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PANORAMA DE PRESSE - 09.08.23

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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />

VITISPHÈRE<br />

Sharon Nagel<br />

04·08·23<br />

INTERDIRE LA PUBLICITÉ SUR<br />

L’ALCOOL NE MODIFIE PAS LA<br />

CONSOMMATION<br />

Au moment où le gouvernement écossais envisage d’interdire la publicité sur les boissons alcoolisées<br />

dans certains lieux, une nouvelle étude publiée outre-Manche affirme que les interdictions n’ont aucun<br />

effet significatif sur la demande globale et que l’intervention publique ne se justifie donc pas.<br />

Les hygiénistes ont longtemps proclamé qu’une interdiction de la publicité en faveur des boissons alcoolisées<br />

pouvait contribuer à une réduction des ventes d’alcool, et par extension, des dommages causés par l’abus<br />

d’alcool. Mais une étude publiée fin juillet par l’Institut des Affaires Economiques (IEA) à Londres réfute<br />

cette hypothèse. Le responsable de l’économie sur les modes de vie au sein de l’institut et auteur de l’étude,<br />

Christopher Snowdon, affirme que si les producteurs investissent dans la publicité, c’est pour persuader les<br />

consommateurs de troquer une marque contre une autre, et non pour augmenter la consommation globale. Et de<br />

s’appuyer sur des chiffres relatifs à la période 1991-2001 en Grande-Bretagne, où les dépenses publicitaires sur<br />

l’alcool ont régressé de 10,8 % parallèlement à une hausse de 15,8 % de la consommation. De plus, la quasitotalité<br />

de l’augmentation de la consommation portait sur le vin, qui fait bien moins l’objet de publicité que la<br />

bière ou les spiritueux. Pour rappel, l’Angleterre prône encore une approche plutôt libérale de la publicité sur<br />

l’alcool alors que l’Irlande a adopté un positionnement plus restrictif, et que l’Ecosse y songe.<br />

Aucune preuve probante<br />

Dans son étude intitulée Alcohol Advertising: What does the evidence show? (soit «Publicité sur l’Alcool: que<br />

révèlent les données de recherche ?»), Christopher Snowdon cite plusieurs travaux de recherche pour appuyer<br />

ses propos. A titre d’exemple, trois études sur les restrictions publicitaires imposées sur l’alcool dans les Etats<br />

canadiens de la Colombie britannique, du Manitoba et de Saskatchewan n’ont démontré aucun impact sur la<br />

consommation. De même, en 2014 larevue Cochrane, structure mondialement reconnue pour ses travaux de<br />

haut niveau en matière de soins de santé fondés sur des données probantes, a déclaré : « Il n’existe pas de<br />

preuves solides à l’heure actuelle pour ou contre la recommandation de mettre en œuvre des restrictions à la<br />

publicité sur l’alcool ». Et une étude transversale de 17 pays de l’OC<strong>DE</strong> sur la période 1975-2000 a conclu que<br />

« les interdictions de publicité ne réduisent pas la demande d’alcool ».<br />

Facteurs de confusion et biais<br />

Attribuant la consommation à des facteurs plus culturels que publicitaires, l’économiste-chercheur estime que<br />

« les études qui se montrent favorables aux restrictions ont eu tendance à ignorer les facteurs de confusion ou à<br />

être truffées de biais, tels que les différences culturelles, les problèmes de mesure et les biais de sélection et de<br />

mémorisation. Par exemple, les études qui montrent que les plus gros buveurs déclarent voir plus de publicité<br />

pour l’alcool sont probablement des exemples de « causalité inversée » ». En l’absence de preuves solides<br />

quant à l’efficacité d’interdictions publicitaires sur l’alcool, Christopher Snowdon affirme que l’intervention<br />

de l’Etat ne se justifie pas. « La publicité influe sur la part de marché des différentes marques, mais les sommes<br />

consacrées à la publicité pour l’alcool n’ont aucun effet sur la consommation globale d’alcool. C’est ainsi que<br />

fonctionne la publicité sur tous les autres marchés matures, et il serait surprenant que l’alcool soit différent ». Et<br />

de conclure que « les affirmations véhémentes des militants anti-alcool sur la publicité doivent être prises avec<br />

des pincettes. L’analyse des données a révélé que seules quelques études de grande qualité se sont penchées<br />

sur la question et que les résultats sont, dans le meilleur des cas, mitigés. Une interdiction de la publicité pour<br />

l’alcool ne serait certainement pas une politique fondée sur des données probantes ».<br />

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