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The Red Bulletin Février 2020 (FR)

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La charte environnementale<br />

de Clean Everest<br />

1. PROTÉGER L’EAU<br />

DE SOURCE<br />

Toute activité liée à l’eau<br />

(vaisselle, lessive, etc.)<br />

doit se faire avec des<br />

produits non agressifs et<br />

à une distance de 50<br />

mètres minimum d’un<br />

cours d’eau.<br />

Installer les toilettes<br />

toujours en aval d’une<br />

source, jamais en<br />

amont.<br />

2. TRAITEMENT DES<br />

DÉCHETS<br />

Équiper les camps de<br />

trois containers pour les<br />

déchets recyclables,<br />

non-recyclables et le<br />

papier.<br />

Ne rien laisser derrière<br />

soi. S’assurer que les<br />

déchets sont tous<br />

collectés et<br />

transportés par les<br />

yakmen jusqu’aux<br />

camps, nettoyer le<br />

Camp de base Avancé<br />

avant de s’y installer.<br />

raison, c’est qu’en Chine, il n’y a<br />

pas d’autre voie, voire d’autre voix<br />

possible : si tu n’as pas un business,<br />

tu n’es pas entendue. Si tu n’es pas<br />

dans ce milieu-là, tu n’existes pas.<br />

Finalement, je m’y suis sentie plus<br />

à l’aise, parce que c’est beaucoup<br />

plus créatif de créer une entreprise.<br />

C’est donc dans ce contexte qu’est né<br />

Global Nomad, la première agence<br />

de tourisme éco- socio-responsable<br />

au Tibet. Avec deux autres associés<br />

(basés à Chengdu, notre antenne<br />

chinoise, à 2 000 km à l’ouest de<br />

Lhassa), nous avons développé des<br />

produits touristiques dans toutes<br />

les régions du Tibet, avec l’objectif<br />

premier de servir de plateforme pour<br />

d’autres entreprises liées au tourisme<br />

éco-socio-responsable et à la protection<br />

des cultures tibétaines – notamment<br />

l’artisanat, la musique et l’art.<br />

3. PROTECTION DE<br />

LA FAUNE ET DE LA<br />

FLORE<br />

Ne pas s’approcher ni<br />

nourrir les animaux<br />

sauvages, ne pas faire de<br />

bruit ni allumer de feu<br />

dans les zones où ils<br />

vivent.<br />

Il est interdit de<br />

ramasser des plantes<br />

sauvages ou d’acheter<br />

des produits faits à<br />

partir de plantes ou<br />

d’espèces animales<br />

protégées.<br />

4. ÉDUCATION<br />

Enseigner les bonnes<br />

pratiques de tri et de<br />

recyclage.<br />

Connaître et respecter<br />

les coutumes et les<br />

croyances locales liées<br />

à la nature et aux<br />

montagnes. Apprécier<br />

un mode de vie proche<br />

de la nature.<br />

Aujourd’hui, une dizaine de touropérateurs<br />

francophones travaillent<br />

avec Global Nomad.<br />

Vous vous efforcez depuis des<br />

années de développer le tourisme<br />

de montagne au Tibet et donc sur<br />

l’Everest, tout en sachant que ce<br />

tourisme peut avoir des conséquences<br />

écologiques fatales :<br />

n’est-ce pas un paradoxe ?<br />

Non, parce que j’ai toujours agi dans<br />

le bon sens, justement pour éviter<br />

toute répercussion négative. J’ai<br />

constamment œuvré à créer du changement,<br />

à faire bouger cette industrie<br />

pour qu’elle soit plus respectueuse de<br />

la nature et des Hommes. Les expéditions<br />

que j’ai pu mener au Tibet,<br />

que ce soit avec mon agence Global<br />

Nomad ou avec d’autres structures,<br />

ont toujours été des exemples en<br />

termes de tourisme éco-responsable.<br />

Au cours de toutes ces années au<br />

service des autres, qu’est-ce qui<br />

vous a permis de ne pas lâcher,<br />

face à la difficulté ?<br />

Pour moi, la difficulté, c’est un<br />

moteur. Là où beaucoup pourraient<br />

y voir un problème, j’y vois une<br />

opportunité pour transformer une<br />

situation en une résolution. Il y a de<br />

plus, en tibétain, un entraînement<br />

de l’esprit qu’on appelle la pratique<br />

de la semchuk (de « sem », l’esprit,<br />

et « chuk », la force) : cette force de<br />

détermination, elle peut se cultiver.<br />

Comment ?<br />

En changeant justement la vision<br />

qu’on se fait des problèmes et des<br />

difficultés : il s’agit de voir une possibilité<br />

dans toutes les expériences<br />

de la vie et du quotidien, d’y voir<br />

un champ d’exploration et de transformation<br />

intérieures pour éveiller<br />

cette « semchuk ». Tout à coup, tout<br />

le mode de perception change, tout<br />

devient une possibilité pour renforcer<br />

une qualité intérieure, et c’est<br />

génial, parce que du coup, toutes les<br />

difficultés sont bienvenues ! C’est<br />

« Là où certains voient<br />

un problème, je vois<br />

une opportunité. »<br />

d’ailleurs ainsi que les Tibétains<br />

abordent leur quotidien.<br />

Il y a tout de même des difficultés<br />

qui restent objectivement insurmontables...<br />

C’est vrai qu’il faut du discernement<br />

pour savoir ce qui est possible et<br />

réalisable, et ce qui est hors de ma<br />

portée. Il faut rester avec des objectifs<br />

bien définis à la base, bien clairs.<br />

C’est là que mes connaissances en<br />

coaching et en management me sont<br />

bien utiles, justement pour formuler<br />

les bons objectifs, des délais réalistes,<br />

et y rester connectée, avec détermination<br />

et douceur à la fois.<br />

Vous avez déjà trois ascensions de<br />

l’Everest à votre actif et serez bientôt<br />

chef d’expédition pour la voie<br />

nord : comment vous préparezvous<br />

pour rester de longs mois<br />

en très haute montagne ?<br />

Ce qui m’aide, c’est de me sentir<br />

connectée à la nature : c’est cette<br />

symbiose avec mon environnement<br />

qui va me permettre d’affronter<br />

les éléments. Et cela passe par une<br />

reconnexion avec son propre corps.<br />

Cela signifie être ultraréceptive à<br />

toutes mes sensations physiologiques,<br />

absolument toutes, même<br />

les micro-sensations : la transpiration,<br />

le froid, les palpitations du<br />

cœur, la respiration. C’est ce que l’on<br />

appelle l’intéroception. Une fois en<br />

montagne, je suis confrontée à un<br />

environnement tellement dur que je<br />

suis obligée d’être à l’écoute de mon<br />

corps, de savoir si j’ai faim ou soif,<br />

si j’ai besoin de me reposer. Cette<br />

vision d’union avec la nature, c’est<br />

un atout considérable pour faire face<br />

aux environnements les plus hostiles.<br />

Quels conseils donneriez-vous aux<br />

amoureux de la montagne ?<br />

Suivre les principes de leave no trace<br />

(que l’on pourrait traduire par « ne<br />

laisser aucune trace derrière soi »,<br />

ndlr), évidemment, mais surtout<br />

se rappeler que l’on fait partie intégrante<br />

de la nature, et considérer<br />

la montagne comme son propre<br />

corps. Respecter la montagne, c’est<br />

se respecter soi-même.<br />

Global Nomad : globalnomad-tibet.com<br />

Highland Initiatives : highlandinitiatives.com/clean-<br />

everest/<br />

THE RED BULLETIN 67

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