QUAND MATERNITÉ RIME
QUAND MATERNITÉ RIME AVEC VULNÉRABILITÉ Depuis peu, les sages-femmes de la maternité réalisent auprès des femmes enceintes un dépistage des vulnérabilités psychosociales. Pour ce faire, elles utilisent l’outil Born in Belgium Professionals, qui permet à tous les prestataires de soins d’avoir une vue globale de chaque situation. 15 sages-femmes font des anamnèses Déprime, disputes avec le partenaire, soucis financiers : certaines femmes ne vivent pas vraiment leur grossesse sur un petit nuage. Or, la vulnérabilité mentale ou sociale a un impact négatif sur la santé tant de la maman que de l’enfant. Les médecins et les sagesfemmes de la maternité du centre hospitalier Jan Yperman y sont confrontés tous les jours. Evelien Hahn (sage-femme en chef de la maternité) : « Les cas de consommation de drogue ou de médicaments ne sont pas rares chez les futures mamans. Des femmes enceintes qui consomment du cannabis par exemple. Si elles ne décrochent pas, le bébé risque de présenter des symptômes d’abstinence à la naissance. La violence du partenaire est également un sujet de préoccupation, de même que l’isolement social, les problèmes financiers, la dépression, les mauvaises conditions de logement … Autant de facteurs dont nous souhaitons déceler les signes dès le début de la grossesse, afin de pouvoir venir en aide à ces patientes au bon moment. » IDENTIFICATION Dans le passé déjà, la maternité s’intéressait à la situation psychologique et sociale des femmes enceintes. Lorsque c’était nécessaire, les psychologues et le service social étaient appelés en renfort (voir encadré). Grâce à l’outil numérique Born in Belgium Professionals, un projet pilote soutenu par l’INAMI, on réalise désormais une identification systématique des vulnérabilités. Evelien : « Toutes nos sages-femmes ont été formées à l’utilisation de cet outil. Nous essayons d’atteindre toutes les 4
LE PLUS TÔT EST LE MIEUX L’attention portée aux vulnérabilités psychosociales des femmes enceintes n’est pas quelque chose d’entièrement nouveau, mais Born in Belgium Professionals est le premier outil qui permet un dépistage systématique et structuré. Mieke Staelens (service social) : « Lors de la consultation en maternité, la sage-femme peut s’enquérir avec prudence des problèmes éventuels, dans une démarche qui n’est ni accusatrice ni stigmatisante. Il vaut mieux le faire en début de grossesse afin de pouvoir prendre des mesures préventives. On évite ainsi d’avoir à chercher dans la précipitation, après l’accouchement, des solutions à des problèmes matériels ou psychologiques. De nos jours, la période d’hospitalisation n’est que d’environ trois jours, ce qui représente un délai très serré au vu des listes d’attente actuelles. » Au service social, Mieke Staelens et Flore Colpaert se concentrent sur les problèmes de la mère et de l’enfant. Certains psychologues travaillent eux aussi prioritairement avec ce groupe cible. Mieke : « Nous ne pouvons pas résoudre toute la misère du monde. Mais cette approche fera la différence pour beaucoup de mamans et de bébés. » Sage-femme en chef Evelien Hahn et chef de service docteur Jan Quintelier Mieke Staelens futures mamans lors de la consultation prénatale. Une liste de 24 questions nous permet de déceler les vulnérabilités éventuelles. Et cela ne prend qu’une petite demi-heure. » PLATE-FORME PARTAGÉE Lorsque cette anamnèse déclenche des signaux d’alarme, on peut agir. Pour les mamans qui éprouvent des difficultés à s’occuper d’elles-mêmes et de leur bébé, on prévoit par exemple une prise en charge dans l’un des centres spécialisés. Un soutien psychologique, une aide administrative ou un accompagnement en matière de toxicomanie font également partie des possibilités. Docteur Jan Quintelier (chef de service de la maternité) : « L’outil évite la fragmentation, car Born in Belgium Professionals fait aussi office de plateforme partagée. Grâce à celle-ci, tous les prestataires d’aide et de soins autorisés sont informés du réseau professionnel mis en place autour de la femme enceinte et savent quels services ont déjà pris telle ou telle mesure. De cette manière, la femme ne doit pas chaque fois raconter à nouveau son vécu. Une fois, c’est déjà assez douloureux. » Secrétariat maternité 057 35 60 61 ym1@yperman.net 5
