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La charte environnementale<br />
de Clean Everest<br />
1. PROTÉGER L’EAU<br />
DE SOURCE<br />
Toute activité liée à l’eau<br />
(vaisselle, lessive, etc.)<br />
doit se faire avec des<br />
produits non agressifs et<br />
à une distance de 50<br />
mètres minimum d’un<br />
cours d’eau.<br />
Installer les toilettes<br />
toujours en aval d’une<br />
source, jamais en<br />
amont.<br />
2. TRAITEMENT DES<br />
DÉCHETS<br />
Équiper les camps de<br />
trois containers pour les<br />
déchets recyclables,<br />
non-recyclables et le<br />
papier.<br />
Ne rien laisser derrière<br />
soi. S’assurer que les<br />
déchets sont tous<br />
collectés et<br />
transportés par les<br />
yakmen jusqu’aux<br />
camps, nettoyer le<br />
Camp de base Avancé<br />
avant de s’y installer.<br />
raison, c’est qu’en Chine, il n’y a<br />
pas d’autre voie, voire d’autre voix<br />
possible : si tu n’as pas un business,<br />
tu n’es pas entendue. Si tu n’es pas<br />
dans ce milieu-là, tu n’existes pas.<br />
Finalement, je m’y suis sentie plus<br />
à l’aise, parce que c’est beaucoup<br />
plus créatif de créer une entreprise.<br />
C’est donc dans ce contexte qu’est né<br />
Global Nomad, la première agence<br />
de tourisme éco- socio-responsable<br />
au Tibet. Avec deux autres associés<br />
(basés à Chengdu, notre antenne<br />
chinoise, à 2 000 km à l’ouest de<br />
Lhassa), nous avons développé des<br />
produits touristiques dans toutes<br />
les régions du Tibet, avec l’objectif<br />
premier de servir de plateforme pour<br />
d’autres entreprises liées au tourisme<br />
éco-socio-responsable et à la protection<br />
des cultures tibétaines – notamment<br />
l’artisanat, la musique et l’art.<br />
3. PROTECTION DE<br />
LA FAUNE ET DE LA<br />
FLORE<br />
Ne pas s’approcher ni<br />
nourrir les animaux<br />
sauvages, ne pas faire de<br />
bruit ni allumer de feu<br />
dans les zones où ils<br />
vivent.<br />
Il est interdit de<br />
ramasser des plantes<br />
sauvages ou d’acheter<br />
des produits faits à<br />
partir de plantes ou<br />
d’espèces animales<br />
protégées.<br />
4. ÉDUCATION<br />
Enseigner les bonnes<br />
pratiques de tri et de<br />
recyclage.<br />
Connaître et respecter<br />
les coutumes et les<br />
croyances locales liées<br />
à la nature et aux<br />
montagnes. Apprécier<br />
un mode de vie proche<br />
de la nature.<br />
Aujourd’hui, une dizaine de touropérateurs<br />
francophones travaillent<br />
avec Global Nomad.<br />
Vous vous efforcez depuis des<br />
années de développer le tourisme<br />
de montagne au Tibet et donc sur<br />
l’Everest, tout en sachant que ce<br />
tourisme peut avoir des conséquences<br />
écologiques fatales :<br />
n’est-ce pas un paradoxe ?<br />
Non, parce que j’ai toujours agi dans<br />
le bon sens, justement pour éviter<br />
toute répercussion négative. J’ai<br />
constamment œuvré à créer du changement,<br />
à faire bouger cette industrie<br />
pour qu’elle soit plus respectueuse de<br />
la nature et des Hommes. Les expéditions<br />
que j’ai pu mener au Tibet,<br />
que ce soit avec mon agence Global<br />
Nomad ou avec d’autres structures,<br />
ont toujours été des exemples en<br />
termes de tourisme éco-responsable.<br />
Au cours de toutes ces années au<br />
service des autres, qu’est-ce qui<br />
vous a permis de ne pas lâcher,<br />
face à la difficulté ?<br />
Pour moi, la difficulté, c’est un<br />
moteur. Là où beaucoup pourraient<br />
y voir un problème, j’y vois une<br />
opportunité pour transformer une<br />
situation en une résolution. Il y a de<br />
plus, en tibétain, un entraînement<br />
de l’esprit qu’on appelle la pratique<br />
de la semchuk (de « sem », l’esprit,<br />
et « chuk », la force) : cette force de<br />
détermination, elle peut se cultiver.<br />
Comment ?<br />
En changeant justement la vision<br />
qu’on se fait des problèmes et des<br />
difficultés : il s’agit de voir une possibilité<br />
dans toutes les expériences<br />
de la vie et du quotidien, d’y voir<br />
un champ d’exploration et de transformation<br />
intérieures pour éveiller<br />
cette « semchuk ». Tout à coup, tout<br />
le mode de perception change, tout<br />
devient une possibilité pour renforcer<br />
une qualité intérieure, et c’est<br />
génial, parce que du coup, toutes les<br />
difficultés sont bienvenues ! C’est<br />
« Là où certains voient<br />
un problème, je vois<br />
une opportunité. »<br />
d’ailleurs ainsi que les Tibétains<br />
abordent leur quotidien.<br />
Il y a tout de même des difficultés<br />
qui restent objectivement insurmontables...<br />
C’est vrai qu’il faut du discernement<br />
pour savoir ce qui est possible et<br />
réalisable, et ce qui est hors de ma<br />
portée. Il faut rester avec des objectifs<br />
bien définis à la base, bien clairs.<br />
C’est là que mes connaissances en<br />
coaching et en management me sont<br />
bien utiles, justement pour formuler<br />
les bons objectifs, des délais réalistes,<br />
et y rester connectée, avec détermination<br />
et douceur à la fois.<br />
Vous avez déjà trois ascensions de<br />
l’Everest à votre actif et serez bientôt<br />
chef d’expédition pour la voie<br />
nord : comment vous préparezvous<br />
pour rester de longs mois<br />
en très haute montagne ?<br />
Ce qui m’aide, c’est de me sentir<br />
connectée à la nature : c’est cette<br />
symbiose avec mon environnement<br />
qui va me permettre d’affronter<br />
les éléments. Et cela passe par une<br />
reconnexion avec son propre corps.<br />
Cela signifie être ultraréceptive à<br />
toutes mes sensations physiologiques,<br />
absolument toutes, même<br />
les micro-sensations : la transpiration,<br />
le froid, les palpitations du<br />
cœur, la respiration. C’est ce que l’on<br />
appelle l’intéroception. Une fois en<br />
montagne, je suis confrontée à un<br />
environnement tellement dur que je<br />
suis obligée d’être à l’écoute de mon<br />
corps, de savoir si j’ai faim ou soif,<br />
si j’ai besoin de me reposer. Cette<br />
vision d’union avec la nature, c’est<br />
un atout considérable pour faire face<br />
aux environnements les plus hostiles.<br />
Quels conseils donneriez-vous aux<br />
amoureux de la montagne ?<br />
Suivre les principes de leave no trace<br />
(que l’on pourrait traduire par « ne<br />
laisser aucune trace derrière soi »,<br />
ndlr), évidemment, mais surtout<br />
se rappeler que l’on fait partie intégrante<br />
de la nature, et considérer<br />
la montagne comme son propre<br />
corps. Respecter la montagne, c’est<br />
se respecter soi-même.<br />
Global Nomad : globalnomad-tibet.com<br />
Highland Initiatives : highlandinitiatives.com/clean-<br />
everest/<br />
THE RED BULLETIN 67