Présence_2023-9

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6 PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE 2023 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE 2023 7 BÉNÉDICTION DE LA CHAPELLE DE LA TRANSFIGURATION BÉNÉDICTION DE LA CHAPELLE DE LA TRANSFIGURATION Jean Lanoy commence par souligner la présence de toutes les personnes venues participer à cette bénédiction, manifestant par là un vif intérêt pour cette chapelle, lieu de la manifestation de la Transfiguration. Il se réfère à l’Évêque Léon Gauthier qui lui avait trouvé son nom de concert avec le curé Franz Murbach lors de l’inauguration de 1978. Il ajoute : « Nous ne sommes pas sur une haute montagne mais nous sommes quand même dans cette montée de la rue du Gothard. Là, à quelques mètres, derrière la fontaine se tenait l’église du village dévolue aux catholiques-chrétiens il y a à peine un siècle. Depuis, 3 chapelles ont succédé à cette église et il faut souligner le courage et la ténacité des catholiques chrétiennes et catholiques chrétiens au cours des générations de rester attachés à la vie de ce lieu. Mais, plus que le lieu et plus que les pierres, il faut célébrer cette présence de chacun, dans ce lieu restauré grâce aux forces engagées par la commune de Chêne-Bourg. Cet ancien couvent revit par notre présence mais aussi par celle de Trois chêne-emploi et de nombreux services publics à la population, ici dans les étages, sans oublier un lieu d’échanges stratégiques et politiques dans les combles. » Grâce à la collaboration de son épouse Aurélie et de Ruedi Rey, président de la commission des médias, Jean Lanoy a placé l’image d’un visage « électronique », qui a été diffusé en page de garde du N°13 du Christkatholisch, pour une bonne raison : « Ce n’est pas pour parler d’intelligence artificielle, mais c’est parce que le thème de la connexion est au cœur de notre société contemporaine. Nous avons besoin de connexion et souvent de nous reconnecter au réel pour mieux agir… Cela a d’ailleurs été évoqué lors de l’ouverture du dernier Synode national à Liestal. Être une Église connectée ce n’est pas rien. Être connecté, être déconnecté, être reconnecté est un combat de tous les jours pour tant d’hommes, de femmes, de jeunes ou d’âgés et même d’enfants. On devient transfiguré dès lors qu’on a une meilleure vision de soi à court ou à long terme. Paul dans la deuxième lecture nous encourage à nous voir comme construisant le temple intérieur. Mais pour cela il faut sans cesse visiter l’intérieur de soi et rectifier ce qui doit l’être. Ainsi on accédera à la pierre de fondation. Le thème de la Transfiguration est au cœur des Évangiles et si bien peint dans la façon traditionnelle orthodoxe sur cette icône donnée par Georges Pucher, lui-même inhumé non loin d’ici. Ce thème de la Transfiguration est un encouragement à regarder vers Jésus comme le prototype que la transfiguration est possible et il nous encourage à y accéder. On devient transfiguré dès lors qu’on est aidé dans son cheminement à mieux comprendre les évènements comme en avaient besoin les compagnons d’Emmaüs ou la samaritaine dans l’Évangile d’aujourd’hui. On devient transfiguré quand on va à la source, à commencer par la source de soi. Jésus le rappelle : « rien ne sert de vouloir gagner le monde si vous en venez à vous perdre vous-même ». Derrière se cache Dieu ! Cette puissance aimante nous anime et nous transfigure à souhait dès lors que nous mettons nos pas dans les siens… Les lectures du jour nous invitent à voir plus loin que le réel, l’univers de tous les possibles. C’est l’expérience de Jacob, c’est l’expérience de Paul, c’est l’expérience de la Samaritaine. C’est le grand message de Jésus : derrière chaque visage se cache le potentiel de la Transfiguration, il ne s’agit pas que de cosmétique, il s’agit d’abord d’Éthique, de vie intérieure, de toujours rester ouvert à l’immense champs de toutes les connexions possibles pour enfin rayonner déjà pour soi et autour de soi. » Et Jean Lanoy conclut son homélie en déclarant : « Plaise à Dieu que dans cette chapelle chacun y retrouve la capacité de se reconnecter et de repartir transfigurés, et plaise à Dieu que toutes les personnes qui y viendront aussi en sa proximité fassent l’expérience de la vie essentielle réelle, plus forte que la virtuelle. » À l’occasion de la bénédiction de cette chapelle le Père Adrian Diaconu tient à remercier l’Église catholique-chrétienne qui accueille fraternellement depuis 25 ans la paroisse orthodoxe roumaine à l’église de la Trinité à Lancy. Après la cérémonie, Jean-Luc Biolay remercie toutes les personnes présentes et il invite chacune et chacun à boire le verre de l’amitié et à partager un magnifique buffet. Mais la journée n’est pas terminée pour autant. En effet, les paroisses du canton de Genève veulent encore rendre un hommage à Harald Rein et à Manuela Petraglio. Jean Lanoy qui s’adresse en premier à Harald Rein : Ton temps n’est pas achevé et tu pourras poursuivre ce que tu as commencé dans tes ministères, penser, écrire et transmettre. Pour ta retraite, les paroisses de Genève ont pensé pour toi à un bâton de poche. Nous t’offrons donc ce « bâton » stylet/stylo moderne et cette tablette format papier (blocnotes) qui lui correspond. Quelques instants plus tard, Jean-Luc Biolay s’adresse à Manuela Petraglio : Durant toute la durée de ton mandat tu as remis un nombre incalculable de bouquets de fleurs aux personnes qui arrêtaient leur mandat. Aujourd’hui, je suis très honoré de te remettre, au nom des paroisses genevoises, ces fleurs. Tu auras maintenant plus de temps, tu pourras transmettre ton expérience et tes idées grâce à ce même stylet/stylo que celui d’Haral. Les discussions reprennent de plus belle, chacun commentant tel ou tel moment de cette journée. Puis, en début de soirée, chacun est reparti chez soi avec la certitude d’avoir vécu un moment historique aussi bien pour la paroisse de Chêne-Bourg que pour toute l’Église catholique-chrétienne de la Suisse. Photos : Anaïs Masnaghetti et Bernard Boulens Pour marquer cet évènement, la paroisse roumaine offre ce symbole de l’amour, une icône représentative de l’orthodoxie, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus. Il souhaite à cette chapelle et à chacun la Transfiguration intérieure et la bénédiction de Dieu.
8 PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE 2023 LA JOIE D’ÉCOUTER EST COMMUNICATIVE LES IMAGES DE DIEU ET LEUR EMPREINTE PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE 2023 9 La joie d’écouter est communicative Die Freude am Zuhören ist ansteckend PAR FRANZ PETER MURBACH Les images de Dieu et leur empreinte Dieu comme « lieu » qui est à la fois « contenant » PAOLO ROSSI Il y a des discours qui font partie de notre patrimoine humain, qui ont traversé les âges, parfois marqué des dizaines de générations, et nous nourrissent encore aujourd’hui comme au jour où les paroles furent prononcées. Dans la Nubra, une vallée entre Himalaya et Karakorum, mon épouse et moi avions par hasard croisé des centaines de camionnettes bondées d’enfants, de femmes et d’hommes souriants, heureux… Venant des quatre coins du Ladakh, ces personnes ont pour l’espace de quelques jours tout quitté, bravé cols et précipices pour venir ici, écouter les enseignements du Dalaï Lama. Jamais je n’oublierai cette joie et cette confiance qui irradiaient ces visages. Et j’ai songé qu’il y a deux mille ans, en Galilée, des foules semblables laissèrent pour un instant leur tâches et préoccupations de côté pour se rendre sur le bord du lac de Tibériade puis sur une montagne, non loin de là, pour écouter Jésus-Christ. Elles y reçurent nourriture pour le corps et l’esprit. Enfant, imaginer un gigantesque pique-nique me faisait gargouiller le ventre. Adolescent, puis jeune adulte, la richesse éthique des messages délivrés par le Messie a alimenté de nombreuses discussions, lorsque l’on refaisait le monde. Avec l’âge mûr, des images me reviennent, mais surtout d’autres facettes et aspirations surgissent. Simplement s’asseoir, pourquoi pas sur un banc d’église, pour lâcher prise, écouter activement sans toujours vouloir en rajouter, apprendre à s’ouvrir à des paroles de paix, d’encouragement, de compassion et de joie. Es gibt Reden, die unseres menschlichen Erbes gehören, die die Zeiten überlebt haben, manchmal Dutzende von Generationen geprägt haben und uns heute noch genauso nähren wie an dem Tag, an dem die Worte gesprochen wurden. In der Nubra, zwischen Himalaya und Karakorum, waren meine Frau und ich zufällig an Hunderten von Fahrzeugen vorbeigekommen, die mit lächelnden Kindern, Frauen und Männern vollgestopft waren… Diese Menschen kamen aus dem ganzen Ladakh, hatten für ein paar Tage alles hinter sich gelassen, gefährliche Pässe überwunden, um hierher zu kommen und den Belehrungen des Dalai Lama zu hören. Ich werde nie die Freude und das Vertrauen vergessen, die von diesen Gesichtern ausstrahlten. Und ich dachte daran, dass vor zweitausend Jahren in Galiläa ähnliche Menschenmengen für einen Moment ihre Aufgaben und Sorgen hinter sich liessen, um am Ufer des Sees von Tiberias und dann auf einem benachbarten Berg Jesus Christus zuzuhören. Dort erhielten sie Nahrung für Körper und Geist. Als Kind liess die Vorstellung eines riesigen Picknicks meinen Magen knurren. Als Teenager und junger Erwachsener war der ethische Reichtum der Botschaften des Messias Stoff für viele Diskussionen, wenn wir die Welt verändern wollten. Mit zunehmendem Alter tauchen auch andere Sehnsüchte auf. Einfach hinsetzen, warum nicht auf einer Kirchenbank, um loszulassen, aktiv zuzuhören, ohne immer etwas hinzufügen zu wollen, sich für Worte des Friedens, der Ermutigung, des Mitgefühls und der Freude öffnen. Publié dans Christkatholisch N° 3 / 2023 Cosimo di Lorenzo Rosselli Le Sermon sur la montagne (1481 – 1482) Fresque de la Chapelle Sixtine – Vatican Le dieu anthropomorphe Mon éducation catholique a façonné mon image de Dieu : J’ai fait l’expérience d’un Dieu anthropomorphe, différent de moi, c’està-dire omnipotent, omniscient. Un tel Dieu nous juge et intervient à sa guise dans les affaires terrestres. C’est un être détaché de notre monde, avec lequel nous entretenons une relation de dualité et entrons en relation de manière personnelle. Ce dieu nous dicte, dans l’attente d’une vie tant désirée après la mort, de suivre une série de prescriptions qui limitent notre liberté individuelle. En conséquence, le concept de liberté peut être perçu comme une valeur négative : Il est possible de ne pas respecter les règles et donc d’opter pour une vie de péché, avec les conséquences posthumes que l’on peut imaginer Questions existentielles Au cours de notre vie, nous nous posons tous la question de la mort et du sens de la vie, de son utilité et de l’intérêt de continuer à vivre. L’évolution de la société et de la technique ne nous enlève pas cette angoisse. Selon les analyses sociologiques et statistiques des comportements par rapport aux églises traditionnelles, le message religieux ne nous procure plus aucun soulagement : il est constitué de symboles qui ne sont plus compréhensibles - l’agneau, le royaume, le buisson ardent – et de contenus de pouvoir et de contrôle. Pour percevoir les grandes lignes de ces questions existentielles, nous devons sortir du cadre et changer notre point de vue. « Cette église m’a surtout fait prendre conscience que si l’homme est créé à l’image de Dieu, toutes les expériences qui entrent en contact avec lui sont, par définition, bénies » La Création d’Adam Michel-Ange 1508-1512 Chapelle Sixtine Vatican Mon expérience au sein de l’Église catholique-chrétienne m’a beaucoup aidé en ce sens. Cette Église m’a surtout fait prendre conscience que si l’homme est créé à l’image de Dieu, toutes les expériences qui entrent en contact avec lui sont, par définition, bénies. Il n’existe donc pas de religions justes (ni même de « plus justes »), pas plus qu’il n’existe de « peuple élu ». Libération et liberté J’ai réalisé que la prédication du Christ est un message de libération. Nous avons la liberté, dans les limites acceptées par la société, de vivre notre propre caractère sans conditionnement extérieur par les parents, l’Église ou l’idéologie. La liberté de respecter l’identité de chacun et d’accepter nos limites. « En même temps, nous devrions essayer d’aller au-delà de ces limites afin d’expérimenter de nouvelles choses, de nous remettre en question chaque jour. » ˚ Selon les mots de l’Évêque de l’Église vieille-catholique d’Autriche, Maria Kubin, « Nous avons le devoir d’exprimer notre foi et de pouvoir la critiquer ». Continuité de la vie J’ai pris conscience qu’il n’y a pas de césure entre la vie et la mort, mais une continuité. C’est ce que nous pouvons saisir, en partie, dans cette expérience terrestre, si nous entraînons notre esprit. La continuité de la vie est un peu comme un jeu vidéo dans lequel on passe d’un niveau à l’autre ; les niveaux sont liés entre eux, seule la profondeur de la perception change.
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Page 3: 4 PRÉSENCE N o 9 NOVEMBRE 2023 VAC
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