encouragées afin<br />
de développer et échanger les connaissances<br />
et les expertises en matière d’agriculture.<br />
S’il y a un élément primordial qui constitue<br />
un avenir pérenne pour un pays, c’est<br />
bien l’agriculture. Au Luxembourg, le<br />
gouvernement a fait sa priorité de l’évolution<br />
vers des systèmes agricoles et<br />
alimentaires durables et résilients. La<br />
pandémie de Covid-19 a notamment<br />
permis d’éveiller les consciences sur<br />
l’importance d’une agriculture moderne<br />
et surtout locale. Néanmoins, de nombreux<br />
efforts en matière de protection<br />
de l’environnement, de la biodiversité<br />
et du climat s’avèrent nécessaires. Le<br />
«NaturPakt» est, par exemple, l’un des<br />
instruments mis en place récemment par<br />
le gouvernement pour récompenser et<br />
encourager les communes à protéger la<br />
biodiversité et les ressources naturelles.<br />
Marc Schiltz et Romain Schneider<br />
Consolidation, promotion et innovation<br />
Le ministère de l’Agriculture, de la<br />
Viticulture et du Développement rural<br />
ainsi que le Fonds national de la recherche<br />
ont ainsi décidé d’unir leurs forces afin<br />
d’atteindre ces objectifs en soutenant<br />
l’élaboration des différentes politiques<br />
mises en œuvre et en accélérant le processus<br />
décisionnel dans ces domaines. «La<br />
signature de ce «memorandum of understanding»<br />
s’inscrit également dans le cadre<br />
du plan de relance pour l’agriculture qui<br />
se base sur trois piliers à savoir la consolidation,<br />
la promotion et l’innovation», explique<br />
Romain Schneider. Il a également<br />
précisé que la recherche scientifique et<br />
l’innovation représentent un levier majeur<br />
Une enveloppe de deux millions d’euros<br />
L’appel à projets, dont le budget total s’élève<br />
à deux millions d’euros, a été lancé le 15 juin<br />
dernier. Une telle enveloppe financière démontre<br />
l’importance du sujet et de la collaboration<br />
entre le ministère et le FNR.<br />
Celle-ci constitue un jalon déterminant qui<br />
devrait permettre au secteur agricole d’évoluer<br />
vers des systèmes alimentaires durables<br />
et résilients, tout en renforçant sa position<br />
dans la chaîne d’approvisionnement de «la<br />
fourche à la fourchette».<br />
L’approche novatrice de cet appel à projets<br />
s’inscrit par ailleurs dans la démarche<br />
«Landwirtschaft +» qui vise le renforcement<br />
économique, social et écologique du secteur<br />
agricole. n
animaux<br />
agriculteur,<br />
cultivateur<br />
transformation / production<br />
laiterie<br />
énergie<br />
distribution en gros<br />
(transport)<br />
nature circulaire<br />
économie circulaire<br />
plantes<br />
le sol<br />
(substances nutritives)<br />
consommateur<br />
commerce de détail,<br />
restauration<br />
xxxx
90 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
DU VENDREDI 2 AU DIMANCHE 4 JUILLET 2021<br />
Un rendez-vous informatif sur l’agriculture<br />
luxembourgeoise<br />
La Foire agricole d’Ettelbruck était de retour en format hybride cette année. Pouvant<br />
accueillir jusqu’à 2.000 participants simultanément en présentiel sur inscription et<br />
avec l’application du certificat CovidCheck, 8.124 visiteurs ont ainsi pu se rendre<br />
dans la plaine du Däich en trois jours. La Foire agricole proposait également une<br />
version virtuelle de l’événement sur son site internet qui a été consulté par 30.000<br />
personnes issues de 18 pays.<br />
Au total, ce sont 170 exposants qui ont accueilli les visiteurs en présentiel,<br />
majoritairement en plein air pour limiter le risque sanitaire. Parmi ces derniers,<br />
Fair Mëllech a profité de l’occasion pour célébrer son dixième anniversaire à travers<br />
une conférence présentant ses produits laitiers locaux. Dans une même idée, la<br />
campagne «Sou schmaacht Lëtzebuerg» a proposé au public la dégustation et<br />
l’achat de produits régionaux et biologiques. En ligne, les spectateurs pouvaient<br />
assister à des interviews des exposants ainsi qu’à des reportages sur les exploitations<br />
agricoles luxembourgeoises.
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
91<br />
Matériels agricoles I Motoculture I Matériels communaux et forestiers<br />
Le monde évolue ... pourquoi pas vous ?<br />
La gamme<br />
NOUVEAU<br />
MINORIS<br />
Coupe 84cm<br />
STALKER<br />
Coupe 122cm<br />
NEMESIS<br />
Coupe 122 / 133cm<br />
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Fruit d’une collaboration démarrée en 2015 entre MGE France et Mean Green Mowers<br />
Etats-Unis, la 1ère gamme de tondeuses professionnelles 100% électriques plug-in est<br />
désormais disponible sur le continent européen. Issus de l’industrie aéronautique, les<br />
concepteurs des matériels Mean Green développent depuis 2008 une gamme complète<br />
de tondeuses électriques à zéro émission de CO2 et faible niveau sonore.<br />
Des arguments technico-économiques sans égal<br />
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• Ni achat, ni transport, ni stockage de carburant : économie importante<br />
• Zéro émission de gaz : pas de pollution de l’air<br />
• Confort d’utilisation : couple maximal dès le démarrage, faible nuisance sonore<br />
(pas de bruit lors du déplacement), faibles vibrations<br />
• Préservation de la santé des opérateurs et du public : pollution, bruit, vibrations<br />
• Fabrication en aluminium : châssis, poids réduit, absence de corrosion<br />
• Entretien limité au strict minimum : coût d’entretien fortement réduit<br />
• Filière organisée de recyclage (batteries, autres composants électriques)<br />
• Niveau de service «Gold» : mise en route, formation, habilitations électriques, révisions<br />
7h d’autonomie !<br />
Maintenance<br />
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MAJORIS<br />
Coupe 133 / 152cm<br />
Zéro<br />
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20, Aarelerstroos<br />
L-8550 Noerdange<br />
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92 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
BRÈVES COMMUNALES – NORD<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
WINSELER<br />
Une nouvelle ligne scolaire a été<br />
mise en service dans la commune.<br />
Il s’agit de la ligne 639 qui traverse<br />
Oberwampach, Winseler et Wiltz. Elle<br />
est effective depuis le 10 mai dernier.<br />
Source:winseler.lu<br />
ESCH-SUR-SÛRE<br />
Le bâtiment communal n’a pas mis<br />
en place un service permettant<br />
de réaliser des tests antigéniques<br />
rapides. Pourtant, afin de soutenir<br />
les commerces locaux du secteur de<br />
l’Horesca, le conseil communal a décidé<br />
de distribuer des tests aux restaurants,<br />
hôtels et cafés situés sur le territoire de<br />
la commune d’Esch-sur-Sûre.<br />
<br />
Source: esch-sur-sure.lu<br />
GOESDORF<br />
La commune rappelle à ses habitants<br />
que les propriétaires de chien ne<br />
doivent pas salir les trottoirs, les voies<br />
et places publiques. Lors de récents<br />
travaux d’entretien, les agents<br />
communaux ont été surpris du<br />
nombre de déjections canines. Elle<br />
invite donc ses citoyens à régler ce<br />
problème de propreté et de salubrité<br />
publiques.<br />
<br />
Source: goesdorf.lu<br />
WILTZ<br />
Après plusieurs années de travaux<br />
d’assainissement et de rénovation de<br />
la Villa Thilges, le chantier de l’hôtel<br />
de ville historique est achevé. Fin<br />
mai, l’administration communale a<br />
retrouvé son siège d’origine et les<br />
différents services communaux sont<br />
à nouveau regroupés dans un seul<br />
immeuble. Le citoyen a donc un point<br />
de contact central pour toutes ses<br />
démarches administratives auprès de<br />
l’administration communale.<br />
<br />
Source: wiltz.lu<br />
<br />
MERTZIG<br />
Le projet Leader DigiBeki a pour objectif de digitaliser Beki, la<br />
monnaie régionale du canton de Redange, et de permettre à ses<br />
utilisateurs d’effectuer des paiements avec leurs smartphones.<br />
Afin de préparer l’opération de manière optimale, les<br />
communes participantes ont mis en place un sondage pour<br />
recueillir l’avis de tout un chacun. Pour participer, il suffit de<br />
scanner le QR code disponible sur le site de la commune ou en<br />
se rendant sur: www.surveymonkey.com/r/bekipay.<br />
<br />
Source: mertzig.lu<br />
©MFAMIGR<br />
CLERVAUX<br />
En adhérant au «Pakt vum Zesummeliewen», Clervaux devient<br />
la 15 e commune signataire du pacte au Luxembourg. Ce<br />
dernier s’insère dans le projet d’intégration communale (PIC)<br />
qui a pour but de définir et de mettre en place une politique<br />
d’intégration pour un territoire déterminé. Le pacte aide à<br />
mettre en œuvre cette stratégie d’intégration plus rapidement<br />
dans la vie quotidienne des communes qui sont impliquées.<br />
<br />
Source: SIP<br />
TROISVIERGES<br />
La société Aspiravi a informé la population de Troisvierges<br />
qu’elle prévoit d’introduire une demande de permis relative<br />
à l’implantation d’un parc éolien de six éoliennes d’une<br />
puissance totale de 18 à 42 MW sur le territoire de Gouvy,<br />
entre les villages de Courtil et Beho, à quelques encablures<br />
de Troisvierges. Une présentation vidéo du projet était<br />
disponible les 3 et 4 juin derniers.<br />
<br />
Source: troisvierges.lu<br />
WILTZ<br />
Vendredi 2 juillet a eu lieu la «Journée<br />
de l’économie circulaire» au Circular<br />
Innovation HUB de Wiltz. Les<br />
thématiques étaient l’orientation<br />
de l’économie circulaire ainsi que<br />
l’importance des citoyens au niveau des<br />
prises de décision dans la commune.<br />
<br />
Source: syvicol.lu<br />
DIEKIRCH<br />
Le conservatoire national de véhicules<br />
historiques accueille l’exposition<br />
dédiée aux 100 ans d’agriculture<br />
motorisée au Luxembourg du 25 mai<br />
au 24 octobre 2021. Celle-ci revient<br />
sur les évolutions technologiques<br />
qui ont changé le paysage agricole<br />
grand-ducal.<br />
<br />
Source: diekirch.lu<br />
CLERVAUX<br />
En collaboration avec les associations<br />
de musique et de jeunesse locales,<br />
la commune de Clervaux a organisé<br />
un roadshow musical à travers<br />
ses 17 villages la veille de la fête<br />
nationale. Les mini-concerts ont eu<br />
lieu à l’extérieur et ont duré environ<br />
15 minutes dans chaque village.<br />
L’hymne national a été joué à la fin.<br />
<br />
Source: clervaux.lu<br />
DIEKIRCH<br />
En raison de travaux d‘infrastructure<br />
prévus dans la rue du Pont, la<br />
circulation à Diekirch a changé<br />
fondamentalement depuis le 31 mai<br />
2021 et la situation perdurera jusqu’à<br />
la fin de l’année, cette route principale<br />
étant en effet fermée.<br />
<br />
Source: diekirch.lu<br />
WAHL<br />
C’est une triste nouvelle pour la<br />
commune de Wahl. Son ancien<br />
bourgmestre, Marco Assa, est décédé<br />
des suites d’une longue maladie à l’âge<br />
de 45 ans. Il avait démissionné pour<br />
des raisons de santé il y a trois ans<br />
et avait été remplacé par Christiane<br />
Thommes.<br />
<br />
Source: wahl.lu
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94 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
Envisager l’avenir en incluant<br />
son histoire<br />
PAR CLAIRE SIBELLA<br />
Claude Tonino est bourgmestre de Vianden. Chef-lieu du<br />
plus petit canton du Grand-Duché, la commune connaît une<br />
évolution qu’elle souhaite marquer du sceau de la qualité, en<br />
utilisant les principaux atouts qui font sa force: les richesses<br />
de son histoire et de son patrimoine pleinement intégrées aux<br />
nombreux projets qu’elle entreprend.<br />
Claude Tonino<br />
Le tourisme<br />
L’an dernier, le conseil communal a repris le<br />
syndicat d’initiatives. Vianden a engagé une<br />
personne dédiée pour mieux commercialiser<br />
la destination, accompagner et gérer le<br />
bon fonctionnement des infrastructures<br />
et des projets touristiques et réaliser la<br />
coordination avec les acteurs du domaine.<br />
La commune a également repris l’office du<br />
tourisme, qui sera relancé et réaménagé,<br />
le télésiège qu’elle entend rendre plus<br />
attrayant et la piscine dont les travaux de<br />
réaménagement prendront fin dans deux<br />
ans pour renaître sous un concept novateur<br />
de haute qualité.<br />
Le logement<br />
Centre de développement et d’attraction<br />
(CDA), Vianden honore ses responsabilités<br />
en développant le tourisme et en<br />
investissant dans ses infrastructures. Claude<br />
Tonino précise: «Aujourd’hui, Vianden<br />
compte 2.140 habitants, 20% de plus<br />
qu’il y a dix ans. Notre petite commune<br />
grandit vite. Les investissements qu’elle<br />
consent dans le tourisme et la rénovation<br />
de ses infrastructures sont conséquents.<br />
Nombreuses sont les sollicitations en<br />
matière de budget, nous devons faire des<br />
choix».<br />
Le logement est une grande priorité. Le<br />
nouveau PAG est en cours d’élaboration;<br />
parmi ses objectifs figure la création de<br />
davantage de logements. Trouver des<br />
surfaces constructibles s’avère difficile: rares<br />
sont les terrains pouvant être viabilisés. La<br />
commune ne baisse pas les bras pour autant,<br />
et recherche des surfaces habitables pour<br />
parvenir à une mixité plus équilibrée de<br />
population. Claude Tonino détaille: «Un<br />
grand nombre de nos citoyens sont issus<br />
des mouvements migratoires, nous veillons<br />
à leur intégration. Répondre à leurs besoins<br />
est essentiel, notamment dans des situations<br />
où leur vulnérabilité est plus marquée,<br />
comme à l’école. Nous voulons donner<br />
les mêmes chances à tous les enfants, c’est<br />
un grand défi. Depuis quelques années,<br />
nous percevons des ressources financières<br />
plus étoffées de l’État; nous rénovons les<br />
infrastructures vieillissantes et trouvons<br />
de nouveaux concepts avec nos partenaires<br />
scolaires et périscolaires».<br />
À Vianden, deux maisons du Servior<br />
accueillent 160 personnes. La Croix rouge y<br />
bâtit un centre de logements d’une capacité<br />
d’accueil de quelque 70 personnes âgées.<br />
Par ailleurs, l’État rénove le vieux cloître<br />
pour le transformer en auberge de jeunesse.<br />
Ce projet de 14 millions d’euros permettra<br />
d’accueillir davantage de visiteurs à partir<br />
de fin 2022. Des logements sociaux seront<br />
bâtis dans l’ancienne auberge de jeunesse.<br />
La nature<br />
Vianden est partenaire du Parc naturel<br />
de l’Our. Ses sentiers pédestres font sa<br />
richesse; deux d’entre eux portent le label<br />
«Naturrouten». La promenade «Ourdall»<br />
relie Vianden aux bourgs voisins par des<br />
lieux enchantés. Pour améliorer la mobilité<br />
douce et les connections en son sein,<br />
Vianden a en effet conçu une promenade qui<br />
part de son centre et longe l’Our jusqu’aux<br />
abords de la ville. En collaboration avec<br />
l’administration des Ponts et Chaussées,<br />
ce projet évolue et s’achèvera dans un an<br />
et demi. Un pont cyclable finalisera la piste<br />
PC3 reliant Echternach à Vianden.<br />
Signataire du Pacte Climat, Vianden est<br />
partenaire du Naturpark-Our. La centrale<br />
hydro électrique SOE, située sur son<br />
territoire possède un réservoir d’énergie<br />
renouvelable d’envergure (1.300 MW).<br />
Construite entre 1959 et 1964, elle est la<br />
3 e plus grande centrale d’Europe et évolue<br />
constamment.<br />
Claude Tonino conclut: «Comme le disait<br />
en substance Victor Hugo, la région est<br />
méconnue mais belle et romantique. Je ferai<br />
tout pour qu’elle le soit davantage! Vianden<br />
est riche de son histoire: le château, les<br />
musées et le noyau historique bordé de<br />
remparts sont quelques exemples qui en<br />
témoignent, et la nature est magnifique.<br />
Ces richesses de notre patrimoine sont les<br />
forces de notre avenir». n
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
95<br />
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96 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
SANTÉ<br />
Un nouveau<br />
commandant à bord<br />
chez Luxembourg<br />
Air Rescue<br />
Depuis plus de 30 ans, elle opère, grâce à sa flotte d’hélicoptères<br />
et d’avions sanitaires, sur des rapatriements et des transports<br />
de malades ou de blessés des quatre coins du monde vers leur<br />
pays de résidence. En décembre, elle a reçu le prix de Gaulle-<br />
Adenauer pour sa contribution exceptionnelle au transport<br />
transfrontalier de patients atteints du Covid-19 au plus fort<br />
de la première vague pandémique. Aujourd’hui, l’a.s.b.l.<br />
Luxembourg Air Rescue (LAR) change de direction, mais pas<br />
de cap. Interview avec Frank Halmes, son nouveau CEO.<br />
Le 1 er mai, vous avez succédé à René<br />
Closter au poste de CEO de LAR.<br />
Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter<br />
ce rôle après avoir été chef des finances<br />
et des opérations?<br />
Après avoir exercé pendant 20 ans la<br />
fonction de directeur financier dans<br />
plusieurs entreprises de secteurs d’activité<br />
variés, notamment dans le sauvetage<br />
aérien, l’industrie, la construction et la<br />
promotion immobilière, je me suis senti<br />
prêt à franchir ce pas important. J’ai donc<br />
accepté la proposition du président de LAR<br />
de réintégrer son équipe au 1 er mai 2020 en<br />
tant que Deputy CEO, avec pour objectif<br />
d’assurer sa succession au poste de CEO un<br />
an plus tard. J’ai ainsi eu la chance unique de<br />
pouvoir me préparer à ma nouvelle fonction<br />
pendant un an. Je défends désormais les<br />
mêmes valeurs d’excellence que le président<br />
et fondateur de LAR, René Closter, et<br />
j’entends veiller à ce que l’organisation<br />
offre toujours le meilleur service qui soit à<br />
ses membres et à ses patients, en recourant<br />
aux meilleurs technologies et savoir-faire<br />
disponibles.<br />
Comment entendez-vous endosser<br />
votre nouveau rôle?<br />
En prenant cette fonction, j’assume<br />
aujourd’hui une grande responsabilité.<br />
Être le CEO d’une organisation aussi<br />
complexe que LAR exige un engagement<br />
et une disponibilité 7 jours sur 7, mais<br />
la passion que je voue à cette entreprise<br />
et sa mission me procure toute l’énergie<br />
nécessaire. Je suis toujours à l’écoute<br />
de mes collaborateurs pour, au moment<br />
opportun, pouvoir prendre les bonnes<br />
décisions dans l’intérêt de l’entreprise, de<br />
nos patients et de nos clients. Évidemment,<br />
je peux compter sur une équipe formidable<br />
et je suis épaulé par de très bons managers<br />
avec lesquels je m’efforce d’élaborer<br />
l’orientation stratégique du groupe tout<br />
en assurant notre travail quotidien et les<br />
projets en cours.<br />
Vous avez pris les commandes de<br />
l’association en pleine pandémie. Quels<br />
sont les défis ajoutés par ce contexte?<br />
En Europe, nous sortons de la troisième<br />
vague épidémique tout en étant bien<br />
conscients que la pandémie n’est pas encore<br />
terminée et que de nouvelles répercussions<br />
risquent de se manifester. La gestion de crise<br />
est la discipline reine d’un CEO. Un bon<br />
chef d’entreprise s’intéresse naturellement<br />
au bien-être de ses collaborateurs et de<br />
ses clients. C’est pourquoi, notre premier<br />
défi majeur a été de protéger efficacement<br />
nos équipes d’intervention – à savoir les<br />
pilotes, les infirmiers et les médecins –<br />
contre le coronavirus pour éviter tout<br />
risque de paralysie de nos opérations de<br />
sauvetage aérien. C’est grâce à l’expérience<br />
professionnelle que nous avons acquise<br />
pendant la crise Ebola, que les processus<br />
adéquats ont pu être mis en place si<br />
rapidement en 2020.<br />
L’autre défi auquel nous avons dû faire face<br />
durant la crise a été d’assurer la survie de<br />
notre branche d’activité «air ambulance»<br />
fortement impactée par la mise à l’arrêt<br />
quasiment totale du tourisme et des<br />
voyages. À l’initiative de René Closter,<br />
nous avons proposé un support logistique<br />
et en personnel médical et paramédical<br />
au ministère de la Santé et au Haut-<br />
Commissariat à la Protection nationale.<br />
C’est ainsi que nous avons ouvert, en avril,<br />
un centre de vaccination dans le hangar<br />
opérationnel de LAR. Cette nouvelle<br />
mission nous a permis d’occuper une partie<br />
de notre personnel médical et paramédical<br />
ainsi que du personnel naviguant. Un<br />
groupe de travail s’est également penché sur<br />
une analyse des besoins et des perspectives<br />
du marché au-delà de la crise dans le but<br />
de réajuster notre stratégie quant à notre<br />
flotte. Certains experts estimant que les
secteurs de l’aviation et du tourisme ne<br />
réatteindront leur niveau d’avant la crise<br />
qu’en 2025, nous avons décidé de réduire<br />
notre flotte d’avions de six à quatre mais<br />
l’avons diversifiée afin de répondre au mieux<br />
à la demande du marché international pour<br />
les missions de transport aérien au-delà<br />
des frontières européennes. Parallèlement,<br />
nous nous sommes dotés de nouveaux<br />
équipements médicaux que nous avons<br />
développés avec la société Euro-Composites<br />
basée à Echternach.<br />
Comment envisagez-vous l’avenir de<br />
LAR?<br />
Je suis optimiste quant à l’avenir de notre<br />
organisation. La crise sanitaire a réaffirmé la<br />
raison d’être de LAR au Grand-Duché, mais<br />
également par-delà ses frontières et je me<br />
réjouirais si nous pouvions, dans les mois ou<br />
les années à venir, exporter notre expertise<br />
dans le sauvetage aérien vers la Grande<br />
Région, notamment vers la province de<br />
Luxembourg et la Lorraine. Nos missions<br />
transfrontalières en Rhénanie-Palatinat et<br />
en Sarre témoignent bien des services que<br />
LAR peut fournir au grand public.<br />
“J’entends<br />
veiller à ce que<br />
l’organisation<br />
offre toujours<br />
le meilleur service<br />
qui soit”<br />
Souhaitez-vous adresser un message<br />
à vos membres ou aux citoyens qui<br />
envisageraient de le devenir?<br />
Je tiens à remercier les 180.000 membres<br />
de LAR pour leur fidélité. Grâce à leur<br />
Luxembourg Air Rescue A.s.b.l.<br />
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cotisation annuelle, ils assurent la pérennité<br />
de notre organisation et, par là, du sauvetage<br />
aérien au Luxembourg. Nos membres et<br />
nos patients sont notre raison d’être et nous<br />
évoluerons en maintenant leurs intérêts<br />
au centre de nos réflexions. Je remercie<br />
également tous les citoyens qui ont choisi<br />
de se faire vacciner par nos infirmiers et<br />
médecins au centre de vaccination du Findel.<br />
Enfin, je suis heureux de pouvoir annoncer<br />
que nous reprendrons, à partir du 15 juillet,<br />
les visites guidées des infrastructures de<br />
LAR pour les groupes intéressés. Pour<br />
y participer, il suffit d’envoyer un email à<br />
rédaction@lar.lu ou d’appeler le 48 90 06. n
98 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
SANTÉ<br />
Pour une santé<br />
publique cohérente<br />
et durable<br />
PAR MARC AUXENFANTS<br />
Selon Paulette Lenert, ministre de la Santé, notre pays a<br />
besoin d’une stratégie forte avec une vision inspirante et<br />
partagée, face aux défis sanitaires actuels et futurs. Une vision<br />
à long terme dont elle a fait sa principale mission, en pariant<br />
sur la digitalisation des démarches et des outils, au service des<br />
citoyens.<br />
Comment le ministère de la Santé<br />
intègre-t-il la digitalisation dans son<br />
propre fonctionnement?<br />
Avec la pandémie, nous avons accéléré<br />
nos démarches digitales, notamment<br />
en termes de centralisation et de<br />
structuration des données. Aussi, nous<br />
avons très rapidement mis en place des<br />
banques de données et des outils de<br />
monitoring, avec le soutien du Centre des<br />
Technologies de l’Information de l’État<br />
(CTIE). Ceci afin de recueillir de manière<br />
centralisée un maximum d’informations<br />
nécessaires par exemple sur les tests<br />
Covid-19, les capacités des lits dans les<br />
hôpitaux, etc.<br />
Nous avons ainsi pu promouvoir en<br />
interne une certaine culture de la gestion<br />
des données. Ce qui nous a aussi permis<br />
de mesurer la plus-value d’une telle<br />
démarche, en termes de gain de temps,<br />
de fiabilité et de qualité, que ce soit<br />
dans notre travail au quotidien, dans nos<br />
estimations et projections ou encore,<br />
évidemment, dans nos prises de décisions.<br />
À l’avenir nous devons continuer dans cette<br />
approche digitale, que ce soit au niveau de<br />
nos tâches quotidiennes ou de projets comme<br />
le programme «Gesondheetsdësch».<br />
Sur base aussi des expériences réalisées sur<br />
la réserve sanitaire, nous avons un projet<br />
de registre digital des professions de santé;<br />
jusqu’à présent nous travaillions avec des<br />
données très administratives et sur papier,<br />
mais la pandémie nous a fait ainsi réaliser<br />
qu’il fallait très rapidement instaurer un<br />
registre digital avec les différentes instances<br />
concernées.<br />
Quelles autres applications et solutions<br />
digitales prévoyez-vous dans les prochains<br />
mois?<br />
Nous sommes en discussion sur le projet<br />
du tiers payant actuellement en phase de<br />
test, qui reposera sur une application de<br />
paiement direct très conviviale. Je pense par<br />
ailleurs au Dossier de Soins Partagés (DSP),<br />
le dossier médical électronique du patient<br />
qui vient d’être lancé. Nous cherchons là<br />
aussi à familiariser la patientèle avec cette<br />
façon de fonctionner.<br />
Nous prévoyons en outre le lancement<br />
d’une nouvelle application mobile, qui vise<br />
à dématérialiser un peu plus la gestion des<br />
mémoires d’honoraires et des ordonnances,<br />
avec comme avantage que les salariés<br />
pourront par exemple disposer de leur<br />
certificat d’incapacité de travail directement<br />
via un PC ou un téléphone. D’autres<br />
chantiers ont été lancés indépendamment<br />
de la pandémie, comme le certificat de<br />
vaccination électronique.<br />
Quels sont les grands axes santé des<br />
mois à venir?<br />
Aujourd’hui, il s’agit de saisir l’occasion<br />
post-pandémie et de poursuivre les objectifs<br />
du «Gesondheetsdësch» à savoir: définir des<br />
mesures destinées à améliorer l’efficacité<br />
du système de santé en tenant compte des<br />
besoins de la population, de l’évolution des<br />
techniques médicales et des ressources dont<br />
dispose le pays. Aussi le développement<br />
rapide des nouvelles technologies de santé<br />
et le progrès médical représentent des défis<br />
majeurs pour la pérennité de notre système.<br />
Ceux-ci ont en effet rendu plus pressante<br />
la nécessité d’en améliorer l’efficacité et la<br />
résilience.<br />
Chaque patient doit avoir droit à des soins<br />
de qualité et bénéficier de la meilleure prise<br />
en charge possible, à la pointe du progrès,<br />
que ce soit au niveau des soins primaires,<br />
secondaires ou encore de la prévention. Dans<br />
ce sens, la santé mentale de nos citoyens me<br />
tient particulièrement à cœur, et nous allons<br />
nous investir davantage encore dans les mois<br />
à venir dans ce domaine.<br />
Cette pandémie a en effet mis à rude<br />
épreuve l’ensemble du secteur de la santé.<br />
Elle a souligné plus que jamais l’importance<br />
des professionnels de la santé – médecins,<br />
infirmiers, aides-soignants, etc. – et a attiré<br />
l’attention sur leur rôle de pilier indispensable<br />
dans notre système de santé national.<br />
Je me réjouis d’autant plus que nous avons<br />
pu mettre en place conjointement avec<br />
le ministère de l’Éducation nationale, de
l’Enfance et de la Jeunesse, le ministère<br />
de l’Enseignement supérieur et de la<br />
Recherche, le ministère de la Sécurité<br />
sociale, et le ministère de la Famille, de<br />
l’Intégration et à la Grande Région, une<br />
réforme de l’exercice et des formations de<br />
certaines catégories de professions de santé<br />
au Luxembourg, qui vise aussi à assurer<br />
l’attrait de ces professions.<br />
Quelles sont actuellement vos grandes<br />
priorités face à la pandémie?<br />
La vaccination, la vaccination et encore<br />
la vaccination! L’accès à des vaccins sûrs<br />
et efficaces contre le Covid-19 est bien<br />
évidemment un élément-clé du dispositif<br />
national pour sortir peu à peu de cette<br />
pandémie. Cette approche nous permettra<br />
un retour progressif à la normale. En<br />
attendant, et à court terme, nous ne devons<br />
cependant pas lâcher prise, mais, optimiste<br />
de nature, je suis confiante dans l’idée que<br />
nous allons y arriver.<br />
Ensuite, j’ai beaucoup de respect pour les<br />
avancées de la recherche et espère qu’il<br />
sera possible de développer dans un avenir<br />
proche un traitement médical efficace<br />
contre le Covid-19.<br />
Comment envisagez-vous la politique<br />
de santé post-Covid-19?<br />
Pour élaborer une politique de santé<br />
publique cohérente, durable et capable de<br />
répondre aux grands défis que rencontre<br />
notre système de santé, il est nécessaire<br />
de prendre en compte l’ensemble des<br />
facteurs qui influent sur notre état de<br />
santé: la génétique, les habitudes de vie,<br />
les conditions de travail, l’environnement,<br />
l’habitat et les relations sociales et familiales<br />
– chaque fois en plaçant le patient au<br />
centre des réflexions. Mettre en place une<br />
politique active de promotion de la santé et<br />
de prévention des facteurs à risque, tout au<br />
long de la vie, est ainsi une autre de mes<br />
priorités.<br />
“Nous avons<br />
pu promouvoir<br />
en interne une<br />
certaine culture<br />
de la gestion<br />
des données”<br />
xxxx<br />
Paulette Lenert
100 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
SANTÉ<br />
“Nous ne devons<br />
pas lâcher prise,<br />
mais, optimiste<br />
de nature,<br />
je suis confiante<br />
dans l’idée<br />
que nous allons<br />
y arriver”<br />
Pour cela, notre pays a besoin d’une<br />
stratégie forte en santé publique avec<br />
une vision inspirante et partagée. Cette<br />
stratégie à long terme devra se matérialiser<br />
dans un plan national Santé, comme prévu<br />
dans le programme de gouvernement<br />
2018-2023. C’est pourquoi le volet «La<br />
santé par la prévention: un changement de<br />
paradigme» est un des thèmes majeurs du<br />
«Gesondheetsdësch».<br />
Un accent fort sera donc mis sur la prévention,<br />
afin d’améliorer la lutte contre les<br />
maladies chroniques – surtout celles<br />
causées par des facteurs de risque liés à<br />
l’hygiène de vie, notamment le tabagisme, la<br />
consommation abusive d’alcool, les régimes<br />
alimentaires non équilibrés et l’inactivité<br />
physique – et la promotion des modes de<br />
vie sains sera activement poursuivie. En ce<br />
sens, la question de la santé est également<br />
une question éminemment sociale.<br />
Autre dossier que je considère comme<br />
prioritaire pour les mois à venir: le renforcement<br />
des soins primaires! Il est essentiel<br />
que le système de santé luxembourgeois<br />
puisse reposer sur un réseau solide de<br />
médecins et de professionnels de santé.<br />
Le médecin-généraliste traitant doit<br />
être la pierre angulaire dans le parcours<br />
médical de chaque individu et surtout des<br />
patients atteints de maladies chroniques.<br />
Il m’importe de créer un environnement où<br />
tous les acteurs se retrouvent, tant au niveau<br />
hospitalier qu’extrahospitalier.<br />
Plus généralement, quelles leçons<br />
personnelles, professionnelles et politiques<br />
tirez-vous de cette expérience<br />
depuis votre arrivée au gouvernement et<br />
au ministère de la Santé?<br />
La plus grande leçon que je tire de cette<br />
expérience ministérielle, mais qui se<br />
confirme aussi à travers mes précédentes<br />
expériences professionnelles, c’est qu’il<br />
est essentiel de savoir travailler en<br />
équipe. Pour moi, c’est bien là la force<br />
de notre pays et de la fonction publique<br />
luxembourgeoise que de pouvoir se<br />
connaître, de pratiquer le networking et le<br />
travail collaboratif. Par conséquent, nous<br />
avons tous tout intérêt à nous serrer les<br />
coudes, à travailler ensemble de manière<br />
flexible, pour mutualiser sur ce qu’on sait<br />
bien faire et ne pas commencer à faire sa<br />
propre cuisine, chacun dans son coin. n<br />
En quoi consiste le programme<br />
«Gesondheetsdësch»?<br />
Ce programme réunit tous les acteurs de<br />
terrain pour définir une vision partagée du<br />
système de santé de demain, qui tient compte<br />
des défis existants tout en restant attractif pour<br />
le patient et pour le prestataire. Les idées et<br />
suggestions des parties prenantes serviront<br />
de base à l’élaboration du Plan National Santé.<br />
Le programme compte actuellement<br />
treize projets, dont:<br />
• La création d’un registre digital unique<br />
pour les professions de santé qui répertorie<br />
en temps réel des données actualisées sur<br />
tout le personnel de santé (actif/inactif), afin<br />
d’effectuer une projection des ressources<br />
disponibles dans les différentes professions;<br />
• La mise en place d’un paiement immédiat<br />
direct pour le remboursement des frais de<br />
maladie à l’assuré. Le système sera opérationnel<br />
dès 2023;<br />
• La digitalisation du tiers payant social – à savoir<br />
la prise en charge directement par la Caisse<br />
nationale de santé des prestations médicales<br />
et dentaires des personnes sans ressources<br />
– simplifiera les formalités administratives<br />
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102 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
BRÈVES MINISTÉRIELLES<br />
PAR RAOUF HATIRA<br />
Ministère de l’Intégration<br />
Le racisme et les discriminations<br />
ethno-raciales sont-ils répandus au<br />
Luxembourg? Quels sont les groupes<br />
de personnes principalement visés?<br />
Dans quels contextes et situations<br />
les résidents perçoivent-ils des actes<br />
et traitements discriminatoires? Où<br />
et comment agir pour lutter contre<br />
ces phénomènes? Voici quelques<br />
questions auxquelles une grande<br />
enquête nationale tentera de<br />
répondre. Conçue notamment en<br />
collaboration avec le LISER, cette<br />
enquête a réuni des données qui<br />
seront in fine prises en compte dans<br />
la formulation de recommandations<br />
politiques en matière de lutte contre le<br />
racisme et les discriminations.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère de la Culture<br />
Le ministère de la Culture a présenté<br />
son rapport sur l’état des lieux du<br />
secteur du théâtre. Deux tables rondes<br />
ont donné lieu à des échanges sur<br />
les principaux enjeux auxquels le<br />
secteur doit faire face. La durabilité<br />
et l’écoresponsabilité au théâtre<br />
figuraient au centre des échanges. Il<br />
<br />
s’agit de concrétiser dans les modes<br />
de production des spectacles la prise<br />
de conscience à la fois écologique et<br />
patrimoniale, tout en tenant compte<br />
des revendications des professionnels.<br />
Le ministère assure qu’il continuera<br />
à s’engager pour créer les conditions<br />
cadres permettant aux créateurs<br />
culturels de vivre de leur métier.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère de la Santé<br />
Les premières invitations pour se<br />
faire vacciner contre le coronavirus<br />
ont été envoyées à la fin du mois de<br />
juin aux adolescents âgés de 12 à<br />
17 ans. Selon les recommandations<br />
du Conseil supérieur des maladies<br />
infectieuses (CSMI), la priorité<br />
sera donnée aux plus vulnérables.<br />
Les jeunes concernés recevront<br />
en fonction de leur âge une<br />
invitation par courrier postal de la<br />
part du ministère de la Santé, avec<br />
indication détaillée de la démarche<br />
à suivre pour prendre rendez-vous<br />
dans un des centres de vaccination<br />
de leur choix.<br />
<br />
Source: SIP<br />
<br />
<br />
Ministère de l’Enseignement supérieur<br />
Pour la rentrée 2021/2022, trois nouveaux BTS seront accrédités<br />
par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche<br />
pour la période comprise entre le 15 septembre 2021 et le 14<br />
septembre 2026. Les BTS «Cybersecurity», «Digital Content» et<br />
«Assistant juridique» nouvellement accrédités sont des formations<br />
d’enseignement supérieur à finalité professionnelle, qui débouchent<br />
sur un diplôme national d’enseignement supérieur. Les programmes<br />
d’études sont élaborés en étroite collaboration avec les lycées<br />
concernés et les milieux professionnels de ces secteurs.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère de la Digitalisation<br />
Le ministère de la Digitalisation, en collaboration avec le<br />
ministère de la Santé, ont présenté les modalités d’émission<br />
et d’utilisation des certificats Covid numériques de l’UE ainsi<br />
que le fonctionnement de l’application mobile nationale<br />
CovidCheck.lu. Le certificat EU DCC sera applicable dans tous<br />
les États membres de l’UE à partir du 1 er juillet 2021 pour une<br />
durée de douze mois. Les États membres disposeront d’une<br />
période de transition de six semaines pour le mettre en œuvre.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère de l’Égalité<br />
entre les femmes et les hommes<br />
Le ministère de l’Égalité conjointement à celui de l’Éducation<br />
ont présenté leurs actions pour faire émerger une véritable<br />
culture de l’égalité entre les sexes dès les premières années<br />
de la scolarité. Taina Bofferding a mis en avant une approche<br />
transversale pour sensibiliser les enfants et adolescents à<br />
l’égalité entre les sexes. Il s’agit de prévenir des comportements<br />
et violences sexistes, d’éviter les discriminations et de savoir<br />
identifier les stéréotypes sexués. Ce travail à long terme se veut<br />
une partie intégrante de l’éducation nationale.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère de la Mobilité<br />
Malgré le confinement et le télétravail, le bilan de la gratuité<br />
du transport est positif, selon François Bausch, ministre de la<br />
Mobilité. Les pics journaliers atteignent actuellement 45.000<br />
passagers. L’ouverture du prolongement du tram vers la gare<br />
a joué un rôle dans ce regain d’intérêt pour les transports en<br />
commun. Dès la fin du télétravail prévu pour l’automne, le<br />
nombre de passagers pourrait atteindre les 80.000 par jour,<br />
selon les estimations de Luxtram.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère de l’Économie<br />
Le ministère de l’Économie a présenté<br />
«Ons Wirtschaft vu muer», une<br />
feuille de route pour accompagner<br />
la transformation de l’économie<br />
luxembourgeoise à l’horizon 2025.<br />
Celle-ci préconise la mise en place<br />
pour les prochaines années d’une série<br />
d’actions concrètes à court et moyen<br />
termes. Elle s’appuie sur les orientations<br />
gouvernementales stratégiques déjà<br />
existantes, notamment dans les<br />
domaines de l’économie circulaire,<br />
de l’intelligence artificielle ou de la<br />
digitalisation et sur les objectifs de<br />
neutralité climatique à l’horizon 2050.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère<br />
du Développement durable<br />
Le nouveau portail de l’économie<br />
circulaire, lancé le 22 juin dernier par<br />
plusieurs ministères, est une plateforme<br />
gouvernementale permettant<br />
de partager des informations relatives<br />
à la «Stratégie Kreeslafwirtschaft<br />
Lëtzebuerg» et de communiquer<br />
sur sa mise en œuvre pratique avec<br />
les parties prenantes publiques et<br />
privées. Le portail fournit un point<br />
de contact unique pour cette thématique<br />
transversale et sera, à terme,<br />
disponible en quatre langues: luxembourgeois,<br />
français, allemand et<br />
anglais, afin d’assurer sa visibilité<br />
nationale et internationale.<br />
<br />
Source: SIP<br />
Ministère du Logement<br />
Le ministre du Logement Henri<br />
Kox a présenté le premier rapport<br />
du Fonds spécial de soutien au<br />
développement du logement. En<br />
2020, le gouvernement a participé<br />
à hauteur de presque 100 millions<br />
d’euros à la réalisation de logements<br />
abordables au Luxembourg. Cet effort<br />
va vraisemblablement être doublé<br />
au cours des cinq prochaines années<br />
afin d’assurer la création de plus de<br />
4.000 logements abordables d’ici<br />
2025. Près de 53% des logements<br />
réalisés en 2020 étaient destinés à<br />
la location. Le gouvernement s’est<br />
donné pour priorité d’augmenter<br />
considérablement dans les années<br />
à venir l’offre en logements publics<br />
abordables locatifs.<br />
<br />
Source: SIP
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021 103<br />
Energie fir<br />
haut a muer<br />
Depuis plus de 120 ans, nous sommes actifs dans<br />
la fourniture et la distribution de gaz naturel.<br />
Notre activité principale a certes toujours été<br />
le gaz naturel, mais en tant qu’acteur responsable<br />
sur le marché de l’énergie, nous sommes<br />
disposés à soutenir la transition énergétique.<br />
Dans cette optique, nous avons soutenu<br />
plus de 4.000 projets d’économies d’énergie<br />
depuis 2015 auprès de nos clients. En 2018<br />
alors, nous avons mis en place le projet éolien<br />
SUDWAND et parallèlement nous développons<br />
l’installation et l’exploitation de projets<br />
photovoltaïques, afin de produire localement<br />
de l’énergie verte.<br />
SUDGAZ se trouve en pleine transition et afin<br />
de manifester l’expansion de nos activités visà-vis<br />
de nos clients, de nos partenaires et de nos<br />
actionnaires, SUDGAZ devient SUDenergie.<br />
Ensemble, contribuons au<br />
développement durable !<br />
sudenergie.lu
104 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
Une vie de passionné,<br />
dévouée au football<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
PORTRAIT<br />
Fervent amoureux d’un sport qui l’a façonné en tant qu’homme durant toute sa vie, Paul<br />
Philipp, président de la Fédération Luxembourgeoise de Football (FLF), porte un regard un<br />
brin nostalgique mais rempli d’espoir sur la situation actuelle du football et les valeurs qu’il<br />
véhicule. Guidé par une passion et une humilité qui l’animent depuis qu’un ballon lui est<br />
tombé entre les pieds, il se pose comme le garant d’un football sans artifice. Portrait d’une<br />
personnalité à la bonhommie communicative qui a toujours œuvré en faveur du football<br />
luxembourgeois, de son développement et de son rayonnement à l’international.<br />
De l’Avenir Beggen au Standard de Liège<br />
en passant par l’Union saint-gilloise<br />
«J’ai officiellement commencé à jouer au<br />
football à l’âge de dix ans avec une première<br />
licence à l’Avenir Beggen. À l’époque c’était<br />
l’âge minimal pour s’inscrire dans un club»,<br />
se remémore Paul Philipp, actuel président de<br />
la Fédération Luxembourgeoise de Football.<br />
Officieusement, comme tous les gamins, il<br />
tapait déjà dans le ballon dans la rue. À seize<br />
ans seulement, le jeune milieu de terrain<br />
intègre l’équipe première et deux années plus<br />
tard, voilà qu’il remporte le championnat<br />
luxembourgeois et jouit déjà de quelques<br />
sélections avec l’équipe nationale. De quoi<br />
attirer les regards à l’étranger et notamment<br />
du côté belge. Nous sommes alors en 1968 et<br />
Paul Philipp s’apprête à découvrir un nouveau<br />
club à Bruxelles. «Malgré tout, je me devais<br />
de réussir ma dernière année d’école avant de<br />
passer de l’autre côté de la frontière. C’était la<br />
condition que mes parents avaient fixée pour<br />
mon transfert. Je me suis malheureusement<br />
planté et j’ai dû attendre l’année suivante<br />
pour enfin signer à l’Union saint-gilloise en<br />
première division belge», détaille-t-il.<br />
Il portera les couleurs jaune et bleu durant<br />
cinq saisons avant de faire ses valises pour le<br />
Standard de Liège où il jouera entre 1974 et<br />
1976. Il enfilera ensuite de nouveau le maillot<br />
de l’Union saint-gilloise durant quatre ans<br />
avant de bourlinguer du côté de Charleroi<br />
jusqu’en 1983 pour finalement revenir au club<br />
de ses débuts, à Beggen, en tant qu’entraîneurjoueur,<br />
puis de devenir sélectionneur du<br />
Luxembourg de 1985 à 2001.<br />
«Depuis quand joue-t-on au foot au<br />
Luxembourg?»<br />
L’homme aux 54 sélections a les yeux qui<br />
brillent lorsqu’il se replonge dans ses<br />
souvenirs et dans ses quelques anecdotes qui<br />
ont jonché une carrière à son image: celle<br />
d’un joueur, d’un entraîneur et d’un dirigeant<br />
animé par l’esprit collectif et l’amour du<br />
ballon rond. En sélection de 1968 à 1982,<br />
Paul Philipp a eu l’occasion de découvrir les<br />
plus prestigieux stades d’Europe ainsi que<br />
les grands joueurs qui ont marqué les années<br />
1970. «Le batave Johann Cruyff, que l’on<br />
surnommait le «Hollandais volant», était un<br />
joueur incroyable. C’est lui qui m’a le plus<br />
marqué sur le terrain. Je ne voyais que son<br />
dos et son numéro de maillot tellement il<br />
était talentueux, hors norme et toujours en<br />
avance par rapport aux autres», plaisante<br />
Paul Philipp.<br />
“Si j’ai été élu,<br />
c’est uniquement<br />
pour développer<br />
le football<br />
luxembourgeois”<br />
Dans ces mêmes années, si quelques joueurs<br />
luxembourgeois, tels que Nico Braun,<br />
Fernand Jeitz ou encore Johnny Leonard,<br />
se font un nom chez les spécialistes, force<br />
est de constater que le Grand-Duché n’était<br />
pas considéré comme une nation de football.<br />
«Durant la saison 1974-1975, lors de ma<br />
première année au Standard de Liège, j’ai<br />
travaillé avec l’entraîneur hollandais Cor<br />
Van Der Hart. À son arrivée, tous les joueurs<br />
se sont mis en rang devant lui et le délégué<br />
a présenté chacun d’entre eux. À ce dernier,<br />
j’ai demandé de ne pas dévoiler que j’étais<br />
Luxembourgeois... Il l’a bien évidemment<br />
dit au coach (rires). L’entraîneur a alors fait<br />
un pas en avant, puis est revenu vers moi, ni<br />
une ni deux, en me lançant perplexe: «depuis<br />
quand joue-t-on au foot au Luxembourg?»,<br />
alors que j’arpentais déjà les terrains de<br />
première division belge depuis cinq ans»,<br />
sourit le natif de Dommeldange.<br />
Une expérience à l’étranger payante pour<br />
développer le football luxembourgeois<br />
Président de la Fédération Luxembourgeoise<br />
de Football depuis février 2004, Paul Philipp<br />
s’est dépensé sans compter pour apporter une<br />
réponse forte à cette légère pointe d’ironie.<br />
Sa riche expérience à l’étranger en tant que<br />
joueur et ensuite en tant que sélectionneur,<br />
lui a permis de pointer les quelques failles qui<br />
empêchaient d’améliorer le développement du<br />
football au Grand-Duché. «Dès mon arrivée<br />
à la tête de la Fédération, j’ai constitué une<br />
équipe pour m’entourer. Une seule personne<br />
ne peut pas être spécialiste de la formation, des<br />
aspects juridiques, de la communication ou<br />
encore de la finance. La présidence, certains<br />
la voient comme une opportunité de rebondir<br />
ailleurs et d’entamer une carrière politique<br />
dans les instances européennes ou mondiales<br />
du football. Je ne suis pas de ceux-là. Si j’ai<br />
été élu, c’est uniquement pour développer le<br />
football luxembourgeois», affirme l’ancien<br />
joueur de Beggen.<br />
Animé par sa passion, Paul Philipp se rend<br />
tous les jours au siège. Les terrains ne l’ont<br />
jamais quitté et vice versa. «Nous avons établi<br />
d’autres statuts et unifié la Fédération, ici à<br />
Limpach, avec de nouvelles infrastructures,<br />
des terrains synthétiques et surtout un dôme<br />
couvert pour continuer à pratiquer le ballon<br />
rond même en hiver, lorsque les conditions<br />
climatiques sont inadéquates. Nous avons
<strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021 105<br />
Paul Philipp
106 <strong>LG</strong><br />
JUILLET / AOÛT 2021<br />
PORTRAIT<br />
les conditions contraignantes qui y sont<br />
inhérentes. Le marché ne le permet pas d’un<br />
point de vue financier mais cela n’empêche<br />
pas d’avoir quelques clubs professionnels»,<br />
explique Paul Philipp.<br />
également construit une école de football<br />
il y a douze ans. C’était un investissement<br />
colossal qui représentait environ un quart de<br />
notre budget mais celui-ci était nécessaire.<br />
L’idée est de pouvoir préformer des jeunes.<br />
Cela permet de constituer un vivier de joueurs<br />
nationaux solide, d’exporter ces talents<br />
dans les grands championnats étrangers et<br />
de nouer des collaborations avec certains<br />
clubs comme le FSV Mainz en Bundesliga,<br />
où trois Luxembourgeois se trouvent déjà<br />
dans l’effectif, ou le FC Metz en Ligue 1.<br />
Ce n’est qu’en côtoyant le haut niveau que<br />
l’on progresse et c’est dans cette optique<br />
que nous avons créé cette école de football.<br />
À terme, l’équipe nationale pourra être plus<br />
compétitive», précise l’homme de 70 ans. Il<br />
suffit de jeter un œil sur les récents résultats<br />
face à l’Irlande ou il y a quelques années face<br />
à la France pour constater les nets progrès<br />
de l’équipe dirigée par le sélectionneur Luc<br />
Holtz. La sélection nationale disposera, en<br />
plus, d’une belle vitrine avec le nouveau<br />
stade qui devrait être inauguré en septembre<br />
prochain face à l’Azerbaïdjan.<br />
«Ce serait la mort du football»<br />
La démarche est calme, assurée et surtout<br />
rassurante lorsque Paul Philipp arpente les<br />
infrastructures modernes de la FLF. Avec<br />
40.000 licenciés et plus d’une centaine de<br />
clubs, le football fait partie des sports les plus<br />
populaires au Grand-Duché mais n’a pas été<br />
épargné par l’épidémie de Covid-19. Malgré<br />
tout, les sponsors n’ont pas lâché la Fédération<br />
et même si les pertes financières ont tout de<br />
même affecté l’instance nationale, le patron<br />
du football grand-ducal regrette notamment<br />
que les jeunes n’aient pas pu jouer plus<br />
rapidement. S’il ne renie pas l’importance de<br />
l’argent, il promeut d’abord la pureté de son<br />
sport et de ses valeurs, comme un pied de nez<br />
au «foot business» et à ses agents. «L’argent<br />
doit rester dans le football et doit ruisseler<br />
jusqu’aux plus petits clubs. Cela m’affecte et<br />
je suis un peu nostalgique lorsque je vois le<br />
concept de la Superligue sorti en avril dernier<br />
et heureusement avorté ou encore le projet de<br />
la Bénélux Ligue. Ce serait la mort du football<br />
et de son essence même. Je suis très content<br />
de voir les réactions des supporters qui ont<br />
manifesté et qui ont tout de même toujours<br />
leur mot à dire lorsque certaines décisions<br />
dénaturent le football. En effet, ce sont eux<br />
aussi qui font vivre notre sport et son esprit à<br />
travers le monde», estime Paul Philipp.<br />
Un facteur d’intégration et d’inclusion<br />
aux échelles communale et nationale<br />
Selon lui, la popularité du football<br />
luxembourgeois passe d’abord par la formation<br />
car le règlement stipule qu’une équipe de<br />
seniors peut valablement disputer un match<br />
officiel si au moins sept joueurs ayant souscrit<br />
leur première licence de joueur auprès de la<br />
FLF figurent sur la feuille de match. «De plus,<br />
les supporters aiment s’identifier aux joueurs<br />
sur la durée. Et puis, nous devons garder les<br />
pieds sur terre. Le Luxembourg est un petit<br />
pays, et à l’heure actuelle, nous ne pouvons<br />
pas nous permettre de professionnaliser<br />
notre première division, la BGL Ligue, avec<br />
“Johann Cruyff<br />
était un joueur<br />
incroyable. C’est<br />
lui qui m’a le plus<br />
marqué sur le<br />
terrain. Je ne voyais<br />
que son dos et son<br />
numéro de maillot<br />
tellement il était<br />
talentueux”<br />
Les joueurs aussi ont forcément beaucoup<br />
changé depuis de nombreuses années.<br />
Le Luxembourg est aujourd’hui un pays<br />
multiculturel qui rassemble des dizaines<br />
de nationalités. «Le football est un outil<br />
formidable d’intégration à l’échelle locale<br />
mais aussi nationale. Je me fais même<br />
reprendre par des gamins d’origines<br />
étrangères qui insistent pour que je leur parle<br />
en luxembourgeois! Chaque pays a sa culture<br />
et nous sommes gagnants lorsque des joueurs<br />
issus de l’immigration portent nos couleurs<br />
ou représentent notre championnat lors<br />
des compétitions continentales en club», se<br />
réjouit un Paul Philipp qui n’oublie pas non<br />
plus les efforts consentis par l’UEFA pour<br />
le Luxembourg et ses communes. L’instance<br />
européenne avait notamment offert son<br />
aide aux communes et à la Fédération pour<br />
construire des terrains multisports destinés<br />
aux enfants. «C’est un très beau geste visà-vis<br />
de la grande famille que représente le<br />
football».<br />
C’est justement cet esprit familial qui<br />
transpire chez Paul Philipp. Sa vision du<br />
football est celle que l’on voit sur les terrains<br />
du monde entier, où l’innocence prime<br />
sur le business, loin des joutes concernant<br />
l’obtention des droits de télévision pour<br />
diffuser tel championnat ou telle compétition.<br />
Paul Philipp est plus qu’une figure. Il est un<br />
certain garant du football «à l’ancienne», de<br />
l’esprit de camaraderie, de valeurs fortes, de<br />
solidarité et surtout de passion. n<br />
[1] Une compétition sportive fermée entre les clubs de football les<br />
plus puissants du continent européen.
steffen-holzbau.lu<br />
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