Maintenance & Entreprise n°663

SOLUTIONS LE CONTRÔLE ET L’ANALYSE NON DESTRUCTIVE
UNIVERSITÉ
SII : des recherches appliquées sur
les structures et les infrastructures
Localisé à Bouguenais (Loire-Atlantique), le laboratoire SII de l’université Gustave Eiffel dirigé
par Vincent Le Cam, emploie une trentaine de personnes. Ses recherches facilitent l’émergence
de nouvelles méthodes de monitoring, diagnostic, détection de défauts appliquée aux structures
et infrastructures au sens large (routières, ferroviaires, EMR, bâtiments, réseaux, ...). Entretien.
© DR
Vincent Le Cam, Directeur de SII
QUELS SONT LES ENJEUX
DU CONTRÔLE ET L’ANALYSE
NON DESTRUCTIVE POUR
LES MAINTENANCES
CONDITIONNELLES ET
PRÉVISIONNELLES DANS VOTRE
DOMAINE ?
Vincent Le Cam : Un des grands enjeux
est de faire des capteurs intelligents sans
fil et autonomes qui s’autocontrôlent et
s’autoévaluent. La question du vieillissement
métrologique se pose aussi. Nous
travaillons donc sur des algorithmes qui
viennent compenser ce phénomène. Un
autre défi relève des télécommunications.
Pour connecter les objets, l’enjeu
concerne le déploiement national
et international d’opérateurs d’objets
connectés. Mais il n’y a pas du réseau
partout : c’est le cas en mer à plus de 10
kilomètres des côtes. Il faut donc avoir
un réseau fiable et adapté aux capteurs
intelligents et sensibles.
Il y a aussi l’enjeu de bien se comprendre
et de communiquer ses demandes
aux différentes communautés. Il faut
donc penser à éditer des petits guides
expliquant, par exemple, comment
installer et mieux orienter un petit
panneau solaire ou comment tirer mieux
mon antenne pour capter le réseau...
S’imprégner des problématiques de
terrain est également un enjeu à prendre
en compte. Il faut aussi réfléchir à la
maintenance des équipements.
QUELS SONT VOS POINTS FORTS ?
V.L.C : Un de nos trois points forts réside
dans le fait que notre laboratoire est
appliqué. Autre atout : nous travaillons
avec un degré de maturité technologique
élevé (TRL, Technology Readiness Level).
La plupart de nos développements se
traduisent, en effet, par des prototypes.
De plus, nous réalisons des livrables, des
« Un de nos trois points forts
réside dans le fait que notre
laboratoire est appliqué. »
démonstrations, des produits à quatre ou
cinq ans. Ces derniers peuvent ensuite
connaître des améliorations. Nous avons
donc un lien très fort avec beaucoup d’entreprises.
D’ailleurs, nous avons créé 3
start-ups. Certains de nos produits sont
déjà diffusés en millier d’exemplaires par
des sociétés. Notre recherche est donc
industrielle.
Notre autre atout : nous savons fabriquer
des capteurs sans fil synchrones qui
ont une même base. D’ailleurs, nous
avons orienté notre laboratoire sur la
synchronisation.
Enfin, un dernier point fort : notre
équipe est multitechnique. Nous avons
4 blocs scientifiques dans le laboratoire.
Un même problème peut donc être
attaqué sous l’angle de l’électronique,
des méthodes physiques, thermiques et
optiques, du traitement du signal et de
l’image ou de la mécanique.
A QUELLES MÉTHODES ET
TECHNIQUES INNOVANTES
FAITES-VOUS APPEL ?
V.L.C : Le réseau des capteurs sans
fil intelligents et synchrones en est
un exemple. Autre technique : nous
travaillons beaucoup sur les fibres
optiques. Un de nos chercheurs travaille
sur les mesures réparties sur les fibres
optiques utilisées comme capteur. Ainsi,
nous nous menons des recherches sur
les méthodes pour interroger sur toute
14 I MAINTENANCE & ENTREPRISE • N°663 • Août - Septembre - Octobre 2021