19 - communisme-bolchevisme

Comme nous l'avons déjà signalé, les communistes de la zone d'occupation soviétique ont réussi,
grâce à l'application stricte de la politique d'unité et de front populaire élaborée au VIIème congrès
mondial de 1946, l'unité organisationnelle du mouvement ouvrier par la fusion du SPD et du KPD en
SED. Cette fusion s'est effectuée sur la base des théories de Marx et Engels adoptées conjointement
par les deux partis et, grâce à un travail de formation idéologique effectif énorme, ce qui a permis en
très peu de temps aux membres du parti une large unité idéologique. Il en reste des preuves
impressionnantes dans le long discours d'Otto Grotewohl, coprésident issu de l'ex-SPD, à l'occasion du
trentième anniversaire de la Révolution de Novembre, discours intitulé "Il y a trente ans", qui a
également été publié sous forme de livre. Le pas important suivant dans le développement idéologique
du parti fut de poursuivre sa transformation de parti marxiste en un parti marxiste-léniniste. Ce parti
appliquera les principes d'oeuvres telles que, principalement, "L'Etat et la Révolution" et "Le
Gauchisme, maladie infantile du communisme" de Lénine, et bien évidemment "L'histoire du PCUS"
(bolchevique) ainsi que d'autres ouvrages de Staline.
Dans la lutte contre le révisionnisme du PC yougoslave condamné par l'Informbureau, le SED était en
première ligne.
Quoiqu'il en soit, le travail idéologique du SED tout comme celui des partis communistes de tous les
pays socialistes a souffert du fait que les théories des fondateurs du marxisme-léninisme et de Staline
ont souvent été utilisées comme des dogmes dont la justesse n'avait pas besoin d'être vérifiée, vu
qu'elle était préétablie. C'est ainsi que l'on a inculqué un culte de l'autorité qui permettra plus tard à la
direction révisionniste du PCUS de détourner tout le mouvement de la voie marxiste sur la voie
révisionniste, d'ailleurs sous le prétexte de corriger ainsi les déviations stalinistes et de revenir sur la
voie léniniste.
Quelle est la part de la RDA et du SED dans la lutte contre l'offensive du révisionnisme qui battait son
plein lors du XXème Congrès du PCUS ? Cette offensive a été lancée par la Yougoslavie de Tito et
ses acolytes dans la communauté des Etats socialistes, la fraction khrouchtchévienne du PCUS, la
Pologne de Gomulka et la Hongrie et Imre Nagy et Kadar. A l'avant garde de cette lutte contre les
forces révisionnistes se trouvaient le PC chinois sous la direction de Mao Tsétoung et Chou En Laï et
les léninistes du PCUS, soutenus essentiellement par l'Albanie d'Enver Hoxha, la RDA et la
Tchécoslovaquie.
Dans les pays capitalistes c'est surtout le PC français, tant qu'il a eu à sa tête Maurice Thorez et
Jacques Duclos, qui s'est opposé à la ligne Khrouchtchev et — peut-être avec moins de rigueur — le
PC italien sous la direction de Palmiro Togliatti. Mais impressionnés par les "révélations"
khrouchtchéviennes sur Staline, de nombreux partis communistes ont bifurqué sur la voie
antisoviétique, "eurocommuniste", autrement dit révisionniste, après l'intervention en Tchécoslovaquie
en août 1968.
Le grand problème pour le mouvement, était que la lutte et les débats se faisaient derrière une façade
d'unité du camp socialiste, loin de la publicité du parti. Les khrouchtchéviens déguisèrent leurs
attaques envers le marxisme-léninisme en lutte contre le "stalinisme". Ils firent rentrer le cheval de
Troie, le révisionnisme titiste, dans leurs propres rangs comme une "réparation des erreurs de Staline"
et une "restauration de l'unité des pays socialistes détruite par Staline". Ils ont diffusé les conceptions
révisionnistes au sein du parti sous prétexte de lutte contre le dogmatisme et pour le développement de
la démocratie dans le parti; ils ont estompé la lutte de classe en prétendant que dans les nouvelles
conditions et dans l'intérêt du maintien de la paix, on ne pouvait continuer la lutte de classe sous la
même forme et avec la même intensité.
La lutte contre les directions des partis des pays socialistes qui s'en tenaient aux principes marxistesléninistes
ne s'est pas faite ouvertement sous influence directe de l'Union Soviétique, mais
insidieusement, pour ainsi dire en coulisses.
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