Bonbonnes de gaz rouillées, réchauds en panne, tentes éventrées, matelas, crampons, cordes, bouteilles d’oxygène, canettes et conserves vides, sacs et autres emballages plastiques jetés par les équipes de cuisine : rien ne manque au décor, pas même les quantités effrayantes d’excréments gelés laissés sur place par les milliers d’alpinistes qui se sont succédé ici depuis le début des expéditions commerciales dans les années 90. Ce tableau idyllique, c’est ce qui attendait, jusqu’à récemment, toutes celles et ceux qui entreprenaient l’ascension du mont Everest. Une vision désastreuse en total désaccord avec celle que nous nous faisons de cette montagne restée si longtemps inaccessible et qui domine la chaîne de l’Himalaya du haut de ses 8 848 mètres. Souillé, croulant sous des tonnes de détritus, le toit du monde était devenu, en l’espace de trente ans, la plus haute décharge à ciel ouvert au monde. Plus qu’esthétiques, la pollution de l’Everest a surtout de graves conséquences écologiques pour tout le continent asiatique : car c’est au cœur des glaciers de l’Himalaya que les grands fleuves qui traversent l’Asie prennent leur source. Des réserves gigantesques d’eau potable contenues dans le plateau tibétain – que l’on appelle aussi pour cette raison le « troisième pôle » – dépendent les deux milliards d’individus habitant le long des vallées des grands fleuves d’Inde et de Chine. Un problème aggravé par la difficulté logistique et physique d’y remédier : outre les conditions climatiques extrêmes (on ne peut s’y rendre que durant deux mois de l’année, en mai et juin, et la région est constamment soumise à des vents violents), l’altitude ainsi que la nature très accidentée des sols rendaient toute opération de dépollution non seulement aléatoire mais aussi périlleuse. Une fois parvenu dans la « zone de la mort » (au-delà de 8 000 mètres), l’oxygène se raréfie tellement que le risque d’y laisser sa peau devient bien réel. Dans ces conditions, la tentation est grande pour les alpinistes et les équipes organisatrices de se délester au maximum de tout ce qui encombre. Devant ce désastre, des actions se sont mises en place récemment, des deux côtés de l’Everest : côté népalais, où se trouve la voie sud, qui est aussi la voie la plus empruntée parce que la plus facile (avec plus de 850 candidats à l’ascension, rien que pour cette année 2019), on se débat encore avec d’importants problèmes de pollution et de gestion insuffisante des déchets dus à l’activité touristique. Côté chinois, en revanche, c’est un autre bilan, quasi exemplaire : le versant nord de l’Everest (qui a accueilli cette année pas moins de 280 courageux alpinistes venus tenter l’exploit par la voie tibétaine, réputée la plus difficile) est aujourd’hui débarrassé de ses déchets. Pour les heureux touristes qui obtiennent un permis pour rejoindre le sommet en partant du Tibet, cette montagne sacrée que les Tibétains appellent « Jomolangma » se présente enfin dans toute sa pureté originelle, grâce à un vaste programme de nettoyage, baptisé Clean Everest et mis en place entre 2016 et 2019. L’originalité de ce projet fut tout d’abord Les chiffres de Clean Everest 15 dollars par kilo : le salaire des porteurs qui récoltent les déchets en haute altitude 150 personnes mobilisées par an pour l’opération (50 guides, 100 porteurs chinois ou étrangers) 50 yaks mis à disposition pour chaque opération 10 tonnes de déchets évacuées de la pente nord de l’Everest 1 500 dollars : le montant de la taxe environnementale payée par chaque grimpeur 8 kilos minimum de déchets (par personne) à redescendre aux camps, sous peine de déclencher la suspicion des autorités. « Voir toute cette pollution m’a littéralement blessée : il fallait que je fasse quelque chose. » YVES ROCHER FOUNDATION 62 THE RED BULLETIN
Une détermination et un optimisme à toute épreuve : Marion Chaygneaud- Dupuy, porteuse du projet Clean Everest. THE RED BULLETIN 63
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