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6 PRÉSENCE N o 3 AVRIL 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 3 AVRIL 2024 7 ACCORD DE PLEINE COMMUNION ENTRE LES ÉGLISES VIEILLES-CATHOLIQUES ET L’ÉGLISE INDIENNE MAR THOMA BERNARD BOULENS AVEC LA DOCUMENTATION OFFICIELLE DE L’UNION D’UTRECHT ET LE JOURNALISTE CORRESPONDANT RICHARD J. MAMMANA Accord de pleine communion entre les Églises Vieilles-catholiques et l’Église indienne Mar Thoma pour la restauration de l’unité des chrétiens. De plus, ce rapprochement entre les continents souligne que la communauté universelle appartient à la foi catholique. Il est particulièrement encourageant de voir l’Église s’épanouir en Inde. L'Archevêque d’Utrecht Bernd Wallet et le Métropolite Theodosius Mar Thoma (au centre) célèbrent l'accord de pleine communion entre leurs Églises. L’Archevêque d’Utrecht, Mgr Bernd Wallet a participé à la célébration du samedi 10 février, à Tiruvalla dans l’Etat indien du Kerala, lors de laquelle les Églises Vieilles-catholiques unies dans l’Union d’Utrecht, dont bien sûr l’Église catholique-chrétienne de la Suisse, entrent en pleine communion ecclésiale avec l’Église syrienne Malankar Mar Thoma. Cela contribue à la réconciliation des Églises chrétiennes d’Orient et d’Occident. Les fidèles peuvent désormais participer pleinement à la vie des deux Églises. De cette façon, le dialogue œcuménique relie les personnes au-delà des frontières ecclésiastiques, culturelles et théologiques. Cet accord a été travaillé pendant plus de 15 ans, y compris par une commission de théologiens. Dans leur déclaration commune, ils soulignent que les Églises ont des racines communes dans la foi de l’Église primitive, qu’elles ont une riche spiritualité sacramentelle et qu’elles ont une organisation similaire avec les Évêques et les Synodes. De plus, elles valorisent leur attachement à leur environnement social et culturel et ont une forte orientation œcuménique. L’accord, qui a été signé le 10 février 2024 prévoit la reconnaissance mutuelle des ministères et des sacrements, ainsi que le plein accès des membres d’une Église à la vie ecclésiale de l’autre. Auparavant, les Églises vieilles-catholiques avaient conclu des accords similaires avec les Églises anglicanes, l’Église indépendante des Philippines et l’Église de Suède. Être Église au-delà des frontières géographiques et culturelles Mgr Bernd Wallet, Archevêque d’Utrecht et président de la Conférence Internationale des Évêques Vieux-catholique de l’Union d’Utrecht, a souligné que cette étape est un signe d’espérance pour l’œcuménisme : « Parfois, il semble que l’œcuménisme soit dans une impasse. Cependant, cette étape historique montre que l’Esprit Saint continue à nous encourager à travailler Alors que de nombreuses Églises en Europe semblent fatiguées, il y a peu de signes de cela en Inde, bien qu’elles aient une histoire au moins aussi longue que le christianisme européen. Selon la tradition, l’Église Mar Thoma a été fondée par l’Apôtre saint Thomas en l’an 52. » Indépendantes et axées sur la communauté L’Église syrienne Mar Thoma et l’Église Vieille-catholique sont à la fois autonomes et orientées vers la communauté. Une partie du profil particulier de l’Église Mar Thoma est qu’elle combine à la fois l’héritage syrien et indien et a absorbé les influences de l’Église anglicane et du mouvement œcuménique aux XIX e et XX e siècles. Une partie de son développement historique est qu’elle n’a pas participé au Concile de Chalcédoine (451) avec sa doctrine des deux natures dans le Christ, la divine et l’humaine. Cela a semblé être un problème dans le dialogue pendant longtemps, jusqu’à ce qu’il devienne clair que l’Église Mar Thoma n’est pas concernée par le rejet de cette doctrine des deux natures, mais qu’elle a simplement pris un chemin différent et propre à travers l’histoire. Les deux Églises professent, bien qu’en des termes différents, que le Christ est entièrement divin et La communion entre les Églises européennes et indiennes après des siècles de séparation. humain. Ce point de vue différent a séparé les Églises, y compris l’Église syrienne Mar Thoma et l’Église Vieille-catholique, pendant un millénaire et demi, mais a maintenant été formellement surmonté. L’avenir de l’œcuménisme catholique-protestant Ensemble, les deux Églises réussissent aussi à surprendre : elles unissent des choses qui sont souvent considérées comme typiquement protestantes ou typiquement catholiques. Par exemple, les Évêques et les Synodes ont à la fois une liturgie sacramentelle et une forte orientation vers l’Écriture Sainte, une forte conscience historique et en même temps une orientation vers la culture du présent. C’est d’ailleurs dans cette combinaison qu’ils se retrouvent. Peut-être seront-ils ainsi un modèle pour l’avenir des catholiques et des protestants qui cherchent à se retrouver œcuméniquement. L’Église Mar Thoma À propos de la signature de cet accord de pleine communion, l’Archevêque Bernd Wallet, président de la Conférence Internationale des Évêques a déclaré : « La communion mondiale fait partie de l’Église catholique. Cette nouvelle communion s’ajoute à la communion ecclésiale qui existe déjà avec l’Église luthérienne de Suède, l’Église indépendante des Philippines et les Églises anglicanes. J’ai hâte de poursuivre notre voyage ensemble. » L’Église Mar-Thoma, connue sous le nom d’Église syrienne Malankara Mar Thoma, compte plus d’un million de membres en Inde, vivant principalement dans l’État méridional du Kerala en Inde. Par l’intermédiaire des émigrants et des missionnaires, cependant, elle est reliée à de nombreux pays du monde. Avec cette communion, entrent en communion deux Églises qui ont une vision différente des décisions du quatrième concile œcuménique de Chalcédoine en 451. Le concile de Chalcédoine avait traité de la relation entre la nature divine et la nature humaine en Jésus-Christ et avait défini la doctrine dite des deux natures, selon laquelle le Christ est considéré comme vrai Dieu et vrai homme en même temps.
8 PRÉSENCE N o 3 AVRIL 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 3 AVRIL 2024 9 Accord de pleine communion entre les Églises Vieilles-catholiques et l’Église indienne Mar Thoma Accord de pleine communion entre les Églises Vieilles-catholiques et l’Église indienne Mar Thoma Au cours des discussions, il est apparu clairement que l’Église Mar Thoma et les Églises Vieilles-catholiques de l’Union d’Utrecht sont d’accord sur la croyance fondamentale concernant l’enseignement du Concile de Chalcédoine. La différence est que les Églises vieilles-catholiques expriment cette foi selon la tradition et le langage du Concile, mais pas l’Église Mar Thoma. Il y avait un consensus entre les deux Églises sur le fait qu’il s’agissait avant tout de l’essence de la foi, et non de la formulation. L’Église Mar Thoma ne rejette pas le Concile de Chalcédoine ni les Conciles œcuméniques ultérieurs du premier millénaire, mais leur témoigne de l’estime et du respect. Pour les deux Églises, le caractère contraignant des trois premiers conciles œcuméniques, tel qu’il s’exprime surtout dans le Credo de Nicée-Constantinople, est essentiel. Par conséquent, ils reconnaissent qu’ils reçoivent la même foi de l’Église primitive à travers leurs traditions et leurs histoires respectives, de sorte que le nombre de conciles œcuméniques qu’ils reconnaissent n’affecte pas leurs relations les uns avec les autres. De cette façon, le dialogue entre les deux Églises, malgré ces approches théologiques différentes, a réussi à surmonter cet obstacle à la communion. Cette étape historique signifie que les ministères et les sacrements seront mutuellement reconnus, et que les membres d’une Église pourront participer pleinement à la vie ecclésiale de l’autre. Les deux Églises ont pu se trouver parce qu’elles ont leurs racines dans la foi de l’Église primitive et qu’elles ont reconnu les points de vue de l’autre comme pleinement orthodoxes. Elles ont une riche spiritualité sacramentelle, une organisation ecclésiale avec une direction épiscopale et des synodes, un fort engagement en faveur de l’œcuménisme et sont étroitement liés à la culture locale. Malgré les divergences sur l'ordination des femmes et le mariage homosexuel, qui ont profondément divisé les Églises anglicanes, les Églises Vieilles-catholiques de l'Union d'Utrecht et l'Église syrienne Malankara Mar Thoma se réjouissent à l'idée de coopérer dans le domaine de la justice sociale et de l'aide aux populations migrantes. La célébration de cet accord a eu lieu à Thomas Mar Thoma Church à Thiruvalla, Kerala dans le sud de l’Inde. Elle s'est déroulée en malayalam, en anglais et en allemand. L'église Mar Thoma a son siège dans cette petite ville. Les origines de l'Église syrienne Malankara Mar Thoma remontent à l'an 52 et au ministère de l'Apôtre Thomas. Elle compte environ 1,2 million de membres en Asie, en Europe, au Moyen- Orient et en Amérique du Nord. Theodosius Mar Thoma est le 22 e métropolite de l'Église malankare et le premier à être né après l'indépendance de l'Inde. Il est en poste depuis 2020. Depuis 1979, le clergé de l'Église Mar Thoma peut servir dans l'Église épiscopale. Un Évêque épiscopalien peut exercer un contrôle sur une congrégation Mar Thoma à la demande de son métropolite. Fortement encouragés par les missionnaires occidentaux, les chrétiens de Mar Thoma ont connu une réforme au XIX e siècle qui a mis l'accent sur l'étude des Écritures et la formation de disciples au sein de la congrégation. En 1875, l'Église Mar Thoma s'est officiellement séparée de l'Église syrienne orthodoxe, bien qu'elle continue d'utiliser une version du rite syrien occidental. Aujourd'hui, l'Église compte 700 missionnaires, 12 hôpitaux, 13 maisons de retraite et environ 1250 lieux de culte. L'Union d'Utrecht des Églises Vieilles-catholiques a été créée en 1889 pour rassembler le clergé et les laïcs catholiques européens qui rejetaient la doctrine de l'infaillibilité pontificale. Elle comprend des diocèses membres à part entière en Autriche, en République tchèque, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne, en Suisse et dans quelques juridictions plus petites. Elle est en pleine communion avec la Communion anglicane depuis l'Accord de Bonn (1931) ; l'Église épiscopale a ratifié cet accord en 1934. Le très révérend Bernd Wallet, Archevêque d'Utrecht, est en poste depuis 2021. L'Union d'Utrecht compte environ 60’000 membres. Cette nouvelle relation reflète la communion au-delà de différences significatives, y compris en matière de doctrine et de pratique. L'Église Mar Thoma, comme d'autres Églises chrétiennes orientales, est pré-chalcédonienne dans son orientation théologique et son langage. Les Églises Vieilles-catholiques, comme la plupart des Églises occidentales, affirment la définition de la nature humaine et divine du Christ donnée par le concile de Chalcédoine. Ce dialogue de 15 ans a permis aux Églises Mar Thoma de parvenir à une position consensuelle selon laquelle, bien qu'elles soient pré-chalcédoniennes en raison des réalités historiques, elles ne sont pas anti-chalcédoniennes. Les pratiques des Églises en matière d'ordination et de mariage présentent également des différences, mais celles-ci ne sont pas considérées comme des obstacles à la pleine communion. Les Églises Vieilles-catholiques de l'Union d'Utrecht ont principalement adopté des positions affirmant à la fois l'ordination des femmes à tous les ordres et la possibilité de bénir les mariages entre personnes du même sexe. Depuis 1987, l’Églises Mar Thoma considère qu'il n'y a pas d'obstacle théologique à l'ordination des femmes, bien qu'elle ne la pratique pas pour des raisons culturelles et traditionnelles. Les deux Églises ont été des membres fondateurs du Conseil œcuménique des Églises en 1948. Cet accord peut avoir des expressions initiales fortes dans l'éducation et la formation partagées, dans le ministère sacramentel auprès des populations transnationales et migrantes, dans l'aide en cas de catastrophe et en tant que ressource théologique pour d'autres dialogues. Les participants Vieux-catholiques au dialogue se sont rendus en Inde pour la célébration de cette année, où ils ont été rejoints par des théologiens de Mar Thoma et une grande assemblée avec des chœurs complets. John Ekemenzie Okoro, citoyen autrichien né au Nigéria et Évêque vieux-catholique d'Autriche de 2008 à 2015, a clôturé la célébration par un hymne entraînant et cette simple bénédiction : « Dieu, nous te remercions pour ce moment historique. S'il te plaît, bénis nos églises ! » Bernard Boulens Avec la documentation et les photos de l’Union d’Utrecht
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