syndicom magazine No.35

Dossier
13
Livres:
meilleur écobilan
Presse:
expertise scientifique de mise
La réduction des émissions de CO 2 et la transition écologique
posent de nouveaux défis à la société. De nombreuses
rédactions ne disposent par exemple pas encore
d’une expertise suffisante en matière de changement climatique,
d’économie écologique et de gestion des conséquences
du changement climatique. Or, le grand public
a de plus en plus besoin de ces connaissances. « La création
du Climate Journalism Network Switzerland et du
laboratoire climatique par le média indépendant Republik
nous réjouit. Nous appelons les éditeurs à se doter
de ressources en personnel dans ces domaines », explique
Stephanie Vonarburg, responsable du secteur Médias.
Par ailleurs, certaines questions méritent
d’être posées : quelle attitude adopter face
aux personnes qui nient la réalité du réchauffement
climatique ? Les articles traitant du
climat doivent-ils systématiquement contenir
une opinion contraire – souvent très minoritaire
? Les réponses à ces questions et à
d’autres doivent être trouvées au niveau de la
branche. syndicom et ses membres s’investissent
dans ces débats. Pour Stephanie Vornarburg,
la politique des médias est à repenser
sur le long terme. « On constate que de
nombreux annonceurs, dont dépendent les
éditeurs, ne montrent que peu d’intérêt pour
la protection du climat. Retirent-ils leurs billes
en cas de conflit d’intérêts ? La couverture médiatique
s’en trouvera-t-elle biaisée ? Un soutien
public accru aux médias est également nécessaire
dans ce contexte afin de réduire la dépendance
vis-à-vis des sources de financement nuisibles au climat. »
Ces trente dernières années, le monde éditorial a évolué
vers une production industrielle, selon une logique de
marché qui est non seulement en opposition avec le
temps long de l’écriture et de la lecture, mais gourmande
en ressources. Le papier, c’est plus de 60 % de l’empreinte
carbone de l’édition. Il va devenir une ressource complexe,
son prix a déjà augmenté de manière significative
depuis un an. Faut-il pour autant basculer vers le digital ?
Non, l’écobilan du livre reste meilleur que celui de l’informatique
qui représentait, en 2020, 10 % de la consommation
électrique et 4 % des émissions de CO 2 mondiales.
L’association SBVV (pour Schweizer Buchhandels- und
Verlags -Verband) a créé un groupe de travail interdisciplinaire
sur la durabilité, pour examiner comment réduire
concrètement la consommation des ressources.
« Nous visons la réduction des émissions de gaz à effet de
serre ainsi que la protection de la biodiversité et, dans ce
contexte, la collaboration avec d’autres associations et
fédérations. » Tanja Messerli, directrice de SBVV, souligne
les objectifs parfois contradictoires des trois secteurs
spécialisés que sont l’édition, le commerce du livre et le
commerce intermédiaire : « Si l’intermédiaire livre moins
souvent pour des raisons écologiques, la librairie perd
peut-être des clients parce que l’attente est justement
une livraison très rapide. Nous cherchons à savoir à quel
point la clientèle est sensible et où il est possible de les
sensibiliser. »
Melina Schroeter, secrétaire régionale en charge de ce
dossier pour la Romandie, défend des salaires et des
conditions de travail à la hauteur des qualifications et de
l’engagement des libraires. « Amazon et consœurs
exercent une pression sur les prix et les horaires d’ouverture
sont prolongés pour faire face à la concurrence. La
clientèle et les pouvoirs publics doivent faire preuve de
conscience sociale lorsqu’ils achètent des livres. »
GRAPHISME ET MISE EN PAGE
Cinzia Sigg vit à Bienne et est directrice de son
agence aldine.ch. Spécialisée dans l’éco-conception
graphique, elle intègre dans ses créations
des réflexions et des démarches environnementales,
durables et solidaires.
A côté de son entreprise, Cinzia est réalisatrice
de documentaires citoyens au sein de son association
Héros Ordinaires et chargée de communication
au Réseau Transition Suisse Romande.
Elle s’engage également comme bénévole auprès
des associations rueAcœur (aumônerie et repas
dans les rues de Bienne) et The Shifters Swizerland
(qui travaille en faveur d’une économie
suisse décarbonée).
Retrouvez son travail sur www.aldine.ch