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JURA
Pédaler
au hasard
DEPUIS septembre 2022,
Pro Velo Jura propose un concept
inédit, l’Aléa cyclo tour. Le principe
est simple et amusant : régulièrement
par le biais de la newsletter, un
rendez-vous est fixé un matin à la
gare de Delémont. Sur place, les
participants·es sont invités·ées à
demander à un·e passant·e de tirer
au sort un itinéraire que les cyclistes
emprunteront le jour même. 26 sites
magnifiques, étranges ou méconnus
ont été sélectionnés autour de
Delémont pour pique-niquer agréablement.
Les itinéraires proposés
pour rallier ces lieux font tous environ
15 km et avec quelques centaines
de dénivelé positif, sur routes, pistes
cyclables et chemins blancs, soit
entre 1h et 2h de vélo. Le pique-nique
se fait ensuite en commun.
« Dans ma jeunesse, je n’étais pas
très vélo et on faisait des AléaTour en
train avec nos AG, raconte Cédric
Linder, membre de Pro Velo Jura.
Après avoir chopé le virus du VTT à
40 ans, j’ai transposé l’idée au vélo !
Au début les gens sont perplexes… et
quand ils découvrent que c’est eux qui
décident de notre programme de la
journée, ils se prennent complètement
au jeu ! On pourrait presque les embarquer
sur notre porte-bagage ! » OO
A noter que l’on peut aussi organiser
un Aléa Cyclo Tour sans l'aide de
PRO VELO Jura ! La liste des sites
et le plan des itinéraires sont tous
disponibles en ligne sur www.
provelojura.ch/alea-cyclo-tour
provelojura.ch
SAINT-GALL / APPENZELL :
MUSÉE DU VÉLO DE REHETOBEL
En avant, en arrière
D’ABORD produit de luxe, le vélo devient le moyen de transport des
ouvriers d’usine, perd de son importance avec l’avènement de la voiture
et fait aujourd’hui son come-back. C’est ce que l’on apprend, et bien plus
encore, au Musée du vélo de Rehetobel, géré par des membres de
PRO VELO et qui fêtera son 30 e anniversaire en 2024.
« Nous sommes une communauté de collectionneurs
et collectionneuses », raconte François
Cauderay, membre du comité de l’association
du Musée du vélo de Rehetobel.
Cette association compte une centaine
de personnes qui dénichent des vélos
historiques à rénover dans les fenils, les
greniers et les garages, les nettoient et les
remettent en état avec amour. Le musée
compte aujourd’hui près de 400 bicyclettes.
Outre celles qui servaient d’engins de loisirs
aux riches dans les années 1870, on y trouve
aussi celles que les ouvriers utilisaient avant
François Cauderay est dans son élément la Première Guerre mondiale pour se rendre
au Musée du vélo de Rehetobel. dans les usines ou sur les grands chantiers
des chemins de fer. Cauderay a beaucoup à
dire sur l’histoire du vélo : « C’est un aller-retour. » Le vélo a ainsi été considéré
comme un moyen de transport pendant les troubles de la Première
Guerre mondiale et de l’entre-deux-guerres. « C’est pour cette raison que
l’infrastructure cycliste a aussi été fortement développée jusque dans les
années 1930. » En outre, le boom du vélo a entraîné une forte augmentation
de la production en Suisse : « A l’époque, il y avait dans le pays jusqu’à
200 fabricants de vélos et d’innombrables marques comme Allegro, Cilo,
Condor, Mondia ou Tigra. » Mais ensuite, une plus grande place a été
accordée au trafic motorisé. L’image du vélo en a souffert : « Il est alors
devenu le symbole des gens pauvres et des enfants », dit Cauderay.
Le déclin de la culture cycliste s’est accompagné de la production de types
de vélos monotones : « Jusque dans les années 1970, il n’y avait presque
plus que des vélos avec un guidon droit. » La tendance s’est inversée avec
l’augmentation des embouteillages dans les villes et la crise pétrolière
vers 1973 : « Soudain, le vélo était à nouveau une alternative à la voiture. »
Les effets se font encore sentir aujourd’hui. « Certes, le vélo est aujourd’hui
utilisé le plus souvent pour les loisirs, comme à ses débuts », explique
Cauderay, « mais il se développe de plus en plus à nouveau comme moyen
de transport ». La rareté, le matériau de construction et le fonctionnement
des vélos anciens et récents fascinent. Mais les histoires qui se cachent
derrière sont également passionnantes. Par exemple, celle du musicien
populaire Hans Rechsteiner, né en 1893, qui a pédalé sur son vélo de
concert en concert pendant 70 ans, jusqu’à un âge avancé.
Mais le Musée du vélo ne se contente pas de raconter des histoires, il s’agit
aussi de vivre des expériences : les personnes intéressées (visites guidées en
groupe sur rendez-vous) peuvent tester quelques-uns des 50 vieux modèles
de bicyclettes en état de marche, le premier vendredi après-midi de chaque
mois, de mai à octobre. Par exemple, un vélo surélevé, un « vélo-fromage »,
un vélo Bonanza pour les jeunes ou un tricycle qu’on doit guider vers la
droite si on veut tourner à gauche. A l’occasion du 30 e anniversaire, une
exposition de vélos ayant servi aux Jeux olympiques, aux Championnats du
monde ou au Tour de Suisse est également prévue. OO
Pour plus d’informations :
velomuseum-rehetobel.ch
16 Régions Texte : Corinne Päper et Cynthia Khattar
PRO VELO Magazine