Boxoffice Pro n°466 – 10 avril 2024
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PRODUCTION<br />
LA PRODUCTION FRANÇAISE<br />
RACCROCHE SON NIVEAU PRÉ-PANDÉMIQUE<br />
Après avoir atteint un niveau déjà fort prometteur en 2022, la production cinématographique<br />
française de 2023 est boostée par les diffuseurs-financeurs. Une croissance des<br />
investissements qui va de pair avec un rebond notable du nombre de films dits “du<br />
milieu” et des tournages recentrés sur le territoire français.<br />
©<strong>2024</strong> Chapter 2-Pathe Films-M6 Films-Fargo Films<br />
71 M €), des diffuseurs payants (+43,1 %,<br />
233,5 M €) ou des chaînes publiques<br />
(+29,8 %, 79,4 M €). Avec 154,1 M €<br />
engagés en 2023, Canal+ reste toujours<br />
le premier financeur parmi les diffuseurs<br />
(plus de 40 % des apports totaux de ces<br />
derniers), et France 2 le premier parmi<br />
les chaînes gratuites (12,6 % des apports<br />
avec 48,3 M €).<br />
Tenues depuis 2021 à participer au<br />
financement de la création française,<br />
les plateformes étrangères (Netflix,<br />
Disney+, Prime Video, HBOMax) se<br />
sont engagées sur 39 films en 2023,<br />
pour un montant global de 48 M €, soit<br />
plus du double en un an (17 films et<br />
23 M € en 2022).<br />
Pendant ce temps, si 80,1 % des films<br />
bénéficient de mandats (distribution<br />
salles, édition vidéo et export), ces<br />
derniers poursuivent leur tendance à la<br />
baisse, et représentent 9,5 % des devis<br />
en 2023 (12,5 % en 2022). Quant à la<br />
part des soutiens publics (automatique,<br />
soutien et aides régionales), elle reste<br />
stable à 8,3 % (contre 7,9 % en 2022<br />
et 8,8 % en moyenne en 2017-2019).<br />
Par ailleurs, pour la troisième année consécutive, le devis<br />
moyen des FIF progresse pour atteindre 4,78 M €, au<br />
plus haut depuis 2017 (4,90 M €). Quant au devis médian,<br />
il progresse également pour s’établir à 3,26 M € (contre<br />
2,85 M € en moyenne sur la période 2017-2019), soit à<br />
son deuxième plus haut niveau de la décennie (derrière<br />
2017 où il était monté à 3,53 M €).<br />
Le retour des films du milieu<br />
Dans le détail des productions, depuis 2009, on n’avait<br />
pas observé autant de films entre 1 M € et 4 M € de<br />
budget, qui représentent près de 42 % des titres produits<br />
2023. Également à son plus haut niveau depuis 2004,<br />
la part des films du milieu, entre 4 M € et 7 M €, bondit<br />
de 15,9 % à 23,7 % entre 2022 et 2023. À l’inverse, celle<br />
des films de moins d’1 M € de budget, à 18,6 %, est au<br />
plus bas depuis 2009. Seule catégorie de projets stable<br />
depuis 2022, les films de plus de 7 M € de budget représentent<br />
15,7 % de l’ensemble des films.<br />
Enfin, 2023 compte huit blockbusters français, à plus<br />
de 20 M € de budget (contre quatre en 2022) : Le Comte<br />
de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de<br />
La Patellière, De Gaulle partie 1 et De Gaulle partie 2 de<br />
Antonin Baudry, L’Amour ouf de Gilles Lellouche, Emilia<br />
Perez de Jacques Audiard, Monsieur Aznavour de Mehdi<br />
Idir et Grand Corps Malade, Emmanuelle de Audrey<br />
Diwan, et la production majoritaire Chickenhare 2 (Hopper<br />
et le hamster des ténèbres 2) de Benjamin Mousquet.<br />
Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre<br />
de La Patellière, le seul film français qui a dépassé les 40 M€ de<br />
budget en 2023. Pour rappel, le film est attendu pour le 28 juin<br />
dans les salles françaises.<br />
Selon le bilan livré par le CNC le 25 mars, avec 298<br />
films agréés, la production française de 2023 a retrouvé<br />
le niveau des années 2017-2019. Cette dynamique est<br />
particulièrement portée par les films d’initiative française<br />
(FIF), au nombre de 236 en 2023 contre 208 en 2022.<br />
L’année écoulée est également caractérisée par un nombre<br />
record de films d’animation (18 contre 13 en 2022),<br />
tandis que les documentaires sont en baisse (40 contre<br />
54 en 2022).<br />
Financement, une part diffuseur en<br />
progression<br />
Peu de changements sont observés dans la structuration<br />
du financement du cinéma. Sa première source demeure<br />
les apports producteurs (sachant qu’une partie sera<br />
ultérieurement couverte par le crédit d’impôt) qui<br />
représentent 38,8 % des capitaux (contre 39,5 % en<br />
2022). Parmi les autres partenaires majeurs, les diffuseurs<br />
voient leur contribution monter à 34 % <strong>–</strong> soit une nette<br />
hausse par rapport à 2022 (+29,7 %) et le plus haut<br />
niveau depuis 2015 (35,5 %). Leurs investissements<br />
atteignent ainsi un niveau record, à 383,9 M € en 2023.<br />
Une hausse de financement qui concerne tous les diffuseurs,<br />
qu’il s’agisse des chaînes privées gratuites (+50,4 %,<br />
Devis en hausse<br />
Sur l’année écoulée, la production l’an<br />
passé a représenté un total de 1,34 Md €<br />
d’investissements (+13,6 % par rapport à 2022 et +12,9 %<br />
par rapport à la moyenne 2017-2019), dont 1,1 Md €<br />
de la part des partenaires français. Des investissements<br />
qui auront d’ailleurs particulièrement bénéficié aux FIF<br />
(1,13 Md €, +23,4 % sur un an et +14,8 % par rapport<br />
à l’avant crise), tandis que les investissements sur les<br />
coproductions à majorité étrangère sont en recul (214,75<br />
M €, -19,8 % mais +3,8 % par rapport à l’avant crise).<br />
Shot in France<br />
Parallèlement au volume de production, le nombre de<br />
jours de tournage sur le territoire français a cru de 22,2 %<br />
entre 2022 et 2023 pour atteindre 5 055 jours. Les jours<br />
de tournage à l’étranger progressent également de 8,7 %<br />
pour s’établir à 1 322 jours, mais reste toujours en dessous<br />
des niveaux d’avant crise (1 436 jours en moyenne). Près<br />
de 80 % des jours de tournage sont ainsi localisés en<br />
France, contre 77 % avant la crise.<br />
Ayşegül Algan<br />
26 N°466 / <strong>10</strong> <strong>avril</strong> <strong>2024</strong>