ICI MAG - NOVEMBRE 2023

HISTOIRE ET PATRIMOINE PAYS DE BORN
Aquarelle
du Pays landais
De fonte et de fer
Cette aquarelle aux teintes pastel et estompées a été
réalisée par Pierre BRUN, un artiste bordelais. Les personnages
ont été peints à la gouache pour obtenir des
nuances nettes et contrastées. L’artiste, passionné par la
vie régionale landaise et ses habitants, réalise ici l'un des
premiers paysages landais connus à ce jour. Un précieux
témoignage d’un temps révolu qui remonte à la période de
la Révolution.
Par Elisabeth CASTEL
Guide au conservatoire
de Sanguinet
plus doux, plus malléable. L'autre provenait de Pissos : le
fer qu’on en tirait était plus cassant, car contenant trop
de silice. Le haut-fourneau convertissait le minerai de fer
en fonte vers 1500 degrés grâce aux feux intensifiés par
On y voit un groupe en pleine conversation, un bouvier et
son attelage de bœufs (bros) chargé de charbon de bois
guidant son attelage, des bergers sur leurs échasses entourés
de leurs moutons. Tout un monde rural s’entrecroise
dans cette scène pittoresque, qui a pour décor une clairière
clairsemée. De grosses volutes de fumée s’élèvent dans le
ciel, à leur base une cheminée briquetée très haute pour
que d'éventuelles escarbilles n'enflamment pas la nature
alentour. Des bâtiments techniques et une retenue d'eau
occupent aussi une grande partie de ce site.
Il s’agit là d’un établissement métallurgique. Notre vaste
région de sables de Gascogne fut pourvue jadis de cette
industrie spécifique dont il ne reste plus rien de nos jours
que le site des forges de Brocas. En 1789, il n’en existait que
trois : Uza, Abesse et Pontenx-les-Forges, créée en 1762.
L’établissement représenté ici comprend un haut-fourneau
pour la production de fonte et une forge où l’on affinait la
fonte pour obtenir le fer. Fourneau et forge étaient souvent
groupés en un même lieu. Tout laisse à penser que cette
forge se situait à Pontenx, au bord du ruisseau Cantaloup,
creusé et aménagé sur ses berges en petit étang équipé
d’un barrage. Des chutes d'eau avec déversoir alimentaient
alors une roue à aubes créant la force motrice.
Deux minerais étaient utilisés. L’un, plus « maigre », venait
de gisements de garluche à Mimizan, donnant un fer
une soufflerie très puissante générée par cette force hydraulique.
Ces forges fournissaient des produits à base
de fonte, comme des boulets de canon pour la marine de
guerre, des chaudières pour les sucreries des Antilles, des
marmites, ou du fer, comme des clous ou des outils.
Imaginons un instant pénétrer à l'intérieur de la forge : des
étincelles jaillissent dans tous les sens. Une odeur de feu et
de fer envahit l’espace. L’obscurité rivalise avec la lueur des
foyers toujours allumés dans un fracas assourdissant des
marteaux. La forge est une ruche à l’activité incessante où
les journées épuisantes commençaient à 5h du matin pour
se terminer à la tombée de la nuit...
Crédits photos : Conservatoire des Landes de Gascogne de Sanguinet
Article réalisé avec le concours du Conservatoire des Landes de Gascogne de Sanguinet et des membres de l'Association
des Amis du conservatoire, présidée par Jean-Louis LAFFORT. Visites et infos au 06 60 88 51 78
18 - ICI MAG novembre 2023