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LOI DE 1973 - Etienne Chouard - Free

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Michel ROCARD : On peut prendre un exemple assez simple : le chômage. Chaque fois qu’on<br />

en parle, la presse vous donne le chômage de ce mois-ci, et le chômage de deux mois avant -<br />

parfois de trois mois avant. La dernière année de plein emploi en France c’est 1972. Pour<br />

comprendre quelque chose à l’évolution du chômage il faut le regarder par demi-siècle. Il s’est<br />

cassé quelque chose dans nos sociétés. Ce n’est qu’un exemple, c’est partout comme ça. De la<br />

même façon, la fiscalité. On est en train de faire le budget de l’Etat, il doit être en discussion<br />

en ce moment, il y a quelques nouveaux impôts dedans. Le vrai problème fiscal de la France,<br />

c’est sa réconciliation avec son histoire. Nous avons empilé des quantités d’impôts qui peutêtre<br />

pèsent trop. Il faudrait regarder tout l’ensemble : c’est ça que je veux dire. La France a<br />

besoin de se reprendre un peu, au nom d’une vision longue.<br />

[Annonce : Sur Europe 1, Olivier DUHAMEL, Michel FIEL, Mediapolis spéciale avec Michel<br />

ROCARD]<br />

[Archive : François HOLLAN<strong>DE</strong> : « C’est une bonne journée pour l’Europe. Depuis le sommet<br />

de la fin du mois de juin, nous avons avancé et nous avons pu régler cette nuit-même et la<br />

question de la Grèce et la question de l’Union bancaire. Alors voilà : lorsque l’Europe avance,<br />

nous devons et notamment en France, le souligner. Parce que ce qui s’est passé au mois de<br />

mai, avec le vote des Français, a été je crois, un des éléments qui a permis d’arriver à ce<br />

résultat. Maintenant, il faut le consolider. »]<br />

Michel FIELD : Le Président HOLLAN<strong>DE</strong> le 13 décembre dernier à Bruxelles. Alors cette crise de<br />

l’Euro, la sortie de la crise européenne, c’est le leitmotiv de François HOLLAN<strong>DE</strong>. D’un certain<br />

point de vu, lui qui n’est pas étouffé par la quotidienneté, en gros, sa théorie c’est : les crises<br />

sont cycliques et toutes les mesures que nous prenons aujourd’hui, c’est en attente du début<br />

de la reprise à venir, nécessaire parce que les crises sont cycliques dans le capitalisme. Vous<br />

partagez cette forme d’optimisme raisonnable du Président HOLLAN<strong>DE</strong> ?<br />

Michel ROCARD : je ne partage pas beaucoup cette vision. Je ne crois pas que les crises soient<br />

cycliques. Permettez-moi de rappeler que de 1945 à 1972 ou 73, il n’y a jamais, JAMAIS – ça<br />

fait près de 30 ans – JAMAIS eu de crise financière, pas de crise cyclique. On savait faire. On a<br />

méthodiquement cassé tous les régulateurs qui empêchaient ça depuis, et<br />

maintenant nous avons retrouvé une grande crise cyclique tous les 4 ou 5 ans, c’est<br />

vrai. Ça fait un cycle presque court. Mais ce n’est pas la vraie analyse de ce qui se passe<br />

maintenant. Il faut se souvenir de Lehman Brothers à qui j’ai fait allusion tout à l’heure. Il y a<br />

eu en 2007-2008 une explosion mondiale terrible qui a commencé aux Etats-Unis, avec une<br />

explosion dans l’immobilier. On avait trop prêté sans faire attention aux conditions auxquelles<br />

on prêtait, il y avait même une prime supplémentaire – la sub-prime et ce système bancaire a<br />

fait une bulle, et a complètement explosé. Ça, ça a dégénéré et ça a entraîné une faillite<br />

générale, qui avec la faillite de Lehman Brothers et celle d’un millier de banques américaines<br />

quand même, a entrainé un début de récession mondiale. On a eu -3% du PIB en 2009. C’était<br />

une crise de la finance purement privée, les Etats n’y étaient pour rien. Mais nous étions déjà<br />

dans un système qui encourageait les Etats à s’endetter. Qu’est-ce qu’on a fait à ce moment là<br />

? On a décidé au G20 (proposition : SARKOZY d’ailleurs, soutient immédiat : OBAMA, écriture<br />

du texte : Premier ministre anglais – BROWN, il s’appelait – et on a décidé de faire intervenir<br />

les contribuables, les Etats pour empêcher les banques de s’écraser plus complètement. On a<br />

donc presque créé une nouvelle crise, celle de la dette souveraine, qui n’existait pas avant,<br />

parce qu’on a aggravé les situations.<br />

Olivier DUHAMEL : Il y avait moyen de faire autrement ?<br />

Michel ROCARD : Je ne suis pas sûr qu’il y avait… enfin « moyen de faire autrement » : c’est<br />

formidable ! Rappelons-nous quelque chose : la Banque de France a été créée en 1801 et<br />

jusqu’en 1874 (ça fait quand même du temps, hein)…<br />

Michel FIELD : oui, ce n’est pas la quotidienneté, oui…<br />

Michel ROCARD : … elle finançait l’Etat sans intérêt. Sans intérêt. Si on était resté là,<br />

aujourd’hui, avec tous les emprunts qu’on a fait depuis – puisqu’on emprunte tous les ans – la<br />

dette publique française serait de 16 ou 17% du Produit National Brut. Mais en 1974 , on a<br />

Loi de <strong>1973</strong> : les aveux de Rocard + controverse janvier 2013 8/359

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