Haiti Liberte 27 Decembre 2023
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Haïti, d’une Transition à l’Autre (101)<br />
Front politique des oppositions ou nouveau Tonneau<br />
des Danaïdes !<br />
Le « Front Uni pour une Sortie de crise efficace et durable »<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
Comme au bon vieux temps, certains<br />
partis politiques en Haïti reprennent<br />
la vieille tradition qui consiste à monter<br />
des Coalitions politiques contre les<br />
régimes en place. Cela devient même<br />
une habitude pour la plupart : s’associer<br />
pour durer pendant un temps face<br />
à leur incapacité à défaire les gouvernements<br />
qu’ils combattent. Depuis<br />
les années 90, en effet, ce concept ne<br />
cesse de faire école dans le paysage<br />
politique haïtien. Pas un pouvoir en<br />
place n’a eu son lot de Coalition ou de<br />
Front politique contre lui. Qu’il soit un<br />
gouvernement légitime ou de facto,<br />
qu’il s’agisse de pouvoir élu démocratiquement<br />
ou intérimaire, aucun n’a<br />
échappé à ce mode d’opposition de<br />
la part de ses adversaires politiques.<br />
Après deux années de lutte sans succès<br />
pour renverser le Premier ministre de la<br />
Transition, Ariel Henry, comme cela a<br />
été le cas sous la présidence de Jovenel<br />
Moïse avant son assassinat, l’opposition<br />
plurielle s’est rappelée de la bonne<br />
vieille formule du front commun en vue<br />
de tenter d’obtenir le départ du chef de<br />
la Primature.<br />
Pourtant, les opposants au régime<br />
de Transition ont déjà quasiment<br />
tout essayé en multipliant les Accords<br />
politiques, mêmes les plus insolites. Dès<br />
les premiers mois de l’arrivée de l’équipe<br />
de la Transition dirigée par Dr Ariel<br />
Henry, diverses initiatives politiques<br />
ont été prises par les oppositions afin de<br />
contraindre le locataire de la Villa d’Accueil<br />
soit à démissionner soit à partager<br />
le pouvoir, ce qu’il refuse évidemment<br />
de faire. En réponse, d’ailleurs, les partisans<br />
de celui-ci ont initié de leur côté<br />
un mouvement en constituant leur propre<br />
Accord politique, histoire de faire<br />
le contrepoids face à leurs adversaires.<br />
L’affrontement a été terrible sur le plan<br />
politique entre les deux parties. Malgré<br />
l’intervention de la Communauté<br />
internationale dans le dossier, rien n’a<br />
bougé, la crise politique et la lutte pour<br />
le pouvoir demeurent intactes.<br />
Le Premier ministre Ariel Henry<br />
s’accroche au pouvoir et surtout s’appuie<br />
sur le soutien d’une large partie de<br />
la Communauté internationale, notamment<br />
de Washington qui ne croit pas<br />
aux solutions proposées, ou du moins<br />
sur l’absence de vraies propositions<br />
de ses opposants. Se contentant de réclamer<br />
un Pouvoir exécutif bicéphale<br />
quand d’autres ne voient pas d’inconvénient<br />
pour cohabiter avec la Primature,<br />
les oppositions peinent à convaincre<br />
et apparaissent peu crédibles aux<br />
yeux de la Communauté internationale<br />
voire de l’opinion nationale. Les voix<br />
discordantes au sein des oppositions<br />
font l’affaire du pouvoir et de ses alliés,<br />
puisque, à chaque fois que cette opposition<br />
tente de sortir du bois, ils trouvent<br />
toujours la parade pour contrecarrer<br />
son assaut. Résultat, le pouvoir de<br />
Transition s’enracine et les démarches<br />
de l’opposition stagnent. Mêmes les<br />
initiatives entreprises par des organisations<br />
régionales comme l’OEA ou<br />
la CARICOM se soldent toutes par des<br />
échecs par le fait que le gouvernement<br />
de Transition et ses alliés arrivent à déjouer<br />
toutes les avancées en se présentant<br />
de manière plus cohérente par<br />
rapport à leurs adversaires qui ont des<br />
positions parfois très divergentes sur la<br />
résolution de la crise.<br />
La rencontre de la Jamaïque organisée<br />
par la CARICOM et celles de<br />
Port-au-Prince avec le Groupe des Eminentes<br />
Personnalités (GEP) désignées<br />
par la CARICOM pour conduire les<br />
pourparlers entre les protagonistes<br />
haïtiens ont été les preuves que les<br />
oppositions ne parlent pas d’une seule<br />
voix avec leurs interlocuteurs alors<br />
que le gouvernement et ses alliés font<br />
cause commune pour défendre leurs<br />
arguments devant les Commissaires et<br />
autres Envoyés spéciaux de la Communauté<br />
internationale. Alors, devant<br />
cette absence de cohésion entre les<br />
membres des différents Accords : Montana,<br />
Collectif 30 janvier, Déclaration<br />
conjointe de la Jamaïque, entre autres,<br />
devant la Communauté internationale,<br />
certains dirigeants de l’opposition estiment<br />
qu’il était temps de parler d’une<br />
seule voix et de faire bloc face au chef<br />
de la Transition et ceux qui coordonnent<br />
pour lui la riposte.<br />
Ainsi, ils proposent donc de<br />
mettre en place un organisme commun<br />
qu’ils estiment être plus approprié dans<br />
la circonstance pour mener les discussions<br />
avec l’International. Après maintes<br />
recherches et des discussions entre<br />
eux, ils finissent par se mettre d’accord<br />
pour la création d’un « Front » de partis<br />
partageant tous le même objectif : celui<br />
d’obtenir le départ ou la démission du<br />
Premier ministre Ariel Henry avant ou<br />
au plus tard le 7 février 2024. Cela nous<br />
ramène aux débats sur la fin du mandat<br />
de Jovenel Moïse en 2021 et 2022.<br />
Pour revenir à cette nouvelle structure<br />
politique, certains auraient préféré un<br />
nouvel Accord politique afin de laisser<br />
plus de liberté aux partis membres<br />
pour continuer de jouer le trouble-fête<br />
comme c’est le cas du parti Fanmi Lavalas<br />
de Maryse Narcisse, on le sait,<br />
plus réservé sur le départ d’Ariel Henry<br />
qu’une organisation comme EDE (les<br />
Engagés pour le Développement) du<br />
Dr Claude Joseph. Finalement, c’est la<br />
formule de « Front » qui a été adopté.<br />
Ce nouvel organisme s’intitule « Front<br />
Uni pour une Sortie de crise efficace et<br />
durable ».<br />
Il est composé d’un ensemble<br />
de formations politiques. Toutes souscrivent<br />
résolument dans le départ du<br />
Premier ministre Ariel Henry qui, selon<br />
elles, reste un obstacle à toute solution<br />
pour une sortie de crise. Si l’on trouve<br />
parmi ces organisations des partis historiquement<br />
hostiles à Ariel Henry comme<br />
le MOPOD, OPL, MRN, UNIR-Haïti,<br />
GREH, PLH, EDE, PNDPH, il est intéressant<br />
de noter aussi la présence des<br />
partis qui ont lâché au cours de route<br />
le chef de la Transition, notamment,<br />
PHTK de Liné Balthazar, LAPEH de<br />
l’ancien sénateur Anacacis Jean Hector,<br />
Konsyans Patriyotik et d’autres anciens<br />
signataires des Accords du 11 septembre<br />
ou de Musseau et du 21 décembre<br />
estimant que le Premier ministre n’a<br />
pas respecté ses engagements. Dans le<br />
texte portant sur les fronts baptismaux<br />
cette nouvelle structure politique, le<br />
mercredi 25 octobre <strong>2023</strong> à l’hôtel<br />
Montana contre le gouvernement de<br />
Transition, on peut lire « Le Front se<br />
donne pour mission d’« initier immédiatement<br />
des discussions avec les forces<br />
politiques, économiques et sociales<br />
représentatives pour la mise en place<br />
d’un Exécutif de transition conforme à<br />
l’esprit de la Constitution en vigueur ;<br />
de fournir aux partenaires internationaux<br />
les garanties suffisantes sur<br />
les mécanismes idoines et consensuels<br />
propres à combler la vacance à la tête<br />
du Pouvoir exécutif, à la démission du<br />
Premier ministre Ariel Henry.<br />
C’est un outil qui s’adapte à la<br />
nouvelle dynamique de la conjoncture<br />
politique. On s’est rendu compte de<br />
la limitation des différents groupes<br />
qui existent déjà. On met en place<br />
une structure plus inclusive avec plus<br />
de forces politiques. Dans les négociations<br />
avec le pouvoir et la Communauté<br />
internationale, cette coalition<br />
nous permettra d’être plus cohérents ».<br />
En effet, c’est le but recherché par les<br />
signataires de la Charte de ce nouveau<br />
front uni contre le pouvoir en place.<br />
Selon Liné Balthazar, le Président du<br />
PHTK, parti signataire de l’Accord du<br />
11 septembre, ancien soutien d’Ariel<br />
Henry et ancien parti de l’ex-Président<br />
Michel Martelly, l’absence de cohérence<br />
lors des négociations avec les Missions<br />
de la CARICOM dans la capitale haïtienne<br />
a terriblement fait défaut à l’opposition<br />
plurielle tout en affirmant que<br />
ce front n’est nullement une démarche<br />
électoraliste. « Ce n’est pas une coalition<br />
électorale » dit-il. Selon d’autres<br />
responsables politiques et membres du<br />
« Front Uni pour une Sortie de crise<br />
efficace et durable », cette structure<br />
va leur permettre d’être plus crédibles<br />
pour poursuivre le processus de négociations<br />
politiques avec les Emissaires<br />
de la CARICOM.<br />
Il faut se rappeler que, durant<br />
les négociations avec la Mission de la<br />
CARICOM en Haïti au début du mois<br />
de septembre <strong>2023</strong>, il y a eu une vraie<br />
divergence et de la cacophonie parmi<br />
les membres des oppositions entre<br />
ceux qui voulaient à tout prix insérer<br />
la démission du Premier ministre dans<br />
l’ordre du jour et ceux qui s’y étaient<br />
opposés. Une position qui n’avait pas<br />
arrangé les choses pour les Emissaires<br />
de la CARICOM. C’est en tirant les<br />
leçons de cette mésentente au moment<br />
où une Mission caribéenne était sur<br />
place à Port-au-Prince que certains, entre<br />
autres, l’ancien Premier ministre de<br />
Jovenel Moïse, Claude Joseph, depuis<br />
chef du Parti EDE (les Engagés pour le<br />
Développement), ont pris la décision de<br />
mettre en place ce front.<br />
D’après l’ex-Chancelier qui milite<br />
activement avec son parti pour la<br />
démission d’Ariel Henry, « Ce Front<br />
permettra de mieux appréhender le<br />
départ organisé d’Ariel Henry ». Justement,<br />
dans la perspective de la mise en<br />
place du « Front Uni pour une Sortie de<br />
crise efficace et durable », les discussions<br />
entre les protagonistes haïtiens<br />
sous les auspices du Groupe des Eminentes<br />
Personnalités (GEP) de la CAR-<br />
ICOM devaient reprendre par visio-conférence<br />
le vendredi 6 octobre <strong>2023</strong>.<br />
Deux jours avant, Dr Claude Joseph,<br />
au nom de son parti, tenait à écrire à<br />
cette instance pour dire dans quel cadre<br />
son organisation entendait reprendre<br />
les pourparlers avec eux et avec<br />
le gouvernement intérimaire. Dans un<br />
long courrier envoyé au GEP, l’ancien<br />
Premier ministre qui cherche à prendre<br />
la tête des oppositions face au pouvoir<br />
voulait souligner que, selon l’Accord<br />
du 21 décembre signé par Ariel Henry<br />
et même publié dans Le Moniteur, le<br />
Journal officiel de la République, après<br />
son adoption au Conseil des ministres,<br />
fixant l’échéance du 7 février 2024<br />
comme étant la date limite pour la<br />
transmission du pouvoir à un Exécutif<br />
élu, au-delà de cette date, le chef de la<br />
Transition n’aura aucune autorité, ni<br />
légitimité pour rester à la tête du pays.<br />
Confiant que ce front uni le soutiendra<br />
dans ses démarches, le chef des<br />
« Engagés pour le Développement » n’a<br />
pas été de main morte dans sa missive<br />
à l’attention des Emissaires de la<br />
CARICOM : « Le Groupe des Éminentes<br />
Personnalités de la CARICOM voudra<br />
bien noter que Ariel Henry est animé<br />
d’une seule et unique ambition: celle<br />
de rester le plus longtemps possible au<br />
pouvoir. C’est la raison pour laquelle le<br />
Premier ministre de facto n’a jamais<br />
créé les conditions politiques et de<br />
sécurité nécessaires à l’organisation<br />
des élections ni en 2022 ni en <strong>2023</strong>.<br />
En outre, et conformément à cette<br />
stratégie machiavélique, les engagements<br />
qui sont adoptés dans les différents<br />
accords ne sont pas respectés :<br />
pas de concertation nationale; pas de<br />
feuille de route de la Transition; pas<br />
d’organe de contrôle de l’action gouvernementale;<br />
pas de plan global de<br />
sécurité; pas de Conseil Électoral Provisoire;<br />
et pas de Comité d’experts sur<br />
la révision constitutionnelle.<br />
À cet égard et en prélude à<br />
l’échéance du 7 février 2024 de la<br />
fin de la Transition dirigée par Ariel<br />
Henry, EDE souligne à l’attention du<br />
Groupe des Éminentes Personnalités<br />
de la CARICOM que Ariel Henry n’a pas<br />
de crédibilité ni d’autorité pour négocier<br />
un nouvel Accord avec ses amis et<br />
alliés politiques afin de masquer l’échec<br />
indiscutable de sa gouvernance intérimaire<br />
et de se perpétuer au pouvoir.<br />
Le Premier ministre de facto ne peut<br />
plus continuer à bénéficier de ses dilatoires<br />
et le peuple haïtien ne peut plus<br />
subir les conséquences désastreuses<br />
de son cynisme sans précédent et son<br />
incompétence caractérisée. De ce qui<br />
précède, EDE invite le Groupe des Éminentes<br />
Personnalités de la CARICOM à<br />
prendre acte de la fin obligatoire en<br />
date du 7 février 2024 de la Transition<br />
conduite par Ariel Henry », écrivait<br />
Dr Claude Joseph. Tandis que, toujours<br />
dans la perspective d’une reprise<br />
des discussions, d’autres organisations<br />
de l’opposition plurielle vont dans le<br />
même sens. Leurs dirigeants estiment<br />
que le Premier ministre est de mauvaise<br />
foi et par conséquent, il bloque les discussions.<br />
De fait, à l’instar du parti EDE,<br />
le Collectif 30 janvier, une coalition<br />
regroupant plusieurs organisations<br />
politiques, a aussi pris la plume pour<br />
faire connaître sa position au Groupe<br />
des Eminentes Personnalités (GEP) de<br />
la CARICOM. Deux signataires de cette<br />
structure d’opposition, Liné Balthazar<br />
du PHTK et Edgard Leblanc Fils de<br />
l’OPL, tous deux membres du « Front<br />
Uni pour une Sortie de crise efficace<br />
et durable », croient savoir que « Plusieurs<br />
raisons expliquent cette situation<br />
de blocage. La principale est la<br />
mauvaise foi manifeste des tenants<br />
du pouvoir. Cela se traduit par le refus<br />
du Premier ministre Ariel Henry et ses<br />
alliés de négocier avec les forces politiques<br />
et sociales représentatives, les<br />
termes et les conditions d’une restauration<br />
durable et irréversible dans<br />
notre pays, de l’État de droit et des<br />
institutions républicaines alors que les<br />
conditions de vie de la population se<br />
dégradent et atteignent le seuil de catastrophe<br />
humanitaire et sécuritaire.<br />
Pour garantir le succès du processus<br />
initié le 1er juin <strong>2023</strong> sous les<br />
auspices de la CARICOM, le Collectif<br />
croit qu’il est important d’analyser à<br />
la date du 30 septembre son évolution,<br />
le chemin parcouru et d’établir<br />
pour tout un chacun le bilan de cette<br />
étape. Le Collectif pense qu’un rapport<br />
d’étape permettra aux acteurs de<br />
décider de l’avenir du processus de facilitation<br />
et d’envisager sereinement<br />
les perspectives d’une solution durable<br />
à la crise actuelle » disent-ils dans<br />
le courrier adressé au Coordonnateur<br />
du Groupe d’Eminentes Personnalités<br />
de la CARICOM, l’ancien Premier ministre<br />
de Sainte-Lucie, Kenny Anthony.<br />
Ainsi, les oppositions, à travers plusieurs<br />
structures séparées mais concordantes,<br />
décident de mettre la pression<br />
sur les Emissaires de la CARICOM afin<br />
de pousser le Premier ministre de la<br />
Transition à la démission. Ce qui n’est<br />
pas gagné.<br />
Certes, les dirigeants de l’opposition<br />
se sentent un peu renforcés<br />
par la création de ce nouveau « Front<br />
Uni pour une Sortie de crise efficace<br />
et durable » qu’ils entendent utiliser<br />
comme l’organe devant servir d’interlocuteur<br />
unique des oppositions face<br />
aux autres médiateurs internationaux<br />
de la crise haïtienne. Surtout, d’après<br />
l’un des membres du Comité exécutif<br />
du nouveau Front uni, Me Casanova<br />
Jean-Baptiste du parti PNDPH, cette<br />
structure politique commune a été créée<br />
afin de faire face à la « Volonté manifeste<br />
du Dr Ariel Henry de continuer à<br />
cumuler sans contrôle les fonctions de<br />
chef d’Etat, de Président de la République,<br />
de Premier ministre, après plus<br />
de deux années d’exercice d’un pouvoir<br />
d’exception illégitime, incompétent et<br />
impopulaire, de son refus de négocier<br />
de bonne foi une sortie de crise consensuelle».<br />
Avant, ce dirigeant du parti<br />
PNDPH, laissait entendre, lors de la<br />
présentation officielle du « Front Uni<br />
pour une Sortie de crise efficace et durable<br />
» que ce regroupement des partis<br />
va « Recommander des mesures propres<br />
à apaiser les souffrances de la<br />
population, à aider les victimes des<br />
crimes perpétrés par les gangs armés<br />
et à relancer l’économie nationale;<br />
mener des négociations avec l’ONU<br />
sur les modalités de mise en œuvre<br />
de la Résolution 2699 pour garantir,<br />
sur tout le territoire, des conditions<br />
de sécurité propices à la reprise des<br />
activités socio-économiques et à l’organisation<br />
d’élections inclusives et<br />
crédibles. »<br />
Mais, les dirigeants de ce « Front<br />
uni » pourront-ils vraiment convaincre<br />
dans ce contexte où il n’y a plus, en<br />
Haïti, de vrais leaders politiques capables<br />
d’imposer une figure, un discours,<br />
une parole devant une Communauté<br />
internationale plus soucieuse de réussir<br />
sa Mission Multinationale d’Appui<br />
à la Sécurité en Haïti (MMAS) qui se<br />
déploiera bientôt? Le moins que l’on<br />
puisse dire, elle ne s’intéresse pas vraiment<br />
aux manœuvres politiciennes<br />
qui pourraient même contrarier la mise<br />
en œuvre de cette expédition militaire<br />
qu’elle se donne déjà tant mal à<br />
mettre au point. Surtout ce n’est pas la<br />
première ni la dernière fois qu’elle voit<br />
éclore dans le paysage politique haïtien<br />
des « Fronts politiques » qui, en réalité,<br />
ne sont que des « Tonneaux des Danaïdes<br />
», expression provenant de la<br />
mythologie grecque dont la définition<br />
est : condamner quelqu’un à remplir<br />
d’eau un tonneau sans fond. Bref, une<br />
tâche sans fin et sans espoir !<br />
C.C<br />
8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 26 • Du <strong>27</strong> Décembre <strong>2023</strong> au 2 Janvier 2024