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syndicom magazine No.38

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 38 décembre 2023<br />

<strong>magazine</strong><br />

Pour de<br />

meilleurs<br />

salaires !


Annonce<br />

Initiative pour<br />

un fonds climat<br />

Emplois de qualité et<br />

protection de l’environnement !<br />

L’initative pour un fonds climat…<br />

protège l’environnement<br />

:<br />

0.5 à 1 % du PIB seront investis<br />

dans la décarbonisation. Ainsi,<br />

les énergies renouvelables et<br />

les rénovations thermiques<br />

pourront progresser, sans que<br />

cela pèse sur le porte-monnaie<br />

des gens qui travaillent.<br />

créé des emplois<br />

de qualité :<br />

l’investissement dans des projets<br />

favorables au climat signifie<br />

de nombreuses nouvelles places<br />

de travail durables et bien<br />

payées. Le fonds climat finance<br />

aussi des formations et des<br />

reconversions. Ainsi, personne<br />

n’est laissé de côté.<br />

renforce le<br />

service public:<br />

la transition écologique n’est<br />

possible qu’en développant les<br />

transports publics et les énergies<br />

renouvelables. Ce qui assure<br />

durablement notre mobilité<br />

et notre approvisionnement.<br />

→ Une feuille de signature est jointe à ce<br />

<strong>magazine</strong>. Signer et renvoyer MAINTENANT!<br />

Merci<br />

Plus d‘informations : sgb.ch/klimafonds


Sommaire<br />

4 Brèves<br />

5 L’invitée<br />

6 Dossier : négocier de<br />

meilleurs salaires<br />

14 Salaires : une analyse<br />

économique<br />

17 Droit au but !<br />

18 Au cœur de nos métiers<br />

23 Politique<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 International<br />

31 Mots croisés<br />

32 Tranches de vie<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

J’ai serré, il y a peu, la main de membres qui nous<br />

remerciaient d’avoir obtenu 100 francs de plus<br />

par mois. Ça paraît peu, mais c’est essentiel.<br />

Les travailleuses et travailleurs devraient automatiquement<br />

percevoir une partie des bénéfices<br />

que les entreprises réalisent. Ce qui est démontré<br />

dans le dossier (p. 14-15), c’est que ce ne sont<br />

pas les salaires mais leurs marges qu’elles augmentent.<br />

La force des syndicats est là : remettre chaque<br />

année l’ouvrage sur le métier. Nous nous battons<br />

pour les salaires réels (p. 13), pour les salaires<br />

minimums (p. 24-25) – qui touchent les personnes<br />

les plus précaires, souvent les jeunes, les<br />

migrant-es, les personnes moins qualifiées ou le<br />

personnel temporaire – et pour les salaires des<br />

professionnel-les indépendant-es (p. 12).<br />

Ce que nous constatons, c’est que là où<br />

existent des CCT, qui définissent les négociations<br />

collectives des salaires, la redistribution est plus<br />

équitable. Les procédures se déroulent selon un<br />

calendrier bien précis, des premières réunions en<br />

décembre, aux résultats qui tomberont, selon les<br />

secteurs, dès la mi-février, pour une augmentation<br />

réelle du salaire d’avril. Nous basons nos arguments<br />

sur des paramètres chiffrés et concrets<br />

tels que la masse salariale, l’inflation, l’augmentation<br />

de l’assurance maladie, les analyses du<br />

marché et de la concurrence, sans perdre de vue<br />

que c’est pour les travailleuses et travailleurs que<br />

nous négocions. Nous ne lâchons rien, en 2024<br />

non plus. Bonne année à toutes et tous!<br />

6<br />

Dossier :<br />

pour de meilleurs<br />

salaires<br />

16<br />

Printoset a augmenté<br />

ses salaires<br />

32<br />

Tranches de vie<br />

Matteo Antonini, président de <strong>syndicom</strong>


4 Brèves<br />

Elections des membres dans les RP/CoPe \ Pétition médias \<br />

St-François : l’office de poste sauvé \ Journalisme et guerre \<br />

CarPostal : adaptations salariales au Tessin<br />

Elections RP/CoPe<br />

Les élections des représentations du<br />

personnel chez Swisscom se sont terminées<br />

fin novembre. <strong>syndicom</strong> est très<br />

satisfait du résultat : 37 de nos 43 candidat-es<br />

ont été élu-es et représenteront<br />

les collaboratrices et collaborateurs<br />

de Swisscom face à la direction<br />

ces prochaines années.<br />

A la Poste aussi, de nombreux collègues<br />

ont été élu-es à la CoPe. Nous profitons<br />

de cette occasion pour encourager nos<br />

membres à participer aux cours de base<br />

et de perfectionnement proposés par<br />

movendo aux membres des délégations<br />

du personnel (movendo.ch).<br />

Ce succès n’a été possible que grâce à<br />

une campagne engagée de tous les candidat-es,<br />

qui se sont soutenu-es mutuellement<br />

au-delà des secteurs. Un<br />

grand merci pour leur engagement sans<br />

faille dans la campagne électorale et<br />

toutes nos félicitations !<br />

Une pétition pour les médias<br />

Le 28 novembre 2023, <strong>syndicom</strong> et<br />

Impressum ont remis à l’association<br />

des éditeurs VSM une pétition signée<br />

par plus de 1200 professionnel-les des<br />

médias pour exiger des salaires et des<br />

conditions de travail équitables dans la<br />

branche en Suisse alémanique et au<br />

Tessin. L’association des éditeurs doit<br />

reprendre les négociations interrompues<br />

et accepter une CCT équitable<br />

dans la branche des médias.<br />

Office de poste maintenu<br />

La Poste maintient l’office de Poste de<br />

St-François, à Lausanne. Cette décision<br />

est sans précédent : pour la première<br />

fois en Suisse, un office de poste menacé<br />

de fermeture est sauvé grâce à une<br />

mobilisation citoyenne importante et de<br />

longue haleine. La pression publique<br />

constante exercée par un collectif d’organisations,<br />

dont <strong>syndicom</strong>, défendant<br />

le service public aura été décisive.<br />

C’est une victoire très importante pour<br />

le service public et pour ses usagères<br />

et usagers contre la logique de rendement<br />

immobilier maximal. Il faut maintenir<br />

des points d’accès dans toutes<br />

les régions et dans tous les quartiers.<br />

Journalistes en temps de<br />

guerre<br />

Nous sommes consterné-es et horrifié-es<br />

par la tragédie au Proche-Orient,<br />

qui atteint actuellement un triste point<br />

culminant. Notre solidarité va à toutes<br />

les victimes de violence. Avec nos organisations<br />

faîtières, l’USS et la FIJ<br />

( Fédération internationale des journalistes),<br />

nous nous engageons avec<br />

force en faveur d’un monde pacifique<br />

et sans peur, dans lequel la paix et la<br />

démocratie reposent sur le respect<br />

intégral du droit international. Avec<br />

63 victimes, le premier mois de guerre<br />

à Gaza a été le plus meurtrier pour les<br />

journalistes et les professionnel-les<br />

des médias.<br />

Nous observons avec inquiétude une<br />

augmentation de la haine, ainsi que<br />

des propos et des voix antisémites et<br />

islamophobes. Nous invitons les médias<br />

et les journalistes à couvrir cette<br />

guerre de manière objective, avec un<br />

regard critique sur les sources, avec<br />

pondération et sans parti pris, qui respectent<br />

le Code déontologique du<br />

Conseil de la Presse. Nous plaidons<br />

pour une presse plurielle, différenciée<br />

et d’un journalisme qui se fonde sur les<br />

valeurs démocratiques, les droits humains,<br />

la diversité et la tolérance.<br />

CarPostal : accord au Tessin<br />

Il y a près d’une année et demie, <strong>syndicom</strong><br />

lançait une pétition chez CarPostal<br />

SA au Tessin pour exiger une prise<br />

en compte correcte de l’expérience<br />

dans la classification salariale, conformément<br />

à la CCT. En raison de la pénurie<br />

de main-d’œuvre, CarPostal avait<br />

engagé de nouveaux-elles conducteurs-trices<br />

sur une base salariale plus<br />

élevée que celle à laquelle avaient été<br />

embauchés leurs prédécesseurs.<br />

<strong>syndicom</strong> est parvenu à négocier des<br />

adaptations salariales.<br />

Agenda<br />

Janvier<br />

16<br />

Congrès de politique sociale<br />

des retraité-es de <strong>syndicom</strong><br />

Hotel Bern, 13h45. Les votations du<br />

3 mars doivent être gagnées. Il s’agit<br />

de changer la donne au niveau politique<br />

et social.<br />

Avec Mattea Meyer, coprésidente PS,<br />

et Samuel Bendahan, coprésident du<br />

Groupe socialiste. Tous deux siègent<br />

au sein de commissions décisives du<br />

Parlement fédéral et s’engagent avec<br />

force pour les préoccupations des personnes<br />

dont les revenus et les rentes<br />

sont faibles.<br />

Inscription jusqu’au 9 janvier, my.<strong>syndicom</strong><br />

ou à participation@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Mars<br />

3<br />

Deux votations fédérales<br />

Le peuple devra se prononcer sur deux<br />

objets cruciaux pour l’avenir de l’AVS<br />

en Suisse. Les deux initiatives populaires<br />

sont diamétralement différentes<br />

sur la question !<br />

Le premier objet sera l’initiative populaire<br />

« Mieux vivre à la retraite » (dite<br />

aussi « pour une 13 e rente AVS ») déposée<br />

par l’USS en 2021. Le texte réclame<br />

le versement d’une rente de vieillesse<br />

supplémentaire, du même montant<br />

que la rente AVS perçue chaque mois,<br />

à l’image d’un 13 e salaire.<br />

Le second est le texte des Jeunes PLR.<br />

Il propose de relever l’âge de la retraite<br />

à 66 ans, voire 67 ans.<br />

8<br />

Journée internationale des<br />

femmes<br />

Des actions seront organisées.<br />

Les informations suivent.<br />

13<br />

Cours journalistes<br />

indépendant-es<br />

Comment vendre mon travail et tirer<br />

un revenu de mon activité ?<br />

9h30-16h30, Hotel Bern.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


L’invitée<br />

Pourquoi ne descendons-nous pas<br />

plus souvent dans la rue pour crier notre colère<br />

d’une Suisse où le confort et l’efficacité des<br />

services se paient à un prix trop élevé pour la<br />

majorité ?<br />

Une majorité malheureusement le plus souvent<br />

silencieuse: locataires, assuré-es et classe<br />

moyenne , qui vivent avec des budgets serrés,<br />

avec la peur de voir le loyer augmenter plus vite<br />

que les salaires, de découvrir la désormais inévitable,<br />

hallucinante et insupportable hausse<br />

automnale des primes maladies.<br />

La Suisse où les citoyen-nes deviennent très<br />

vite des assuré-es à qui on inculque la peur des<br />

lacunes dans leur plan de prévoyance professionnelle<br />

et vieillesse. Avec raison puisque la supercherie<br />

du 3 e pilier, l’assurance vie individuelle<br />

et privée n’est de loin pas accessible à tout le<br />

monde, alors que pour les femmes et les petits<br />

salaires, les 1 er et 2 e pilier ne suffisent déjà pas à<br />

assurer une retraite digne.<br />

Un jour, les milliards de francs de loyers payés<br />

en trop devront être rendus et les coopératives<br />

encouragées. Les milliards qui dorment dans les<br />

réserves des caisses maladie devront servir à<br />

baisser les primes – qui doivent être calculées<br />

en fonction du revenu. Les taux de rendement<br />

des prévoyances professionnelles devront profiter<br />

à celles et ceux qui les alimente et non pas<br />

être fixés au gré du marché.<br />

Si la confiance des électrices et électeurs lors<br />

des dernières élections fédérales a profité au<br />

PS, cela n’a pas suffi à empêcher un renforcement<br />

de la droite. Les initiatives et les référendums<br />

que lanceront les syndicats et les partis<br />

de gauche n’en seront que plus décisifs. Ne ratons<br />

pas les occasions qui se présenteront dans<br />

les prochains mois et années pour défendre<br />

nos intérêts. La peur nous rend silencieux.<br />

C’est le courage qui nous rendra la dignité !<br />

Ne baissons pas<br />

les bras !<br />

Ada Marra vient de terminer son mandat<br />

de députée socialiste du canton de<br />

Vaud au Conseil national, chambre dans<br />

laquelle elle a siégé depuis 2007. Née à<br />

Lausanne de parents ouvriers italiens<br />

originaires des Pouilles, elle s’est notamment<br />

battue au niveau politique et<br />

associatif contre la précarité et pour la<br />

défense des droits humains. Vice-présidente<br />

du Parti socialiste suisse de 2018<br />

à 2022, elle continue aujourd’hui son<br />

engagement dans la vie associative.<br />

5


6<br />

Dossier<br />

L’USS a lancé la bataille des salaires au mois de juillet dernier, réclamant une<br />

hausse généralisée de 5 %. Qu’est-ce que nous négocions ? Comment ?<br />

Certains résultats seront visibles sur votre feuille de salaire, tandis que les<br />

augmentations, selon Sergio Rossi, bénéficient à toute l’économie. Notre dossier.<br />

Pour de<br />

:


7<br />

meilleurs<br />

© USS/Manu Friederich


8<br />

Dossier<br />

Ce travail qui ne paie plus assez<br />

Le pouvoir d’achat des salarié-es devrait<br />

encore reculer cette année malgré une<br />

conjoncture favorable. Une situation qui<br />

pénalise particulièrement les petits revenus.<br />

Texte : Benito Perez<br />

Photos : © USS / Manu Friederich<br />

Les Suisses ont subi « la plus importante chute de leur<br />

pouvoir d’achat depuis 80 ans ». Ce n’est pas <strong>syndicom</strong> qui<br />

le dit mais… l’UBS ! Pour la seule année 2022, la perte<br />

s’était élevée à 1,8 % du revenu, mais la dégringolade peut<br />

être étendue aux trois dernières années durant lesquelles<br />

le salaire réel moyen a chuté de 2 %. « Sans hausse de salaire,<br />

un couple avec deux enfants disposera de 3000 francs<br />

de moins en 2024 qu’en 2020 et un retraité aura perdu<br />

l’équivalent d’une rente mensuelle », avertissait Pierre-<br />

Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse (USS),<br />

lors de la grande manifestation du 16 septembre. Ce jourlà,<br />

à l’appel des syndicats, de l’ASLOCA et des partis de<br />

gauche, quelque 20 000 personnes dénonçaient l’inflation,<br />

le fardeau des primes-maladie et l’augmentation des<br />

loyers qui plombent le budget des ménages. Avec deux revendications-clés<br />

: une augmentation de 5 % des revenus<br />

et un salaire minimum de 5000 francs pour les titulaires<br />

d’un CFC.<br />

Un pouvoir d’achat en berne<br />

Les banderoles tenues par des travailleuses et travailleurs<br />

de tous les secteurs professionnels donnaient le ton :<br />

« Tout coûte plus cher, augmentez les salaires et les<br />

rentes ! » Venu-es de toutes les régions du pays, les manifestant-es<br />

exprimaient une inquiétude qui grandit dans la<br />

population. « Il est de plus en plus difficile de joindre les<br />

deux bouts », scandait une employée du secteur public<br />

tandis qu’un retraité résumait la baisse du pouvoir d’achat<br />

en brandissant un ticket de caisse : les denrées alimentaires<br />

de base grèvent désormais son budget. « Aujourd’hui,<br />

en Suisse, avoir un travail ne suffit plus à regarder<br />

l’avenir avec sérénité », abondait Pierre-Yves Maillard.<br />

Dix jours plus tard, la remarque du président de l’USS prenait<br />

une nouvelle dimension, lorsque le Conseil fédéral<br />

annonçait le bond record de 9 % des primes d’assurance<br />

maladie en 2024 !<br />

Pour Matteo Antonini, président de <strong>syndicom</strong>, les 5 %<br />

de hausse revendiqués par les syndicats sont pleinement<br />

justifiés. « Un pourcentage qui représente certes des<br />

sommes conséquentes mais nécessaires pour rattraper<br />

l’adaptation manquée du renchérissement des années<br />

précédentes. Les salaires doivent augmenter fortement<br />

pour toutes et tous, ce qui est valable aussi pour les salaires<br />

minimums. »<br />

Prévisions pessimistes<br />

Mais les prévisions dévoilées début novembre par l’UBS<br />

n’incitent guère à l’optimisme. Selon ce sondage à grande<br />

échelle (UBS Outlook Suisse, novembre 2023), les 389 entreprises<br />

du panel annoncent une augmentation de leur<br />

enveloppe salariale de seulement 1,9 % en 2024. Or, la<br />

charge des ménages ne cesse de s’alourdir : le renchérissement<br />

devrait s’élever à quelque 2,4 %,<br />

Seuls les secteurs bénéficiant d’une CCT parviennent<br />

à stopper l’hémorragie, si l’on en croit l’Office fédéral des<br />

statistiques (OFS), qui table sur une progression moyenne<br />

de 2,5 %. Une hausse qui diffère néanmoins selon les domaines<br />

d’activité puisque les salariés de l’hôtellerie-restauration<br />

devraient profiter de la pénurie de personnel et<br />

obtenir 2,8 % de plus, tandis que la branche des médias,<br />

qui traverse une crise profonde, attend une hausse de 1 %.<br />

L’USS saluait en fin d’année les « bons résultats » obtenus<br />

dans le nettoyage, dans les shops des stations-service ou<br />

chez Coop. Le détaillant bâlois augmente en effet sa masse<br />

salariale de 2,2 % en 2024 et relève les bas salaires de 3 %.<br />

En somme, malgré la croissance économique et un chômage<br />

bas, le revenu réel moyen des Suisses va continuer<br />

de s’affaisser en 2024. Avec un impact particulièrement<br />

violent sur les classes populaires, étant donné que les moteurs<br />

du renchérissement – logement, énergie, alimentation<br />

et santé – constituent autant de dépenses obligées.<br />

Ajoutez à cela le relèvement du taux de TVA de 0,4 % au<br />

1 er janvier, et vous obtenez de bien sombres perspectives<br />

pour les prochains mois, alors même que 11 % des habitants<br />

du pays peinent déjà à régler leurs factures à la fin du<br />

mois.<br />

Bataille à mener<br />

Pour beaucoup de membres de <strong>syndicom</strong>, la messe n’est<br />

toutefois pas dite, car les secteurs de la logistique et de la<br />

communication n’ont débuté leurs négociations conventionnelles<br />

qu’en fin d’année 2023 (lire ci-après). Et le syndicat<br />

compte bien faire preuve d’opiniâtreté et d’imagination<br />

afin de pousser les bas salaires vers le haut. Par<br />

exemple, en réclamant des augmentations forfaitaires ou<br />

une contribution de soutien aux primes d’assurance maladie.<br />

Une augmentation<br />

de 5 %<br />

des revenus<br />

et un salaire<br />

minimum de<br />

5000 francs.


Matteo Antonini mise également sur les « analyses de<br />

l’égalité salariale », un levier à fort potentiel, alors que les<br />

femmes gagnent toujours 18 % de moins que les hommes.<br />

« La loi sur l’égalité impose ces analyses aux entreprises de<br />

plus de cent salarié-es. Nous proposons qu’elles se généralisent<br />

aux PME et débouchent, non sur une information<br />

aux travailleuses et travailleurs, mais sur des mesures de<br />

mise à niveau contraignantes. » Enfin, <strong>syndicom</strong> conteste<br />

l’écart de 5 % toléré par la loi, que Matteo Antonini juge<br />

« trop élevé et inacceptable ».<br />

Creusement des inégalités<br />

Pleine compensation du renchérissement, salaires minimums<br />

décents, analyses de l’égalité salariale aussi dans<br />

les petites entreprises, contributions de soutien aux<br />

primes maladie : ce sont les revendications salariales 2024<br />

de <strong>syndicom</strong> dans les branches Logistique, TIC et Médias.<br />

« Seules la participation et la mobilisation des salarié-es<br />

peuvent inverser la tendance », prévient le Tessinois. A défaut,<br />

les patrons continueront d’empocher les gains de<br />

productivité, tout en faisant payer une bonne part du renchérissement<br />

à leurs employé-es. Une situation d’autant<br />

plus injuste que les entreprises portent une lourde responsabilité<br />

dans la spirale inflationniste. Dans une étude<br />

parue en juin, le Fonds monétaire international (FMI) calculait<br />

que les augmentations brutales de leurs marges,<br />

pendant et après la crise du COVID, étaient « à l’origine de<br />

près de la moitié de la hausse de l’inflation en Europe au<br />

cours des deux dernières années ».<br />

De fait, comme le formule Pierre-Yves Maillard, « l’appauvrissement<br />

ne menace pas tout le monde ». Car si la<br />

plupart des salarié-es ont perdu des plumes depuis 2016<br />

(–0,9 % en moyenne), les 10 % les plus favorisés ont vu leurs<br />

rétributions augmenter significativement (+5,4 %), selon<br />

une étude d’Unia publiée en août 2023. Et ce processus favorable<br />

au haut du panier vient de loin : en 25 ans, le<br />

nombre d’employé-es gagnant plus de 1 million de francs<br />

a quadruplé, tandis que le niveau des dividendes versés<br />

aux actionnaires quintuplait !<br />

« Seules la participation<br />

et la mobilisation<br />

des salarié-es peuvent<br />

inverser la tendance. »<br />

Matteo Antonini<br />

Pour une adaptation automatique à l’inflation<br />

Pour le président de l’USS, il est clair que la flambée des<br />

prix sert aujourd’hui de prétexte au patronat et à la majorité<br />

bourgeoise au Palais fédéral pour entretenir cette<br />

« formidable mécanique de redistribution des richesses<br />

vers le haut », à laquelle participent également les baisses<br />

d’impôts.<br />

Au-delà des négociations conjoncturelles, Pierre-Yves<br />

Maillard préconise dès lors la réintroduction dans les CCT<br />

des clauses d’adaptation automatique à l’inflation, abandonnées<br />

dans les années 1990. Une revendication que<br />

<strong>syndicom</strong> portera désormais à chaque renouvellement<br />

conventionnel, informe Matteo Antonini.<br />

Sauf mention particulière, les statistiques contenues dans cet article<br />

proviennent de l’OFS.<br />

<strong>syndicom</strong> : une journée de<br />

revendication salariale en vidéo


10 Dossier<br />

Plus d’argent à la fin du mois !<br />

Rebelote. Chaque automne, les négociations<br />

salariales reprennent. C’est un acquis syndical,<br />

inscrit dans les CCT. Les secrétaires syndicaux-ales<br />

et les membres élu-es dans les<br />

délégations chargées de négocier s’engagent<br />

activement sur le front des salaires.<br />

Des négociations salariales collectives qui<br />

assurent aux employé-es une certaine marge<br />

de manœuvre financière ne sont toutefois pas<br />

possibles partout. Mais nous y travaillons !<br />

D’autant que <strong>syndicom</strong> compte un grand<br />

nombre d’indépendant-es, dans la communication<br />

visuelle et les médias notamment.<br />

Comment procèdent-elles et ils pour fixer<br />

leurs prix ? Comment le syndicat peut-il les<br />

soutenir ?<br />

Et comment se passent les négociations<br />

salariales en général ? 3 branches, 3 exemples.<br />

Photo : Bruno Ferreira Dias<br />

Texte: rédaction<br />

Les salaires à La Poste<br />

La convention collective de travail garantit chaque année<br />

des négociations salariales collectives – c’est ce que stipule<br />

l’article 3.1 de la CCT dite faîtière de La Poste Suisse<br />

SA. C’est à ce droit légal que <strong>syndicom</strong> se réfère lorsqu’il<br />

dépose, au nom du personnel, une demande d’augmentation<br />

de salaire, avant le 6 décembre. Cela se fait de manière<br />

très formelle, par le biais d’une lettre signée par le<br />

responsable du secteur Logistique. Pour les négociations<br />

salariales en cours, <strong>syndicom</strong> a demandé une augmentation<br />

de salaire de 200 francs multipliée par 13.<br />

Une mission au cœur des négociations salariales : distribuer<br />

cet argent de manière équitable entre les employé-es.<br />

Equitable : que faut-il comprendre ? Que toutes<br />

et tous reçoivent la même somme ? Ou plutôt que les employé-es<br />

aux salaires les plus bas reçoivent proportionnellement<br />

un peu plus que leurs collègues aux salaires plus<br />

élevés ? La vie devient de plus en plus chère pour tout le<br />

monde, mais la cherté pèse beaucoup plus sur le budget<br />

de quelqu’un qui gagne peu que sur une personne ayant<br />

plus de marge.<br />

Comment arrive-t-on à ces 200 francs fois 13 ? Il s’agit<br />

d’un processus démocratique et finement équilibré, interne<br />

au syndicat. Les préoccupations et revendications<br />

des membres des organes de milice de <strong>syndicom</strong> sont exprimées,<br />

consignées et relayées au sein des entreprises.<br />

Les partenaires sociaux reçoivent de La Poste un aperçu<br />

des chiffres d’exploitation. La CCT prévoit certains paramètres<br />

qui servent de base pour convenir des hausses salariales<br />

: l’indice national des prix à la consommation<br />

(IPC), l’indicateur qui montre le renchérissement, est particulièrement<br />

pertinent. L’indice des primes d’assurance<br />

maladie (IPAM), l’évolution des salaires réels, la situation<br />

économique générale sont également pris en compte<br />

dans l’équation.<br />

Entretien avec Carlo Mächler, responsable d’équipe<br />

chez RéseauPostal à Pfäffikon<br />

Qu’est-ce qui te motive à t’engager<br />

au sein de la délégation de négociation<br />

?<br />

Ces dernières années, nous avons obtenu<br />

des résultats décents et maintenu<br />

le pouvoir d’achat dans une certaine<br />

mesure. L’année dernière, malgré<br />

un résultat salarial intéressant, une<br />

partie du personnel a subi des pertes<br />

de salaire réel. Je m’engage pour des<br />

conditions de travail équitables et un<br />

système salarial qui fonctionne.<br />

Nos membres attendent la pleine compensation<br />

du renchérissement et une<br />

augmentation réelle des salaires qui<br />

corresponde aux gains de productivité<br />

de La Poste.<br />

Comment défendras-tu ces revendications<br />

face à ton employeur ?<br />

J’ai quelques années d’expérience<br />

dans les négociations salariales et CCT.<br />

Il n’est jamais facile de faire passer<br />

les revendications, il y a toujours deux<br />

partenaires avec des attentes différentes.<br />

Plus le nombre de personnes<br />

organisées chez <strong>syndicom</strong> augmente,<br />

plus nous avons de poids dans les négociations.<br />

Comment se sont passées les<br />

négociations jusqu’à présent ?<br />

Il y a tout d’abord eu une « ronde des<br />

doléances », au cours de laquelle<br />

La Poste montre à quel pont elle va<br />

mal, et nous montrons à quel point<br />

son résultat est en fait bon. Ensuite<br />

les premières revendications sont<br />

échangées – et les négociations<br />

commencent.<br />

Qu’est-ce qui est particulièrement<br />

difficile dans les négociations ?<br />

Le grand défi est d’obtenir une mesure<br />

salariale efficace pour les collaboratrices-teurs<br />

plus âgé-es qui sont<br />

encore bien payé-es, car la perte du<br />

pouvoir d’achat les impacte aussi.


Les organes de milice nomment leur délégation de négociation,<br />

c’est-à-dire les collègues qui les représenteront à<br />

la table des négociations. Avec les secrétaires centraux, ils<br />

et elles se réunissent pour quatre à cinq rondes de négociations<br />

avec La Poste. On discute et peaufine les détails<br />

jusqu’à ce qu’un résultat soit sur la table.<br />

Dès que les délégué-es <strong>syndicom</strong> compétent-es acceptent<br />

le résultat des négociations, celui-ci est consigné<br />

par écrit, signé et communiqué. Le service du personnel<br />

de La Poste dispose alors de quelques semaines pour calculer<br />

l’augmentation de salaire pour chaque employé-e.<br />

A des fins de contrôle, <strong>syndicom</strong> propose un calculateur de<br />

salaires pour les employé-es de La Poste<br />

Négociations 2023 chez cablex<br />

Le droit de mener des négociations salariales est ancré<br />

dans la convention collective de travail. Le syndicat aborde<br />

les salaires avec ses membres tout au long de l’année.<br />

Chez cablex, les négociations salariales entre <strong>syndicom</strong> et<br />

la direction ont eu lieu en février 2023. La coprésidence du<br />

comité d’entreprise de cablex de <strong>syndicom</strong>, composée de<br />

Werner Schenk et Pascal Wicht, a contribué de manière<br />

significative à ces négociations. Celles-ci sont dures, menées<br />

parfois sur plusieurs jours. En règle générale, elles<br />

sont entrecoupées de pauses, qui permettent à <strong>syndicom</strong><br />

de discuter des solutions de repli. En cas de désaccord, le<br />

tribunal arbitral pourrait être saisi, conformément à la<br />

CCT. Le résultat provisoire des négociations est d’abord<br />

soumis aux membres de la conférence d’entreprise, qui<br />

décident de l’accepter ou non. Cette année, il a été accepté.<br />

Werner Schenk, coprésident du comité d’entreprise cablex,<br />

a participé aux négociations salariales 2023<br />

Quel mandat a été confié à <strong>syndicom</strong> ?<br />

Nous avons revendiqué « 5 % en général<br />

». Le résultat des négociations<br />

s’est traduit par une augmentation<br />

générale des salaires mensuels comprise<br />

entre 140 et 160 francs par mois,<br />

selon l’expérience professionnelle.<br />

Nous n’avons pas obtenu les 5 %, mais<br />

je pense que nous avons néanmoins<br />

trouvé une bonne solution pour toutes<br />

et tous. Tout le monde a obtenu une<br />

augmentation générale, ce qui n’était<br />

plus arrivé depuis longtemps.<br />

Comment impliques-tu tes<br />

collègues ?<br />

Les collègues viennent nous voir pour<br />

nous faire part de leurs soucis et de<br />

leurs besoins. Nous devons alors filtrer<br />

l’essence du message pour trouver<br />

une bonne solution. Ce n’est pas<br />

toujours facile. Je les écoute attentivement<br />

et communique leurs points<br />

de vue de manière rationnelle et raisonnable.<br />

Comment se passe le travail avec<br />

<strong>syndicom</strong> ?<br />

Nous avons des réunions fréquentes,<br />

lors desquelles nous discutons des<br />

thèmes actuels qui concernent le secteur<br />

et l’entreprise. La collaboration<br />

avec les secrétaires centraux-ales de<br />

<strong>syndicom</strong> est très constructive, même<br />

dans des conditions difficiles.


12<br />

Dossier<br />

Et les salaires des indépendant-es ?<br />

Un groupe n’appartient pas au public syndical traditionnel<br />

: les indépendant-es. elles et eux aussi sont tributaires<br />

de prix du marché stables et équitables dans leur branche.<br />

Alors que pour les employé-es la valeur du travail se reflète<br />

dans une rémunération le plus souvent appropriée, la situation<br />

des indépendant-es dans la communication visuelle<br />

est précaire. Les illustratrices et illustrateurs ainsi<br />

que les graphistes se voient contraint-es de travailler à des<br />

tarifs horaires bas, qui ne leur permettent pas de vivre ou<br />

à peine, ou de compléter leur travail par un deuxième emploi.<br />

Contrairement aux salarié-es, les indépendant-es ne<br />

peuvent toutefois pas compter sur un interlocuteur commun<br />

pour négocier collectivement leurs honoraires.<br />

Raison pour laquelle nous nous impliquons avec nos<br />

membres actifs-ves des groupes professionnels du graphisme<br />

et de l’illustration pour briser un tabou fortement<br />

ancré dans l’imaginaire collectif suisse : nous devons parler<br />

d’argent. Ce n’est qu’en échangeant avec d’autres et en<br />

s’unissant que l’on peut se défendre efficacement contre<br />

les abus.<br />

La transparence seule ne suffit pas. Afin d’éviter que les<br />

jeunes professionnels ne vendent leur travail au rabais,<br />

nous avons recommandé un tarif horaire minimal pour<br />

les deux groupes professionnels. Nous adaptons régulièrement<br />

cette valeur de référence, comme dernièrement<br />

dans le contexte de l’inflation. Les indépendant-es doivent<br />

faire valoir activement leurs honoraires auprès de leur<br />

clientèle. Pour soutenir nos membres dans ces démarches,<br />

nous leur proposons depuis le mois de mai 2023 une formation<br />

continue sur les tactiques de négociation.<br />

Pour changer à long terme les structures de la branche,<br />

la clientèle doit elle aussi revoir sa façon de penser. Il faut<br />

qu’elle se rende compte que le travail créatif et immatériel<br />

a un prix et qu’il n’est pas gratuit. Le travail d’information<br />

et de sensibilisation reste donc essentiel.<br />

groupe des illustrateurs-trices<br />

(en allemand)<br />

Barbara Seiler est illustratrice et membre du groupe de travail<br />

des illustrateurs-trices<br />

Pourquoi est-il important que <strong>syndicom</strong><br />

te soutienne ?<br />

Faute d’avoir une association professionnelle<br />

propre, nous peinions à<br />

trouver les interlocuteurs appropriés.<br />

Même si de nombreuses associations<br />

existent en Suisse, les besoins des illustrateurs-trices<br />

varient beaucoup<br />

en fonction de leur secteur d’activité.<br />

Tandis que les uns se voient comme<br />

des auteurs, d’autres se considèrent<br />

aussi comme des graphistes et<br />

d’autres encore se sentent représentés<br />

au mieux par des artistes. Les illustratrices<br />

et illustrateurs n’entrent<br />

pas dans une case unique.<br />

Grâce à <strong>syndicom</strong>, nous avons enfin<br />

trouvé notre interlocuteur. Nous<br />

pouvons nous organiser comme partie<br />

du syndicat et fixer des standards<br />

pour notre branche : à combien devrait<br />

s’élever le tarif horaire minimum ?<br />

Comment travaille-t-on avec les<br />

droits d’utilisation ? Qu’est-ce que le<br />

droit d’auteur ? Ensemble, nous pouvons<br />

renforcer notre profession – c’est<br />

pourquoi <strong>syndicom</strong> est si important.<br />

Pourquoi est-il si difficile de négocier<br />

des honoraires équitables ?<br />

Je pense que cela tient d’une part à la<br />

clientèle qui ne se rend pas compte du<br />

temps et du travail nécessaires pour<br />

une illustration, et d’autre part, aux illustrateurs-trices<br />

eux-mêmes qui ont<br />

du mal à mettre un prix sur leur travail<br />

créatif. Nous devons sans cesse<br />

justifier nos prix. Au syndicat, nous<br />

nous efforçons de lutter contre les incertitudes<br />

que ces marchandages engendrent.<br />

Que ce soit au travers de<br />

cours sur les techniques de négociation,<br />

d’explications sur le calcul des<br />

honoraires ou tout simplement en<br />

échangeant de temps en temps lors<br />

de tables rondes organisées.<br />

Comment négocies-tu tes honoraires<br />

?<br />

Pour éviter les discussions sur les<br />

prix, ma partenaire de travail et moi<br />

demandons au préalable le plus d’informations<br />

possible sur la commande.<br />

Quels sont les besoins, exactement ?<br />

Pour quel usage ? Combien de temps<br />

l’illustration sera-t-elle utilisée ? Nous<br />

ne pouvons pas éviter des divergences<br />

d’opinions sur les honoraires. Nous<br />

avons des tarifs horaires clairs que<br />

nous ne réduisons pas mais s’ils sont<br />

toutefois trop élevés nous sommes<br />

prêtes à négocier, mais nous nous assurons<br />

que des concessions ont lieu<br />

des deux côtés, pas seulement du<br />

nôtre ! Travailler à deux est précieux,<br />

nous nous soutenons mutuellement<br />

lors des négociations. Il nous arrive<br />

aussi de refuser un mandat qui ne<br />

nous convient pas.<br />

Répercutes-tu le renchérissement<br />

actuel sur ta clientèle ou comment le<br />

gères-tu ?<br />

Cette année, nous avons augmenté<br />

notre tarif horaire pour compenser le<br />

renchérissement. Si nos prix sont de<br />

manière générale plus élevés qu’il y a<br />

trois ans, c’est surtout grâce ou dû à<br />

l’expérience que nous avons accumulée.


14 Dossier<br />

« De bons salaires sont primordiaux pour<br />

le fonctionnement de l’économie. »<br />

Directeur de la chaire de macroéconomie et d’économie monétaire de<br />

l’Université de Fribourg, Sergio Rossi décrypte les grands enjeux liés à une<br />

rémunération décente des travailleuses et travailleurs en Suisse.<br />

Sa proposition : les entreprises qui paient leurs salarié-es au plus juste<br />

doivent bénéficier d’allègements fiscaux. Entretien.<br />

Entretien mené par Giovanni Valerio<br />

Photo : Bruno Ferreira Dias<br />

Portrait: Maurizio Solari<br />

Pourquoi assistons-nous aujourd’hui à une hausse des<br />

prix bien plus significative que ces dernières années ?<br />

Plusieurs facteurs se superposent. Tout d’abord, la pandémie<br />

a contraint plusieurs entreprises à fermer, créant une<br />

pénurie d’approvisionnement car les chaînes d’approvisionnement<br />

ont été ralenties ou interrompues. Ensuite,<br />

depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février<br />

2022 et maintenant au Proche-Orient, certains secteurs<br />

(distribution, électronique, énergie) en ont profité<br />

pour augmenter les prix sous prétexte de difficultés d’approvisionnement<br />

et de coûts plus élevés. Comme l’essence<br />

par exemple, dont le prix a explosé le jour même où<br />

la guerre a éclaté en Ukraine. Pourtant, ceux qui vendent<br />

de l’essence ne l’ont pas achetée la veille, mais plusieurs<br />

mois, voire plusieurs années auparavant. Pour de nombreuses<br />

entreprises, il s’agissait d’une bonne excuse pour<br />

augmenter les marges bénéficiaires !<br />

Quelles mesures politiques sont-elles possibles pour<br />

répondre à celles et ceux qui ont profité de la situation ?<br />

Une taxe spéciale pourrait être prélevée sur les bénéfices<br />

de toutes les entreprises qui ont augmenté leurs prix bien<br />

plus que leurs coûts de production. Seules les entreprises<br />

qui ont réalisé un bénéfice supérieur d’au moins 10 % à celui<br />

des cinq dernières années devraient payer cette taxe.<br />

Celle-ci pourrait être mise en œuvre sans difficultés bureaucratiques,<br />

mais le monde politique n’en veut pas. La<br />

majorité parlementaire dira que si cet impôt supplémentaire<br />

était prélevé, les contribuables concernés iraient voir<br />

ailleurs, que les entreprises n’auraient pas assez d’argent<br />

pour investir et que l’ensemble de l’économie en pâtirait.<br />

Il s’agit naturellement d’un argument fallacieux et excessif,<br />

mais qui continue à séduire une partie considérable<br />

de l’électorat.<br />

Les travailleurs-euses et les syndicats réclament des<br />

augmentations de salaires. Cela suffira-t-il ?<br />

Selon l’opinion dominante, si les entreprises augmentent<br />

les salaires, cela entraînerait une hausse des prix, sur le<br />

dos des consommateurs. Et donc à nouveau sur le dos des<br />

travailleurs-euses. En réalité, ce sont les marges bénéficiaires<br />

qui ont augmenté de manière disproportionnée<br />

depuis l’an dernier. C’est donc cette spirale bénéfice-prix<br />

qu’il faut arrêter ! Depuis les années 1980, les entreprises<br />

n’ont pas ajusté les salaires alors que la productivité a<br />

beaucoup augmenté grâce à la technologie. La part des bénéfices<br />

a augmenté, mais pas celle des salaires (dont une<br />

grande partie profite aux dirigeant-es des entreprises sous<br />

forme de versements de bonus).<br />

Le secteur des services produit toujours plus et plus<br />

vite grâce aux ordinateurs, certes, mais surtout grâce à ses<br />

employé-es qui se sont formé-es et ont participé activement<br />

à améliorer les processus de production. En contrepartie,<br />

ils ou elles doivent percevoir un salaire qu’ils ou<br />

elles peuvent dépenser sur le marché des produits. Ces<br />

augmentations de salaire seront ensuite récupérées par<br />

les entreprises elles-mêmes, selon le principe d’Henry<br />

Ford qui avait augmenté les salaires de ses ouvriers-ères<br />

afin qu’ils et elles puissent acheter les voitures qu’ils ou<br />

elles produisaient. Même si de nombreuses entreprises<br />

exportent ou vendent à d’autres entreprises et non aux<br />

particuliers, ce circuit économique ne doit pas être négligé.<br />

Augmenter les salaires n’est pas un cadeau aux travailleurs-euses,<br />

c’est bon pour tout le monde ! Toute l’économie<br />

en profite, à commencer par le commerce local, la<br />

société et l’Etat, qui perçoit davantage d’impôts au lieu de<br />

verser des aides sociales. Cela pourrait également réduire<br />

le fossé entre les riches et les pauvres dans une société où<br />

la cohésion est de moins en moins forte.<br />

« Le rôle des syndicats<br />

est de faire pression<br />

sur les entreprises :<br />

il est dans l’intérêt<br />

de celles-ci de<br />

payer des salaires<br />

équitables. » Sergio Rossi


Dans cette bataille pour l’augmentation des salaires,<br />

quel est le rôle des syndicats ? Comment gagner en<br />

force ?<br />

C’est une question très difficile. Le poids des syndicats a<br />

diminué depuis que l’Etat a abandonné l’objectif de plein<br />

emploi. Je n’ai pas de recette miracle, le rôle des syndicats<br />

est de continuer à faire pression sur les patrons et les entreprises,<br />

qui doivent comprendre qu’il est dans leur intérêt<br />

de payer des salaires équitables à leur main-d’oeuvre.<br />

Chaque acteur opère au sein d’un tissu économique<br />

national ou mondial, et chacun doit jouer son propre rôle<br />

dans la répartition des richesses. Notamment parce que<br />

cela crée un cercle vertueux pour tous, y compris pour les<br />

finances publiques.<br />

Alors, que faire ?<br />

Si la carotte ne fonctionne pas, il faut sortir le bâton. C’està-dire<br />

passer en revue les entreprises actives en Suisse, vérifier<br />

les données relatives à la main-d’œuvre et évaluer si<br />

les travailleurs reçoivent un salaire équitable en fonction<br />

de leurs qualifications. Avec une pénalité fiscale pour les<br />

entreprises qui ne répondent pas aux critères, calculée sur<br />

leurs bénéfices. En outre, les banques qui prêtent de<br />

l’argent aux petites et moyennes entreprises devraient appliquer<br />

des taux d’intérêt plus élevés aux entreprises qui<br />

exploitent les travailleurs en évaluant leur masse salariale.<br />

Mais tout cela nécessite un effort bureaucratique<br />

considérable, que les partis politiques de droite ne voudront<br />

jamais entreprendre. J’en veux pour preuve le<br />

manque de réaction de nos politicien-nes à la proposition<br />

que j’ai faite récemment, soit un allègement fiscal uniquement<br />

pour les entreprises qui embauchent des travailleurs<br />

résidents en Suisse et qui les rémunèrent avec des<br />

salaires équitables. De même, les entreprises devraient<br />

payer plus d’impôts (ou des taux d’intérêt plus élevés lorsqu’elles<br />

empruntent auprès des banques) si elles polluent<br />

l’environnement. Trouver des stratégies pour soutenir les<br />

entreprises qui ne polluent pas pourrait être un levier de<br />

changement incroyablement efficace pour enrayer le réchauffement<br />

climatique, tout en redistribuant les bénéfices<br />

de manière équitable.<br />

Le calculateur de salaire de l’USS<br />

Est-ce que mon salaire est correct ? Combien pourrais-je<br />

gagner si je travaillais à Zurich ? Ou encore : combien puis-je<br />

demander lors de l’entretien d’embauche ?<br />

L’USS a créé un outil qui permet de calculer les salaires<br />

usuels en fonction de la profession, de la branche correspondante<br />

et du lieu de travail.<br />

Simple d’utilisation, ce calculateur régulièrement mis à jour<br />

permet de comparer et de recevoir une fourchette de salaires,<br />

en plus du salaire médian usuel. Les CCT sont également<br />

intégrées, puisqu’elles déterminent des salaires<br />

minimums obligatoires et d’autres normes minimales dans<br />

de nombreuses branches.<br />

Il sert autant les travailleuses et travailleurs que les<br />

services du personnel et les syndicats.<br />

Pour calculer votre salaire


16 Dossier<br />

Augmenter les salaires :<br />

une question d’éthique<br />

Printoset, une imprimerie zurichoise petite par sa taille – six collaboratrices et collaborateurs<br />

– a de grandes ambitions : travailler local et durable. Elle imprime selon des critères<br />

environnementaux stricts, favorise les trajets courts et s’approvisionne, dans la mesure du<br />

possible, auprès de partenaires situés à Zurich et alentours. Cette imprimerie a augmenté<br />

les salaires de 3,5 % en 2023. Une anomalie dans un secteur sinistré ? Une question de valeurs<br />

selon Reis Luzhnica, copropriétaire de Printoset et membre de <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Muriel Raemy<br />

Photo : Patrick Gutenberg<br />

Avec Dominik Lanzersdorfer, vous avez racheté Printoset<br />

il y a un peu plus de cinq ans. Pourquoi ?<br />

Les deux anciens propriétaires approchaient de leur retraite<br />

et cherchaient activement à remettre leur entreprise.<br />

Dominik travaillait chez Printoset depuis plus de<br />

dix ans déjà et moi-même depuis six ans. Nous aimions<br />

l’ambiance de travail au sein de l’entreprise, connaissions<br />

la clientèle et fonctionnions bien en équipe. Nous étions<br />

convaincus d’avoir trouvé avec Printoset une bonne base<br />

pour l’avenir. Nous avons donc décidé de nous lancer ensemble<br />

dans cette aventure. Nous sommes aujourd’hui six<br />

employé-es. Nous ne voulons pas grandir, mais continuer<br />

sur notre modèle, à savoir fournir un travail de qualité.<br />

Vous avez augmenté vos salaires de 3,5 % l’année dernière.<br />

Pourquoi ?<br />

Nos collaboratrices et collaborateurs ont grandement<br />

contribué à notre succès. La pandémie a été particulièrement<br />

rude, comme dans beaucoup de branches. Notre<br />

personnel s’est donné sans compter, et continue aujourd’hui<br />

à s’investir. Toutes et tous doivent profiter des<br />

bénéfices. Printoset a été fondée en tant que coopérative<br />

avant de se transformer en une société à responsabilité limitée.<br />

Si Dominik et moi-même sommes propriétaires,<br />

nous consultons les employé-e-s avant de décider quoi<br />

que ce soit.<br />

Allez-vous, en 2024, encore adapter les salaires à<br />

l’augmentation des coûts de la vie ?<br />

Nous n’avons pas encore mené nos entretiens annuels,<br />

mais nous nous tenons toujours aux revendications salariales<br />

de <strong>syndicom</strong>. Ce sera à nouveau le cas cette année.<br />

Qu’est-ce que cela signifie d’être une petite imprimerie<br />

dans le canton de Zurich et dans un secteur en mutation<br />

perpétuelle ?<br />

Exploiter une entreprise manufacturière dans la ville de<br />

Zurich n’est pas facile. Les loyers sont chers et pour trouver<br />

et garder de bons éléments, il ne suffit pas de verser de<br />

bons salaires. L’environnement de travail dans son ensemble<br />

doit être attrayant. Lorsque l’ambiance et les<br />

conditions de travail ne conviennent pas, l’insatisfaction<br />

gagne du terrain. Grâce à notre style de direction collégial<br />

où nos collaborteurs-trices sont impliqué-es dans les décisions,<br />

nous entretenons des liens étroits. Les problèmes<br />

sont discutés, on ne fait pas le poing dans la poche. Notre<br />

La petite équipe de Printoset. Reis Luzhnica est en bas à droite.<br />

équipe est petite, ce qui est bien sûr un avantage, mais je<br />

suis convaincu que ce type de gouvernance fonctionne<br />

tout aussi bien dans une grande entreprise.<br />

Printoset a signé une CCT avec <strong>syndicom</strong> mais n’est pas<br />

affilié à viscom.<br />

C’est juste. L’association patronale ne partageait pas nos<br />

valeurs politiques. Les cotisations de membre élevées et la<br />

mainmise des gros éditeurs comme Tagi/Ringier nous ont<br />

aussi dissuadés. Je tiens toutefois à souligner que même<br />

en tant qu’entrepreneur je reste un syndicaliste.<br />

C’est-à-dire ?<br />

Je vois le syndicat avant tout comme une organisation qui<br />

défend les intérêts des travailleuses et travailleurs et qui<br />

lutte pour de meilleures conditions de travail et des salaires<br />

plus élevés. Je vois aussi le syndicat comme un organe<br />

fédérateur, qui nous montre que malgré la diversité<br />

des professions et des opinions, les intérêts et les défis<br />

sont souvent les mêmes. Et les défis – intelligence artificielle,<br />

délocalisation du travail, concentration aux mains<br />

de grandes entreprises – ne manquent pas au sein de notre<br />

branche. Nous y répondons par notre taille humaine et<br />

notre éthique de travail.


Droit au but !<br />

17<br />

Cher service juridique,<br />

Je travaille dans un centre colis de<br />

La Poste. Je suis père de famille, et je<br />

m’inquiète, de la hausse du coût de la vie :<br />

les loyers, les primes de l’assurance-maladie<br />

et le prix de l’électricité augmentent.<br />

Nous disposons de moins en moins<br />

d’argent à la fin du mois. Cette année,<br />

puis-je prétendre à une augmentation<br />

individuelle de salaire ?<br />

Je reçois une allocation mensuelle pour<br />

enfant. Ces suppléments augmenteront-ils<br />

automatiquement en même temps que le<br />

coût de la vie ?<br />

Je travaille aussi de nuit. Bien que cela soit<br />

fatigant et pénible, c’est intéressant d’un<br />

point de vue financier en raison des indemnités<br />

pour le travail de nuit. Dans mon<br />

contrat, il est stipulé que je travaille de<br />

nuit et de jour. Dans le cadre d’une restructuration,<br />

moins de personnes seront<br />

nécessaires pour travailler de nuit. Il est<br />

prévu que je ne travaille plus que de jour.<br />

Puis-je m’y opposer juridiquement ?<br />

Réponse du service juridique<br />

En tant qu’employé de La Poste, tu es soumis à la CCT<br />

d’entreprise de La Poste. Conformément à l’art. 2.19.2,<br />

al. 3 de la CCT Poste, La Poste doit consacrer chaque<br />

année au moins 0,4 % de la masse salariale totale à des<br />

mesures salariales individuelles dans le cadre des<br />

négociations. Cela ne signifie pas que ton augmentation<br />

de salaire individuelle sera de 0,4 % cette année. La disposition<br />

mentionnée ci-dessus ne fait que prescrire à La<br />

Poste le montant total minimum qu’elle doit consacrer<br />

aux mesures salariales.<br />

L’évolution de ton salaire dépend des résultats des<br />

négociations salariales annuelles conformément à<br />

l’art. 3.1 de la CCT faîtière de La Poste, qui seront communiqués<br />

début 2024. Selon la CCT Poste, les critères décisifs<br />

pour les négociations salariales sont notamment la<br />

situation économique de la société du groupe, les comparaisons<br />

avec les entreprises concurrentes, l’évolution du<br />

coût de la vie ainsi que l’évolution des salaires moyens par<br />

groupe professionnel et par région salariale. Le coût de la<br />

vie est estimé sur la base de l’indice national des prix à la<br />

consommation ; la valeur « répercussions de l’évolution<br />

des primes sur la croissance du revenu » mentionnée dans<br />

l’indice des primes d’assurance-maladie (IPAM, état de<br />

novembre) est également prise en compte.<br />

Selon l’art. 2.19.4, al. 1 de la CCT Poste, l’allocation mensuelle<br />

pour enfant s’élève actuellement à 260 francs, respectivement<br />

à 320 francs (allocation de formation professionnelle)<br />

par enfant. Etant donné qu’il s’agit d’un<br />

supplément de salaire et qu’aucun mécanisme d’adaptation<br />

automatique n’est fixé dans la CCT, elle n’augmente<br />

pas en fonction des résultats des négociations salariales<br />

annuelles.<br />

Il n’existe pas de droit au travail de nuit et aux indemnités<br />

pour le travail de nuit qui en découlent. La Poste peut<br />

t’employer de jour ou de nuit sur la base de son droit de<br />

donner des instructions conformément à l’art. 321d CO et<br />

de l’accord contractuel. Lors de la planification des services,<br />

La Poste doit également tenir compte des aspects<br />

de protection de la santé (art. 2.29 CCT Poste) et du principe<br />

de légalité du traitement (art. 2.26 CCT Poste), qui<br />

incluent notamment les obligations familiales et de prise<br />

en charge.<br />

Etant donné que, dans le cadre de la restructuration,<br />

tu ne travailleras plus que de jour, ton contrat doit être<br />

adapté concernant le travail de nuit. La modification de<br />

ce point essentiel du contrat ne peut intervenir que dans<br />

le respect du délai de résiliation contractuel.<br />

Toutes les rubriques<br />

Droit au but !


18<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Planzer : l’engagement syndical<br />

a payé<br />

Finis les mauvais plans d’affectation, les journées de travail à<br />

rallonge et les bas salaires : grâce à des employé-es courageux,<br />

nous sommes parvenus à conclure une convention collective de<br />

travail avec Planzer Colis.<br />

De bas salaires, une pression élevée au<br />

travail et des plans d’affectation incertains<br />

étaient le lot quotidien du personnel<br />

de Planzer Colis. Un groupe<br />

d’employé-e-s en a eu assez : il s’est organisé<br />

en concertation avec <strong>syndicom</strong><br />

et a attiré l’attention sur ces abus répétés<br />

et les conditions de travail difficiles<br />

en organisant de nombreuses<br />

actions sur les sites de l’entreprise. De<br />

longues discussions avec les responsables<br />

hiérarchiques, des enquêtes<br />

auprès des collègues sur les conditions<br />

de travail, ou une pétition pour<br />

les améliorer ont été entre autres<br />

nécessaires. La pression exercée en a<br />

valu la peine : <strong>syndicom</strong> est fier d’avoir<br />

conclu une convention collective de<br />

travail qui bénéficie aux employé-e-s<br />

de Planzer et qui garantit enfin leurs<br />

droits.<br />

Les principales dispositions de la<br />

CCT Planzer Colis :<br />

– Semaine de 44 heures sans réduction<br />

de salaire<br />

– Soldes horaires : tous les soldes<br />

horaires sont ramenés à zéro le<br />

1 er janvier 2024<br />

– Droit à 5 semaines de vacances<br />

– 13 e salaire<br />

– Négociations salariales collectives<br />

annuelles<br />

– Plan d’affectation 14 semaines à<br />

l’avance ; modification à court<br />

terme possible qu’avec l’approbation<br />

des employé-es<br />

– Congé syndical<br />

– Salaires minimums obligatoires<br />

Qu’avons-nous obtenu ?<br />

Il convient de souligner tout particulièrement<br />

la réduction du temps de<br />

travail qui passe de 48 à 44 heures par<br />

semaine. Et sans diminution de salaire<br />

! Un autre succès des négociations<br />

est que tous les soldes horaires<br />

sont ramenés à zéro au 1 er janvier 2024.<br />

Ainsi, le nombre exorbitant d’heures<br />

négatives dues aux mauvais plans d’affectation<br />

appartient au passé. Le personnel<br />

de Planzer Colis a ratifié sa<br />

CCT, et les organes de <strong>syndicom</strong> ont<br />

donné leur feu vert. La nouvelle CCT<br />

est entrée en vigueur le 1 er octobre<br />

2023 et déploie ses effets : les conditions<br />

de travail sont améliorées.<br />

Urs Zbinden<br />

Une nouvelle CCT avec Planzer Colis. (© Planzer)


Une délégation prête à négocier la CCT<br />

de demain<br />

19<br />

d. g. à. dr. : Manuel Wyss (<strong>syndicom</strong>), David Roth (<strong>syndicom</strong>), Daniel Trösch (Services logistiques), Sharon Peduzzi (RéseauPostal),<br />

Marius Lüdi (Services logistiques), Anita Jochum (PostFinance), Christophe Plaze (CarPostal), Christel Terreaux (RéseauPostal),<br />

Dominik Dietrich (<strong>syndicom</strong>), Patrick Savary (Services logistiques). Manquent sur la photo : Petra Hösli (PostFinance) et Urs Zbinden (<strong>syndicom</strong>). (© Jana Leu)<br />

« Les droits des salarié-es et l’amélioration<br />

des conditions de travail, cela<br />

a toujours été une de mes priorités »,<br />

dit Patrick Savary, livreur de colis<br />

dans le canton de Vaud. Il siège pour<br />

la deuxième fois au sein de la délégation<br />

de <strong>syndicom</strong> qui renégocie la<br />

convention d’entreprise Poste CH.<br />

La délégation de <strong>syndicom</strong>, ce<br />

sont huit employé-es de La Poste et<br />

membres du syndicat, qui représentent<br />

leurs collègues et leur donne<br />

une voix. Ils sont accompagnés par<br />

les quatre secrétaires centraux du<br />

secteur Logistique. Le premier tour<br />

de négociation a eu lieu fin novembre,<br />

au siège de La Poste, au<br />

Wankdorf à Berne. La CCT Poste CH<br />

règle les conditions de travail des<br />

milliers d’employé-e-s, notamment<br />

des deux sociétés du groupe, Services<br />

logistiques (lettres et colis) et<br />

RéseauPostal (guichets).<br />

Améliorer le sort des collègues<br />

Les négociations avec La Poste sur la<br />

« CCT de demain » entrent donc dans<br />

une nouvelle phase. Depuis la fin de<br />

l’été, le secteur Logistique de <strong>syndicom</strong><br />

a déjà négocié la CCT faîtière<br />

dans le but de l’étendre. La CCT<br />

faîtière doit couvrir l’ensemble du<br />

personnel du groupe Poste et renforcer<br />

l’égalité de traitement. La seconde<br />

étape des négociations s’ouvre<br />

dès lors avec la CCT d’entreprise de<br />

Poste CH. Celles-ci devraient se<br />

prolonger jusqu’au printemps 2024.<br />

Christel Terreaux, conseillère<br />

clientèle dans un Contact Center,<br />

estime que « les négociations s’annoncent<br />

ardues. Il s’agira de défendre<br />

nos acquis et d’améliorer notre<br />

convention collective. » Daniel<br />

Trösch, employé au tri des lettres et<br />

colis, veut « une bonne CCT pour le<br />

personnel de La Poste qui trime »,<br />

c’est ce qui le motive à s’impliquer.<br />

Des membres expérimenté-es<br />

Interrogée sur ce qu’elle veut obtenir<br />

lors des négociations, Sharon<br />

Peduzzi, conseillère clientèle chez<br />

RéseauPostal, n’hésite pas : « De<br />

meilleures conditions de travail et de<br />

meilleurs salaires ! » Sur la base des<br />

résultats d’un sondage réalisé à large<br />

échelle auprès des employé-es de La<br />

Poste (code QR ci-dessous), les<br />

organes compétents de <strong>syndicom</strong> ont<br />

formulé des revendications concrètes<br />

dans les domaines suivants : système<br />

salarial, temps de travail et planification<br />

des horaires, mesures de<br />

protection de la santé, renforcement<br />

de la protection contre le licenciement<br />

(surtout pour les employé-es<br />

âgé-es) et droits des apprenti-es.<br />

Chauffeur chez CarPostal, Christophe<br />

Plaze sait comment il compte<br />

imposer les revendications auprès de<br />

son employeur. « Des exemples<br />

concrets du quotidien sont souvent<br />

les meilleurs arguments. » Il faut<br />

aussi « donner du poids aux revendications<br />

», explique résolument Marius<br />

Lüdi, distributeur pour une tournée<br />

mixte : « Toujours être gentil, ça ne<br />

sert à rien. »<br />

Peser sur les décisions<br />

L’ambiance au travail « n’est pas très<br />

bonne en ce moment, des changements<br />

sont annoncés dans notre<br />

équipe », explique Petra Hösli,<br />

conseillère clientèle chez PostFinance.<br />

Elle veut « contribuer à ce que<br />

tous les employé-es se portent bien. »<br />

Sa collègue Anita Jochum renchérit :<br />

« Je m’engage pour toutes et tous les<br />

collègues de La Poste. » Je m’investirai<br />

à fond. « Un engagement total<br />

pour la CCT de demain. »<br />

Matthias Loosli<br />

Résultats de l’enquête menée en<br />

juillet et août 2023 au sein de Poste<br />

CH et PostFinance


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« La nouvelle CCT est professionnelle, progressiste<br />

et durable. » Michael Moser<br />

Nouvelle CCT pour les libraires en<br />

Suisse alémanique<br />

Grâce à la nouvelle CCT, les employé-es des librairies de Suisse<br />

alémanique bénéficient de plus de vacances. Les conditions de<br />

travail des apprenti-es sont également soumises à la CCT.<br />

Les améliorations de la nouvelle<br />

CCT<br />

– Deux jours de vacances supplémentaires<br />

pour toutes et tous<br />

– Le plan de travail doit être fixé<br />

quatre semaines à l’avance (au<br />

lieu de deux seulement)<br />

– Des contrôles sont possibles<br />

– Les négociations salariales se<br />

déroulent désormais après les<br />

ventes de Noël<br />

– La CCT couvre aussi les apprenti-es<br />

De l’ancienne CCT subsistent :<br />

– Semaine de 40 heures<br />

– Compensation du renchérissement<br />

jusqu’à 2 % sur les salaires<br />

minimaux<br />

– Maintien des suppléments pour<br />

les heures supplémentaires<br />

Jasmin Weirauch, membre du comité de branche Livre et diffusion de médias . (©Karin Scheidegger Photography)<br />

Les employé-es du commerce du livre<br />

en Suisse alémanique ont de quoi se<br />

réjouir : en 2024, ils et elles profiteront<br />

d’une nouvelle convention collective<br />

de travail (CCT) améliorée. Elle leur<br />

apporte surtout deux jours de vacances<br />

supplémentaires et de meilleures<br />

conditions-cadres pour les négociations<br />

salariales. Celles-ci ne se<br />

déroulent désormais plus avant Noël –<br />

une période importante en termes de<br />

ventes –, mais après. La CCT plus que<br />

centenaire a été renégociée au cours<br />

des quatre dernières années. Elles ont<br />

été marquées par la pandémie, ce qui<br />

explique pourquoi les négociations<br />

ont été interrompues dans l’intervalle.<br />

Un long processus<br />

Les améliorations de la convention<br />

collective apportent une reconnaissance<br />

méritée aux libraires qui s’engagent<br />

au quotidien dans leur travail<br />

avec passion. En se montrant disposée<br />

à mener des négociations salariales<br />

collectives, l’association des libraires<br />

et éditeurs alémaniques (SBVV) assume<br />

ses responsabilités pour améliorer<br />

les conditions-cadres financières<br />

dans une branche particulièrement<br />

mise à mal. C’est un signal fort et important<br />

pour le bon partenariat social<br />

dans la branche. La nouvelle CCT est<br />

professionnelle, progressiste et durable.<br />

Michael Moser<br />

La Poste taille dans<br />

le vif<br />

Manuel Wyss, responsable du secteur Logistique<br />

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe<br />

pour les distributeurs-trices de la filiale<br />

de La Poste, Direct Mail Company<br />

AG (DMC) : La Poste veut fermer l’organisation<br />

de distribution spécialisée<br />

dans la publicité au sein de DMC et licencier<br />

quelque 4000 employé-es. Une<br />

procédure de consultation a été menée.<br />

La plupart des personnes engagées<br />

chez DMC sont payées à l’heure, à un<br />

taux d’occupation bas pour distribuer<br />

une à deux fois par semaine de la publicité<br />

dans les boîtes aux lettres. Elles<br />

vont toutes perdre leur emploi et donc<br />

une part importante de leur revenu.<br />

Derrière cette dure réalité se cachent<br />

des destins individuels, comme celui<br />

de ce collègue qui doit expliquer à ses<br />

enfants pourquoi ils ne peuvent plus<br />

partir en vacances. Le groupe Poste a<br />

le devoir d’assumer pleinement sa responsabilité<br />

sociale vis-à-vis des employé-es<br />

de DMC.<br />

La Poste a racheté DMC en 2012.<br />

Une bonne dizaine d’années plus tard,<br />

elle ferme cette entreprise et licencie<br />

tout le monde. <strong>syndicom</strong> exige que les<br />

responsables de La Poste soumettent<br />

à tous les employé-es concerné-es une<br />

offre d’emploi au sein du groupe. Pour<br />

celles et ceux qui ne veulent ou ne<br />

peuvent pas accepter cette dernière,<br />

<strong>syndicom</strong> attend un plan social avec<br />

des indemnités de départ substantielles.<br />

<strong>syndicom</strong> apporte son soutien<br />

aux collègues concerné-es et défend<br />

leurs droits ainsi que leurs revendications.


« La cohésion des collègues et leur détermination à résister<br />

sont fortes. » Stephanie Vonarburg<br />

21<br />

Professionnel-les des médias,<br />

organisez-vous !<br />

Les licenciements se succèdent dans les médias. Il est temps<br />

que les professionnel-les se défendent collectivement !<br />

Action de protestation devant Tamedia à Zurich. Les collègues débrayaient simultanément à Lausanne.<br />

(© <strong>syndicom</strong>)<br />

La branche des médias sort d’un automne<br />

intense marqué par de mauvaises<br />

nouvelles et plusieurs actions<br />

de protestation musclées. En septembre,<br />

TX Group biffait de nombreux<br />

emplois dans différentes rédactions<br />

romandes et alémaniques (<strong>syndicom</strong><br />

a communiqué à ce sujet). En novembre,<br />

la direction de CH Media<br />

communiquait vouloir licencier<br />

150 employé-es, soit près de 10 % des<br />

effectifs en Suisse alémanique. Le jour<br />

même, le Conseil fédéral annonçait<br />

quant à lui son intention de baisser la<br />

redevance média pour la SSR. Il est<br />

clair qu’une telle baisse entraînera<br />

une réduction de l’offre du service public.<br />

La SSR estime que cela entraînerait<br />

également la suppression de 900<br />

postes. Nous conseillons actuellement<br />

les commissions du personnel<br />

de CH Media dans le cadre du processus<br />

de consultation en cours. Et lors<br />

de la prochaine consultation, nous<br />

nous opposerons une nouvelle fois à la<br />

baisse de la redevance des ménages.<br />

Leur indépendance et leur devoir<br />

de neutralité dans l’exercice de leur<br />

profession retient les professionnel-les<br />

de s’affilier à un syndicat. Ce<br />

dilemme peut – face à des menaces<br />

telles que des financements compromis,<br />

des licenciements, l’IA – être fatal<br />

à l’ensemble de la branche et, en fin de<br />

compte, à la qualité de l’information.<br />

Elles et ils font bien de s’unir et se défendre<br />

de manière solidaire et collective.<br />

Cette volonté s’est manifestée<br />

lors des actions de protestation de<br />

l’automne dernier, où un grand<br />

nombre de professionnel-le-s des médias<br />

de plusieurs villes et rédactions se<br />

sont déplacé-e-s pour soutenir leurs<br />

collègues et leur exprimer leur solidarité.<br />

Leur détermination à résister et<br />

leur cohésion étaient palpables. <strong>syndicom</strong><br />

soutient, conseille et organise<br />

individuellement et collectivement les<br />

personnes concernées.<br />

Stephanie Vonarburg<br />

IA : la politique doit<br />

intervenir<br />

Daniel Hügli, responsable du secteur TIC<br />

Les entreprises suisses utilisent l’intelligence<br />

artificielle pour surveiller et<br />

gérer leur personnel. D’après des sondages<br />

menés par l’Université de Saint-<br />

Gall auprès de 158 grandes sociétés<br />

helvétiques, l’utilisation de ces outils<br />

serait même en augmentation : entre<br />

2018 et 2020, le nombre d’entreprises<br />

utilisant l’lA pour l’embauche et le recrutement<br />

aurait grimpé de 18 % pour<br />

atteindre 39 %, alors que 47 % (+10 %)<br />

d’entre elles utilisent des outils automatisés<br />

de gestion des performances,<br />

comme le suivi des frappes au clavier,<br />

de l’utilisation d’Internet ou de la gestion<br />

du temps. Face à ce constat, AlgorithmWatch<br />

CH et <strong>syndicom</strong> ont demandé<br />

un avis de droit.<br />

Publié à la fin novembre, cet avis<br />

révèle des lacunes surprenantes en<br />

matière de protection du personnel. Il<br />

souligne notamment que, selon la loi<br />

sur la participation, les entreprises devraient<br />

impliquer leurs employé-es, ce<br />

qui n’est souvent pas le cas. Dans<br />

une prise de position commune, AlgorithmWatch<br />

CH et <strong>syndicom</strong> demandent<br />

de renforcer la participation<br />

des employé-es à plusieurs niveaux :<br />

droit à l’information, d’abord, puis de<br />

consultation. Instaurer des possibilités<br />

de sanctions ensuite, afin de permettre<br />

de mieux protéger les droits<br />

des employé-es. Le personnel doit aussi<br />

pouvoir faire appel à des spécialistes<br />

externes pour évaluer les aspects techniques,<br />

juridiques ou éthiques des différents<br />

outils automatisés. Enfin nous<br />

demandons l’implémentation d’un<br />

droit collectif d’action pour que les<br />

employé-es concerné-es puissent s’engager<br />

pour leurs droits collectivement<br />

et avec le soutien de leurs représentations<br />

du personnel et de leurs syndicats.<br />

C’est maintenant à la politique nationale<br />

de jouer. Conformément à nos<br />

revendications, le Conseil fédéral doit<br />

associer étroitement les syndicats et<br />

les unions patronales à l’élaboration<br />

d’un projet de loi.


22<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« C’est le contenu qui compte. Nous traitons de sujets qui<br />

trouvent peu de place dans les médias traditionnels. » Albina Muhtari<br />

Abstinence médiatique :<br />

que faire ?<br />

Les jeunes en particulier ne lisent plus les journaux quotidiens<br />

et n’écoutent plus les nouvelles à la radio. Comment les médias<br />

peuvent-ils gérer cette situation ? Tel était le thème de la<br />

conférence de branche Presse.<br />

Délaisser les médias jusqu’à s’en abstenir<br />

: plusieurs études brossent un tableau<br />

sombre de la consommation<br />

médiatique en Suisse. Qu’est-ce que<br />

cela signifie pour les médias et pour<br />

un pays à forte tradition démocratique,<br />

ce qui présuppose une population<br />

informée ? La conférence de<br />

branche Presse de <strong>syndicom</strong>, le 18 novembre<br />

à Bienne, en a débattu. Sur le<br />

podium, des expert-es de médias à<br />

succès Baba News, Bajour, Edito et Tataki<br />

de la RTS.<br />

Canaux sociaux mieux adaptés<br />

« Nous devons aller là où se trouvent<br />

les gens », déclare Albina Muhtari, rédactrice<br />

en chef de Baba News. Ce <strong>magazine</strong><br />

en ligne multimédia est consacré<br />

aux thèmes de la migration, de<br />

l’intégration, des étrangers-ères et des<br />

« secondos ». Les réseaux sociaux lui<br />

permettent de toucher son public<br />

cible. Comme les jeunes en particulier<br />

se désintéressent des médias traditionnels,<br />

la Radio Télévision Suisse<br />

Romande (RTS) mise elle aussi sur<br />

les réseaux sociaux avec Tataki – un<br />

format qu’elle a créé en 2017. Ce <strong>magazine</strong><br />

de société au format court est<br />

présent sur diverses plateformes,<br />

d’Instagram à Tiktok en passant par<br />

YouTube. L’objectif n’est toutefois<br />

pas d’amener le public à regarder le<br />

journal télévisé, explique Manon Bornand,<br />

responsable du projet : « Lorsque<br />

les jeunes consomment la RTS sur Instagram,<br />

ils et elles consomment la<br />

RTS, c’est tout. »<br />

Matthias Zehnder, cofondateur du<br />

<strong>magazine</strong> en ligne bâlois Bajour, voit<br />

les avantages de tels canaux, mais met<br />

en garde contre une trop grande<br />

confiance dans les plateformes de<br />

tiers. « Instagram peut changer ses<br />

règles et ses algorithmes à tout moment.<br />

» C’est pourquoi Bajour mise<br />

sur une newsletter pour attirer l’attention<br />

sur les articles. Plus que le canal,<br />

c’est le contenu qui compte, explique<br />

Albina Muhtari : « Chez Baba News,<br />

nous traitons de sujets qui trouvent<br />

peu de place dans les médias traditionnels.<br />

Nous voulons combler ce<br />

vide. » Les médias de niche ou les <strong>magazine</strong>s<br />

spécialisés ont la vie plus facile,<br />

affirme Matthias Zehnder avec sa<br />

casquette d’éditeur du <strong>magazine</strong> des<br />

médias Edito. « Mais ce qui manque<br />

aux médias, c’est de la chaleur. »<br />

Aimer son lectorat<br />

Cette chaleur, Manon Bornand la voit<br />

dans l’identification : « Chez Tataki,<br />

les jeunes parlent aux jeunes. » L’âge<br />

moyen de sa rédaction est de 25 ans.<br />

La newsletter de Bajour mise elle aussi<br />

sur la personnalisation, écrite à<br />

chaque fois du point de vue d’un-e<br />

membre de la rédaction. Pour Matthias<br />

Zehnder une objection demeure<br />

cependant : il y a toujours plus de surfaces<br />

d’identification et de projection<br />

qui s’excluent les unes les autres. La<br />

pandémie, le débat de genre, la question<br />

palestinienne : « Les gens en<br />

marge de la société ne trouvent plus<br />

une position neutre. Mais pour les médias<br />

aussi, il est de plus en plus difficile<br />

d’être neutres. »<br />

Baba News a récemment dû faire<br />

face à un problème similaire : en raison<br />

d’un podcast controversé sur Israël,<br />

le Canton de Berne lui a supprimé<br />

les subventions. Paradoxalement,<br />

cela a entraîné une augmentation du<br />

lectorat. Albina Muhtari en est<br />

convaincue : « Notre communauté apprécie<br />

que nous n’ayons pas peur des<br />

sujets controversés et que nous soyons<br />

critiques. » Authenticité, identification,<br />

thèmes de niche et le bon canal :<br />

les facteurs de succès semblent donc<br />

bien exister. « On ne peut pas mettre<br />

tout le monde dans le même panier.<br />

Les jeunes d’aujourd’hui me semblent<br />

mieux informés que je ne l’étais à leur<br />

âge », conclut Manon Bornand.<br />

Eva Hirschi<br />

Discussion entre Albina Muhtari, Matthias Zehnder, Manon Bornand et Dominique Hartmann. (© Eva Hirschi)


Politique<br />

La rente ne suffit plus.<br />

Oui à la 13 e rente AVS !<br />

23<br />

L’initiative populaire de l’USS<br />

pour une 13 e rente AVS sera<br />

soumise au vote le 3 mars<br />

prochain. Les loyers, les<br />

primes d’assurance-maladie,<br />

les prix des denrées alimentaires<br />

et de l’électricité augmentent.<br />

D’ici fin 2024, l’inflation<br />

grignotera une rente<br />

mensuelle entière. La 13 e<br />

rente AVS est la seule et meilleure<br />

solution pour compenser<br />

la perte du pouvoir<br />

d’achat. Celles et ceux qui ont<br />

travaillé toute leur vie méritent<br />

une rente digne.<br />

Les membres retraité-es de <strong>syndicom</strong>, lors de la manifestation pour l’augmentation des salaires,<br />

le 16 septembre dernier (© Bruno Ferreira Dias)<br />

Texte : Paul Rechsteiner<br />

Le coût de la vie ne cesse d’augmenter<br />

et nos rentes de baisser. C’est<br />

tout particulièrement vrai pour les<br />

rentes des caisses de pension. Elles<br />

sont en chute libre depuis vingt ans<br />

malgré la hausse des cotisations.<br />

Pire encore, elles n’ont pas été augmentées<br />

de la part du renchérissement.<br />

De nombreux ménages de<br />

retraité-es doivent se serrer la ceinture.<br />

Et les perspectives sont moroses<br />

pour les futur-es retraité-es,<br />

c’est-à-dire les personnes actives aujourd’hui.<br />

Avec la révision de la LPP,<br />

les rentes des caisses de pension subiront<br />

une nouvelle baisse de 250<br />

francs par mois pour un revenu<br />

moyen. 250 francs par mois, ce sont<br />

3000 francs par an. Nous allons<br />

droit dans le mur. Le peuple se prononcera<br />

en juin prochain sur le référendum<br />

des syndicats.<br />

De fait, les rentes devraient être<br />

régulièrement adaptées à l’évolution<br />

économique et à celle du coût<br />

de la vie. C’est ce que veut la Constitution<br />

: les rentes de l’AVS et de la<br />

caisse de pension doivent garantir<br />

« le maintien du niveau de vie antérieur<br />

de manière appropriée ». Au<br />

lieu d’une augmentation des rentes<br />

en phase avec les salaires et les<br />

coûts, nous ne connaissons depuis<br />

longtemps plus que leur recul, et au<br />

mieux, leur stagnation.<br />

Voilà pourquoi – comme au cours<br />

des décennies précédentes – une<br />

avancée s’impose : pas seulement en<br />

termes de salaires, mais aussi de<br />

rentes. Ce n’est possible qu’avec<br />

l’AVS. Et ce n’est certes pas gratuit.<br />

Mais l’AVS est bien plus avantageuse<br />

que toutes les autres formes<br />

de prévoyance vieillesse. Plus avantageuse<br />

que les caisses de pension,<br />

où nous pouvons nous estimer heureux<br />

que les rentes ne diminuent<br />

pas davantage. Et beaucoup plus<br />

avantageuse que toutes les autres<br />

formes de prévoyance privée, même<br />

si elles font l’objet d’une publicité<br />

massive de la part des banques et<br />

des assurances. La force de l’AVS repose<br />

sur un modèle de financement<br />

ingénieux. Il est efficace et solidaire<br />

: les hauts et très hauts revenus<br />

doivent eux aussi payer intégralement<br />

les pourcentages salariaux.<br />

Leur rente AVS n’est pas plus élevée<br />

que celle d’une personne avec un<br />

revenu moyen.<br />

13 e rente AVS : aussi nécessaire<br />

que le 13 e salaire<br />

Le droit à la 13 e rente AVS est aussi<br />

juste et nécessaire que le droit au<br />

13 e salaire. Pour faire face à la<br />

hausse des loyers et des primes d’assurance-maladie.<br />

Convertie, la<br />

treizième rente représente environ<br />

200 francs par mois : un soulagement<br />

significatif pour beaucoup.<br />

L’exemple de la principauté du<br />

Liechtenstein montre qu’il est facile<br />

de mettre la 13 e rente AVS en place.<br />

Depuis qu’elle existe, plus personne<br />

ne peut concevoir de s’en passer.<br />

Ce qui sera le cas en Suisse, j’en suis<br />

sûr.<br />

Enfin, au cours des 20 à 30 dernières<br />

années, les hauts et très<br />

hauts revenus ainsi que les grandes<br />

fortunes ont augmenté dans des<br />

proportions inimaginables. La<br />

grande majorité des revenus bas et<br />

moyens a quant a elle moins profité<br />

de l’énorme progrès économique.<br />

En Suisse, hormis l’impôt fédéral<br />

direct, seule l’AVS assure une<br />

certaine compensation. En tant<br />

qu’assurance populaire, l’AVS est<br />

l’acquis le plus important de la<br />

Suisse du XX e siècle. Nous devons la<br />

renforcer: il faut une 13 e rente AVS !<br />

AVS × 13


24 Politique<br />

Salaires minimums :<br />

une urgence sociale<br />

Il y a 25 ans, les syndicats ont décidé de dénoncer publiquement<br />

les bas salaires. Des augmentations sensibles dans des<br />

secteurs à bas salaires comme le commerce de détail ou<br />

l’hôtellerie-restauration ont pu être obtenues. Des salaires minimums<br />

légaux ont également fini par s’imposer dans certains<br />

cantons et villes. Les syndicats doivent toutefois continuer<br />

l’offensive : les bas salaires restent trop souvent monnaie<br />

courante.<br />

Texte : David Gallusser, USS<br />

Carte : Unia, adaptation: Pat Aliesch<br />

Lors de son congrès en 1998,<br />

l’Union syndicale suisse (USS) décidait<br />

de politiser la question des bas<br />

salaires et de faire de cette problématique<br />

sociale le cheval de bataille<br />

du travail syndical. Ce que nous<br />

savons aujourd’hui des conditions<br />

salariales indécentes était alors<br />

encore grandement caché, voire<br />

inconnu. Dans les années 1990 encore,<br />

les salaires n’étaient pas un<br />

sujet public en Suisse. Lorsque des<br />

conventions collectives de travail<br />

(CCT) incluant des salaires minimums<br />

existaient, les syndicats négociaient<br />

à huis clos dans les entreprises<br />

et les branches. Il n’y avait<br />

pratiquement pas de CCT dans les<br />

branches à bas salaires comme le<br />

commerce de détail, l’industrie textile<br />

ou le nettoyage. Dans les années<br />

1990, les syndicats ont pris<br />

conscience qu’ils n’étaient pas à la<br />

hauteur de leur mission principale –<br />

donner les moyens aux salarié-es de<br />

lutter ensemble pour de meilleures<br />

conditions de travail – dans une<br />

frange croissante de l’économie.<br />

Les syndicats étaient faibles dans<br />

les secteurs à bas salaires, en particulier<br />

là où les femmes étaient<br />

nombreuses à travailler.<br />

précurseur de l’actuel Unia, a joué<br />

un rôle de pionnier. La mobilisation<br />

des employé-es et la dénonciation<br />

du scandale des bas salaires dans<br />

l’opinion publique ont mis les employeurs<br />

sous pression. Avec succès :<br />

dans l’hôtellerie-restauration, les<br />

bas salaires ont augmenté de 18 %<br />

entre 1998 et 2004, en tenant<br />

compte de l’inflation. Chez Coop et<br />

Migros, les bas salaires ont connu<br />

une hausse similaire durant la<br />

même période. Les syndicats de<br />

l’USS ont également réussi à augmenter<br />

les bas salaires dans l’industrie<br />

alimentaire, l’horlogerie et<br />

l’industrie textile ainsi que dans<br />

l’industrie graphique. Dans toutes<br />

ces branches où la campagne active<br />

a été menée, la part de travailleurs à<br />

bas salaires a nettement diminué.<br />

En revanche, elle a stagné dans les<br />

branches sans campagne syndicale.<br />

Echec aux urnes, victoires dans<br />

les branches<br />

Les efforts ont faibli au fil des ans.<br />

Pratiquement aucune amélioration<br />

n’a pu être obtenue pour les bas salaires,<br />

bien que le secteur des bas<br />

salaires n’ait pas disparu. L’USS a<br />

donc décidé de lancer une initiative<br />

nationale pour un salaire minimum.<br />

L’initiative demandait un salaire<br />

minimum de 22 francs de l’heure et<br />

la promotion des CCT. D’emblée,<br />

les syndicats ont accompagné l’initiative<br />

de nouvelles campagnes dans<br />

les branches. L’initiative populaire<br />

sur les salaires minimums a subi<br />

une défaite cuisante dans les urnes<br />

en mai 2014, avec seulement 23 % de<br />

oui.<br />

Or dans les branches, les campagnes<br />

remportaient à nouveau<br />

quelques succès. La revendication<br />

d’au moins 4000 francs par mois<br />

s’est imposée comme nouvelle<br />

norme. Lidl et Aldi se sont profilés<br />

par rapport à leurs concurrents en<br />

proposant des salaires minimums<br />

de ce niveau. Des progrès ont également<br />

été réalisés dans l’hôtellerie-restauration,<br />

le nettoyage, l’industrie<br />

et la construction. C’est<br />

ainsi que les bas salaires ont nettement<br />

augmenté en Suisse pendant<br />

la deuxième campagne. Mais le sec-<br />

Premiers succès<br />

Avec la campagne « Pas de salaires<br />

inférieurs à 3000 francs », les syndicats<br />

ont véritablement commencé à<br />

dénoncer les bas salaires et à revendiquer<br />

un salaire minimum. Le<br />

jeune syndicat des services « unia »,


Le scandale des bas salaires, dénoncés par les<br />

syndicats dès les années 1990, a permis des progrès<br />

considérables. Il reste cependant beaucoup à faire<br />

pour que tous les travailleuses et travailleurs de ce<br />

pays disposent du minimum vital.<br />

teur des bas salaires se contractait,<br />

lui, à nouveau.<br />

Les salaires minimums s’imposent<br />

Attaque contre les salaires minimums cantonaux<br />

En décembre 2022, les députés<br />

bourgeois acceptaient la motion déposée<br />

par Erich Ettlin (Centre/OW).<br />

Le texte vise à faire primer les CCT<br />

sur les législations cantonales plus<br />

généreuses. Clairement, le but est<br />

de court-circuiter cette élémentaire<br />

protection des salaires. Cela pourrait<br />

signifier, dans les cantons de<br />

Genève et de Neuchâtel, des baisses<br />

de rémunération dans des domaines<br />

déjà mal lotis comme l’hôtellerie-restauration,<br />

la coiffure ou<br />

le nettoyage. Là, les salaires minimums<br />

cantonaux sont plus élevés<br />

Les campagnes des syndicats n’ont<br />

pas seulement permis d’obtenir des<br />

salaires plus élevés, elles ont également<br />

fait changer le vent en faveur<br />

des salaires minimums légaux. Ainsi,<br />

depuis 2011, les cantons de Neuchâtel,<br />

du Jura, du Tessin, de Genève<br />

et Bâle-Ville ont introduit des<br />

salaires minimums, suite à une initiative<br />

populaire cantonale acceptée<br />

par la population. Les villes de Zurich<br />

et de Winterthour ont également<br />

accepté des initiatives dans ce<br />

sens.<br />

Lorsque les salaires minimums<br />

municipaux entreront également en<br />

vigueur dans ces deux villes, près<br />

d’un tiers de tous les travailleuses et<br />

travailleurs en Suisse sera couvert<br />

par un salaire minimum légal – et ce<br />

une décennie seulement après le rejet<br />

massif de l’initiative fédérale.<br />

Et ce n’est pas fini : des initiatives<br />

sont en cours dans les cantons<br />

de Vaud, du Valais, de Soleure, de<br />

Fribourg et de Bâle-Campagne, ainsi<br />

que dans la ville de Lucerne. Des<br />

discussions en faveur de l’introduction<br />

du salaire minimum ont également<br />

lieu dans les cantons d’Appenzell<br />

Rhodes-Extérieures, Saint-Gall,<br />

Thurgovie et dans les villes de Berne<br />

et de Bienne.<br />

Malgré tous les progrès réalisés<br />

: en 2020, un salarié sur dix gagnait<br />

toujours un bas salaire (moins<br />

de deux tiers du salaire moyen ou<br />

4060 francs bruts multipliés par 13<br />

pour un emploi à plein temps). Les<br />

salaires minimums cantonaux et<br />

communaux peuvent être une réponse<br />

aux salaires de misère, pour<br />

autant qu’ils ne soient pas trop bas<br />

ou, comme à Bâle ou dans le Jura,<br />

truffés d’exceptions. Ils restent cependant<br />

un instrument limité, car<br />

ils doivent s’orienter vers un besoin<br />

social de base calculé au plus juste.<br />

Ils ne peuvent remplacer les conventions<br />

collectives de travail garantes<br />

de salaires minimums plus élevés et<br />

échelonnés. C’est pourquoi l’USS<br />

demande 4500 francs pour toutes et<br />

tous et 5000 francs pour les professionnel-les<br />

avec apprentissage.<br />

Mais la revendication seule ne suffit<br />

pas. Comme à la fin des années<br />

1990, il faut maintenant la pression<br />

d’une nouvelle campagne. Et celle<br />

des travailleuses et travailleurs syndiqué-es.<br />

que ceux des CCT et ils ont force<br />

obligatoire – contrairement à Bâle-<br />

Ville, au Jura et au Tessin qui privilégient<br />

les accords de branche.<br />

La balle est maintenant dans le<br />

camp du Conseil fédéral. Il doit élaborer<br />

un projet de loi d’application<br />

pour cette motion à laquelle il s’est<br />

opposé. En cas d’acceptation, la loi<br />

pourra encore être soumise au référendum.<br />

D’ici là – et cela peut<br />

prendre encore beaucoup de temps<br />

– les salaires minimums en vigueur<br />

continuent à s’appliquer.<br />

25<br />

Des salaires<br />

minimums<br />

définis par la<br />

politique<br />

concernent de<br />

près les syndicats<br />

Les résultats réjouissants des villes<br />

de Winterthour et Zurich, qui ont<br />

adopté chacune un salaire minimum<br />

le 18 juin 2023, ont redonné<br />

de l’élan à une revendication de la<br />

gauche bernoise. Comme d’autres<br />

cantons avant lui, Berne avait en effet<br />

refusé d’introduire le salaire minimum,<br />

en mars 2022. Pour la majorité<br />

bourgeoise du Conseil d’Etat,<br />

les salaires devaient être fixés dans<br />

le cadre de conventions collectives<br />

de travail (CCT) entre les partenaires<br />

sociaux.<br />

Le dossier retrouve une actualité<br />

en 2024, puisqu’il sera cette foisci<br />

discuté au niveau de la politique<br />

de la ville.<br />

Les salaires minimums font<br />

partie de notre ADN. En Suisse,<br />

presque toutes les revendications<br />

salariales ont un point commun : les<br />

manifs d’automne pour les salaires<br />

à Berne. Mais cela ne suffit pas (ou<br />

plus). Il faut à nouveau exercer une<br />

pression du bas vers le haut, associée<br />

à une campagne forte contre<br />

des salaires scandaleusement bas.<br />

Les partis politiques empoignent<br />

la question des salaires minimums<br />

lorsqu’il n’est pratiquement<br />

plus possible d’obtenir des accords<br />

salariaux suffisants dans les négociations<br />

salariales – et que les conditions<br />

de revenu des salarié-es deviennent<br />

si précaires qu’elles ont<br />

une incidence sociopolitique. Lorsqu’une<br />

proposition politique se<br />

concrétisera à Berne, il sera important<br />

que nous participions d’emblée<br />

à la formulation d’un texte adéquat.<br />

Dans cette question, les<br />

syndicats doivent peser de tout leur<br />

poids et s’imposer avec force: les salaires<br />

minimums sont notre compétence-clé.<br />

Adrian Flükiger, coprésident de<br />

l’Union syndicale de la Ville de<br />

Berne


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Apprendre à négocier<br />

Des salaires, des rythmes et des<br />

conditions de travail, des demandes<br />

plus personnelles : nous négocions<br />

constamment. Que ce soit avec ses<br />

collègues, avec la direction ou les<br />

éventuels partenaires externes,<br />

négocier demande des compétences<br />

et des connaissances précises.<br />

Movendo propose cinq cours.<br />

Négociation collective : des outils<br />

pratiques de communication et<br />

de négociation, pour argumenter de<br />

manière claire, dans une optique de<br />

collaboration.<br />

Comment faire aboutir ses demandes<br />

sur son lieu de travail :<br />

mises en situation pour exercer la<br />

clarification des demandes, la fixation<br />

des objectifs, pour transmettre<br />

des outils et des stratégies de négociation<br />

et de médiation.<br />

Mes droits au travail expliqués<br />

de façon pratique : sur les bases de<br />

l’expérience professionnelle quotidienne,<br />

des sujets tels que les<br />

sources du droit du travail, l’entretien<br />

d’embauche, le contrat de<br />

travail, les horaires, les congés, les<br />

assurances sociales, la santé, les<br />

conflits et le soutien du syndicat<br />

seront abordés.<br />

Vivre son entretien professionnel<br />

avec aisance et confiance : aborder<br />

pratiquement les attitudes et<br />

comportements favorables à un dialogue<br />

professionnel de qualité.<br />

Apprendre à se préparer de manière<br />

concrète et à formuler et fixer des<br />

objectifs acceptables, ainsi que les<br />

obligations légales de l’employeur<br />

vis-à-vis de l’employé-e, droits et<br />

ressources.<br />

S’affirmer au travail et dans la<br />

société : les femmes sont encore et<br />

toujours victimes d’inégalités,<br />

notamment salariales, même si le<br />

principe d’égalité est inscrit dans la<br />

loi depuis longtemps. Elles rencontrent<br />

plus de difficultés que<br />

leurs collègues masculins dans le<br />

monde professionnel, se heurtent<br />

au plafond de verre quand elles<br />

veulent progresser, font face quotidiennement<br />

au sexisme et aux discriminations.<br />

Ce cours vise à<br />

conscientiser ces phénomènes,<br />

nommer les préjugés et les ressources<br />

pour favoriser et encourager<br />

les comportements qui permettent<br />

de se faire entendre et prendre sa<br />

place.<br />

Movendo<br />

movendo.ch<br />

« L’appel à la liberté – Révolution<br />

1848/49 et aujourd’hui »<br />

A l’heure où les droites extrêmes<br />

gagnent des voix et des votes partout<br />

dans le monde, une exposition rappelle<br />

les aspirations de liberté qui<br />

ont émergé en Europe dans les années<br />

1848/49. Le Musée des Trois<br />

Pays à Lörrach (D) thématise une<br />

histoire trinationale, celle de révolutions<br />

qui se sont nourries mutuellement<br />

au carrefour de l’Allemagne,<br />

de la France et de la Suisse.<br />

A Lörrach, le 21 septembre 1848,<br />

Gustav Struve proclame pour la première<br />

fois la « République allemande<br />

» et revendique « Prospérité,<br />

éducation et liberté pour tous ». Les<br />

soulèvements démocratiques et<br />

l’instauration d’une Constitution<br />

impériale échouent. Le chemin<br />

jusqu’à l’adoption de la Loi fondamentale<br />

en 1949 puis la réunification<br />

en 1989 reste long. Mais en<br />

1848/49, l’appel à la liberté est très<br />

fort dans le grand-duché de Bade où<br />

se côtoient deux républiques.<br />

En France, la révolution de février<br />

– la troisième révolution après<br />

celle de 1789 et de 1830, qui verra<br />

naître un gouvernement républicain<br />

provisoire et l’abolition de la monarchie<br />

– déclenche une vague<br />

d’émeutes dans toute l’Europe.<br />

En Suisse, la Constitution fédérale<br />

de 1848 est le fondement de l’actuel<br />

Etat fédéral.<br />

Suisse moderne<br />

© Dreiländermuseum<br />

L’année révolutionnaire 1848 est<br />

particulièrement importante pour la<br />

région de Bâle. Les trois révoltes réprimées<br />

dans le Pays de Bade à nos<br />

frontières marquent également la<br />

région jusqu’à aujourd’hui. De nombreux<br />

participants aux révolutions<br />

de Bade se sont réfugiés dans la<br />

Suisse libérale toute proche et ont<br />

joué un rôle important dans la<br />

construction du jeune canton de<br />

Bâle-Campagne.<br />

Expo jusqu’au 19 mai<br />

Plus de 170 pièces d’exposition originales<br />

illustrent cette histoire sur<br />

400 mètres carrés. Parmi elles, outre<br />

le riche fonds de la collection du<br />

Musée des Trois Pays, on trouve<br />

d’importants prêts provenant des<br />

collections révolutionnaires de musées<br />

régionaux, qui sont présentées<br />

ensemble pour la première fois. Un<br />

vaste programme comprenant près<br />

de 60 manifestations accompagne<br />

l’exposition pendant toute sa durée,<br />

jusqu’au 19 mai 2024.<br />

175 ans plus tard, l’engagement<br />

pour la liberté, la démocratie et les<br />

droits fondamentaux reste actuel.<br />

A l’heure de la mondialisation, de la<br />

révolution numérique, des conflits<br />

mondiaux et du changement climatique,<br />

l’inquiétude nous fait nous<br />

tourner vers les idéologies autoritaires.<br />

Qui veut vivre libre doit continuellement<br />

s’engager pour le rester.<br />

Frantisek Matous<br />

Musée des Trois Pays, Lörrach<br />

dreilaendermuseum.eu/fr


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements Rétrospectives novembre-décembre 2023<br />

Des élections fructueuses, des formations, des revendications, des pétitions et<br />

des débrayages : nous prenons de l’élan pour 2024 !<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4 5


1. 37 élu-es <strong>syndicom</strong> dans les commissions du personnel de Swisscom<br />

2. Formation des nouveaux membres des commissions du personnel de<br />

La Poste pour la section Tessin et Moesano<br />

3. Réunion des représentant-es TIC de la section zurichoise à Winterthour<br />

les 10 et 11 novembre<br />

4. Des membres romands au Palais fédéral le 18 septembre<br />

5. <strong>syndicom</strong> participe à l’action contre les mesures d’économie dans<br />

les transports publics<br />

6. Remise de signatures pour des salaires décents dans le secteur<br />

des médias<br />

7. Les illustratrices et illustrateurs de <strong>syndicom</strong> au festival de<br />

design Weltformat<br />

8-9. Journées de l’imprimerie à St-Gall (Tÿpo 23), du 10 au 12 novembre<br />

10-11. Débrayage devant le siège du groupe TX à Zurich, avec Stephanie<br />

Vonarburg, vice-présidente de <strong>syndicom</strong> (voir page 21)<br />

Photos: © <strong>syndicom</strong><br />

6 7<br />

9<br />

8<br />

10 11


30 International<br />

La grève à Hollywood a<br />

fait plier les plateformes<br />

Les salaires et les conditions<br />

de travail des professionnel-les<br />

de l’industrie du cinéma<br />

ne sont pas aussi mirobolants<br />

que le glamour<br />

hollywoodien veut bien nous<br />

le faire croire.<br />

Carlos Leal, l’acteur d’origine<br />

suisse, revient sur l’engagement<br />

fructueux de son syndicat.<br />

Entretien.<br />

Texte : Monica D’Andrea<br />

Photo : Tomo<br />

Carlos Leal, acteur d’origine suisse, a manifesté à Hollywood au nom du syndicat SAG-AFTRA,<br />

représentant 160 000 artistes aux Etats-Unis. (© Tomo)<br />

Le 6 décembre, le principal syndicat<br />

d’actrices et acteurs américain, le<br />

Screen Actors Guild American Federation<br />

of Television and Radio Artists<br />

(SAG- AFTRA), a ratifié l’accord<br />

de fin de grève. Il aura fallu six mois<br />

de conflit pour que les deux parties<br />

s’entendent sur les rémunérations<br />

et les conditions de travail.<br />

« La question des droits d’auteur<br />

est fondamentale, le SAG-AFTRA<br />

supervise tout ce qui passe sur les<br />

canaux des streamers et dans le<br />

monde entier. Il est normal de recevoir<br />

une partie des bénéfices colossaux<br />

engrangés par les plateformes<br />

qui ont fait tourner leurs films autour<br />

du monde. Il est crucial de rémunérer<br />

les actrices et les acteurs<br />

de cinéma et de télévision correctement<br />

et en fonction du rendement<br />

du film ou de la série », explique par<br />

téléphone Carlos Leal, acteur suisse<br />

installé aux Etats-Unis de longue<br />

date.<br />

Les revenus proviennent aujourd’hui<br />

moins des entrées de cinéma<br />

que des abonnements aux plateformes.<br />

Tous les grands studios<br />

(Disney, Netflix, entre autres) ont<br />

lancé leur site de vidéos à la demande,<br />

consommables à tout moment<br />

et sur tous les écrans. La grève<br />

des scénaristes avait commencé un<br />

mois plus tôt contre les mêmes studios<br />

et plateformes, pour réclamer<br />

une adaptation des gains en fonction<br />

du streaming, une couverture<br />

santé plus accessible et des gardefous<br />

face aux progrès technologiques<br />

des IA génératives, désormais<br />

capables de générer des<br />

scénarios et de cloner la voix ou<br />

l’image des artistes.<br />

La gloire ne paie pas les factures<br />

Carlos Leal a adhéré au syndicat dès<br />

son arrivée aux Etats-Unis. « Les<br />

membres qui travaillent et remplissent<br />

les conditions d’adhésion<br />

ont tout intérêt à s’y inscrire, notamment<br />

pour des questions d’assurance<br />

maladie et accident. Ma famille<br />

en bénéficie pour un coût très<br />

raisonnable et je suis couvert lors<br />

des tournages. » La protection des<br />

droits et des conditions de travail<br />

est déterminante dans des métiers<br />

en constante évolution. Pour Carlos<br />

Leal, des métiers tels que figurante<br />

et figurant sont menacés de disparition<br />

en raison de l’IA. « C’est aujourd’hui<br />

que ça se joue. Ça peut<br />

sembler absurde vu certains cachets,<br />

mais à Hollywood aussi on se<br />

soucie des conditions de travail et<br />

on fait la grève pour obtenir de meilleurs<br />

salaires pour toutes et tous.<br />

Il n’y a pas que des acteurs de tête<br />

qui sont nécessaires pour faire un<br />

film, mais des milliers de personnes,<br />

qui doivent payer leur<br />

loyer. »<br />

Le système de corporation a<br />

bien changé au cours des dix dernières<br />

années. Mais la cupidité des<br />

grands studios s’est frottée à la mobilisation<br />

des syndicats. « Le syndicat<br />

nous communique les avancées<br />

et les effets des mesures négociées.<br />

Le personnel américain et européen<br />

de Netflix, de Prime et autres plateformes<br />

témoignent déjà de changements.<br />

Donc l’impact est immédiat<br />

et il se fera sentir bientôt à plus<br />

grande échelle. Nous restons vigilants<br />

! »


Impressum<br />

Rédaction : Muriel Raemy et Giovanni Valerio<br />

(coresponsables), Rieke Krüger<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri et Gabriele Alleva<br />

Portraits dessinés : Katja Leudolph<br />

Photo couverture: Bruno Ferreira Dias<br />

Infographies : Patrick Aliesch<br />

Layout, correction, impression : Stämpfli Communication<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),<br />

Fr. 50.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par année.<br />

Le prochain numéro paraîtra le 19 février 2024.<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

7 3<br />

II<br />

9<br />

III<br />

4<br />

IV<br />

2<br />

V<br />

11<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

5 6<br />

8 10<br />

1<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12<br />

Horizontalement : I. Village suisse et européen. II.<br />

Queue de singe. Sur la rafle. Égalise. III. Petite<br />

reine des campagnes. Opportunes. Rupture dans<br />

le récit. IV. Opères. Torchera. V. À l'origine.<br />

Meurtris. VI. Sur les cartes du Nigeria et des Pays-<br />

Bas. Entrée de gamme. Déguerpis. VII. Cerfvolant.<br />

Possède. Entre Pékin et Shanghai. VIII.<br />

Voile du Léman. Sous l'eau ou dans le parc. IX.<br />

Dans les voiles latines. Presse. X. Mouvement<br />

autonome. Bienvenu. Empressés.<br />

12<br />

Verticalement : 1. Trait d'union entre la France,<br />

l'Italie et la Suisse. Flemme ! 2. Remettra. 3. Pèze.<br />

Pris sur la consommation. 4. Compte anglais.<br />

Sous la roue. Attachas. 5. Provoqua un tsunami<br />

sur le Léman. 6. Refuges. Accepte sans consentir.<br />

7. Célèbre Égyptienne. Bien sûr. 8. Eau de<br />

Victoria. Rail "asiatique" St-Gingolph – St-Maurice.<br />

9. Prison en verlan. Île du trèfle. 10. N'a pas vu<br />

l'eau. Ligature. 11. Clairement situé. Déguerpis.<br />

12. Productif. 13. Presque drôle. Sur la toile. 14.<br />

Charme. 15. Filet suisse. Placées.<br />

Mots croisés<br />

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

bon d’une valeur de 50 francs de notre<br />

partenaire coop protection juridique.<br />

Merci d’envoyer votre solution (le mot<br />

mystère seulement) jusqu’au 22 janvier<br />

par e-mail à admin@<strong>syndicom</strong>.ch ou<br />

par courrier à Rédaction <strong>syndicom</strong>,<br />

Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne.<br />

Une seule participation possible par<br />

membre.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

dernier numéro était « GENERATIONS ».<br />

Le gagnant est Monsieur Schneider.<br />

Il recevra une pièce en argent de notre<br />

partenaire la Banque Cler.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

Annonce


32<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Face à la crise actuelle, nous devons retrouver des valeurs<br />

de solidarité, portées entre autres par les syndicats. »<br />

Stefano Croci est né en 1966 à Novazzano.<br />

Il travaille à La Poste depuis l’âge<br />

de 16 ans. Après son apprentissage, il<br />

passe trois ans et demi à Zurich avant<br />

de retourner au Tessin. Employé dans<br />

plusieurs bureaux de poste du Mendrisiotto,<br />

il travaille désormais à Chiasso.<br />

Bénévole lors de divers événements<br />

culturels à Chiasso (par exemple le<br />

Festate), il s’implique aujourd’hui dans<br />

la Filanda, la bibliothèque multifonctionnelle<br />

de Mendrisio. Ce lieu offre un<br />

espace de rencontres et d’échanges.<br />

Il est marié, a deux enfants et se décrit<br />

comme un anarchiste (« Je ne pourrais<br />

jamais donner d’ordres à personne ! »).<br />

Parmi ses modèles figure la syndicaliste<br />

américaine Emma Goldman<br />

(« Emma la Rouge ») du 19 e et début du<br />

20 e siècle.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Photo : Sandro Mahler<br />

« Je suis attaché au<br />

comité de base, aux<br />

groupes horizontaux. »<br />

J’ai grandi à Fercasa, une immense<br />

maison d’habitation de 50 logements<br />

appartenant aux CFF, construite au<br />

milieu des années 1960 sur le modèle<br />

de l’unité d’habitation de Le<br />

Corbusier (sur la photo). C’était un<br />

endroit isolé, sans lien avec la ville<br />

voisine de Novazzano et habité uniquement<br />

par des cheminots venus de<br />

l’extérieur. Mon père y est arrivé en<br />

tant que saisonnier italien pour la<br />

société des transports Danzas.<br />

Fercasa était (et est toujours) une<br />

coopérative d’habitation autonome<br />

où le personnel résidant s’occupait à<br />

la fois de la maintenance et du jardin.<br />

Il y avait, par exemple, un atelier<br />

avec des outils partagés. Bref, un microcosme<br />

indépendant où les gens<br />

discutaient, se rencontraient, parlaient<br />

de politique.<br />

J’y ai été nourri de pain et de solidarité.<br />

Mon environnement idéal,<br />

c’est la coopérative. Dans mon travail,<br />

j’attache de l’importance au comité<br />

de base, aux groupes horizontaux.<br />

Cela devrait constituer la base<br />

du syndicat : en tant que travailleur,<br />

je connais les problèmes de mes collègues,<br />

car je suis au même niveau<br />

qu’eux. Mais pour beaucoup, le syndicat<br />

constitue une sorte de protection<br />

juridique : les gens ne<br />

s’adressent à lui que lorsqu’ils en ont<br />

besoin pour résoudre un problème.<br />

On oublie cependant que celui-ci est<br />

rarement individuel, mais collectif.<br />

Les commissions du personnel sont<br />

indispensables, mais ne peuvent être<br />

créées ni dans les petits offices de<br />

poste qui comptent trop peu d’employé-es,<br />

ni au niveau sectoriel ou<br />

régional. C’est très dommage.<br />

Je travaille depuis plus de 40 ans<br />

à La Poste. Avant, c’était comme une<br />

famille ici, pour le meilleur ou pour<br />

le pire, on se connaissait tous, de<br />

Chiasso à Airolo. Aujourd’hui, les<br />

équipes travaillent isolées les unes<br />

des autres, réparties en régions. Ce<br />

que nous connaissons les unes des<br />

autres est notre classement !<br />

J’ai quitté le syndicat plusieurs<br />

fois parce que je ne m’y sentais pas<br />

représenté. La direction est trop éloignée<br />

de la base. Face à la crise actuelle,<br />

nous devons repartir de zéro,<br />

retrouver des vraies valeurs de solidarité,<br />

qui sont aussi partagées par<br />

d’autres, qu’il s’agisse ou non de syndicats.<br />

Nous devrions adhérer parce<br />

que nous croyons aux valeurs du syndicat,<br />

et pas seulement à cause de la<br />

protection juridique ou de la convention<br />

avec la caisse-maladie. Il est important<br />

d’expliquer aux jeunes que<br />

l’on a obtenu des améliorations<br />

parce que l’on s’est battu et que l’on<br />

continue à le faire ensemble.<br />

<strong>syndicom</strong> devrait s’opposer à<br />

La Poste et lui proposer une vision<br />

concrète vers la durabilité, non seulement<br />

climatique, mais sociale et<br />

économique. Réduire le temps de<br />

travail serait bénéfique pour le climat,<br />

l’économie et le bien-être. J’ai<br />

donc accepté de représenter le Tessin<br />

au sein du groupe de La Poste qui<br />

s’occupe de la durabilité et j’ai immédiatement<br />

dénoncé l’écoblanchiment,<br />

la façade soi-disant verte des<br />

investissements de La Poste.

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