syndicom magazine No.35

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Tranches
de vie
« Pensée écologique et sécurité au travail
doivent aller de pair. »
Daniel Münger, né à Bâle, a d’abord
vécu chez ses grands-parents maternels,
au nord-est de l’Italie. Il a rejoint
ses parents en Suisse à l’adolescence,
dans la région de Bâle, où il a commencé
à travailler comme forgeron. Il a ensuite
poursuivi sa carrière dans le secteur
des télécommunications, en
posant des câbles pour les PTT, aujourd’hui
Cablex. Dans les années 1990,
il s’est fait un nom en tant que militant
syndical et a été appelé à travailler
dans ce qui était alors le Syndicat de
l’industrie, de la construction et des
services (FTMH). Il a ensuite poursuivi
sa carrière au sein de l’Unia, puis au
sein du Syndicat de la Communication,
pour finalement rejoindre syndicom
après la fusion, dont il a été président
de 2017 à aujourd’hui.
Texte : Mattia Lento
Photo : Pia Neuenschwander
«Nous devons nous
battre pour une
numérisation centrée
sur les besoins des
individus.»
Peut-être que mon chemin était déjà
tracé en raison de mon histoire
personnelle et familiale. J’ai grandi
en Italie, au contact de la famille
nombreuse de ma mère, qui a soutenu
avec conviction la résistance
contre l’occupation nationale fasciste
pendant la guerre. Un oncle a même
escaladé les montagnes avec les
maquisards alors que sa femme servait
de relais. Du côté paternel, mon
grand-père était un modèle pour
moi. Paysan fier de son travail, il est
ensuite devenu sidérurgiste. Il a
placé la solidarité avant tout. Quand
il a commencé à travailler à l’usine,
il a été l’un des premiers à rejoindre
le Syndicat de l’industrie, de la
construction et des services (FTMH),
une organisation dans laquelle
j’ai ensuite commencé ma carrière
syndicale.
C’est important de tirer des leçons
de l’histoire, mais en tant que syndicaliste,
j’affirme qu’il est essentiel de
regarder vers l’avenir. Bien que j’aie
atteint l’âge de la retraite, je continue
de penser aux défis pour un service
public efficace. Il ne s’agit pas seulement
de défendre ce qui existe, mais
aussi de créer les conditions pour
que le service public devienne réellement
innovant. C’est crucial non
seulement pour l’économie, mais
aussi pour la cohésion sociale et la
démocratie.
Quand je pense à l’innovation, je
pense inévitablement à la numérisation.
Le défi a déjà commencé il y a
des années, mais il s’intensifie maintenant
avec l’avènement des systèmes
d’intelligence artificielle. Nous
ne devons pas avoir peur, mais nous
battre pour une numérisation qui
se concentre sur les besoins des individus,
des citoyens-ennes et des
travailleurs-euses. La formation est
cruciale pour protéger les gens des
traumatismes causés par la technologie.
Si la Suisse est pionnière dans
ce domaine, nous devons rendre
l’éducation encore plus accessible à
toutes et tous et maintenir un niveau
de qualité élevé.
La numérisation sociale et l’éducation
accessible à toutes et tous
sont les composantes qui peuvent
rapprocher encore plus le mouvement
pour le climat et le mouvement
des travailleurs-euses. Dans les prochaines
années, la pensée écologique
et la sécurité au travail devront aller
de pair. Avec les technologies d’aujourd’hui,
il est vraiment possible de
travailler moins pour le même salaire,
ce qui a un impact positif sur
l’environnement. Si l’éducation est
aussi un remède à l’exclusion de
celles et ceux qui risquent de rester
sur le carreau en raison des effets de
la transition écologique, elle est
devenue une nécessité absolue pour
sauver la planète. La responsabilité
de réparer les dommages environnementaux
causés par une économie
de marché trop souvent axée vers le
seul profit n’incombe certainement
pas aux travailleurs-euses ou aux pays
les plus pauvres du monde.