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syndicom magazine No.35

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 35 mai-juin 2023<br />

<strong>magazine</strong><br />

Climat<br />

et<br />

travail


Annonce<br />

Épargner, placer ou les deux?<br />

On dit que «les petits ruisseaux font les grandes rivières». Un vieux proverbe bien connu qui<br />

s’applique tant à l’épargne qu’au placement. Si l’épargne joue un rôle important pour optimiser<br />

ses finances, elle n’est pas le seul moyen de se constituer un patrimoine: les investissements<br />

sont eux aussi un instrument essentiel pour augmenter sa fortune à long terme.<br />

Et pour vous, quelle est la meilleure solution?<br />

L’épargne, le placement ou les deux? En réalité, cela<br />

dépend de votre situation personnelle, de vos souhaits<br />

et de vos objectifs. Nous avons réuni pour vous les<br />

principales informations qui vous familiariseront avec<br />

les différentes options possibles et leurs avantages.<br />

Retour sur l’épargne, une solution qui redevient<br />

plus attrayante<br />

La BNS a récemment relevé les taux directeurs à<br />

quatre reprises, la dernière remontant au 23 mars<br />

2023. Ces hausses sont les premières opérées depuis<br />

16 ans et marquent ainsi un tournant souvent qualifié<br />

d’«historique».<br />

C’est pourquoi, depuis quelques mois, vous profitez de<br />

nouveau de taux d’intérêt positifs sur divers comptes<br />

bancaires, par exemple de 0,75% 1 sur le compte Zak<br />

ou de 1,65% sur le compte d’épargne Plus* la première<br />

année à partir de la date d’ouverture du compte. Cela marque donc le retour en grâce du compte d’épargne, qui vous permettra<br />

de faire fructifier votre argent. Mais comme toujours, si vous placez votre argent, vous augmentez vos chances de<br />

profiter d’un rendement plus élevé, et grâce à un horizon de placement à long terme, le risque demeure peu élevé.<br />

Épargner, oui, mais pour quoi faire?<br />

Il vous est déjà très certainement arrivé d’avoir à faire face à des dépenses imprévues: réparation automobile, portable<br />

endommagé, soins médicaux... Ou à des dépenses certes planifiées, mais qui grèvent tout autant votre budget, telles que<br />

des vacances ou une formation.<br />

Mais alors comment nous préparer à ces situations pour couvrir les dépenses nécessaires? En mettant de l’argent de<br />

côté et en créant ainsi un filet de sécurité, ce qui nous permet, le cas échéant, de ne pas nous retrouver en difficulté et de<br />

conserver notre niveau de vie habituel, même après avoir effectué les importantes dépenses prévues.<br />

En résumé: l’épargne est une solution optimale lorsque l’on a besoin de piocher rapidement dans son patrimoine pour<br />

gérer des dépenses prévues comme imprévues.<br />

Quelle est la différence par rapport au placement?<br />

Le placement est une solution qui permet également de mettre de l’argent de côté pour l’avenir et pour réaliser ses rêves.<br />

Cependant, dans ce cas précis, votre argent n’est pas conservé sur un compte d’épargne, mais est investi par exemple dans<br />

des actions, des obligations ou des fonds. Vous avez donc une chance d’obtenir des rendements plus élevés comparé au<br />

taux appliqué au compte d’épargne. Leur montant dépend de l’évolution des marchés financiers, et le risque sera donc, en<br />

contrepartie, plus élevé. Vous pouvez toutefois décider vous-même du niveau de risque que vous souhaitez courir: plus<br />

il est élevé, plus les opportunités de gain – mais aussi les risques de pertes – le sont également. Il incombe à chacun de<br />

décider pour lui-même, en fonction de sa propre situation personnelle, des fluctuations qu’il est disposé à accepter. Bien<br />

entendu, nous vous aidons sur cette voie en vous posant quelques questions sur votre propension au risque et en vous<br />

proposant diverses stratégies d’investissement adéquates. D’ailleurs, plus vous investissez à long terme, plus le risque de<br />

perte est faible.<br />

Et maintenant? Épargner, placer ou les deux?<br />

Il est important de prendre en compte votre situation financière, votre tolérance au risque et vos objectifs pour décider de<br />

la manière de gérer au mieux vos finances.<br />

Tandis que l’épargne offre à court terme plus de sécurité, le placement peut constituer une solution plus avantageuse sur<br />

la durée. En fin de compte, tant l’épargne que le placement constituent d’excellentes options pour constituer votre patrimoine.<br />

Et c’est une décision que vous devez prendre personnellement.<br />

Profitez chez la Banque Cler de taux d’intérêt positifs jusqu’à 1,65%*<br />

sur le compte d’épargne Plus.<br />

* Vous trouverez plus d’informations ainsi que les conditions sur www.cler.ch/compte-epargne-plus.<br />

Sous réserve de modifications des conditions.<br />

1 À partir d’un avoir en compte de 25 000 CHF. À partir de 25 000 CHF, taux d’intérêt de 0,0%.<br />

En cas de découverts sur le compte, les intérêts débiteurs sont de 11,5%.


Sommaire<br />

4 Brèves<br />

5 L’invitée<br />

6 Dossier : Vers un travail<br />

écologique et social<br />

15 Questionnaire<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

19 Droit au but<br />

20 Politique<br />

22 1000 emplois<br />

23 1000 mots<br />

24 Evènements<br />

26 Tranches de vie<br />

27 Mots croisés<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Décarboner une économie très dépendante de<br />

combustibles fossiles exige un cadre législatif<br />

performant, qui fixe les objectifs mais surtout<br />

la manière de les atteindre. Respecter l’Accord<br />

de Paris demande un changement profond et<br />

rapide dans la manière dont nous produisons,<br />

nous nous déplaçons et nous consommons. Les<br />

branches que <strong>syndicom</strong> représentent sont pour<br />

la plupart très gourmandes en pétrole et en<br />

gaz. Le malaise dans nos rangs est palpable :<br />

sortir des énergies fossiles fait craindre des<br />

pertes d’emplois.<br />

Or ce n’est pas ce que dit la loi climat que<br />

nous voterons le 18 juin. Comme le résume<br />

l’USS (p. 20-21), la loi démontre et répète que<br />

l’alliance autour des objectifs clairs en faveur<br />

de la réduction massive des émissions de<br />

CO 2<br />

est synonyme de mesures qui garantissent,<br />

à court terme, de nombreux emplois dignes<br />

et essentiels à cette transition (p. 12). C’est à<br />

l’Etat de devenir le maître d’œuvre ambitieux de<br />

cette société juste et écologique, comme le demande<br />

l’initiative syndicale genevoise 1000 emplois<br />

(p. 22).<br />

Nous voulons ouvrir le dialogue, en partie<br />

grâce au questionnaire à la p. 15 : que signifie<br />

une vraie politique énergétique pour <strong>syndicom</strong><br />

et le syndicalisme en général ? Pour vous en tant<br />

que membre, citoyen-ne, parent, femme, jeune<br />

ou retraité-e ? La question de l’emploi dans la<br />

transition écologique et sociale vous appartient.<br />

4<br />

6<br />

26<br />

Muriel Raemy, rédactrice


4 Brèves<br />

Salaire minimum \ Femmes moins payées\ Grève féministe \<br />

Planzer condamné \ Championnats de vélo \ Médias tessinois<br />

Un salaire pour vivre<br />

<strong>syndicom</strong> s’engage dans la récolte de<br />

signatures pour un salaire minimum<br />

lancée dans le canton de Vaud, dans les<br />

différents cantons de Suisse orientale<br />

(Thurgovie, St-Gall, Appenzell). Le but :<br />

introduire un minimum de 23 francs<br />

bruts dans les différentes constitutions<br />

cantonales. Dans les villes de Zurich et<br />

Winterthour, le syndicat s’est engagé en<br />

faveur du salaire minimum qui sera fixé,<br />

lui, à 23.90 francs si les citoyen-ne-s de<br />

ces deux villes l’acceptent en votation<br />

le 18 juin. Une initiative similaire est<br />

lancée en Valais et une autre est en préparation<br />

à Fribourg.<br />

Salaires des femmes plus bas<br />

Même avec un apprentissage, quatre<br />

femmes sur dix ont un salaire inférieur<br />

à 5000 francs par mois. Et 25 % gagnent<br />

même moins de 4500 francs, bien<br />

qu’elles aient un diplôme professionnel.<br />

C’est ce que montre la dernière analyse<br />

publiée par l’Union syndicale suisse<br />

(USS) en mai. L’USS demande donc au<br />

moins 5000 francs par mois pour toute<br />

personne qui a fait un apprentissage, un<br />

13 e salaire, des mesures fermes et<br />

strictes contre la discrimination salariale<br />

ainsi qu’un accueil des enfants en<br />

tant que service public.<br />

Grève féministe<br />

Nous étions dans la rue le 14 juin ! Une<br />

vague violette a déferlé dans toute la<br />

Suisse pour exiger du respect, du temps<br />

et de l’argent, pour une vraie égalité, ici<br />

et maintenant. Retrouvez l’événement<br />

au fil des prises de paroles et des multiples<br />

actions aussi créatives que colorées<br />

sur le site grevedesfemmes.ch.<br />

Planzer condamné<br />

Le Tribunal administratif fédéral a<br />

confirmé l’amende infligée à Planzer<br />

par Postcom (la Commission fédérale<br />

de La Poste). L’entreprise a enfreint la<br />

durée maximale de travail en vigueur<br />

dans la branche pour les distributrices<br />

et distributeurs. Les horaires de travail<br />

habituels sont de 44 heures par semaine,<br />

tandis que chez Planzer, la<br />

norme est actuellement de 48 heures<br />

par semaine. Nous saluons cette décision.<br />

<strong>syndicom</strong> négocie actuellement<br />

une CCT avec Planzer pour trouver une<br />

solution régulant le temps de travail de<br />

manière contraignante.<br />

En selle<br />

La vieille ville de Berne a accueilli les<br />

Championnats suisses de coursières et<br />

coursiers à vélo du 26 au 29 mai dernier.<br />

<strong>syndicom</strong> y était présente en tant<br />

que sponsor et pour soutenir la CCT en<br />

vigueur dans la branche. Les coursières<br />

et coursiers à vélo ainsi que les<br />

livreuses et livreurs sont une composante<br />

importante de la branche logistique.<br />

<strong>syndicom</strong> a conclu en 2019 une<br />

convention collective de travail avec<br />

Swiss Messenger Logistics. Les employé-e-s<br />

des 17 entreprises affiliées<br />

bénéficient de conditions de travail<br />

équitables et de salaires minimaux réglementés.<br />

Une aide pour les médias<br />

tessinois<br />

Les médias sont en crise depuis un<br />

certain temps. Au Tessin, cela a<br />

conduit à la fermeture de journaux<br />

(comme le Giornale del Popolo) et à des<br />

licenciements. Lors de la session du<br />

Grand Conseil du mois de mai, <strong>syndicom</strong><br />

et l’ATG (Associazione Ticinese dei<br />

Giornalisti) ont sensibilisé les politiques<br />

à la crise que traversent les médias<br />

et ont demandé un plan d’aide aux<br />

médias locaux au Tessin, à l’instar de<br />

ce qui se fait dans le canton de Vaud.<br />

Car si les médias sont faibles, la démocratie<br />

l’est aussi.<br />

Agenda<br />

Juin<br />

17<br />

Assemblée des délégué-e-s<br />

<strong>syndicom</strong><br />

L’Assemblée nationale des délégué-e-s<br />

de <strong>syndicom</strong> se tiendra au Bierhübeli à<br />

Berne. Informations supplémentaires<br />

sur my.<strong>syndicom</strong><br />

18<br />

Votations fédérales<br />

Oui à la loi pour la protection du climat,<br />

non à l’imposition minimale de l’OCDE,<br />

oui à la loi COVID-19<br />

Juillet<br />

19-23<br />

Anarchie<br />

A St-Imier, rencontres internationales<br />

antiautoritaires à l’occasion des<br />

150 ans de la première rencontre dans<br />

le Jura suisse. www.anarchy2023.org<br />

Août<br />

2-12<br />

Films du sud à Locarno<br />

Cette année encore, la section Open<br />

Doors défend des films de l’Amérique<br />

latine et des Caraïbes lors du festival<br />

du film de Locarno<br />

Septembre<br />

16<br />

Manifestation<br />

L’USS organise une manifestation sur<br />

les salaires, les rentes et le renchérissement.<br />

Large mobilisation du côté de<br />

la centrale et dans les régions. Plus<br />

d’infos suivront sous peu<br />

30<br />

Grève pour le climat<br />

Toutes et tous ensemble pour la justice<br />

climatique ! Manifestation sur la Place<br />

fédérale, à Berne, dès 14h<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


L’invitée<br />

5<br />

Nous, les Aînées pour la protection du climat,<br />

accusons la Suisse d’inaction climatique.<br />

Nous, les personnes âgées, nous sommes le groupe<br />

de population le plus fortement touché par l’augmentation<br />

des canicules. Nous devons également<br />

agir aujourd’hui pour protéger les générations<br />

futures contre des effets encore pires. Depuis<br />

l’autmne 2016, nous menons une action en justice<br />

contre l’Etat, pour qu’il respecte ses engagements<br />

pris en signant l’Accord de Paris. Nous revenons de<br />

Strasbourg, où nous avons porté notre combat<br />

devant la Cour européenne des droits de l’homme<br />

(CEDH).<br />

Ce sont nos droits fondamentaux, notre droit à<br />

la vie et à la santé, qui sont bafoués. Pourtant, ni<br />

nos autorités fédérales, ni les tribunaux suisses,<br />

notamment le Tribunal fédéral, n’ont jugé nécessaire<br />

d’examiner notre requête sur le fond. Ils<br />

placent ainsi la crise climatique hors du droit.<br />

La CEDH a réservé, elle, un traitement prioritaire<br />

à notre requête : le 29 mars 2023, pour la première<br />

fois de son histoire, la Cour a examiné les effets du<br />

réchauffement climatique en lien avec les droits<br />

fondamentaux. Lors de cette audience publique,<br />

les deux représentants du Gouvernement suisse<br />

ont admis que le budget carbone restant, soit la<br />

quantité maximale de carbone que notre pays peut<br />

émettre jusqu’en 2050, n’a pas été calculé. Pour<br />

eux, un pays seul ne peut résoudre la crise globale.<br />

Nous sommes bien d’accord, c’est pourquoi nous<br />

demandons à la CEDH de fixer l’objectif à atteindre,<br />

afin que la législation ait un réel impact ! La procédure<br />

clarifiera pour la Suisse et, en tant que précédent,<br />

pour tous les Etats du Conseil de l’Europe,<br />

s’il existe des obligations en matière de droits<br />

humains pour endiguer le réchauffement climatique<br />

et, le cas échéant, lesquelles. Nous comptons<br />

sur la CEDH pour rappeler à notre gouvernement<br />

son devoir de protection contre les conséquences<br />

négatives du réchauffement climatique.<br />

Tout ce qui nous est<br />

cher est en jeu<br />

A 20 ans, alors sans droit de vote au<br />

plan fédéral, Anne Mahrer prend<br />

conscience que si elle ne s’occupait pas<br />

de politique, la politique s’occupait<br />

d’elle et qu’elle négligeait deux notions<br />

fondamentales à ses yeux : l’égalité<br />

entre femme et homme et la protection<br />

de l’environnement. Après plusieurs<br />

mandats politiques, sous la bannière<br />

des Verts, au niveau communal (1987-<br />

2001), cantonal (2001-2013) et national<br />

(2013-2015), face à l’urgence climatique,<br />

il n’y avait pas de retraite possible ! Agir<br />

au niveau judiciaire ouvre de nouvelles<br />

perspectives. Elle continue donc à faire<br />

sa part en tant que coprésidente de<br />

l’association des Aînées pour la protection<br />

du climat.


Climat et travail :<br />

comment y arriver ?


8 Dossier<br />

Vers un travail<br />

écologique et social<br />

Lutter contre le changement climatique avec des mesures socialement équitables : quelles sont les réflexions à l’œuvre<br />

dans nos secteurs ? Où en sont les mesures pratiques dans les entreprises de nos partenaires sociaux ? Voici un petit<br />

tour d’horizon dont l’ambition est de démarrer la réflexion.<br />

En parallèle, nous affirmons que l’urgence climatique est une urgence syndicale : soutenir le développement d’emplois<br />

verts et sains pour permettre de faire face à la fois à la crise économique, sociale et environnementale est cohérente<br />

avec note mission de défense des intérêts des salarié·e·s.<br />

Pour <strong>syndicom</strong>, les services publics peuvent et doivent jouer un rôle déterminant : par le développement des transports<br />

publics, par la production d’énergies renouvelables, par la formation et la recherche. La réduction du temps de<br />

travail est une question syndicale qui répondrait à une partie de l’équation épineuse de la qualité de vie dans une économie<br />

décarbonée. Qu’en pensez-vous ?<br />

Caisses de pension:<br />

une idée radicale<br />

Pour assurer un deuxième pilier stable, les caisses de<br />

pension sont tenues de générer un rendement. Pour se<br />

prémunir des risques, elles doivent investir de manière<br />

diversifiée. Le drame : de par leur choix de placements,<br />

ces institutions financières, tout comme les banques et<br />

les assurances, promeuvent une hausse massive des températures.<br />

Pour Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

logistique chez <strong>syndicom</strong> et vice-président de la Caisse<br />

de pension de La Poste (CP), remettre à l’ordre du jour la<br />

question radicale de fusionner l’AVS et le deuxième pilier<br />

permettrait d’enrayer ce système de capitalisation si néfaste<br />

au climat.<br />

En attendant le retour de cette revendication syndicale à<br />

l’agenda politique, il s’agit pour <strong>syndicom</strong> de s’engager<br />

au sein du conseil de fondation de la CP pour que les placements<br />

effectués ne contribuent plus au financement<br />

d’entreprises particulièrement polluantes ou d’entreprises<br />

ne respectant pas les droits humains et sociaux.<br />

« Nous voulons une politique climatique cohérente qui<br />

ne mette pas en péril les dépôts des travailleuses et travailleurs<br />

et leur droit à des retraites dignes. La CP doit<br />

prioritairement peser de tout son poids pour que les<br />

fonds dans lesquels elle investit réorientent leur portefeuille<br />

vers des placements durables, comme les énergies<br />

renouvelables ou de la microfinance par exemple. Plus<br />

les investissements seront neutres pour le climat, plus<br />

sûr sera le financement des rentes. »<br />

PostFinance:<br />

finances durables<br />

PostFinance est confrontée au défi que représentent les<br />

attentes légitimes de ses client·e·s à ce que leur argent<br />

soit investi de manière climatiquement neutre. Pour ce<br />

faire, elle a besoin de produits de placement adaptés. Les<br />

solutions de placement climatiquement neutres se sont<br />

révélées lucratives dans le passé et cette tendance devrait<br />

se poursuivre, la pression exercée sur les entreprises pour<br />

réduire leur empreinte écologique devenant de plus en<br />

plus élevée. « Par conséquent, une banque climatiquement<br />

neutre ne sera bientôt plus seulement une nécessité<br />

écologique, mais aussi une nécessité économique »,<br />

explique David Roth, secrétaire central.


Dossier<br />

9<br />

Emplois et transition vers<br />

une économie à zéro émission<br />

Du point de vue des travailleuses et travailleurs, la transition refaçonnera<br />

en profondeur le marché du travail de telle sorte qu’elle<br />

engendrera aussi bien de nouveaux risques que de nouvelles opportunités<br />

: de nouveaux emplois mais aussi, dans certains cas,<br />

la destruction d’emplois, le remplacement de certaines professions<br />

par de nouveaux métiers et le besoin de nouvelles compétences<br />

et aptitudes. Certains secteurs et régions, en particulier ceux qui<br />

dépendent d’industries à haute densité de carbone, peuvent être<br />

plus négativement affectés que d’autres. Anticiper ces tendances<br />

et leur impact sur les salarié·e·s présentent pour les syndicats<br />

une opportunité d’améliorer leur compréhension des changements<br />

en cours et leur influence sur la politique climatique.<br />

Dans cette perspective, et conformément à l’agenda 2030 des Nations<br />

unies pour le développement durable, il est crucial d’assurer<br />

une « transition juste » ainsi que la création d’emplois décents et<br />

de qualité. La participation des syndicats dans la gouvernance du<br />

processus politique est donc particulièrement importante. Cette<br />

importance a été soulignée tant au niveau international qu’au niveau<br />

européen. Le préambule de l’Accord de Paris invite les parties<br />

à « tenir compte des impératifs d’une transition juste pour la population<br />

active », ce qui, à l’évidence, implique la participation des<br />

travailleurs et travailleuses.<br />

TRANSPORTS<br />

ÉNERGIE ET PRODUCTION<br />

énergies renouvelables<br />

Des énergies fossiles aux<br />

INDUSTRIE<br />

Efficacité énergétique,<br />

électrification et<br />

économie des<br />

ressources<br />

naturelles<br />

Électrification des véhicules,<br />

réduction du trafic,<br />

décentralisation<br />

logistique,<br />

vélo<br />

CONSTRUCTION<br />

Rénovation des<br />

bâtiments, matériaux<br />

responsables<br />

CHF<br />

responsables<br />

Investissements<br />

FINANCES<br />

TRANSITION JUSTE<br />

DIVERSIFICATION<br />

ÉCONOMIQUE<br />

ET POLITIQUE<br />

INDUSTRIELLE<br />

GOUVERNANCE<br />

ET PARTICIPATION<br />

SYNDICALE<br />

ÉDUCATION,<br />

FORMATION ET<br />

COMPÉTENCES<br />

PROTECTION<br />

SOCIALE<br />

RENFORCEMENT<br />

DES CAPACITÉS DES<br />

ORGANISATIONS<br />

SYNDICALES<br />

Sources : « Impliquer les syndicats dans la lutte contre le changement climatique<br />

pour construire une transition juste. » Confédération européenne des syndicats, 2018.


10 Dossier<br />

La Poste:<br />

logistique décentralisée<br />

Des chaînes de livraison efficaces et neutres sur des distances<br />

plus courtes : la réorganisation des livraisons et<br />

de l’approvisionnement est un enjeu crucial. Cette logistique<br />

du futur se construira en partie avec La Poste. Pour<br />

David Roth, secrétaire central, il s’agit de garder un réseau<br />

étoffé de bureaux de poste classiques. « Pour faire<br />

face à un trafic exponentiel de marchandises, une logistique<br />

décentralisée est souhaitable. Au contraire de ce<br />

qu’est en train de faire le Conseil fédéral en concentrant<br />

les services sur des centres névralgiques. »<br />

La clientèle souhaite de plus en plus être livrée tout de<br />

suite, partout et dans le respect de l’environnement – de<br />

préférence directement sur le pas de la porte. C’est pourquoi<br />

ce « dernier kilomètre » est tellement crucial pour<br />

une politique environnementale digne de ce nom. La<br />

Poste compte aujourd’hui quelque 6000 véhicules à trois<br />

roues et 583 véhicules à quatre roues fonctionnant avec<br />

une propulsion électrique – issue de courant écologique –<br />

en circulation pour la distribution du courrier. A partir de<br />

2025, colis et lettres dans les centres urbains (ZH, BE, GE<br />

et BS) seront ainsi distribués sans émission de CO 2 . Elle<br />

serait encore plus exemplaire si la livraison des colis s’opérait<br />

également à l’aide de mode de transport décarboné.<br />

Les postières et postiers sont équipé·e·s d’uniformes qui<br />

permettent d’affronter l’été. Le problème se pose plutôt<br />

dans les dépôts. Bruno Ribagnac, facteur à Renens et<br />

membre de la CoPe, milite depuis des années pour des<br />

mesures d’accompagnement des épisodes de canicule.<br />

« Plusieurs locaux sont anciens, sans climatisation, avec<br />

des ventilateurs vétustes et très bruyants. La nuit, les locaux<br />

ne peuvent pas être aérés pour des raisons de sécurité,<br />

alors le matin, il fait déjà chaud : les températures<br />

peuvent atteindre 33°. Pas facile de travailler dans ces<br />

conditions pendant trois heures, trois heures et demie !<br />

Par le biais des comités du personnel, nous avons demandé<br />

de l’eau, des lingettes humides, des gourdes. Et de la<br />

climatisation. En 2021, on a obtenu un quart d’heure de<br />

pause supplémentaire,<br />

mais en 2022, on ne<br />

nous l’a plus accordé. Le<br />

problème, c’est que La<br />

Poste ne semble pas<br />

avoir de stratégie pour<br />

ces problèmes qui vont<br />

s’intensifier à l’avenir. »<br />

CarPostal:<br />

mobilité<br />

climatiquement<br />

neutre<br />

La mobilité est le secteur le plus émetteur de gaz à effet<br />

de serre en Suisse : plus d’un tiers des émissions est causé<br />

par le transport de marchandises et de personnes (hors<br />

trafic aérien).<br />

Selon Manuel Wyss, secrétaire central, l’accessibilité à<br />

des solutions de transport durables est la clé. « Qu’ils le<br />

veuillent ou non, un grand nombre de nos membres sont<br />

obligés d’utiliser une voiture pour se rendre à leur travail.<br />

Des transports publics à des fréquences suffisantes et<br />

efficaces, aussi de nuit, permettraient de concurrencer<br />

efficacement la voiture. »<br />

Des revendications syndicales sont nécessaires à plusieurs<br />

niveaux, notamment sur le plan légal : par l’inscription<br />

dans la Constitution de la priorité aux transports<br />

publics sur les transports privés, du développement des<br />

transports publics adaptés à la population ainsi qu’aux<br />

espaces urbains et ruraux, du développement des pistes<br />

cyclables. <strong>syndicom</strong> demande également que la comptabilité<br />

climatique soit prise en compte lors de l’octroi de<br />

concessions de lignes de bus.<br />

La mobilité se joue également au sein des entreprises.<br />

Swisscom, La Poste, Cablex et, bien sûr, CarPostal ont réduit<br />

ou réduisent fortement leur flotte de véhicules à moteurs<br />

thermiques. Pour <strong>syndicom</strong>, il s’agit de savoir à<br />

quelle vitesse et à quel prix. Pour Manuel Wyss : « D’ici<br />

2040, les 2400 véhicules de la flotte CarPostal devraient<br />

également rouler entièrement avec des énergies alternatives.<br />

Alors que <strong>syndicom</strong> soutient la conversion de l’ensemble<br />

de la flotte de La Poste, le syndicat attend de la<br />

politique qu’elle décide notamment, dans le cadre de la<br />

loi sur le CO 2 , un financement de départ pour la conversion<br />

de la flotte d’autobus. » La durabilité de la production<br />

d’électricité, la durée de vie des batteries et leur teneur<br />

en métaux précieux posent des problèmes non résolus<br />

ainsi que la question de notre niveau de consommation.


Dossier<br />

11<br />

Services à vélo:<br />

météo et intempéries<br />

« En hiver on grelotte, en été on pue ! », sourit Martin Gunn,<br />

coursier chez Velokurier Velokuriere à Bienne. Les différentes<br />

entreprises de cyclomessagerie qui quadrillent le<br />

pays proposent des services de livraison sûrs, personnalisés,<br />

écologiques, des délais ultracourts, et ce dans toutes<br />

les conditions météo possibles. Les collègues de la Chauxde-Fonds<br />

cloutent même leurs pneus pour pouvoir rouler<br />

sur la glace ! Comment rouleront-elles et ils dans des<br />

conditions toujours plus extrêmes ? « Les aléas de la météo<br />

ne simplifient pas notre tâche, mais si on adaptait<br />

nos horaires, pour ne pas rouler aux heures les plus<br />

chaudes par exemple, nous perdrions notre avantage lié<br />

à la rapidité de nos services. Nos client·e·s risqueraient<br />

de faire appel aux livreuses et livreurs motorisé·e·s qui<br />

ne craignent pas la chaleur dans leur véhicule climatisé ! »<br />

<strong>syndicom</strong> compte sur la déclaration de force obligatoire<br />

générale de la CCT et contribuer ainsi à une concurrence<br />

loyale et équitable.<br />

Télécommunications:<br />

économie d’électricité<br />

A long terme, la consommation d’énergie en constante<br />

augmentation pose un énorme défi. Si toutes les entreprises<br />

de télécommunications et TIC ne misent pas encore<br />

sur le courant écologique, Swisscom est depuis longtemps<br />

le deuxième plus grand acheteur d’électricité verte<br />

en Suisse, après les CFF. L’entreprise mise sur des mesures<br />

d’économie d’électricité, comme par exemple la<br />

réduction des capacités pendant la nuit grâce à des arrêts<br />

automatiques ou de l’air frais refroidissant directement<br />

sur les appareils afin de ne pas devoir refroidir toute la<br />

pièce. « Chez Swisscom, l’exploitation est neutre en CO 2<br />

depuis 2020 et les abonnements, réseaux et appareils depuis<br />

2022 », explique Davy Neullas, ICT Application Manager<br />

et membre <strong>syndicom</strong>.<br />

Si la flotte de véhicules s’électrifie lentement, des véhicules<br />

avec moteur à combustion continuent d’être achetés<br />

: là aussi une prise de position politique claire permettrait<br />

d’accélérer le processus. Pour Davy Neullas : « Les<br />

salaires, les retraites, le télétravail, l’égalité hommes/<br />

femmes, la santé au travail, la formation ou la diversité<br />

sont des problématiques bien mieux priorisées que le<br />

climat pour l’instant. Une formation adéquate sur les<br />

conséquences du réchauffement climatique serait appréciée<br />

au sein de l’entreprise ! »<br />

Infrastructures de réseau:<br />

canicule<br />

« En novembre 2022, un glissement de terrain<br />

dans la commune de Brienz-Brinzauls<br />

a brisé une conduite de fibre optique qui<br />

connectait 17 foyers au réseau. Dans ce cas<br />

bien précis, il n’est plus judicieux de laisser<br />

les lignes sous-terre : une ligne aérienne<br />

sera construite en 2023 »,<br />

explique Pascal Wicht, localisateur<br />

chez Cablex SA. En tant que<br />

constructeurs, nos collègues de<br />

la branche de l’infrastructure de réseau sont confrontés<br />

à des défis particuliers : « Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il<br />

neige, nous sommes obligées d’intervenir dans les délais<br />

les plus courts possibles ! » Les vagues de chaleur sont<br />

quant à elle le risque le plus important auquel sont déjà<br />

exposé·e·s les salarié·e·s. Elles se multiplient. Pour la<br />

Suisse, les modèles climatiques indiquent que dans les<br />

dix ans à venir, il pourrait y avoir en moyenne 30 jours de<br />

canicule par an, entre mai et octobre. La loi fédérale sur<br />

le travail ne prévoit pas de seuils au-delà desquels le travail<br />

doit s’arrêter. Or, les risques pour la santé dus à la<br />

multiplication des vagues de chaleur nécessitent des<br />

règles plus claires et contraignantes sous peine d’une<br />

protection insuffisante de la santé. C’est pourquoi<br />

l’Union syndicale suisse (USS) a lancé en juillet 2022 une<br />

campagne pour inscrire dans la loi un seuil de température<br />

à partir duquel le travail en extérieur doit cesser, sans<br />

conséquences financières pour les salarié·e·s. <strong>syndicom</strong><br />

soutient cette revendication visant à faire inscrire ce seuil<br />

dans la loi sur le travail.


12 Dossier<br />

Industrie graphique:<br />

digital contre papier<br />

Contrôle aérien:<br />

grounding climatique<br />

Après la pandémie, c’est le climat qui risque de clouer les<br />

avions au sol. Si moins de vols sont une bonne nouvelle<br />

pour la qualité de l’air, elle ne l’est pas forcément pour<br />

nos collègues de Skyguide. L’entreprise prestataire de<br />

services de navigation aérienne qui appartient quasiment<br />

exclusivement à la Confédération est actuellement financée<br />

via des redevances par vol. A long terme, ce modèle<br />

de financement est compromis, même si, malgré la diminution<br />

attendue des mouvements d’avions – souhaitable<br />

dans le contexte de réchauffement des températures – le<br />

travail reste identique. Pour <strong>syndicom</strong>, la Confédération<br />

doit envisager des soutiens supplémentaires, afin de préserver<br />

l’entreprise et son savoir-faire.<br />

La crise climatique pose des défis majeurs à l’industrie<br />

graphique et impression d’emballages : le papier et le<br />

carton sont des denrées de plus en plus chères. Viscom,<br />

l’association d’employeurs et d’entrepreneurs de l’industrie<br />

graphique suisse, s’engage pour une utilisation responsable<br />

du papier. Pour Michael Moser, secrétaire central,<br />

le tout au digital ne constitue pas une réponse<br />

acceptable : « L’illusion généralement séduisante selon<br />

laquelle les produits imprimés émettent plus de CO 2 que<br />

le numérique est malheureusement beaucoup trop peu<br />

remise en question. Les informations envoyées numériquement<br />

sont stockées indéfiniment sur des serveurs et<br />

dans le cloud, émettant ainsi quotidiennement du CO 2 .<br />

Sans parler de l’empreinte de tous les appareils de lecture<br />

nécessaires tels que les smartphones, les tablettes,<br />

etc. Je suis convaincu qu’un produit imprimé climatiquement<br />

neutre, qui sera ensuite recyclé, fera partie intégrante<br />

d’une économie circulaire indispensable à une<br />

société réellement neutre pour le climat. Bien organisée,<br />

l’industrie graphique peut donc clairement faire partie<br />

de la solution. »<br />

Angelo Zanetti, secrétaire central désormais retraité,<br />

ajoute que la branche IGE souffre actuellement d’un<br />

manque de main-d’œuvre qualifiée. « Nous ne nous dirigeons<br />

pas vers une disparition des places de travail,<br />

comme nous l’avions craint avec l’arrivée de la<br />

digitalisation. Nous devons faire tout ce qui<br />

est en notre pouvoir pour maintenir l’attractivité<br />

de la branche et la soutenir sur la voie<br />

des emplois durables tant sur le plan social que<br />

du point de vue environnemental. La CCT est<br />

un instrument majeur pour assurer la relève et<br />

garantir la formation continue. »<br />

La transition énergétique crée des emplois<br />

Un « développement modéré »<br />

des énergies renouvelables<br />

permettrait la création de<br />

52 000<br />

POSTES À PLEIN TEMPS<br />

En cas d’un<br />

« développement accéléré »,<br />

ce chiffre passerait à<br />

87 000<br />

POSTES À PLEIN TEMPS<br />

Sources : « Das Wertschöpfungs- und Arbeitsplatzpotential des beschleunigten Ausbaus der erneuerbaren<br />

Energien und der Energieeffizienz in der Schweiz », étude publiée en 2021 par la ZHAW.


Dossier<br />

13<br />

Livres:<br />

meilleur écobilan<br />

Presse:<br />

expertise scientifique de mise<br />

La réduction des émissions de CO 2 et la transition écologique<br />

posent de nouveaux défis à la société. De nombreuses<br />

rédactions ne disposent par exemple pas encore<br />

d’une expertise suffisante en matière de changement climatique,<br />

d’économie écologique et de gestion des conséquences<br />

du changement climatique. Or, le grand public<br />

a de plus en plus besoin de ces connaissances. « La création<br />

du Climate Journalism Network Switzerland et du<br />

laboratoire climatique par le média indépendant Republik<br />

nous réjouit. Nous appelons les éditeurs à se doter<br />

de ressources en personnel dans ces domaines », explique<br />

Stephanie Vonarburg, responsable du secteur Médias.<br />

Par ailleurs, certaines questions méritent<br />

d’être posées : quelle attitude adopter face<br />

aux personnes qui nient la réalité du réchauffement<br />

climatique ? Les articles traitant du<br />

climat doivent-ils systématiquement contenir<br />

une opinion contraire – souvent très minoritaire<br />

? Les réponses à ces questions et à<br />

d’autres doivent être trouvées au niveau de la<br />

branche. <strong>syndicom</strong> et ses membres s’investissent<br />

dans ces débats. Pour Stephanie Vornarburg,<br />

la politique des médias est à repenser<br />

sur le long terme. « On constate que de<br />

nombreux annonceurs, dont dépendent les<br />

éditeurs, ne montrent que peu d’intérêt pour<br />

la protection du climat. Retirent-ils leurs billes<br />

en cas de conflit d’intérêts ? La couverture médiatique<br />

s’en trouvera-t-elle biaisée ? Un soutien<br />

public accru aux médias est également nécessaire<br />

dans ce contexte afin de réduire la dépendance<br />

vis-à-vis des sources de financement nuisibles au climat. »<br />

Ces trente dernières années, le monde éditorial a évolué<br />

vers une production industrielle, selon une logique de<br />

marché qui est non seulement en opposition avec le<br />

temps long de l’écriture et de la lecture, mais gourmande<br />

en ressources. Le papier, c’est plus de 60 % de l’empreinte<br />

carbone de l’édition. Il va devenir une ressource complexe,<br />

son prix a déjà augmenté de manière significative<br />

depuis un an. Faut-il pour autant basculer vers le digital ?<br />

Non, l’écobilan du livre reste meilleur que celui de l’informatique<br />

qui représentait, en 2020, 10 % de la consommation<br />

électrique et 4 % des émissions de CO 2 mondiales.<br />

L’association SBVV (pour Schweizer Buchhandels- und<br />

Verlags -Verband) a créé un groupe de travail interdisciplinaire<br />

sur la durabilité, pour examiner comment réduire<br />

concrètement la consommation des ressources.<br />

« Nous visons la réduction des émissions de gaz à effet de<br />

serre ainsi que la protection de la biodiversité et, dans ce<br />

contexte, la collaboration avec d’autres associations et<br />

fédérations. » Tanja Messerli, directrice de SBVV, souligne<br />

les objectifs parfois contradictoires des trois secteurs<br />

spécialisés que sont l’édition, le commerce du livre et le<br />

commerce intermédiaire : « Si l’intermédiaire livre moins<br />

souvent pour des raisons écologiques, la librairie perd<br />

peut-être des clients parce que l’attente est justement<br />

une livraison très rapide. Nous cherchons à savoir à quel<br />

point la clientèle est sensible et où il est possible de les<br />

sensibiliser. »<br />

Melina Schroeter, secrétaire régionale en charge de ce<br />

dossier pour la Romandie, défend des salaires et des<br />

conditions de travail à la hauteur des qualifications et de<br />

l’engagement des libraires. « Amazon et consœurs<br />

exercent une pression sur les prix et les horaires d’ouverture<br />

sont prolongés pour faire face à la concurrence. La<br />

clientèle et les pouvoirs publics doivent faire preuve de<br />

conscience sociale lorsqu’ils achètent des livres. »<br />

GRAPHISME ET MISE EN PAGE<br />

Cinzia Sigg vit à Bienne et est directrice de son<br />

agence aldine.ch. Spécialisée dans l’éco-conception<br />

graphique, elle intègre dans ses créations<br />

des réflexions et des démarches environnementales,<br />

durables et solidaires.<br />

A côté de son entreprise, Cinzia est réalisatrice<br />

de documentaires citoyens au sein de son association<br />

Héros Ordinaires et chargée de communication<br />

au Réseau Transition Suisse Romande.<br />

Elle s’engage également comme bénévole auprès<br />

des associations rueAcœur (aumônerie et repas<br />

dans les rues de Bienne) et The Shifters Swizerland<br />

(qui travaille en faveur d’une économie<br />

suisse décarbonée).<br />

Retrouvez son travail sur www.aldine.ch


14 Dossier<br />

Quand les syndicats s’impliquent<br />

pour construire une transition juste…<br />

ROYAUME-UNI<br />

28 000 personnes travaillent dans les<br />

importants sites liés à l’industrie du<br />

charbon et il faut y ajouter trois ou<br />

quatre fois autant de travailleurs dans<br />

leurs chaînes d’approvisionnement. Depuis<br />

de nombreuses années, la branche<br />

locale du Congrès des syndicats britanniques<br />

(TUC) a créé, en 2018, un groupe<br />

rassemblant tous les partenaires-clés<br />

de de la la région – – syndicats, entreprise-, or-oganisations<br />

patronales, partenariats interentreprises<br />

locaux (LEP) et ONG environnementales<br />

(Sheffield Climate<br />

Alliance et Les Amis de la Terre) – pour<br />

contribuer au développement d’un plan<br />

régional de transition bas carbone.<br />

BELGIQUE<br />

RISE (région wallonne), BRISE (région<br />

bruxelloise) et Arbeid & Milieu (région<br />

flamande), des réseaux intersyndicaux<br />

de sensibilisation à l’environnement, ont<br />

été créés pour offrir un soutien aux délégués<br />

syndicaux sur les questions environnementales,<br />

stimuler la consultation<br />

sociale à ce sujet, renforcer la<br />

capacité d’intervention des délégués et<br />

mieux sensibiliser les travailleurs et<br />

leurs représentants en matière d’environnement.<br />

ALLEMAGNE<br />

En 2020, collaboration du syndicat ver.<br />

di avec le mouvement de grève pour le<br />

climat dans le cadre d’une campagne<br />

nationale sur la convention tarifaire<br />

(CCT) dans le domaine des transports<br />

publics.<br />

FRANCE<br />

En 2017, le consortium d’experts, dont<br />

des syndicalistes, s’est constitué pour<br />

accompagner l’ambitieux plan urbain vert<br />

« Grand Paris ». Il a plaidé le développement<br />

de l’emploi, des compétences et de<br />

la formation dans les cinq secteurs que<br />

sont le transport, l’automobile, la gestion<br />

de l’eau, les énergies et les déchets.<br />

ESPAGNE<br />

L’Alliance pour le climat réunit plus de<br />

400 ONG (Greenpeace, WWF et autres),<br />

des syndicats, des organisations de développement<br />

et de coopération, des associations<br />

d’agriculteurs et de consommateurs.<br />

Elle promeut la transition en<br />

faveur d’un modèle énergétique renouvelable,<br />

efficace, durable et équitable.<br />

Les syndicats ont en parallèle préparé<br />

des outils concrets pour sensibiliser<br />

leurs membres et renforcer leur capacité<br />

à faire face aux défis des changements<br />

climatiques pour le monde du<br />

travail.<br />

ITALIE<br />

La Coalition pour le climat 40, fondée en<br />

2015, rassemble plus de 200 organisations<br />

du secteur des services, des syndicats,<br />

des entreprises, des écoles et<br />

des universités ainsi que des milliers de<br />

citoyens. Elle a, par exemple en Emilie-Romagne,<br />

étroitement collaboré à<br />

l’élaboration du plan énergétique régional<br />

pour 2030, grâce à un processus de<br />

participation, qui fixe d’ambitieux objectifs,<br />

y compris une réduction des<br />

émissions de gaz à effet de serre allant<br />

jusqu’à 80 % d’ici à 2050 et l’abandon<br />

complet des combustibles fossiles dans<br />

le secteur de la production d’électricité.<br />

Sources : Fédération européenne des syndicats, ANSA, Industriall global union


Le climat et votre place de travail<br />

Lutter contre le changement climatique avec des mesures socialement équitables : quelles sont les réalités vécues<br />

par nos membres au sein des différents secteurs ? Où en sont les mesures pratiques dans les entreprises de<br />

nos partenaires sociaux ? Nous aimerions entendre votre avis. Merci d’avance !<br />

Quel est votre métier ?<br />

Que peut faire votre entreprise/secteur en particulier pour décarboniser et lutter ainsi contre le changement climatique ?<br />

(par exemple : bonus pour les transports publics, chauffer différemment, rénover )<br />

Que peut et doit faire votre employeur pour atténuer les conséquences de la crise climatique sur votre activité ?<br />

(par exemple : congé de chaleur payé, climatisation)<br />

L’un des objectifs des syndicats est de réduire le temps de travail hebdomadaire. Cette mesure réduit le risque de chômage<br />

dû à la disparition d’emplois/de métiers, améliore la qualité de vie et diminue la consommation d’énergie de l’économie<br />

et des particuliers. Qu’en pensez-vous ?<br />

Votre métier en 2050 : de quelles compétences aurez-vous besoin sur votre place de travail ?<br />

Quelle formation continue aimeriez/pourriez-vous envisager ?<br />

QUESTIONNAIRE<br />

EN LIGNE<br />

OU ENVOYER À<br />

L’ADRESSE SUIVANTE :<br />

Rédaction <strong>syndicom</strong><br />

Monbijoustrasse 33<br />

Case postale<br />

3001 Berne


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Le climat nous concerne toutes<br />

et tous<br />

La crise climatique est une question syndicale. Nous revendiquons<br />

des mesures écologiques et voulons sensibiliser les<br />

collègues à la décarbonisation sur leur lieu de travail.<br />

Manifestons le 30 septembre pour une politique respectueuse du climat ! (© Climastrike Switzerland)<br />

Des étés caniculaires, des hivers soit<br />

trop doux, soit glacés, des produits alimentaires<br />

en hausse ou des coûts de<br />

chauffage inabordables ? Ce sont les<br />

travailleurs-euses qui souffrent le plus<br />

des conséquences du changement climatique.<br />

La Suisse enregistre déjà<br />

2,5 degrés de plus qu’à l’ère préindustrielle,<br />

et la tendance est à la hausse.<br />

Le réchauffement de la planète<br />

provoque des vagues de chaleur, des<br />

inondations, des tempêtes hivernales,<br />

bref, des événements météorologiques<br />

extrêmes. Ces évènements ont<br />

à leur tour un impact sur l’économie,<br />

sur notre société et sur nos collègues<br />

dans toutes les branches. Qu’il s’agisse<br />

de succursales de La Poste ou de librairies<br />

surchauffées dans les centresvilles,<br />

de tournées glaciales pour les<br />

facteurs-rices, les coursiers-ères, ou<br />

de questions de durabilité pour les<br />

conseillers-ères en placement de Post-<br />

Finance.<br />

J’ai grandi avec cette crise, con s-<br />

ciente de la destruction de notre planète.<br />

Je me souviens d’images de marées<br />

noires et d’espèces animales en<br />

voie de disparition, de défrichage de<br />

forêts vierges, de feux de forêt et de sécheresses.<br />

Mais ce n’est que plus tard<br />

que j’ai saisi que cela nous concernait,<br />

nous les humains. Que nous étions<br />

responsables, mais que nous pouvions<br />

aussi agir.<br />

Droits d’information et de<br />

consultation<br />

Aujourd’hui, il est d’autant plus clair<br />

que tout est lié : des conditions de travail<br />

équitables, un bon système social,<br />

un monde où tout le monde peut vivre<br />

en paix et une économie plus verte et<br />

plus respectueuse de l’environnement<br />

vont de pair. L’un ne peut exister sans<br />

l’autre, parce que sur une planète<br />

morte, il n’y a pas de travail, pas de société<br />

sociale, pas de paix, pas de vie.<br />

Nous devons prendre des initiatives<br />

dès à présent, pour donner une<br />

chance aux gé nérations futures. Mais<br />

pas au détriment des travailleurs-euses.<br />

Nous appelons à une restructuration<br />

écologique de l’économie mondiale.<br />

Ce problème doit être abordé collectivement<br />

et socialement de manière<br />

équitable, avec le soutien des syndicats<br />

! Nous ne devons pas fermer les<br />

yeux sur cette question, bien au<br />

contraire ! Les travailleurs-euses<br />

doivent être impliqué-e-s dans cette<br />

discussion et être en mesure d’influencer<br />

les décisions relatives au climat.<br />

Pour toutes les entreprises et secteurs,<br />

il s’agit de revendiquer que le personnel<br />

soit informé et consulté en matière<br />

de plans de réduction des émissions<br />

de carbone, que l’entreprise est censée<br />

élaborer, con for mément au droit de<br />

consultation en matières de questions<br />

relatives à la protection de la santé prévue<br />

par la loi sur le travail. L’intérêt des<br />

salarié-e-s doit primer sur le désir de<br />

profit et d’économie des entreprises.<br />

Nous ne nous concentrons pas seulement<br />

sur les emplois qui risquent<br />

d’être perdus, mais sur les nouveaux<br />

emplois qui peuvent résulter de cette<br />

restructuration. Nous réclamons et<br />

soutenons la transformation et le perfectionnement<br />

pour celles et ceux qui<br />

perdent leur emploi à cause de la crise<br />

climatique ou des mesures prises pour<br />

protéger le climat. Nous considérons<br />

également le service public comme<br />

une ressource que nous devons utiliser<br />

et promouvoir. Nous pouvons lutter<br />

contre la crise climatique avec des<br />

investissements publics et privés,<br />

dont ceux des caisses de pension, par<br />

exemple.<br />

La crise climatique n’est pas un<br />

scénario futuriste lointain. Si nous<br />

n’agissons pas maintenant, nous ne<br />

pourrons plus l’arrêter. Les choses<br />

doivent changer si nous voulons avoir<br />

une chance d’avoir un avenir digne de<br />

ce nom. Nous nous battons pour les<br />

travailleurs-euses du monde entier et<br />

pour un changement écologique<br />

socialement juste et durable.<br />

Jane Bossard, secrétaire de la jeunesse<br />

Manifestation nationale pour<br />

le climat<br />

30 septembre 2023, Place fédérale,<br />

Berne<br />

Prenons position pour le climat<br />

et contre les politiques qui lui sont<br />

néfastes. Il est grand temps d’agir !<br />

Les syndicats et le mouvement pour<br />

le climat luttent pour un avenir durable<br />

sur terre, un objectif menacé<br />

par le changement climatique.<br />

Alors, viens avec nous à Berne et<br />

manifestons ensemble pour un avenir<br />

social et respectueux du climat !<br />

Montrons au monde que nous<br />

sommes une force de propositions<br />

et de revendications !


« Ce combat doit être le point de départ pour changer une loi<br />

qui ne protège pas celles et ceux qui luttent pour leurs droits<br />

et ceux de leurs collègues. » Marco Forte<br />

17<br />

Protection contre les licenciements,<br />

désormais du ressort du<br />

Conseil fédéral<br />

Le cas de licenciement abusif d’une factrice tessinoise met<br />

en lumière les lacunes du Code des obligations suisse en<br />

la matière. Selon l’USS, il est temps pour la Suisse de se conformer<br />

aux conventions internationales.<br />

Toutes et tous avec des poussettes, lors d’une action syndicale en 2017 déjà ! (© <strong>syndicom</strong>)<br />

« Mon combat a commencé en 2016,<br />

lorsque j’ai demandé que les tournées<br />

soient organisées de telle sorte que je<br />

puisse terminer mon travail à 12h30<br />

pour aller chercher ma fille à la crèche.<br />

En travaillant à 60 % et en commençant<br />

à 7h00 du matin, je pouvais facilement<br />

faire les heures prévues dans le<br />

contrat. Il n’y avait aucun problème<br />

d’organisation car la distribution du<br />

courrier n’est pas soumise à des horaires<br />

fixes. Mais La Poste n’était pas<br />

d’accord, car elle exigeait un maximum<br />

de flexibilité. J’ai continué à insister<br />

parce que je sentais que c’était<br />

important non seulement pour moi,<br />

mais pour toutes les femmes. »<br />

Delivré sur la scène du 1 er mai à<br />

Bellinzone, ce témoignage résume le<br />

combat de la factrice tessinoise pour<br />

concilier vie familiale et vie professionnelle.<br />

La Poste n’a pas voulu accéder<br />

à sa demande afin de ne pas créer<br />

de précédent. C’est ainsi que cette<br />

jeune maman, également membre de<br />

la représentation du personnel, a été<br />

licenciée.<br />

Lacune juridique<br />

Il s’agit d’un licenciement abusif,<br />

comme l’ont confirmé les tribunaux<br />

tessinois (en première et deuxième<br />

instance). Selon le secrétaire régional<br />

de <strong>syndicom</strong> Marco Forte, « ce combat,<br />

doit être le point de départ pour changer<br />

une loi qui, aujourd’hui, ne protège<br />

pas celles et ceux qui luttent pour<br />

leurs droits et ceux de leurs collègues<br />

».<br />

Les lacunes du Code des obligations<br />

en matière de protection contre<br />

le licenciement sont nombreuses. Les<br />

peines (jusqu’à six mois de salaire en<br />

cas de licenciement antisyndical) n’ont<br />

aucun effet dissuasif pour l’employeur<br />

et ne présentent pas de caractère réparateur.<br />

En outre, le Code des obligations<br />

ne prévoit pas la réintégration ou<br />

l’annulation du licenciement. « Il s’agit<br />

d’une lacune grave qu’il faut combler »,<br />

confirme Matteo Antonini, responsable<br />

du secteur logistique. L’USS demande<br />

depuis longtemps une modification<br />

du Code des obligations pour y<br />

remédier et se conformer ainsi aux<br />

conventions établies par l’Organisation<br />

internationale du travail (OIT). A<br />

cette fin, <strong>syndicom</strong> et l’USS exigent<br />

que la peine pour le licenciement abusif<br />

soit portée à au moins 24 mois de<br />

salaire. Enfin, le juge doit pouvoir ordonner<br />

la réintégration si l’employé-e<br />

le souhaite. Il incombe au Conseil<br />

fédéral de faire respecter les traités<br />

internationaux ratifiés par la Suisse.<br />

En ne protégeant pas les employé-e-s<br />

contre les licenciements abusifs, la<br />

Suisse enfreint en effet les conventions<br />

de l’OIT, qui a déjà inscrit notre<br />

pays sur la liste noire.<br />

Giovanni Valerio<br />

L’avenir des indépendant­e­s<br />

Patrizia Mordini, responsable de l’égalité et<br />

membre du comité directeur<br />

A l’ère de l’IA, le comité du GI Indépendant-e-s<br />

de <strong>syndicom</strong> se préoccupe<br />

de l’évolution des conditions de<br />

travail pour les indépendant-e-s. Le<br />

5 mai dernier, des graphistes, illustrateurs-trices,<br />

journalistes et autres indépendant-e-s<br />

se sont rencontré-e-s<br />

pour échanger. Regula Stämpfli, coprésidente,<br />

a introduit les débats, puis<br />

Sam Nüesch (Amt für Zukunft) a dirigé<br />

les tables rondes sous forme d’ateliers.<br />

L’autonomie par rapport au<br />

temps, la passion, la créativité, la curiosité,<br />

le fait d’être son propre chef et<br />

l’efficacité personnelle s’opposent à la<br />

peur de l’avenir, à la précarité, à la prévoyance<br />

vieillesse, au dumping salarial,<br />

à la protection en cas de maladie,<br />

à la part élevée de bureaucratie, au fait<br />

de se heurter à ses propres limites et à<br />

la solitude. Les participant-e-s étaient<br />

unanimement enthousiastes à l’idée<br />

de se mettre en réseau et d’échanger<br />

par le biais du syndicat. Une demande :<br />

<strong>syndicom</strong> devrait proposer davantage<br />

d’échanges interbranches. Il offre<br />

déjà de nombreux services aux indépendant-e-s<br />

qu’il s’agit d’étoffer : sur<br />

le site internet, dans le domaine « my.<br />

<strong>syndicom</strong> », sous l’onglet « Service et<br />

formation », nos membres trouvent<br />

déjà une assistance juridique, la caisse<br />

de pension Freelance et de nombreuses<br />

fiches telles que des modèles<br />

de contrats de mandat et d’entreprise,<br />

des bases de calcul pour la première<br />

année, etc. Sur le plan politique, le secteur<br />

Médias s’attelle au lancement<br />

d’une assurance perte d’activité pour<br />

les indépendant-e-s.


18<br />

« Au final, avec les mesures obtenues, nous arrivons<br />

à une réduction effective des heures travaillées. » Daniel Hügli<br />

Swisscom : une CCT améliorée<br />

Plus de vacances, de meilleures conditions pour les congés<br />

maternité et paternité, temps partiel davantage accessible<br />

et un salaire minimum légèrement augmenté. Voilà les points<br />

forts de la nouvelle CCT.<br />

Les négociations entre Swisscom et<br />

<strong>syndicom</strong> sont achevées : la nouvelle<br />

convention collective de travail (CCT)<br />

entrera en vigueur le 1 er janvier 2024.<br />

Elle régit les conditions de travail de<br />

plus de 10 000 employé-e-s soumis-e-s<br />

à la CCT et fixe également la norme applicable<br />

pour les cadres.<br />

De nombreuses améliorations<br />

En fonction de leur âge, les collaboratrices<br />

et collaborateurs obtiennent<br />

entre un et trois jours de vacances supplémentaires,<br />

soit désormais 28 jours<br />

jusqu’à 49 ans, 30 jours jusqu’à 59 ans<br />

et 31 jours à partir de 60 ans. Le congé<br />

maternité passera de 18 à 20 semaines,<br />

le congé paternité de trois à quatre semaines,<br />

tous deux avec des salaires<br />

complets. Les parents qui adoptent un<br />

enfant ont eux aussi droit à quatre semaines,<br />

de même que les femmes<br />

dont la partenaire donne naissance à<br />

un enfant.<br />

Les possibilités de temps partiel,<br />

déjà encouragées aujourd’hui, seront<br />

renforcées. Modifier leur taux d’activité<br />

pour les employé-e-s qui le souhaitent<br />

sera facilité, dans la mesure où<br />

la situation de l’entreprise le permet –<br />

et un refus devra être justifié par écrit.<br />

L’idée ici est notamment de permettre<br />

aux parents de réduire facilement leur<br />

taux d’activité lors d’une naissance, et<br />

de pouvoir par la suite l’augmenter à<br />

nouveau.<br />

Droit à une réduction de l’activité<br />

pour les employé-e-s âgé-e-s<br />

Il sera également possible de réduire<br />

son taux de travail en prévision de la<br />

retraite : les employé-e-s âgés de<br />

60 ans et plus pourront opter pour un<br />

modèle de retraite partielle et réduire<br />

leur taux d’occupation jusqu’à 40 %<br />

sur une période maximale de 24 mois.<br />

Swisscom financera alors une partie<br />

de l’impact financier de la réduction.<br />

Il existe de fait pour les supérieurs hiérarchiques<br />

une possibilité formelle de<br />

veto, mais un processus d’escalade<br />

clair a été défini pour trouver une solution<br />

à l’amiable.<br />

Le salaire minimal annuel et les allocations<br />

familiales augmenteront<br />

également, tandis que nous négocions<br />

un nouveau règlement relatif au télétravail,<br />

afin de minimiser les désavantages<br />

liés au travail à domicile. Celui-ci<br />

viendra compléter la conclusion<br />

de la CCT.<br />

Prochaine réduction du temps de travail<br />

chez Swisscom ?<br />

Nous avons préparé ces revendications<br />

au sein de notre groupe stratégique<br />

CCT, regroupant plusieurs dizaines<br />

de nos membres. La délégation<br />

en charge des négociations – composée<br />

de huit membres employé-e-s de<br />

Swisscom et de trois collaborateurs-trices<br />

de <strong>syndicom</strong> dont Daniel<br />

Hügli, responsable du secteur TIC –<br />

s’est assise une année entière à la table<br />

des négociations.<br />

Syndicom a réclamé une réduction<br />

du temps de travail hebdomadaire.<br />

Même si avec les mesures obtenues<br />

nous arrivons à une réduction effective<br />

des heures travaillées, l’objectif<br />

n’est pas encore atteint. Des discussions<br />

se poursuivent avec Swisscom<br />

pour tester plusieurs modèles de réductions<br />

du temps de travail et d’aménagement<br />

de celui-ci, sous forme de<br />

projets pilotes. Nous sommes fermement<br />

persuadés que cela nous permettra<br />

de démontrer qu’une réduction du<br />

temps de travail n’est pas seulement<br />

supportable par l’entreprise, mais<br />

qu’elle est même à son avantage. Nous<br />

ne ferons aucun compromis. Nous<br />

nous réjouissons de présenter la nouvelle<br />

CCT aux employé-e-s des 15 sites<br />

Swisscom et de recueillir leurs impressions.<br />

Nous ne lâchons rien et poursuivons<br />

résolument nos efforts !<br />

Dominik Fitze<br />

Infos complémentaires<br />

Concilier temps libre et travail: la réduction du temps de travail est le prochain projet pour la CCT Swisscom (© <strong>syndicom</strong>)


Droit au but !<br />

19<br />

Cher service juridique,<br />

Je travaille depuis 15 ans dans un centre<br />

logistique et trie les colis à distribuer.<br />

Nous avons entendu qu’à l’avenir, tous les<br />

collaborateurs et collaboratrices seront<br />

contrôlé-e-s régulièrement. Est-ce que<br />

l’employeur a le droit d’effectuer de tels<br />

contrôles ?<br />

Vendredi dernier, en allant aux vestiaires,<br />

deux agents de sécurité sont venus vers<br />

moi et voulaient contrôler ma garde-robe<br />

et mes effets personnels. Ne comprenant<br />

pas le motif, j’ai refusé. Ils m’ont alors indiqué<br />

que c’était une nouvelle directive de<br />

l’employeur. L’employeur ne doit-il pas informer<br />

les employé-e-s de cette nouvelle<br />

directive et les aviser avant de l’appliquer ?<br />

Par la suite, les agents ont procédé à une<br />

fouille corporelle et m’ont demandé la clé<br />

de ma voiture privée parquée devant le bâtiment.<br />

A mon avis, il s’agit d’une violation<br />

de ma liberté ainsi que de ma sphère privée.<br />

Est-ce que je risque d’être licencié si je refuse<br />

de me soumettre à un tel contrôle ?<br />

La réponse du service juridique :<br />

Selon l’art. 321d CO, l’employeur peut établir des directives<br />

sur l’exécution du travail et donner des instructions<br />

particulières. Les collaboratrices et collaborateurs<br />

doivent en principe s’y conformer. Les directives doivent<br />

être en rapport avec les besoins de l’entreprise et l’exécution<br />

du contrat de travail, laquelle peut donc nécessiter la<br />

surveillance des employé-e-s. Cependant, la surveillance<br />

ou le contrôle du comportement des employé-e-s à leur<br />

poste de travail est interdit (art. 26 de l’Ordonnance relative<br />

à la loi sur le travail (OLT3). Lorsque des contrôles<br />

sont nécessaires pour d’autres raisons, ils doivent notamment<br />

être conçus et disposés de façon à ne pas porter atteinte<br />

à la santé et à la liberté de mouvement des travailleuses<br />

et travailleurs.<br />

Selon l’art. 5 et l’art. 6 OLT3, l’employeur a l’obligation<br />

d’informer les travailleuses et les travailleurs et de les<br />

consulter s’il établit une telle directive qui porte atteinte à<br />

la liberté individuelle. Une telle obligation ressort également<br />

du principe de la bonne foi. Il doit également informer<br />

par qui le contrôle sera effectué. En particulier s’il a<br />

mandaté une agence de sécurité privée.<br />

En effet, le droit de l’employeur de contrôler les employé-e-s<br />

est limité par son obligation de protéger la personnalité<br />

de la travailleuse et du travailleur selon<br />

l’art. 328 CO. Un tel contrôle doit dès lors être un moyen<br />

approprié, nécessaire et proportionné en vue d’atteindre<br />

l’objectif visé. Les contrôles inopinés de la garde-robe<br />

ainsi que des sacs sans le moindre soupçon de vol (préventif)<br />

doivent être réglés dans une CCT, une directive ou<br />

dans le contrat de travail individuel. La fouille corporelle<br />

et du véhicule privé violent en revanche la sphère privée et<br />

ne doivent avoir lieu qu’en cas de soustraction avérée de<br />

biens mobiliers ou de graves soupçons d’une telle infraction,<br />

et seule la police est légitimée à l’exécuter.<br />

Si, mais le licenciement pour un tel motif serait abusif<br />

dans le sens de l’art. 336a CO et tu peux prétendre à une<br />

indemnité jusqu’au montant correspondant à six mois de<br />

salaire. Mais uniquement s’il s’agit d’une fouille corporelle<br />

et de ta voiture exécutée par les agents d’une entreprise<br />

privée.<br />

Toutes les rubriques<br />

Droit au but !


20 Politique<br />

5× oui à la loi climat !<br />

Le nom complet de la loi climat est « Loi fédérale sur les objectifs<br />

en matière de protection du climat, sur l’innovation et<br />

sur le renforcement de la sécurité énergétique (LCl) ». Elle a été<br />

adoptée à une large majorité par le Parlement le 30 septembre<br />

2022. Il s’agit du contre-projet indirect à l’initiative pour les<br />

glaciers. L’UDC a lancé un référendum contre cette loi, qui sera<br />

donc soumise au vote le 18 juin 2023.<br />

Texte : Reto Wyss, USS<br />

Les syndicats soutiennent cette loi<br />

essentielle car :<br />

1. Protéger le climat, c’est aussi<br />

protéger les salarié-e-s<br />

Des étés secs, des hivers doux, des<br />

éboulements et des inondations : la<br />

crise climatique se manifeste en<br />

Suisse de manière plus brutale et<br />

plus rapide que dans le reste de<br />

l’Europe. La hausse des températures<br />

pèse particulièrement sur les<br />

travailleuses et les travailleurs, que<br />

ce soit dans la construction, l’agriculture,<br />

les transports, le tourisme<br />

ou les soins. La loi sur la protection<br />

du climat promeut les mesures nécessaires<br />

pour se protéger et s’adapter<br />

aux effets du changement climatique.<br />

2. Créer les emplois du futur<br />

Pour nous les syndicats, c’est-à-dire<br />

pour les salarié-e-s à bas ou moyen<br />

revenu et avec un coût de la vie toujours<br />

plus élevé, il est absolument<br />

déterminant que la LCI soit mise en<br />

œuvre, comme prévu, de manière<br />

totalement acceptable du point de<br />

vue social : si des employeurs reçoivent<br />

de l’argent pour des technologies<br />

nouvelles, ces dernières<br />

doivent être développées avec les salarié-e-s<br />

et non pas introduites<br />

contre eux. Les syndicats s’engageront<br />

pour qu’il en soit ainsi, tant au<br />

niveau de la Confédération que dans<br />

les entreprises. Notre but est ici la<br />

création d’emplois durables, sains<br />

et bien rémunérés. Les « emplois<br />

verts » doivent obligatoirement être<br />

aussi des « emplois de qualité ». Et<br />

de tels emplois, il y en aura car,<br />

comme l’estime une étude de la<br />

ZHAW, à lui seul, le développement<br />

modéré des énergies renouvelables<br />

permettrait la création de 50 000<br />

postes à temps plein, jusqu’en 2035<br />

déjà. En cas de développement accéléré,<br />

ce chiffre passerait à 87 000<br />

emplois.<br />

3. Un plus aussi pour les locataires<br />

La mise en œuvre de la stratégie<br />

énergétique réduit la dépendance<br />

vis-à-vis de l’étranger. La Suisse devient<br />

moins dépendante des pénuries<br />

d’approvisionnement (gaz<br />

russe) et des chocs de prix. Les prix<br />

de l’énergie deviennent plus stables.<br />

De plus, les 8 milliards de francs qui<br />

partent aujourd’hui chaque année à<br />

l’étranger pour le pétrole, le gaz et le<br />

charbon seront ainsi investis ici. Il<br />

est donc d’autant plus important<br />

que nous brisions le plus rapidement<br />

possible notre dépendance au<br />

Le 18 juin des les urnes : oui ! ! (©Association suisse pour la protection du climat)


« Notre but est ici la création d’emplois durables,<br />

sains et bien rémunérés » Reto Wyss, USS<br />

21<br />

pétrole et au gaz des oligarques, en<br />

installant, par exemple, des pompes<br />

à chaleur. La loi climat prévoit que<br />

la Confédération encourage, à raison<br />

de 200 millions de francs par an<br />

sur dix ans, le remplacement des<br />

installations de chauffage utilisant<br />

les combustibles fossiles et des<br />

chauffages électriques fixes à résistance<br />

par une production de chaleur<br />

fondée sur les énergies renouvelables<br />

et des mesures d’amélioration<br />

de l’efficacité énergétique des<br />

bâtiments grâce à leur rénovation.<br />

Si la Confédération prend à sa<br />

charge une partie des frais d’assainissement,<br />

la marge de manœuvre<br />

pour d’éventuelles hausses des<br />

loyers s’en trouve substantiellement<br />

réduite. En plus d’une baisse des<br />

charges résultant de chauffages<br />

moins chers à l’usage, les locataires<br />

seront en fin de compte financièrement<br />

avantagés. De toute façon, il<br />

est clair que si les propriétaires, les<br />

bailleurs, reçoivent de l’argent de la<br />

Confédération pour remplacer un<br />

chauffage, les locataires doivent absolument<br />

en profiter !<br />

4. Un environnement sain fait partie<br />

du service public<br />

Le réchauffement climatique frappe<br />

la partie la plus pauvre de la population<br />

: en Suisse aussi. De fait, il<br />

concerne surtout la construction,<br />

l’agriculture, les transports, le tourisme<br />

et les soins. Et la plupart du<br />

temps, celles et ceux qui sont<br />

concernées sont des salarié-e-s plutôt<br />

mal rémunéré-e-s professionnellement<br />

exposé-e-s à des températures<br />

toujours plus élevées et des<br />

dangers naturels croissants. Dans<br />

un tel contexte, la politique climatique<br />

doit une fois pour toutes être<br />

comprise pour ce qu’elle est réellement<br />

: une nécessité fondamentale<br />

et incontournable pour tout le<br />

monde. Le « changement climatique<br />

» relève précisément du service<br />

public, comme l’approvisionnement<br />

en énergie ou les transports<br />

publics. Il est le projet d’avenir collectif<br />

auquel nous aurions d’ailleurs<br />

dû nous attaquer ensemble il y a<br />

longtemps, au lieu de l’ignorer dans<br />

un premier temps pour l’abandonner<br />

ensuite au marché qui n’a fait<br />

qu’aggraver les problèmes en usant<br />

d’instruments inefficaces comme<br />

les programmes de compensation et<br />

les engagements volontaires. Ce<br />

dont nous avons par conséquent un<br />

besoin urgent, c’est d’un programme<br />

public d’amélioration de<br />

grande envergure et à cet égard, la<br />

LCI représente la pierre angulaire.<br />

5. Il faut un fonds climat !<br />

Les investissements déclenchés par<br />

la LCI sont très importants. Mais ils<br />

ne suffisent malheureusement de<br />

loin pas pour ramener à zéro<br />

jusqu’en 2050 – voire plus tôt<br />

comme ce serait en réalité nécessaire<br />

– le niveau des émissions de<br />

gaz à effet de serre en Suisse. C’est<br />

précisément pour cette raison que<br />

les syndicats soutiennent en plus<br />

l’initiative pour un fonds climat qui<br />

demande qu’une offensive de financement<br />

à long terme et socialement<br />

équitable soit lancée en vue de<br />

mettre en œuvre la transition écologique.<br />

L’initiative prévoit d’investir<br />

chaque année entre 0,5 et 1 % du PIB<br />

dans un fonds destiné à financer le<br />

remplacement de la majeure partie<br />

des agents énergétiques fossiles<br />

dans les bâtiments, les transports et<br />

l’économie, ainsi que l’augmentation<br />

de l’efficacité énergétique, de la<br />

production d’électricité à partir de<br />

sources d’énergies renouvelables et<br />

la réduction des émissions. Ce<br />

fonds climat, encore à créer, devra<br />

permettre des investissements publics<br />

non seulement en faveur de<br />

nouvelles infrastructures et technologies,<br />

mais aussi de la formation<br />

ainsi que de la reconversion des salarié-e-s<br />

et des aides à apporter à ces<br />

derniers dans les branches concernées.<br />

Conclusion : toute personne<br />

qui soutient la loi climat doit logiquement<br />

aussi signer l’initiative<br />

pour un fonds climat.<br />

L’initiative pour un fonds<br />

climat: toutes les infos<br />

Une économie<br />

juste et écologique<br />

Pour les syndicats, le tournant climatique<br />

est LE projet d’avenir collectif.<br />

Le renforcement des serivces publics<br />

en est le levier central. Des modèles<br />

de référence historique, comme le<br />

développement du réseau ferroviaire,<br />

la création des CFF, la construction<br />

des centrales hydroélectriques et<br />

celle du réseau électrique, montrent<br />

que les programmes collectifs publics<br />

sont incontournables dans une<br />

logique de services accessibles à<br />

toutes et tous sur la durée et dans le<br />

respect des limites planétaires.<br />

C’est avec ce même esprit que<br />

nous devons négocier le tournant<br />

énergétique. Notre approvisionnement<br />

en énergie, basé aux deux tiers<br />

sur le pétrole et le gaz, est non seulement<br />

extrêmement nocif pour le climat,<br />

mais aussi économiquement<br />

absurde. La somme démesurée que la<br />

Suisse dépense chaque année pour<br />

son gaz et son pétrole doit être massivement<br />

investie dans la promotion<br />

des énergies renouvelables décentralisées<br />

et dans le développement des<br />

transports publics. Ces deux volets<br />

sont absolument indispensables<br />

pour atteindre rapidement la neutralité<br />

climatique.<br />

On n’en prend malheureusement<br />

pas le chemin : tandis que les<br />

énergies renouvelables ne représentaient<br />

que 11 % du mix énergétique<br />

de cet hiver (53 % hydraulique et 36 %<br />

nucléaire), les CFF vont augmenter<br />

de 5 % les prix des billets de train.<br />

Cette augmentation est en contradiction<br />

absolue avec l’ambition de la<br />

Confédération en matière de politique<br />

climatique et avec tous les principes<br />

de promotion des transports<br />

publics, demandés et validés maintes<br />

fois par la population. A l’Etat de<br />

jouer son rôle de régulateur !<br />

Donnons- lui-en les moyens en votant<br />

oui le 18 juin !<br />

Reto Wyss<br />

https://www.uss.ch/actuel/<br />

protection- du-climat


22 Politique<br />

Pour une transition qui<br />

crée de l’emploi<br />

Il y a urgence climatique et sociale. Pour y répondre, la Communauté<br />

genevoise d’action syndicale (CGAS) a lancé son initiative<br />

« 1000 emplois ». Hasard du calendrier : elle sera soumise au<br />

vote le 18 juin, en même temps que la loi fédérale sur le climat.<br />

Texte : Davide De Filippo, président<br />

de la CGAS et cosecrétaire général<br />

SIT<br />

Ambitieuse, notre initiative « Pour la<br />

création d’emplois sociaux et écologiques<br />

et la réduction de la durée du<br />

travail » (initiative « 1000 emplois »)<br />

propose de passer d’une gestion<br />

( punitive) du chômage à la réduction<br />

de ce dernier en créant ce dont les<br />

personnes au chômage ont besoin :<br />

des emplois. Mais pas n’importe<br />

lesquels : des emplois écologiques,<br />

sociaux et durables.<br />

Dans un contexte de chômage<br />

et de sous-emploi marqué sur le canton<br />

de Genève, face aux politiques<br />

patronales qui expulsent du marché<br />

du travail tant les jeunes sans expérience<br />

que les travailleurs-euses<br />

âgé-e-s « qui coûtent trop cher », il<br />

faut proposer une alternative sérieuse<br />

et concrète en matière d’emploi<br />

au discours ambiant antifrontalier.<br />

Comment ? Par des politiques<br />

publiques volontaristes. Les collectivités<br />

publiques et les institutions à<br />

but non lucratif doivent jouer leur<br />

rôle essentiel d’acteur économique,<br />

et ne plus laisser « la main invisible »<br />

de l’économie nous conduire droit<br />

dans le mur. Ne poursuivant pas<br />

l’objectif du profit mais celui du<br />

bien commun, elles peuvent et<br />

doivent créer des emplois accessibles<br />

à toutes et tous, stables et correctement<br />

rémunérés, pour autant<br />

qu’on leur en donne les moyens.<br />

L’initiative propose ainsi la<br />

création de 1000 emplois par an<br />

lorsque le taux de chômage genevois<br />

atteint 5 %. 1000 emplois dans les<br />

domaines de la transition écologique<br />

et des services publics qui répondent<br />

aux besoins de la population.<br />

1000 emplois par an, cela peut<br />

sembler beaucoup. Mais c’est en réalité<br />

peu en regard des besoins, dans<br />

la rénovation thermique des bâtiments,<br />

dans la mobilité, dans la production<br />

et la distribution d’énergies<br />

renouvelables, dans la renaturation<br />

de l’environnement urbain, dans la<br />

gestion des déchets, et dans tant<br />

d’autres domaines de la transition.<br />

Ce n’est pas non plus excessif en regard<br />

des autres besoins de la population<br />

: dans ces prochaines années,<br />

ce sont des milliers d’emplois qu’il<br />

faudra créer dans les soins, dans<br />

l’accueil préscolaire et parascolaire,<br />

dans l’enseignement et la formation<br />

des adultes pour accompagner la<br />

transition, dans la prise en charge<br />

des personnes âgées, et tant d’autres<br />

domaines essentiels au bien-être de<br />

la population. Et loin de créer à l’infini<br />

des postes dans les services publics,<br />

l’initiative prévoit une adaptation<br />

de l’enveloppe dévolue à la<br />

création de ces emplois, en proportion<br />

au taux de chômage.<br />

Et n’oublions pas non plus que<br />

chaque nouvel emploi créé dans<br />

ces domaines induira de nouveaux<br />

emplois dans le secteur privé.<br />

En d’autres termes, cette initiative<br />

va bien au-delà de la création des<br />

quelques emplois dans les collectivités<br />

publiques : c’est bien plus une<br />

dynamique économique, de transition<br />

éco-sociale, qu’elle propose<br />

d’impulser.<br />

L’initiative propose encore de<br />

faire d’une pierre deux coups : elle<br />

demande à l’Etat d’encourager les<br />

entreprises à réduire la durée du<br />

travail à 32 heures sans réduire le<br />

salaire. En répartissant le même<br />

volume de travail sur plus de travailleuses<br />

et travailleurs, on lutte contre<br />

le chômage en créant de l’emploi,<br />

tout en améliorant sensiblement la<br />

qualité de vie de chacun-e : plus de<br />

temps libre, de repos, de loisirs,<br />

d’activités créatrices ou solidaires.<br />

C’est également plus de temps pour<br />

s’occuper des enfants et des proches<br />

et la possibilité de mieux répartir ce<br />

type de tâches entre hommes et<br />

femmes, qui plus est en corrigeant<br />

les inégalités de revenus résultant<br />

du temps partiel auquel sont<br />

contraintes de très nombreuses<br />

travailleuses.<br />

Quelques semaines après les<br />

élections qui ont vu le Gouvernement<br />

genevois basculer à droite,<br />

cette initiative remobilise les travailleuses<br />

et les travailleurs sur un projet<br />

politique à l’exact opposé de la<br />

régression sociale portée par la<br />

droite.<br />

Dans le social, la construction, l’alimentation : 1000 emplois « verts » sont nécessaires ! (© SIT)<br />

1000emplois.ch


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

23


24 Evènements 1 er mai 2023<br />

Fête du Travail dans toute la Suisse \ Visite du passé colonial de Berne \<br />

Service de conseil retraite TIC \ Aide aux médias au Tessin \ Pizza <strong>syndicom</strong> \<br />

Nouvelle CCT Swisscom<br />

4<br />

5<br />

6<br />

1<br />

2<br />

3


1. Le GI Migration Zurich lors du défilé du 1 er mai (© <strong>syndicom</strong>)<br />

2.-6. Fête du Travail dans toute la Suisse : Berne, Yverdon-les-Bains, Bellinzone, Lucerne et Zurich (© <strong>syndicom</strong>)<br />

7. Le GI Migration à la fin de la visite guidée du passé colonial de Berne, organisée par Cooperaxion (© <strong>syndicom</strong>)<br />

8. La conférence du secteur TIC a rendu hommage au travail de Hansruedi Schläppi et Edith Annaheim (deuxième et troisième en partant de la gauche)<br />

pour le service de conseil concernant la retraite. Avec eux, de gauche à droite : Daniel Hügli (responsable de secteur) et<br />

les secrétaires centraux Franz Schori et Teresa Dos Santos Lima-Matteo (© <strong>syndicom</strong>)<br />

9. Des représentants des médias devant le Grand Conseil du Tessin à Bellinzone pour sensibiliser à la crise des médias locaux (© <strong>syndicom</strong>)<br />

10. Pizza (et conseils syndicaux) offerte par <strong>syndicom</strong> aux employé-e-s du centre postal de Zurich-Mülligen (© <strong>syndicom</strong>)<br />

11. Signature de la nouvelle CCT avec Swisscom, avec, à droite, Daniel Hügli (responsable de secteur) et<br />

Teresa Dos Santo Lima-Matteo (secrétaire centrale) (© <strong>syndicom</strong>)<br />

25<br />

7<br />

9<br />

8<br />

10<br />

11


26<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Pensée écologique et sécurité au travail<br />

doivent aller de pair. »<br />

Daniel Münger, né à Bâle, a d’abord<br />

vécu chez ses grands-parents maternels,<br />

au nord-est de l’Italie. Il a rejoint<br />

ses parents en Suisse à l’adolescence,<br />

dans la région de Bâle, où il a commencé<br />

à travailler comme forgeron. Il a ensuite<br />

poursuivi sa carrière dans le secteur<br />

des télécommunications, en<br />

posant des câbles pour les PTT, aujourd’hui<br />

Cablex. Dans les années 1990,<br />

il s’est fait un nom en tant que militant<br />

syndical et a été appelé à travailler<br />

dans ce qui était alors le Syndicat de<br />

l’industrie, de la construction et des<br />

services (FTMH). Il a ensuite poursuivi<br />

sa carrière au sein de l’Unia, puis au<br />

sein du Syndicat de la Communication,<br />

pour finalement rejoindre <strong>syndicom</strong><br />

après la fusion, dont il a été président<br />

de 2017 à aujourd’hui.<br />

Texte : Mattia Lento<br />

Photo : Pia Neuenschwander<br />

«Nous devons nous<br />

battre pour une<br />

numérisation centrée<br />

sur les besoins des<br />

individus.»<br />

Peut-être que mon chemin était déjà<br />

tracé en raison de mon histoire<br />

personnelle et familiale. J’ai grandi<br />

en Italie, au contact de la famille<br />

nombreuse de ma mère, qui a soutenu<br />

avec conviction la résistance<br />

contre l’occupation nationale fasciste<br />

pendant la guerre. Un oncle a même<br />

escaladé les montagnes avec les<br />

maquisards alors que sa femme servait<br />

de relais. Du côté paternel, mon<br />

grand-père était un modèle pour<br />

moi. Paysan fier de son travail, il est<br />

ensuite devenu sidérurgiste. Il a<br />

placé la solidarité avant tout. Quand<br />

il a commencé à travailler à l’usine,<br />

il a été l’un des premiers à rejoindre<br />

le Syndicat de l’industrie, de la<br />

construction et des services (FTMH),<br />

une organisation dans laquelle<br />

j’ai ensuite commencé ma carrière<br />

syndicale.<br />

C’est important de tirer des leçons<br />

de l’histoire, mais en tant que syndicaliste,<br />

j’affirme qu’il est essentiel de<br />

regarder vers l’avenir. Bien que j’aie<br />

atteint l’âge de la retraite, je continue<br />

de penser aux défis pour un service<br />

public efficace. Il ne s’agit pas seulement<br />

de défendre ce qui existe, mais<br />

aussi de créer les conditions pour<br />

que le service public devienne réellement<br />

innovant. C’est crucial non<br />

seulement pour l’économie, mais<br />

aussi pour la cohésion sociale et la<br />

démocratie.<br />

Quand je pense à l’innovation, je<br />

pense inévitablement à la numérisation.<br />

Le défi a déjà commencé il y a<br />

des années, mais il s’intensifie maintenant<br />

avec l’avènement des systèmes<br />

d’intelligence artificielle. Nous<br />

ne devons pas avoir peur, mais nous<br />

battre pour une numérisation qui<br />

se concentre sur les besoins des individus,<br />

des citoyens-ennes et des<br />

travailleurs-euses. La formation est<br />

cruciale pour protéger les gens des<br />

traumatismes causés par la technologie.<br />

Si la Suisse est pionnière dans<br />

ce domaine, nous devons rendre<br />

l’éducation encore plus accessible à<br />

toutes et tous et maintenir un niveau<br />

de qualité élevé.<br />

La numérisation sociale et l’éducation<br />

accessible à toutes et tous<br />

sont les composantes qui peuvent<br />

rapprocher encore plus le mouvement<br />

pour le climat et le mouvement<br />

des travailleurs-euses. Dans les prochaines<br />

années, la pensée écologique<br />

et la sécurité au travail devront aller<br />

de pair. Avec les technologies d’aujourd’hui,<br />

il est vraiment possible de<br />

travailler moins pour le même salaire,<br />

ce qui a un impact positif sur<br />

l’environnement. Si l’éducation est<br />

aussi un remède à l’exclusion de<br />

celles et ceux qui risquent de rester<br />

sur le carreau en raison des effets de<br />

la transition écologique, elle est<br />

devenue une nécessité absolue pour<br />

sauver la planète. La responsabilité<br />

de réparer les dommages environnementaux<br />

causés par une économie<br />

de marché trop souvent axée vers le<br />

seul profit n’incombe certainement<br />

pas aux travailleurs-euses ou aux pays<br />

les plus pauvres du monde.


Impressum<br />

Rédaction : Muriel Raemy et Giovanni Valerio<br />

(coresponsables), Rieke Krüger.<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri et Gabriele Alleva<br />

Dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Layout, correction, impression : Stämpfli Communication<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),<br />

Fr. 50.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par année.<br />

Le prochain numéro paraîtra le 7 septembre 2023.<br />

27<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

II<br />

4<br />

III<br />

2 6<br />

IV<br />

V<br />

1<br />

VI<br />

VII<br />

8<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

5<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Audace. Arc-en-ciel. Intègre.<br />

II. Deux papas ou deux mamans. III. Barra.<br />

Sortîtes. IV. Créatif. Gaver. V. Matière intelligente.<br />

Steppe fertile. VI. Précipitation. Teintai autrefois.<br />

VII. Combinant. Tinter. VIII. Plaintes poétiques.<br />

Premier. Un sous mi. IX. Partie de partie.<br />

Disgracieux. Alternative. X. Familier. Wassingues.<br />

7<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9<br />

3<br />

Verticalement : 1. Évolution ou révolution. 2. À<br />

l'arrière de la voiture de Dracula. Au. Déterminant<br />

pour Che Guevara. 3. Instables. 4. Évaluas.<br />

Périodes. 5. Rêve d'homme. 6. Référence. Avant<br />

le mormon. 7. Bande musicale. Ancêtre du<br />

syndicat. 8. Tartinés. Possession actuelle ou<br />

auxiliaire du passé.9. Ça va péter ! Unité de<br />

vengeance. 10. Polo l'était. Utile en cuisine. 11.<br />

Footballeur novice. Riz indonésien. 12. Ladreries.<br />

13. Prolixe. Refuge. 14. Mineur célèbre.<br />

Expression populaire. 15. Plus maigre chez les<br />

femmes.<br />

Mots croisés<br />

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

bon d’achat de 40 francs de notre<br />

partenaire coop protection juridique.<br />

Prière d’envoyer votre solution (le mot<br />

mystère seulement) jusqu’au 5 juillet<br />

par e-mail à admin@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

ou par courrier à Rédaction <strong>syndicom</strong>,<br />

Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne.<br />

Une seule participation possible par<br />

membre.<br />

La gagnante du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

dernier numéro était « DROITS DES<br />

FEMMES ».<br />

La gagnante est Madame Mettraux.<br />

Elle recevra une pièce en argent de<br />

notre partenaire la Banque Cler.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

Annonce<br />

NOTRE RÊVE:<br />

UNE POLITIQUE<br />

CLIMATIQUE COHÉRENTE.


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Protégeons<br />

ce qui<br />

compte<br />

Lavaux, Vaud<br />

Association suisse pour la protection du climat l 8003 Zurich

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