19 - communisme-bolchevisme

C'était le début de la scission dans le camp socialiste provoqué et initié essentiellement par la direction
khrouchtchévienne du PCUS.
Une telle situation était bien difficile et pleine de dangers pour tous les pays socialistes et les partis
communistes. Elle était particulièrement difficile pour la République Démocratique Allemande et son
parti dirigeant, le SED, le Parti Socialiste Unifié d'Allemagne qui était l'unique pays socialiste
d'Europe issu de la partition d'un Etat autrefois unifié. Il était sur toute la longueur de sa frontière face
un Etat allemand impérialiste qui s'était réservé les régions d'Allemagne les plus riches et les plus
développées économiquement et qui allait bientôt devenir la puissance impérialiste la plus forte
d'Europe et la deuxième puissance mondiale derrière les Etats-Unis.
Face à un tel adversaire, il était vain de vouloir se débrouiller tout seul. L'existence de la RDA
dépendait d'une protection contre l'annexion, fournie par le frère soviétique. Plus que dans tout autre
pays socialiste la direction du parti au pouvoir devait veiller à ne donner aucun prétexte aux
impérialistes pour enfoncer un coin entre leur propre pays et l'Union soviétique. D'autre part, une
direction de parti voulant préserver son caractère marxiste-léniniste ne pouvait rester indifférent à
l'introduction de conceptions révisionnistes. Celles-ci provenaient du PCUS depuis au moins 1955,
date de la réhabilitation totale de Tito, et se manifestaient surtout après le XXème Congrès.
Ulbricht en point de mire
La direction du SED avec Walter Ulbricht comme secrétaire, a alors mené une lutte tant décidée que
souple pour défendre la ligne marxiste-léniniste du SED. Mais Walter Ulbricht ne se trouva pas
seulement pris sous le feu de l'ennemi de classe à Bonn mais il fut de plus en plus souvent contraint
d'esquiver des pièges et de les neutraliser. Ces pièges ne trouvaient pas leur origine à l'Ouest, mais
bien à l'Est.
Jusqu'à la chute de Khrouchtchev en octobre 1964, Ulbricht a marché sur une corde raide, faisant
preuve d'une magnifique maîtrise politique. Sans cesse, il devait résister aux tentatives de
Khrouchtchev de mettre le SED sur la voie révisionniste, à l'instar des partis polonais et hongrois. En
même temps il devait aussi neutraliser toutes les tentatives de semer la discorde entre le SED et le
PCUS ou de semer le doute sur l'amitié fidèle de la RDA envers l'Union Soviétique.
Plus tard on aura l'occasion, sur base de documents soviétiques, de prouver comment la clique
Khrouchtchev a tenté de renverser Walter Ulbricht, comme elle avait réussi à le faire en Hongrie avec
Rakosi. Mais même sans ces documents on peut prouver que ces tentatives n'ont commencé qu'après
le mort de Staline, la première a eu lieu en mai-juin 1953 et il y en eut une autre suite au XXème
Congrès du PCUS.
On peut également affirmer que les attaques de Khrouchtchev contre Enver Hoxha et le PC chinois au
XXIIème Congrès visaient tous les dirigeants de partis qui s'opposaient à la ligne révisionniste, entre
autres et en première ligne, Walter Ulbricht.
La dernière tentative eut lieu en 1964. En cette année-là, Khrouchtchev a porté le coup décisif à son
adversaire le plus dangereux, Mao Tsétoung et le PC chinois. Pour l'automne 1964, il avait préparé
une conférence des partis communistes au cours de laquelle il voulait obtenir l'unanimité sur
"l'excommunication" du PC chinois de la famille des partis communistes.
C'est pour en discuter que Palmiro Togliatti avait fait le voyage avec une déclaration qui est passée
dans l'histoire du mouvement ouvrier comme son testament, vu qu'il a trouvé la mort au cours du
voyage qui l'emmenait en Union Soviétique.
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