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Carnet du Cercle LAB #11 – Redonner du sens à l'assurance

L’assurance a toujours souffert d’un manque de confiance et donc une certaine perte de sens. La crise sanitaire a accentué ce phénomène. Malgré les arguments techniques et contractuels, les pertes d’exploitation ont eu l’effet d’un non-sens, car ce qui est resté, c’est cette image d’assureurs qui n’ont pas répondu présents pour leurs clients dans le besoin. Cette étude, qui s’appuie notamment sur une quinzaine d’entretiens avec des décideurs de l’assurance, explore le sens de l’assurance : • Quel est le sens de l’assurance pour la société ? • Est-ce le même sens pour les clients à un niveau plus individuel ? • Les collaborateurs, entre l’importance du rôle de leurs employeurs pour la société et l’impact qu’ils peuvent avoir sur les clients, ont eux aussi besoin de sens : qu’est-ce qui a du sens pour eux ? • Se pose aussi la question du sens des métiers de l’assurance en fonction des types de risques : quelle direction prendre ?

L’assurance a toujours souffert d’un manque de confiance et donc une certaine perte de sens. La crise sanitaire a accentué ce phénomène. Malgré les arguments techniques et contractuels, les pertes d’exploitation ont eu l’effet d’un non-sens, car ce qui est resté, c’est cette image d’assureurs qui n’ont pas répondu présents pour leurs clients dans le besoin. Cette étude, qui s’appuie notamment sur une quinzaine d’entretiens avec des décideurs de l’assurance, explore le sens de l’assurance :

• Quel est le sens de l’assurance pour la société ?
• Est-ce le même sens pour les clients à un niveau plus individuel ?
• Les collaborateurs, entre l’importance du rôle de leurs employeurs pour la société et l’impact qu’ils peuvent avoir sur les clients, ont eux aussi besoin de sens : qu’est-ce qui a du sens pour eux ?
• Se pose aussi la question du sens des métiers de l’assurance en fonction des types de risques : quelle direction prendre ?

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ÉDITO<br />

<strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance... Enjeu crucial pour le secteur, notamment<br />

<strong>à</strong> l’aune de la crise sanitaire et économique actuelle. <strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong><br />

l’assurance... Sujet complexe tant le terme même de « <strong>sens</strong> » recouvre des<br />

réalités différentes. <strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance fut la thématique fil rouge sur<br />

laquelle le comité scientifique <strong>du</strong> <strong>Cercle</strong> <strong>LAB</strong>, composé des parrains, marraines et<br />

expert(e)s des clubs, a travaillé <strong>du</strong>rant cette saison 2020/2021. Tous ont partagé<br />

leurs expériences, leurs visions ou encore leurs aspirations pour répondre <strong>à</strong> cet<br />

immense défi, dans ce carnet <strong>du</strong> <strong>Cercle</strong> <strong>LAB</strong> exceptionnel réalisé en partenariat avec<br />

le cabinet Tenzing.<br />

Florian Delambily, Rédacteur en chef de News Assurances Pro<br />

P.3<br />

P.5<br />

P.11<br />

P.16<br />

P.23<br />

P.29<br />

INTRODUCTION<br />

I. Le <strong>sens</strong> de l’assurance <strong>du</strong> point de vue de la société : l’impact<br />

II. Le <strong>sens</strong> de l’assurance <strong>du</strong> point de vue des clients : l’utilité<br />

III. Le <strong>sens</strong> de l’assurance <strong>du</strong> point de vue des collaborateurs : la signification<br />

IV. Le <strong>sens</strong> de l’assurance <strong>du</strong> point de vue des acteurs de l’assurance : la direction<br />

CONCLUSION


INTRODUCTION<br />

<strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance…comme beaucoup de sujets, en voici un que<br />

la crise pandémique a exacerbé. En effet, une perte de <strong>sens</strong> en assurance<br />

se faisait déj<strong>à</strong> ressentir avant la crise, <strong>à</strong> travers un manque de confiance des<br />

assurés vis-<strong>à</strong>-vis de leurs assureurs. Cette défiance de tout temps est liée <strong>à</strong> une<br />

proposition de valeur structurellement problématique : on nous vend maintenant une<br />

promesse future face <strong>à</strong> un risque qui n’aura peut-être pas lieu d’être (le fameux cycle<br />

inversé de l’assurance). Elle est aussi liée <strong>à</strong> un poids réglementaire qui a tendance <strong>à</strong><br />

complexifier un métier souvent abordé sous l’angle de l’expert et <strong>du</strong> fabriquant, alors<br />

même que tous sont convaincus de la nécessité d’une approche réellement client.<br />

Peu importe, mettons de côté ce qui pourrait sonner comme des excuses, et imaginons<br />

que la crise redonne <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance. C’est ce qu’il faut espérer <strong>à</strong> terme car, avec<br />

les pertes d’exploitation, elle a eu l’effet d’un non-<strong>sens</strong> ; puisque ce qui est resté,<br />

c’est cette image d’assureurs qui n’ont pas répon<strong>du</strong> présents pour leurs clients qui en<br />

avaient le plus besoin. Ce non-<strong>sens</strong> est d’autant plus fort que la crise a démontré <strong>à</strong><br />

quel point la société avait besoin d’assurance.<br />

Au-del<strong>à</strong> et avant la crise, d’autres signes interrogent le rôle des assureurs et donc le<br />

<strong>sens</strong> de l’assurance : concurrence de nouveaux acteurs plutôt éloignés <strong>du</strong> secteur<br />

traditionnel, des risques où le poids de la réglementation et des acteurs publics ré<strong>du</strong>it<br />

fortement les marges de manœuvre, capacité <strong>à</strong> jouer son rôle de protection sur<br />

certains risques (pandémiques, écologiques, etc). Nos réflexions avec le témoignage<br />

de différents acteurs de l’assurance* nous ont amenés <strong>à</strong> considérer quatre facettes<br />

<strong>du</strong> <strong>sens</strong>. Le <strong>sens</strong> de l’assurance pour :<br />

*<br />

Plus d’une quinzaine d’entretiens ont été réalisés avec des décideurs de l’assurance


4INTRODUCTION<br />

la société, c’est l’impact. Il est indéniable mais les acteurs de l’assurance peuvent<br />

aller plus loin dans l’impact positif qu’ils ont sur la société en recherchant une<br />

cohérence d’actions vis-<strong>à</strong>-vis de leurs parties prenantes.<br />

les clients, c’est l’utilité. C’est <strong>à</strong> travers des solutions résolument utiles et<br />

simplifiées que les clients peuvent retrouver de la confiance et donc <strong>du</strong> <strong>sens</strong>.<br />

les collaborateurs, c’est la signification. Comprendre pourquoi chacun<br />

contribue <strong>à</strong> l’impact global et donner les moyens adéquats pour y parvenir.<br />

les acteurs/métiers de l’assurance, c’est la direction. La direction <strong>à</strong> prendre en<br />

fonction <strong>du</strong> type de risque dépend de la capacité <strong>à</strong> fournir une proposition de<br />

valeur pertinente.


I. LE SENS DE L’ASSURANCE<br />

DU POINT DE VUE DE LA SOCIÉTÉ<br />

Parmi les acteurs interrogés, tous partagent la conviction que l’assurance porte<br />

intrinsèquement <strong>du</strong> <strong>sens</strong> car elle contribue au bien commun et joue un rôle<br />

économique et sociétal important.<br />

5I. DU POINT DE VUE DE LA SOCITÉ


I. DU POINT DE VUE DE LA SOCITÉ<br />

Les critiques envers les assureurs pendant la crise sanitaire, légitimes ou non, sont<br />

symptomatiques de ce besoin d’assurance de la part de la société. Sa finalité est de<br />

faire en sorte que les assurés et la société au global traversent les coups <strong>du</strong>rs ou les<br />

crises avec le moins de perturbations possibles. La capacité financière des assureurs<br />

permet d’absorber les chocs et permet <strong>à</strong> la société de contenir des inégalités qui<br />

se creuseraient sans ce filet de sécurité. C’est un véritable rôle de stabilisateur<br />

économique et social qui se joue grâce <strong>à</strong> la capacité <strong>à</strong> limiter les effets d’un accident<br />

et <strong>à</strong> accélérer le retour <strong>à</strong> une situation normale. Par ailleurs, en tant qu’investisseurs<br />

institutionnels de long terme, les assureurs ont la capacité de soutenir l’économie<br />

et d’améliorer la stabilité des marchés (c’est aussi un acheteur de la dette publique <strong>à</strong><br />

travers l’assurance vie). Le <strong>sens</strong> de l’assurance pour la société, en théorie, est assez<br />

clair, il s’agit de son impact <strong>à</strong> travers ce rôle de stabilisateur économique et social.<br />

6<br />

« En théorie » car nous observons sur la place des acteurs qui prennent des initiatives<br />

d’engagement <strong>à</strong> différents niveaux, adossées ou non <strong>à</strong> un passage vers la société<br />

<strong>à</strong> mission. La majorité des assureurs ont pris des engagements ESG sur leurs<br />

investissements en évitant certains secteurs dont les impacts sont jugés négatifs,<br />

mais également en concentrant leurs investissements sur des acteurs <strong>à</strong> impacts<br />

positifs (environnement, inclusion, etc). Certains assureurs ont pris également des<br />

engagements de longue date <strong>à</strong> travers leur action sociale, fondation, ou autre levier,<br />

et ont un impact sociétal <strong>à</strong> travers la prévention et l’attention portée aux personnes<br />

les plus fragiles.<br />

D’autres acteurs poussent l’exercice de l’engagement pour renforcer leur impact positif<br />

sur la société avec un point commun : la cohérence d’actions et la considération de<br />

l’ensemble de ses parties prenantes.


« Ce qui est important c'est la<br />

cohérence entre business, promesse,<br />

et accompagnement »<br />

Olivier Ruthardt<br />

7I. DU POINT DE VUE DE LA SOCITÉ<br />

Les collaborateurs font partie de ces parties prenantes clé (cf partie III). Comme<br />

n’importe quelle autre entreprise, les acteurs de l’assurance jouent un rôle structurant<br />

vis-<strong>à</strong>-vis de leurs collaborateurs, mais leurs enjeux d’attractivité et de fidélisation<br />

renforcent l’importance de la considération <strong>à</strong> porter <strong>à</strong> leurs collaborateurs. Il arrive<br />

que ces derniers puissent avoir <strong>à</strong> faire face <strong>à</strong> des injonctions contradictoires avec un<br />

rôle sociétal si fort. L’alignement entre les différents enjeux est clé pour ne pas créer<br />

de distorsion et perdre <strong>du</strong> <strong>sens</strong>.


I. DU POINT DE VUE DE LA SOCITÉ<br />

L’exemple de la MAIF illustre cet alignement des enjeux. « Nos objectifs sont articulés<br />

autour <strong>du</strong> quadriptyque de la MAIF (performance, satisfaction sociétaire, épanouissement<br />

des acteurs et contribution au bien commun), par exemple pour les centres de relation<br />

sociétaires, nous avons comme objectifs le taux de décroché <strong>à</strong> côté d’indicateurs climat<br />

social. Autre exemple d’application de notre quadriptyque, nous sommes attentifs aux règles<br />

de priorités dans les flux téléphoniques, par exemple entre des prospects qui souhaitent<br />

souscrire une assurance et des sociétaires qui nous contactent pour une question relative<br />

<strong>à</strong> leurs contrats, in fine pour ne pas privilégier le tout commercial au détriment de la<br />

satisfaction. » Florent Villain, MAIF<br />

Par ailleurs, les assureurs ont un impact territorial de plus en plus fort avec le rôle de<br />

prescripteur auprès des acteurs locaux pour les prestations en nature : partenaires<br />

de soins, des garagistes, des réparateurs, etc. La cohérence des actions consiste ici <strong>à</strong><br />

privilégier des acteurs qui eux aussi ont cette volonté d’avoir un impact positif (acteur<br />

valorisant le recyclage ou l’inclusion par exemple).<br />

8<br />

« L’assurance a aussi une part <strong>à</strong> prendre dans<br />

l’attente de plus en plus forte d’engagement<br />

responsable des entreprises, notamment<br />

en réaffirmant son ancrage territorial et son<br />

rôle de prescripteur pour l’économie locale »<br />

Arnaud Leboucher<br />

Generali France


Le <strong>sens</strong> ultime de l’assurance pourrait donc résider dans son impact. Bon nombre<br />

d’acteurs ont formulé ou réaffirmé leur raison d’être avec parfois l’adoption de la<br />

qualité de société <strong>à</strong> mission. La raison d’être est la promesse faite par l’acteur vis-<strong>à</strong>-vis<br />

de ses parties prenantes, dont la société. Au-del<strong>à</strong> de l’exercice périlleux de stratégie et<br />

de communication, la raison d’être permet de qualifier et assumer le rôle et l’impact<br />

que l’acteur souhaite avoir vis-<strong>à</strong>-vis de la société <strong>à</strong> travers des engagements clé. On<br />

ne peut que se réjouir de voir de plus en plus d’entreprises communiquer sur leur<br />

raison d’être et/ou leurs engagements. Face au risque de « purposewahsing », il s’agit<br />

de montrer la sincérité des acteurs dans ces démarches. Pour que la raison d’être ait<br />

un <strong>sens</strong>, il faut pouvoir démontrer son impact.<br />

9I. DU POINT DE VUE DE LA SOCITÉ<br />

«Dans l’absolu le passage société <strong>à</strong> mission est pour moi une évolution<br />

naturelle et ne constitue pas une rupture dans nos pratiques. Toutefois,<br />

désormais, on s’engage et on s’oblige : on met sur la table ce sur quoi on<br />

s’engage et on s’engagera, on s’expose pour savoir<br />

si on est au rendez-vous.»<br />

Florent Villain, MAIF


I. DU POINT DE VUE DE LA SOCITÉ<br />

POURQUOI MESURER L’IMPACT<br />

DE SES ACTIVITÉS ?<br />

Montrer la sincérité de la démarche <strong>à</strong> l’ensemble de<br />

ses parties prenantes et éviter d’être assimilé <strong>à</strong> une<br />

tendance ou une mode : aller plus loin que l’intention<br />

en montrant les preuves<br />

Mieux comprendre ses activités <strong>à</strong> travers l’impact réel<br />

de ses actions (atten<strong>du</strong> et inatten<strong>du</strong>) et la <strong>du</strong>rabilité<br />

de cet impact<br />

Enclencher une démarche d’amélioration et de<br />

concertation avec ses parties prenantes pour créer<br />

plus d’impact<br />

10<br />

COMMENT DÉFINIR L’IMPACT ?<br />

L’impact, cette notion bien ancrée dans le monde social,<br />

désigne le changement global in<strong>du</strong>it <strong>à</strong> long terme par les<br />

effets <strong>à</strong> court terme, il comporte donc un caractère plus<br />

systémique que les résultats. Il se caractérise par :<br />

La profondeur <strong>du</strong> changement<br />

Les personnes touchées par ce changement (leurs<br />

particularités et leur nombre)<br />

La <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> changement dans le temps<br />

La combinaison des différents effets <strong>à</strong> long terme


II. LE SENS DE L’ASSURANCE<br />

DU POINT DE VUE DES CLIENTS<br />

<strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance d’un point de vue client, c’est analyser le <strong>sens</strong> <strong>à</strong><br />

travers l’utilité et la valeur. C’est permettre aux clients de bien comprendre l’utilité de<br />

l’assurance <strong>à</strong> travers son rôle, ses pro<strong>du</strong>its et ses services. C’est également apporter<br />

de la valeur <strong>à</strong> travers une expérience client optimale.<br />

1. L’ASSURANCE UTILE<br />

II. DU POINT DE VUE DES CLIENTS<br />

11<br />

« <strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> c’est redonner de l’utilité, le<br />

<strong>sens</strong> vient après l’utilité : « value » avant « values »<br />

Isabelle Hébert<br />

AG2R La Mondiale<br />

Nous l’avons vu dans la première partie, les acteurs de l’assurance jouent un rôle<br />

social et économique structurant. Pourtant, ce dernier avec la mutualisation, principe<br />

fondateur de l’assurance, n’est peu voire pas compris par les clients. La pédagogie


II. DU POINT DE VUE DES CLIENTS<br />

nécessaire autour <strong>du</strong> rôle et <strong>du</strong> fonctionnement de l’assurance est d’autant plus forte<br />

que les clients ont évolué. A la faible culture <strong>du</strong> risque en France s’ajoute le fait que<br />

l’on supporte de moins en moins la fatalité et l’incertitude. Un second enseignement<br />

de cette crise, est l’importance d’avoir un secteur uni et une communication cohérente<br />

afin d’éviter des dissonances comme celles sur les contrats de pertes d’exploitation.<br />

« La confiance en l’assurance c’est une<br />

combinaison entre : une bonne communication,<br />

bien vendre les pro<strong>du</strong>its et services, une<br />

communication unifiée entre les différents<br />

acteurs de l’assurance et savoir mettre en avant<br />

les innovations »<br />

Pierre Mayeur<br />

OCIRP<br />

12<br />

La pédagogie et la communication, bien que nécessaires, semblent insuffisants. De<br />

plus, expliquer le rôle de l’assurance et son fonctionnement pourrait revenir <strong>à</strong> imposer<br />

le point de vue <strong>du</strong> fabriquant.<br />

C’est <strong>à</strong> travers l’utilité des solutions proposées que les assureurs pourront redonner<br />

<strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance pour les clients. Or, l’une des problématiques est la multiplicité<br />

des pro<strong>du</strong>its et services au point où les assurés sont parfois « sur couverts ». De<br />

plus, les assureurs proposent toujours plus de services afin d’augmenter les points<br />

de contacts avec les assurés et se différentier de leurs concurrents, oubliant parfois<br />

l’intérêt client. L’inutilité, non-<strong>sens</strong> de l’assurance par excellence, peut être évitée<br />

avec une bonne compréhension de ce qui a réellement de la valeur pour le client.<br />

Pour cela, il faut se méfier, encore plus en assurance, de la vue de l’expert pour éviter<br />

une vision biaisée de la connaissance de ses clients.


II. DU POINT DE VUE DES CLIENTS<br />

« L’assistance permet d’aller au-del<strong>à</strong> de la promesse<br />

d’indemnisation avec une valeur plus forte pour le<br />

client que la valeur financière <strong>du</strong> service (exemple<br />

avec les cas de corporels graves, ou bien la<br />

téléconsultation médicale) »<br />

13<br />

Pierre-Emmanuel Lefebvre<br />

AXA Partners France<br />

Il s’agit aussi de proposer des pro<strong>du</strong>its et services utiles pour la société, ayant <strong>du</strong><br />

<strong>sens</strong>, avec un impact environnemental et social positifs. Selon un sondage Ifop de<br />

septembre 2020, plus de 6 Français sur 10 accordent de l’importance aux impacts<br />

environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements. Problème : la<br />

distribution et la communication autour de l’épargne solidaire sont encore faibles.<br />

Seul un tiers des sondés avait enten<strong>du</strong> parler de l’Investissement Socialement<br />

Responsable. Avec 64% des sondés estimant que c’est le conseiller qui est le mieux<br />

placé pour les informer sur le sujet, ce dernier a donc tout son rôle pour donner <strong>du</strong><br />

<strong>sens</strong> au pro<strong>du</strong>it.


II. DU POINT DE VUE DES CLIENTS<br />

2. LA VALEUR DE L’EXPÉRIENCE CLIENT<br />

Une expérience client réussie apporte de la valeur au client. Pour cela, les assureurs<br />

doivent évoluer vers plus de transparence, une simplification des échanges, plus de<br />

personnalisation et un accompagnement moins technique.<br />

Au-del<strong>à</strong> des obligations réglementaires, la transparence est une nécessité pour<br />

regagner la confiance des clients. Elle peut se tra<strong>du</strong>ire par des actions d’information<br />

et de pédagogie, comme montrer aux clients les différentes étapes des processus de<br />

gestion des demandes de remboursement lors d’un sinistre et donner ainsi <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong><br />

l’attente de remboursement. Du discours de vente <strong>à</strong> la documentation, les clients ont<br />

besoin de comprendre ce qui leur est promis et dans quelles conditions : utiliser moins<br />

de termes jargonneux, travailler la compréhension par l’exemple et la mise en situation<br />

afin de permettre au client de se projeter. L’effet « fausse promesse » est <strong>à</strong> éviter<br />

absolument.<br />

14<br />

Parler d’expérience client réussie revient <strong>à</strong> parler de personnalisation de la relation<br />

client, des services et des pro<strong>du</strong>its. La personnalisation permet de répondre au plus<br />

près aux attentes client, de lui faciliter la vie et de lui donner le sentiment d’être<br />

écouté, renforçant ainsi sa fidélité <strong>à</strong> la marque. La personnalisation est facilitée par<br />

les innovations digitales. Notamment, celles permettant de récolter, stocker et traiter<br />

rapidement et avec précision les données clients. Les clients sont parfois réticents <strong>à</strong><br />

partager leurs données, sauf s’ils y trouvent une utilité. Plus de 7 assurés sur 10 se<br />

disent prêts <strong>à</strong> communiquer des données personnelles (<strong>du</strong> type situation familiale,<br />

professionnelle, événements, habitudes de vie via des objets connectés, etc.) <strong>à</strong> leur<br />

assureur si cela leur permet de ré<strong>du</strong>ire leurs cotisations ou de personnaliser leur<br />

contrat. (1) La personnalisation qui a de la valeur pour le client peut se jouer simplement<br />

dans la contextualisation de sa prise en charge : par exemple, pour l’assistance bord<br />

de route, la prise en compte <strong>du</strong> contexte (présence d’enfants ou non) permet déj<strong>à</strong> de<br />

personnaliser l’expérience client.<br />

Le client ne s’intéresse pas au pro<strong>du</strong>it en lui-même mais aux bénéfices apportés.<br />

L’innovation <strong>à</strong> privilégier avant tout est l’innovation utile : elle permet aux assureurs<br />

d’être irréprochable en matière d’expérience client.


ÊTRE IRRÉPROCHABLE EN MATIÈRE<br />

D’EXPÉRIENCE CLIENT, C’EST :<br />

1. ÊTRE FACILEMENT ACCESSIBLE (PHYSIQUE OU DIGITAL)<br />

« Assurer la proximité : être l<strong>à</strong> localement où le sinistre se pro<strong>du</strong>it. Il faut<br />

décentraliser l’assurance » (Alain Régnault, AGEAS France)<br />

2. ÊTRE À L’ÉCOUTE ET PROACTIF<br />

« La crise a été un formidable terrain de jeu pour conforter la relation client : nous<br />

avons par exemple appelé plus d’1 millions de clients de manière pro-active pour<br />

savoir comment ils allaient. Lorsque les agences ont rouvert : des clients sont<br />

venus prendre de nos nouvelles en agence sans aucun autre objectif » (Benedicte<br />

Crété-Dambricourt, Groupama)<br />

II. DU POINT DE VUE DES CLIENTS<br />

3. PLACER SON CLIENT AU CENTRE DE LA RELATION<br />

« Partir de ses clients, concrètement, c’est, dans les communications liées <strong>à</strong><br />

un sinistre, avoir une approche qui s’intéresse en premier <strong>à</strong> la personne, lui<br />

demander comment elle va, avant de s’intéresser <strong>à</strong> l’objet assuré » (Benedicte<br />

Crété-Dambricourt, Groupama)<br />

15<br />

4. PROPOSER, AU BON MOMENT, UNE SOLUTION PERTINENTE<br />

Par exemple, <strong>à</strong> la MAIF si le contrat détenu ne couvre pas le client contre le risque<br />

auquel il a fait face, les collaborateurs ne se contentent pas de dire « non » au client,<br />

mais lui trouvent une solution <strong>à</strong> l’instar <strong>du</strong> service MesDépanneurs.fr. Cela<br />

permet de diminuer l’impact négatif et même d’accroitre la satisfaction<br />

client même si la solution est payante.<br />

L’assureur doit démontrer comment il met son expertise au service de l’assistance de<br />

ses clients pour faire la preuve de l’utilité de l’expérience client proposée. Pour cela,<br />

les collaborateurs doivent faire évoluer leur posture vers une posture de conseil et<br />

d’accompagnement.<br />

1<br />

Livre blanc, La confiance dans l’assurance une démarche de lucidité dans un moment charnière,<br />

La Fabrique d’assurance


III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

III. LE SENS DE L’ASSURANCE<br />

DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

La question <strong>du</strong> <strong>sens</strong> au travail est un enjeu majeur aujourd’hui pour les entreprises, en<br />

termes d’engagement et de motivation des salariés. En effet, au cours des dernières<br />

années, cette quête de <strong>sens</strong> s’est intensifiée, ravivée par la crise <strong>du</strong> Covid.<br />

« À la suite <strong>du</strong> premier confinement, un tiers des Français<br />

interrogés aurait envisagé de chercher un travail plus<br />

porteur de <strong>sens</strong> » - Enquête Randstad, mai 2020<br />

16<br />

Dans ce contexte, quels atouts le secteur de l’assurance peut faire valoir et quels<br />

leviers activer pour redonner <strong>du</strong> <strong>sens</strong> aux collaborateurs dans la pratique de leur<br />

métier ?


1. VALORISER LE RÔLE STRUCTURANT DES ASSUREURS<br />

POUR ATTIRER ET FIDÉLISER LES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

Le secteur de l’assurance reste encore aujourd’hui peu attractif. Il a pourtant une<br />

carte <strong>à</strong> jouer <strong>à</strong> travers une approche pédagogique et une communication bien pensée<br />

pour mettre en avant ses spécificités et faire (re)naître la fierté d’être assureur.<br />

« <strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> c’est retrouver<br />

la fierté <strong>du</strong> métier d’assureur »<br />

Bénédicte Crété-Dambricourt<br />

Groupama<br />

III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

17<br />

L’assureur se distingue de nombreux autres acteurs par son rôle social fort, sur lequel<br />

il doit capitaliser davantage. Ce rôle n’étant pas toujours perçu ou compris, l’enjeu est<br />

de mieux le valoriser pour développer un sentiment de fierté et d’appartenance chez<br />

les collaborateurs.


III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

« Pour les collaborateurs, mettre en avant son ADN<br />

est un facteur d’engagement et de fidélisation.<br />

C’est aussi un critère valorisé dans le cadre des<br />

recrutements. »<br />

Certains ont commencé <strong>à</strong> le faire, notamment en définissant une raison d’être<br />

et des engagements. L’objectif est de mieux matérialiser l’impact pour les<br />

collaborateurs <strong>à</strong> travers un langage commun et des actions concrètes qui se<br />

vivent au quotidien.<br />

Serge Moreno<br />

AG2R La Mondiale<br />

18<br />

Les acteurs de l’assurance ont aussi une carte <strong>à</strong> jouer en allant plus loin dans<br />

leur engagement responsable.<br />

Cela peut passer par une évolution des politiques RH vers plus d’inclusion mais<br />

aussi par des actions mieux ciblées en faveur <strong>du</strong> développement économique<br />

et social. Le développement de ces actions présente un double bénéfice lorsque<br />

les collaborateurs peuvent s’investir personnellement dans cette démarche. Cela<br />

favorise l’équilibre vie pro / vie perso et matérialise ce <strong>sens</strong>, comme signification<br />

de leur action au quotidien.<br />

La crise <strong>du</strong> covid, qui a mis <strong>à</strong> l’épreuve l’image des assureurs, est une opportunité<br />

de démontrer la valeur <strong>du</strong> secteur aux collaborateurs et de recréer de<br />

l’engagement par une évolution de certaines pratiques. Les actions de solidarité<br />

de certains acteurs dès le premier confinement ont ainsi participé <strong>à</strong> récréer ce<br />

sentiment de fierté.


La MAIF a, par exemple, reversé <strong>à</strong> ses 2,8 millions d’assurés auto<br />

les 100 millions d’euros économisés <strong>du</strong>rant les deux mois de<br />

confinement. Ils ont pu récupérer cette somme ou la reverser <strong>à</strong><br />

une association, en cohérence avec leur raison d’être.<br />

De son côté, l’OCIRP a fait jouer le degré de solidarité des<br />

branches afin de verser des aides aux salariés concernés et a<br />

fait en sorte que la branche Hôtel, Café, Restaurant ne fasse pas<br />

payer de cotisations en cette période compliquée et sans revenu<br />

pour les acteurs de cette branche. Ces actions concrètes pour<br />

les clients ont donné <strong>du</strong> <strong>sens</strong> aux activités des collaborateurs et<br />

renforcé leur sentiment de fierté. (Pierre Mayeur, OCIRP)<br />

III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

2. UN SENS NOUVEAU À DONNER AUX COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

À TRAVERS LA TRANSFORMATION DU MODÈLE RELATIONNEL<br />

19<br />

L’évolution <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> conseiller vers plus d’accompagnement de son client donne<br />

une nouvelle dimension <strong>à</strong> son métier. Le conseiller n’est plus centré sur le pro<strong>du</strong>it et<br />

la technique mais sur le besoin client et sur la manière dont il peut lui apporter des<br />

réponses. Cela le positionne comme un acteur clé dont la valeur est perceptible et<br />

appréciée directement par le client. En appréciant l’impact qu’il a sur ses clients,<br />

le collaborateur est en mesure de comprendre le « pourquoi » de ses actions : ce<br />

nouveau rôle au sein de la relation client devient alors un levier fort de création de<br />

<strong>sens</strong> pour le collaborateur.


III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

20<br />

« Au-del<strong>à</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> pour l’assureur et pour le<br />

client, quand on parle de <strong>sens</strong> il faut aussi<br />

prendre en compte le collaborateur : qu’il<br />

sache pourquoi il est l<strong>à</strong>, quelle est sa valeur.<br />

Les collaborateurs, notamment ceux au<br />

contact <strong>du</strong> client, voient trop peu l’impact de<br />

leur métier sur le client avec des KPI qui ne<br />

sont pas les bons (taux de décroché…)<br />

et déshumanisent la relation »<br />

Joël Bassani<br />

JinnBee<br />

Jouer pleinement ce rôle d’accompagnateur dans l’expérience client implique une<br />

plus grande responsabilisation et autonomie <strong>du</strong> collaborateur (par exemple, avec la<br />

gestion de la relation client en portefeuilles et avec des objectifs de réponse au client<br />

en un temps). Cette nouvelle latitude laissée au collaborateur est pour lui source de<br />

motivation et d’engagement, levier fort pour redonner <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> son travail.<br />

Ce nouveau rôle dans l’expérience client nécessite une adaptation des compétences<br />

relationnelles et techniques. C’est une opportunité de renforcer l’engagement <strong>du</strong><br />

collaborateur en l’inscrivant dans un parcours de carrière au sein <strong>du</strong>quel la formation<br />

et l’accompagnement de proximité sont privilégiés. L’apprentissage tout au long de la<br />

carrière est un facteur de rétention puisqu’il permet au collaborateur d’envisager de<br />

nouvelles opportunités et de se projeter au sein de l’entreprise.


« A contre <strong>sens</strong> des a priori considérant que<br />

la digitalisation des entreprises génèrera une<br />

déqualification <strong>du</strong> travail, on observe aujourd’hui<br />

un renforcement des compétences techniques, quel<br />

que soit le métier, en parallèle des compétences<br />

comportementales pour être un bon professionnel.<br />

Cette tendance de fond redonne ainsi davantage de <strong>sens</strong><br />

et d’intérêt au métier pour les collaborateurs. »<br />

Norbert Girard<br />

Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance<br />

III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

21<br />

Comme les collaborateurs ne sont pas tous au contact des clients, il est important<br />

que l’employeur accompagne l’ensemble de ses collaborateurs afin que ces derniers<br />

comprennent :<br />

leur rôle et contribution au sein de l’organisation dans la poursuite des<br />

objectifs stratégiques voire l’incarnation de la raison d’être de l’entreprise<br />

le métier des autres pour collaborer en transversalité


III. DU POINT DE VUE DES COL<strong>LAB</strong>ORATEURS<br />

Relais <strong>du</strong> quotidien, le manager de proximité joue un rôle de premier plan dans la<br />

mise en œuvre de nouvelles postures vers plus d’autonomie et de responsabilisation.<br />

Il doit alors lui-même faire évoluer son positionnement vers un management par la<br />

confiance et être en mesure d’accompagner ses équipes par la connaissance des<br />

dispositifs internes de reconnaissance et de développement des compétences.<br />

Leur rôle a été mis <strong>à</strong> l’épreuve avec la crise <strong>du</strong> Covid 19 qui a bouleversé les modes<br />

de travail et de management avec la généralisation <strong>du</strong> travail <strong>à</strong> distance. Dans ce<br />

contexte inédit, les entreprises ont dû s’adapter rapidement pour garantir la continuité<br />

d’activité mais aussi assurer un accompagnement de leurs collaborateurs. En effet, si<br />

dans de nombreux cas, le télétravail a été générateur de pro<strong>du</strong>ctivité, cette situation<br />

a aussi créé de nouveaux risques, psychosociaux mais aussi en termes d’engagement.<br />

Les actions mises en place par les employeurs en réponse <strong>à</strong> cette situation, dont les<br />

managers ont souvent été le relais, ont alors été clé pour redonner <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> son<br />

travail au quotidien.<br />

22<br />

Si cette situation n’est pas amenée <strong>à</strong> <strong>du</strong>rer, elle a cependant profondément transformé<br />

les modes de travail et il est essentiel de capitaliser sur ces apprentissages pour faire<br />

évoluer les pratiques. Ainsi, redonner <strong>du</strong> <strong>sens</strong> passera aussi par la manière dont<br />

l’entreprise apportera des réponses pour garantir la dynamique d’équipe, la gestion<br />

des relations interpersonnelles dans un contexte où les collaborateurs se voient<br />

moins. Et <strong>à</strong> plus court terme sur les conditions de retour au bureau. Elle doit se<br />

repenser comme lieu de vie et d’interactions où les collaborateurs ont plaisir <strong>à</strong> venir<br />

travailler pour retrouver le <strong>sens</strong> de leurs actions dans le collectif.


IV. LE SENS DE L’ASSURANCE<br />

D’UN POINT DE VUE DES ACTEURS DE L’ASSURANCE<br />

Si le <strong>sens</strong> de l’assurance est compris comme direction stratégique <strong>à</strong> prendre par les<br />

acteurs <strong>du</strong> secteur, alors ce <strong>sens</strong> dépend <strong>du</strong> type de risque concerné. La matière<br />

assurable évolue et demande une grande adaptation de la part des acteurs de<br />

l’assurance : orienter ses efforts en fonction <strong>du</strong> risque et au bon niveau sur la chaine<br />

de valeur.<br />

« Le monde change ; le rôle de l’assureur est d’anticiper le changement et de<br />

l’accompagner car nous sommes solides »<br />

Olivier Ruthardt, Malakoff Humanis<br />

Mettre autant d’efforts quel que soit le risque et vouloir couvrir l’ensemble de la<br />

chaine de valeur semble ne plus avoir de <strong>sens</strong>.<br />

IV. DU POINT DE VUE DES ACTEIURS DE L’ASSURANCE<br />

23<br />

Sur les petits risques de fréquence élevée, la fonction indemnitaire de l’assurance est<br />

moins forte. Dans ce cas, l’assurance tend <strong>à</strong> devenir une commodité : la proposition<br />

de valeur va donc être différente des cas où la fonction indemnitaire est plus forte<br />

comme pour les grands risques par exemple.<br />

Concernant la couverture de la chaine de valeur assurance, différents mouvements<br />

sont <strong>à</strong> l’œuvre. L’exemple de Wakam est éloquent car cet acteur a su exploiter<br />

l’évolution de la chaine de valeur en se positionnant en porteur de risque et<br />

distributeur. Le mouvement des Insurtech également va dans ce <strong>sens</strong> en se<br />

positionnant sur la distribution. Dans le même temps, la part de la réassurance dans<br />

les revenus a augmenté dans tous les groupes. La question <strong>du</strong> <strong>sens</strong>/direction pourrait


IV. DU POINT DE VUE DES ACTEIURS DE L’ASSURANCE<br />

24<br />

donc se poser de la manière suivante : sur quelle partie de la chaine de valeur se<br />

positionner en fonction des types de risques : en expert porteur de risque, qui ne<br />

représente qu’un aspect de la proposition de valeur, ou en fournisseur d’expérience<br />

client avec une proposition de valeur élargie ?<br />

1. PROTECTION SOCIALE ET DOMMAGES PARTICULIER<br />

En dommages pour les Particuliers ou en Protection sociale, il est de plus en plus difficile<br />

pour les acteurs de l’assurance de se différencier avec la pression concurrentielle. Les<br />

marges étant déj<strong>à</strong> contractées, difficile de faire moins cher sans impacter la qualité de<br />

la couverture et de la relation client. La profusion de services observée ces dernières<br />

années ne suffit plus pour se différencier. Quelles sont alors les marges de manœuvre<br />

pour donner plus de <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance sur ces types de risques ?<br />

Commencer par revoir les fondamentaux : une relation client irréprochable, avec<br />

des garanties et services plus utiles (cf partie II). Ensuite, c’est l’intégration dans une<br />

expérience de moments de vie plus fluide sans perdre la relation client qui devient clé<br />

pour ces deux types de risques. L’assurance intégrée peut avoir beaucoup de <strong>sens</strong>,<br />

particulièrement dans un monde où les écosystèmes d’usage s’élargissent : mobilité,<br />

santé, é<strong>du</strong>cation, etc. Elle pourrait prendre tout son <strong>sens</strong> en « se faisant oublier » dans<br />

une expérience client plus large, ven<strong>du</strong>e dans le pro<strong>du</strong>it sous-jacent.


« L’avenir de l’assurance se situe dans l’assurance intégrée<br />

(B2B2C) et l’assurance servicielle<br />

avec un enjeu très fort sur la relation client »<br />

Pierre-Emmanuel Lefebvre, AXA Partners France<br />

Attention, il ne s’agit pas de se faire oublier <strong>à</strong> l’image <strong>du</strong> paiement qui a disparu dans<br />

certaines expériences client (exemple d’Uber). Si l’assurance, c’est-<strong>à</strong>-dire le pro<strong>du</strong>it, peut<br />

« se faire oublier » uniquement au moment de la souscription, les acteurs de l’assurance,<br />

eux, peuvent prendre une autre place : soit un rôle très technique de porteur de risque<br />

soit ce fameux rôle d’accompagnateur ou de partenaire de vie revendiqué par de<br />

nombreux acteurs. Néanmoins, ce rôle d’accompagnateur, même s’il est déj<strong>à</strong> identifié<br />

par les acteurs de l’assurance comme une direction <strong>à</strong> prendre, reste encore <strong>à</strong> déployer<br />

auprès des clients, notamment <strong>à</strong> travers des services plus utiles.<br />

IV. DU POINT DE VUE DES ACTEIURS DE L’ASSURANCE<br />

25


IV. DU POINT DE VUE DES ACTEIURS DE L’ASSURANCE<br />

« Nous n’avons pas su engager suffisamment notre transformation servicielle<br />

avant la crise. Les assureurs santé n’ont, dès lors, pas pu être suffisamment<br />

présents pendant la crise sur les enjeux <strong>du</strong> quotidien alors que des acteurs<br />

comme Doctolib ont été au cœur des actions de vaccination par exemple »<br />

Isabelle Hébert, AG2R La Mondiale<br />

26<br />

Pour la Protection sociale, un autre enjeu est <strong>à</strong> prendre en compte : le poids <strong>du</strong><br />

législateur qui limite la marge de manœuvre. Contrats responsables, 100% santé,<br />

autant de réglementations qui encadrent de manière très précise l’assurance santé. Le<br />

rapport <strong>du</strong> Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) de janvier 2021<br />

parle de « soutenabilité règlementaire », il évoque surtout des scénarii qui remettent<br />

en cause le rôle actuel des assureurs en Protection sociale et donc leur <strong>sens</strong>.<br />

« Le poids <strong>du</strong> règlementaire en complémentaire santé est tel<br />

que l’on peut se demander si on fait toujours de l’assurance<br />

s’interroger sur la place de la liberté contractuelle au sein<br />

des garanties, ou encore sur le rôle de l’assurance en termes<br />

de gestion de risque car il s’agit surtout de liquider des<br />

prestations »<br />

Maud Vautrain<br />

Covéa


2. GRANDS RISQUES<br />

Concernant les grands risques, la proposition de valeur semble assez forte avec<br />

l’utilisation de services dans une logique gagnant-gagnant entre l’assureur et<br />

l’entreprise cliente. L’accompagnement des clients par les assureurs dans le cas des<br />

grands risques est puissant car son utilité, tout de suite perçue, se maintient tout au<br />

long <strong>du</strong> parcours client pour les entreprises de la prévention <strong>à</strong> l’indemnisation.<br />

« Sur le <strong>sens</strong> d’un modèle d’assurance intégrant<br />

davantage la prévention, on peut prendre l’exemple<br />

de l’assurance aux entreprises pour laquelle les<br />

clients intègrent déj<strong>à</strong> la prévention comme un<br />

besoin et un critère de choix. Par exemple en<br />

assurance de flottes : lorsqu’on répond <strong>à</strong> un AO,<br />

on nous demande au-del<strong>à</strong> de la cotation de la<br />

prime d’assurance, quel dispositif de prévention on<br />

peut mettre <strong>à</strong> disposition <strong>du</strong> gestionnaire de parc<br />

(consignes, reco, formation, etc) »<br />

IV. DU POINT DE VUE DES ACTEIURS DE L’ASSURANCE<br />

Florent Villain<br />

MAIF<br />

27<br />

Les assureurs interviennent dans un vrai rôle de conseil en proposant des programmes<br />

de gestion <strong>du</strong> risque en fonction de la compréhension des risques et de l’appétit au<br />

risque <strong>du</strong> client. Ces programmes de gestion <strong>du</strong> risque s’appuient sur un panel de<br />

solutions au-del<strong>à</strong> de la couverture assurantielle : auto-assurance, captives, actions de<br />

prévention, etc. Le client a intérêt <strong>à</strong> suivre les recommandations de son assureur car<br />

cela a un impact sur son renouvellement mais surtout pour éviter des interruptions<br />

d’activités.<br />

L’enjeu, pour garder <strong>du</strong> <strong>sens</strong> en dommages entreprise, sera de trouver des alternatives<br />

aux hausses de cotisation et de faire face aux risques nouveaux des entreprises.<br />

Les risques émergents ont toujours été une préoccupation pour les assureurs, mais<br />

aujourd’hui, l’interdépendance et la criticité des risques pèsent sur la capacité <strong>à</strong><br />

trouver des solutions pertinentes pour les entreprises.


IV. DU POINT DE VUE DES ACTEIURS DE L’ASSURANCE<br />

28<br />

« Dans le secteur des grands risques, la<br />

situation actuelle est l’occasion de revenir<br />

aux fondamentaux <strong>du</strong> métier (évaluer,<br />

prévenir, couvrir) pour trouver des<br />

alternatives aux hausses de cotisation et<br />

faire face aux risques nouveaux (climatiques,<br />

pandémie, cyber…) »<br />

Florence Louppe<br />

HDI Global SE France<br />

Cyberrisques, risques pandémiques, risques liés au dérèglement climatique ou<br />

<strong>à</strong> l’instabilité financière…le défi est grand. Nous l’avons bien vu avec les pertes<br />

d’exploitation : la société attend des acteurs de l’assurance qu’ils jouent leur rôle de<br />

protection. Peu importe la technique qui est un problème de fabriquant, l’opportunité<br />

est l<strong>à</strong> car l’attente, même par le mécontentement, a été exprimée.<br />

« Le prochain défi pour les grands risques porte sur la réinvention de la<br />

mutualisation pour couvrir les risques systémiques : réflexions sur un<br />

mécanisme de mutualisation dans le temps, nécessité de faire évoluer la<br />

réglementation pour permettre la création de captives en France. »<br />

Florence Louppe, HDI Global SE France<br />

Concernant le risque pandémique, la coopération entre acteurs privés ou publics<br />

est primordiale, les réflexions sont déj<strong>à</strong> en cours. Si le <strong>sens</strong> est compris comme la<br />

direction <strong>à</strong> donner, alors concernant les grands risques, il faudra prendre le chemin<br />

de la coopération face <strong>à</strong> la complexité des risques de plus en plus systémiques. La<br />

coopération sera nécessaire non seulement pour comprendre les risques <strong>à</strong> l’œuvre<br />

mais aussi pour innover et trouver des solutions acceptables pour tous financièrement.<br />

Les acteurs de l’assurance devront s’ouvrir aux autres pour garder <strong>du</strong> <strong>sens</strong>.


CONCLUSION<br />

Nous avons exploré dans cette étude le <strong>sens</strong> de l’assurance en passant d’un point<br />

de vue <strong>à</strong> un autre : société, clients, collaborateurs et acteurs de l’assurance. Ces<br />

points de vue, même s’ils font ressortir des facettes différentes <strong>du</strong> « <strong>sens</strong> », sont<br />

étroitement liés, nécessitant une approche systémique pour en maximiser l’impact.<br />

Le <strong>sens</strong> pour les collaborateurs est étroitement lié <strong>à</strong> deux autres points de vue : sans<br />

compréhension de son utilité pour les clients et sans compréhension de la direction<br />

donnée par l’acteur de l’assurance, les collaborateurs perdent la signification de leur<br />

travail.<br />

La direction <strong>à</strong> prendre par les acteurs de l’assurance est tirée <strong>à</strong> la fois par sa capacité<br />

<strong>à</strong> répondre aux besoins des clients <strong>à</strong> court terme et par son impact, par nature <strong>à</strong> long<br />

terme, dans la société. C’est donc sa capacité <strong>à</strong> réconcilier la gestion <strong>du</strong> court et <strong>du</strong><br />

long terme qui donne <strong>à</strong> l’assurance tout son <strong>sens</strong>.<br />

« Le <strong>sens</strong> pour les clients s’exprime par la <strong>du</strong>rabilité de la<br />

relation et le souci de bien faire son métier dans la <strong>du</strong>rée. »<br />

29CONCLUSION<br />

Arnaud Leboucher, Generali France<br />

Cette notion <strong>du</strong> temps est en fait une des spécificités majeures de l’assurance avec le<br />

fameux cycle inversé de l’assurance. Ainsi, dans un monde économique en transition<br />

où la <strong>du</strong>rabilité pèse davantage, les assureurs vont pouvoir transformer une contrainte<br />

inhérente <strong>à</strong> leur cœur de métier (cycle inversé de l’assurance) en opportunité s’ils<br />

renforcent leur capacité <strong>à</strong> allier agilité et résilience.<br />

<strong>Redonner</strong> <strong>du</strong> <strong>sens</strong> <strong>à</strong> l’assurance, c’est comprendre son impact sur chacune de ses<br />

parties prenantes et les interactions entre elles, afin d’adapter son modèle et ainsi<br />

asseoir sa pérennité.


30CONTACTS<br />

CONTACTS<br />

TENZING, LE CABINET COMPLICE DE VOTRE TRANSFORMATION<br />

Nous accompagnons nos clients dans leurs projets de transformations structurantes,<br />

de la conception stratégique <strong>à</strong> la mise en oeuvre. Cet accompagnement se tra<strong>du</strong>it aussi<br />

par la transformation des métiers critiques qui structurent les business model comme<br />

l’expérience client, l’expérience collaborateur et la transformation responsable.<br />

DANS BUSINESS, IL Y A ESS<br />

ESS <strong>à</strong> sa fondation, B Corp depuis 2018 et société <strong>à</strong> mission depuis 2020, Tenzing<br />

porte un nouveau rôle d’entreprise : plus ouvert, plus responsable et plus performant.<br />

Nous l’incarnons au quotidien dans l’effort que nous mettons <strong>à</strong> intégrer des talents<br />

atypiques et <strong>à</strong> mener pour nos clients des missions qui renforcent leur impact positif.<br />

CONTACTS<br />

ERIC DELANNOY<br />

Président Tenzing<br />

eric.delannoy@tenzingconseil.fr<br />

06 73 43 18 62<br />

CLARISSE HAYOT<br />

Manager<br />

clarisse.hayot@tenzingconseil.fr<br />

06 58 82 34 80<br />

ANNE DOUANG<br />

Directrice<br />

anne.douang@tenzingconseil.fr<br />

07 86 20 66 50<br />

ATHINA LIMNATITIS<br />

Manager<br />

athina.limnatitis@tenzingconseil.fr<br />

06 59 54 49 09


CONTACTS<br />

A PROPOS DU CERCLE <strong>LAB</strong><br />

Le <strong>Cercle</strong> Lab a pour ambition de nourrir le secteur de nouvelles idées. Il s’organise<br />

pour cela autour de 11 clubs thématiques résolument orientés métiers dont les<br />

réflexions menées tout au long de l’année se concrétisent par la publication de 11<br />

publications annuelles.<br />

Véritables outils d’analyse prospectifs, ces 11 publications annuelles ont pour objectif<br />

de déceler les signaux, sonder les phénomènes et témoigner des mouvements qui<br />

annoncent les évolutions futures de l’assurance. La co-pro<strong>du</strong>ction de ces cahiers<br />

de tendance permettent, par conséquent, de disposer d’une vision structurée et<br />

inspirante <strong>du</strong> secteur. Le <strong>Cercle</strong> <strong>LAB</strong> est ainsi un formidable lieu de networking et de<br />

confrontation d’idées pour toutes les familles <strong>du</strong> secteur.<br />

31<br />

CONTACTS<br />

SÉBASTIEN JAKOBOWSKI<br />

Fondateur de Seroni<br />

sjakobowski@seroni.fr<br />

06.62.45.01.31<br />

FLORIAN DELAMBILY<br />

Rédacteur en chef<br />

de News Assurances Pro<br />

fdelambily@seroni.fr<br />

06.15.43.30.89


CARNET# 11<br />

ÉTUDE<br />

REDONNER DU SENS À L’ASSURANCE<br />

L’assurance a toujours souffert d’un manque de confiance et donc une certaine<br />

perte de <strong>sens</strong>. La crise sanitaire a accentué ce phénomène. Malgré les arguments<br />

techniques et contractuels, les pertes d’exploitation ont eu l’effet d’un non-<strong>sens</strong>, car<br />

ce qui est resté, c’est cette image d’assureurs qui n’ont pas répon<strong>du</strong> présents pour<br />

leurs clients dans le besoin. Cette étude, qui s’appuie notamment sur une quinzaine<br />

d’entretiens avec des décideurs de l’assurance, explore le <strong>sens</strong> de l’assurance :<br />

• Quel est le <strong>sens</strong> de l’assurance pour la société ?<br />

• Est-ce le même <strong>sens</strong> pour les clients <strong>à</strong> un niveau plus indivi<strong>du</strong>el ?<br />

• Les collaborateurs, entre l’importance <strong>du</strong> rôle de leurs employeurs pour la société<br />

et l’impact qu’ils peuvent avoir sur les clients, ont eux aussi besoin de <strong>sens</strong> : qu’est-ce<br />

qui a <strong>du</strong> <strong>sens</strong> pour eux ?<br />

• Se pose aussi la question <strong>du</strong> <strong>sens</strong> des métiers de l’assurance en fonction des types<br />

de risques : quelle direction prendre ?<br />

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