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Boxoffice Pro n°466 – 10 avril 2024

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aussi importante qu’en 2019 dans le réseau, soit 45 %<br />

des séances pour 38 % des spectateurs. De façon générale,<br />

l’accès aux films s’est nettement amélioré depuis<br />

le Covid, y compris sur les avant-premières. « Aujourd’hui,<br />

nous obtenons facilement les films en semaine 3, mais c’est<br />

leur exposition qui reste un sujet de tension avec les distributeurs<br />

», souligne Emmanuel Baron.<br />

Des séances “inutiles”<br />

Le débat n’est pas nouveau : face aux exigences des<br />

distributeurs, les salles entendent s’adapter à la spécificité<br />

de leurs territoires. Chez Véo, le nombre de séances a<br />

augmenté de 11,7 % par rapport à 2019, mais pour des<br />

moyennes plus faibles (22 spectateurs par séance contre<br />

25 avant le Covid). Les bordereaux à la séance, instaurés<br />

depuis l’été 2023, permettent d’objectiver ce phénomène<br />

en montrant que certaines séances se font à perte.<br />

« Nous avons été estomaqués du nombre de séances à moins<br />

de 4 spectateurs » témoigne Emmanuel Baron, pointant<br />

notamment « une dépense énergétique inutile ». Un vrai<br />

sujet dont la branche de la petite exploitation de la FNCF<br />

s’est emparée. Son président, Rafael Maestro, rappelle<br />

en effet que les crispations demeurent. « Sur un marché<br />

contraint de 185 000 entrées, dont 83 % se font toujours<br />

dans les 15 premiers jours d’exploitation, l’accès au film<br />

peut redevenir un sujet pour nos petites salles ». Il s’agit donc<br />

de mieux communiquer sur leurs atouts : « Une communauté<br />

de spectateurs, fidélisée par une proximité géographique<br />

et affective et un travail d’animation. »<br />

Renouveler les publics<br />

Un message à faire passer aussi auprès du public jeune,<br />

soit les 15-45 ans : « Consommez local, mais pas plus cher,<br />

dans un esprit de vivre ensemble : un vrai sujet politique<br />

La force d’un réseau et d’une équipe<br />

« Notre force, c’est d’être fédérés, et cela fait 35 ans que<br />

l’on apporte de la confiance », s’est réjoui Jean-Pierre<br />

Villa, président de la SAS Véo-Sagec-Ciné 32, qu’il a<br />

fondé aux côtés d’Alain Bouffartigue. Le regroupement<br />

de la programmation et de la facturation est aussi un<br />

atout pour les distributeurs, qui n’ont qu’un interlocuteur.<br />

Pour les salles, Véo est une force de proposition,<br />

par exemple en négociant des avant-premières pour<br />

l’ensemble du réseau, ou encore en ayant souscrit une<br />

offre groupée à l’agenda Access Dynamic, « que nous<br />

avons décidé, après une phase test de 6 mois, d’offrir à<br />

tous nos adhérents », a annoncé Emmanuel Baron lors<br />

qui dépasse le cadre des cinémas », estime Rafael Maestro,<br />

et qui interroge aussi le renouvellement de la profession.<br />

Les équipes des cinémas ont en effet connu beaucoup<br />

de turnover depuis le Covid, accueillant des personnes<br />

peu expérimentées. Or, comme le souligne un autre<br />

exploitant de Dordogne, « il faut des jeunes pour parler<br />

aux jeunes, il faut susciter des vocations, et pour ça, accepter<br />

toutes les demandes de stage que l’on reçoit ». Et bien sûr,<br />

il faut réfléchir à ce qu'on montre aux jeunes, en<br />

s’appuyant notamment sur les recommandations du<br />

comité 15-25 de l’Afcae.<br />

Reste qu'ici comme ailleurs, les inquiétudes sont<br />

grandes sur l’éducation aux images, depuis la mise<br />

en place du RCD par l’Éducation nationale, qui, pour<br />

rappel, prive les enseignants de formation sur leur<br />

temps de travail. La mesure affecte particulièrement<br />

Collège au cinéma, et ce d’autant plus que beaucoup<br />

de séances scolaires passent désormais par la part<br />

collective du pass Culture. « C’est très bien pour un film<br />

comme Simone, mais cela ne s’accompagne pas d’un<br />

travail d'éducation », remarque Rafael Maestro, selon<br />

lequel “Collège”, « le principal pilier pour le renouvellement<br />

du public, est en train de disparaître ».<br />

Les exploitants s’inquiètent par ailleurs de la pérennité<br />

du pass Culture, même si Yves Le Pannerer, conseiller<br />

cinéma à la Drac Nouvelle-Aquitaine, ne pense pas<br />

que l’outil, encore en cours de déploiement et qui<br />

génère des entrées en salles, s’arrêtera de sitôt. Quant<br />

à Lycéens au cinéma, la réforme du lycée a aussi un<br />

impact : à Sarlat cette année, on compte <strong>10</strong>0 élèves de<br />

moins sur le dispositif. Bref, de l’avis de tous, il est<br />

urgent que les ministères de la Culture et de l’Éducation<br />

nationale se parlent.<br />

de cette AG. L’équipe qu’il dirige s’est renforcée ces<br />

derniers mois, avec la nomination de Thomas Lenne en<br />

tant que directeur adjoint, mais aussi l’arrivée au pôle<br />

logistique de Laurence Bourgeois et d’Aurélien<br />

Uribelarréa. Cinq personnes travaillent ainsi principalement<br />

à la gestion des disques durs et KDM <strong>–</strong> toujours<br />

un gros sujet de (pré)occupations ! <strong>–</strong> sept à la<br />

programmation, répartis entre Auch, Egletons et Lyon,<br />

tandis qu’Aurélie Bordier s’occupe de la distribution et<br />

de l’Unipop de ville en ville, ce qui dépasse les salles de<br />

l’entente.<br />

©Cécile Vargoz<br />

De la réforme art et essai à l’écologie<br />

des salles<br />

Bien entendu, les débats sont revenus sur la réforme<br />

du classement art et essai, dont les contours seront<br />

dévoilés à Cannes lors des Rencontres nationales de<br />

l’Afcae. En attendant, les inquiétudes exprimées il y a<br />

un an, déjà à Cannes, sont toujours là : « Si la finalité<br />

de cette réforme, avec une enveloppe constante, est de<br />

subventionner davantage les salles des grandes villes au<br />

détriment des territoires ruraux, c’est inadmissible pour<br />

nous », a ainsi souligné Jean-Pierre Villa. L’équation<br />

reste donc difficile entre le soutien à la programmation<br />

la plus pointue et l'équité territoriale.<br />

Enfin, alors que le coût de l’énergie était au cœur des<br />

discussions l’an dernier, il s’agit dorénavant d’avoir une<br />

vision sur le long terme de l’empreinte carbone des<br />

cinémas. La commission de la FNCF dédiée à la transition<br />

écologique des salles, dont Jean Villa fait partie,<br />

vient de lancer un questionnaire pour objectiver les<br />

principaux sujets. « C’est très rapide à remplir, et plus les<br />

petites salles y répondront, plus nous serons crédibles »,<br />

a encouragé le directeur de Véo Cinémas, sachant que<br />

sur ce sujet aussi, les grands groupes n’ont pas forcément<br />

les mêmes priorités que les petits…<br />

©Véo Distribution<br />

Loup y es-tu ?<br />

Cécile Vargoz<br />

L’an dernier, Véo s’est lancé dans la distribution<br />

pour accompagner le documentaire de Clara<br />

Bouffartigue, immersion dans un centre<br />

médico-psycho-pédagogique, à la rencontre des<br />

équipes, des enfants et de leur famille. Sept mois<br />

après sa sortie, le film est toujours en salle,<br />

notamment aux 3 Luxembourg à Paris qui<br />

propose des débats chaque semaine. « Après 160<br />

ciné-débats en présence de la réalisatrice ou de nos<br />

Catherine Dolto et Clara Bouffartigue, lors d'un débat<br />

aux 3 Luxembourg en décembre, après la projection<br />

de Loup y es-tu ?<br />

L'équipe Véo sur la scène du Rex<br />

partenaires <strong>–</strong> notamment la Ligue des Droits de<br />

l’Homme et la Fédération des orthophonistes <strong>–</strong>, dont<br />

une séance à l’Assemblée nationale, nous avons<br />

réussi à fédérer un réseau de professionnels de la<br />

santé mentale, peu à peu élargi à tous les métiers du<br />

soin. Les étudiants en médecine, les écoles<br />

d'éducateurs, les syndicats d’enseignants s'intéressent<br />

à l’avenir des CMPP, et le film peut être vu<br />

aussi par des collègiens », explique Aurélie Bordier,<br />

ajoutant qu’un dossier pédagogique est en cours<br />

d’édition. À ce jour, Loup y es-tu ? totalise plus de<br />

<strong>10</strong> 000 entrées, et ce n’est pas fini : 40 cinés-débats<br />

sont déjà datés jusqu’en octobre <strong>2024</strong>.<br />

N°466 / <strong>10</strong> <strong>avril</strong> <strong>2024</strong><br />

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