PANORAMA DE PRESSE - 09.08.23
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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />
VITISPHÈRE<br />
Alexandre Abellan<br />
08·08·23<br />
LA FRANCE RE<strong>DE</strong>VIENDRAIT LE<br />
PREMIER PRODUCTEUR MONDIAL<br />
<strong>DE</strong> VIN EN 2023<br />
Produisant 44,5 millions hl de vin d’après les premières prévisions ministérielles, le vignoble français<br />
dépasserait les volumes produits à date par ses voisins italiens et espagnols. Et ce malgré des rendements<br />
amputés par le mildiou au Sud-Ouest et la sécheresse dans le Midi, sans oublier des tempêtes localisées<br />
de grêle. Restent à résoudre les défis commerciaux et stratégiques de filière en cette période de<br />
bouleversement de la consommation.<br />
n 2023, la France devrait produire 44,5 millions d’hectolitres de vins, soit une baisse de 3 % par rapport à<br />
2022 selon la première note du millésime 2023 publiée par les Services de la Statistique et de la Prospective<br />
(SSP). De quoi redonner à la France le titre de premier pays producteur mondial, perdu depuis 2015 au profit<br />
de l’Italie. D’après les chiffres les plus récents, la vendange italienne serait actuellement estimée à 43 millions<br />
hl, le mildiou faisant de 2023 « l’une des pires années de l’histoire des vignobles italiens depuis un siècle, avec<br />
1948, 2007 et 2017 » d’après le syndicat agricole Coldiretti. En Espagne, la récolte de vins et de moûts pourrait<br />
se chiffrer entre 36 et 36,5 millions d’hectolitres d’après les coopératives espagnoles. Se basant sur des relevés<br />
au premier août, la note du SSP avance une production française entre 44 et 47 millions hl, sachant que « ces<br />
estimations sont provisoires au regard de l’incertitude entourant les conséquences des attaques de mildiou<br />
dans les vignobles du Bordelais et du Sud-Ouest » et qu’« en Languedoc et Roussillon sévit une sécheresse<br />
persistante ».<br />
Dans le vignoble français cet été, il y a en effet une salle et deux ambiances. D’un côté se trouvent les vignobles<br />
qui sont passés entre les gouttes du dérèglement climatique et de l’autre ceux qui en ont subi les dégâts. Alors<br />
que les premières vendanges démarrent dans le Roussillon, ce millésime aura été de nouveau particulièrement<br />
éprouvant. Des tempêtes localisées de grêle ont ponctué tout le printemps et se poursuivent cet été (Anjou,<br />
Crozes-Hermitage, Mâconnais, Savoie…). Mais le principal élément de bascule d’un millésime prometteur<br />
quantité reste la pression mildiou, dont la virulence a touché de nombreux vignobles (Corse, Provence, Val de<br />
Loire, Vallée du Rhône...), mais ampute surtout les récoltes et le moral dans tout le quart Sud-Ouest (Bergerac,<br />
Bordeaux, Gascogne…), où le débat reste vif pour une prise en charge de ces excès d’eau par l’assurance<br />
climatique (demande maintenue malgré le refus des assureurs). Des zones de l’Aude et de l’Hérault ont<br />
également été touché par le mildiou, mais on parle plus dans le Midi de sécheresse, avec des vignes ne poussant<br />
pas sur le littoral méditerranéen (de l’Aude et des Pyrénées-Orientales). Pour les vignobles épargnés, la récolte<br />
est prometteuse en Alsace (si l’oïdium reste maintenu), en Bourgogne, Champagne, Cognac, Corse, Jura,<br />
Provence, Savoie (malgré le mildiou et la grêle), Val de Loire, Vaucluse… Du moins s’il n’y a pas de mauvaise<br />
surprise météo d’ici la récolte.<br />
Défis stratégiques<br />
Avec une vendange qui « devrait atteindre, voire dépasser la moyenne des récoltes 2018-2022 » au niveau<br />
national comme l’annonce le SSP, la vendange 2023 s’annonce hétérogène en quantités. Une situation aussi<br />
contrastée que les perspectives de marché, alors que la distillation de crise est en cours (avec un budget<br />
inférieur aux demandes) et que les débats sur la gestion stratégique du potentiel de production animent la<br />
filière vin (avec des réductions de rendement d’un côté et des propositions de réserves interprofessionnelles<br />
de l’autre) face aux perspectives de nouvelles baisses de la consommation nationale (-25 % d’ici 2034 d’après<br />
certaines projections) et des difficultés actuelles sur les marchés export (-8 % en volume pour les vins et<br />
spiritueux français sur le premier semestre 2023). S’il redevient le premier production mondial de vin, le<br />
vignoble français connaît surtout les défis pour devenir le premier metteur en marché de vin.<br />
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