Bulletin 2007 - SAKA-ASAC

points névralgiques qui sont autant de fortifications réalisées sous le règne de Skilouros 7 . Un premier
coup d’œil sur la carte répertoriant les établissements de culture scythe tardive en Crimée nous amène
à constater la densité de l’occupation de l’espace compris entre le massif montagneux du Sud de la
Crimée et la steppe d’une part, du littoral occidental compris entre Sévastopol’ et Tchernomorskoe,
d’autre part (Ill. 1) 8 .
Le territoire soumis au joug du roi Skilouros peut être divisé en quatre zones :
1. Les établissements fortifiés de la zone centrale se concentrent autour de Neapolis scythica et apparaissent
quasi simultanément, soit aux alentours de 250 av. J.-C. La présence récurrente de fragments
d’amphores de Cnide estampillées à Neapolis et dans d’autres établissements importants, tel
Bulganak ou Kermen-Kyr, autorise cependant à rapporter la première occupation scythe de cette zone
à la fin du IVe siècle av. J.-C. L’implantation d’un établissement scythe sur le plateau de Neapolis ne
doit rien au hasard : c’est à cet endroit que se croisaient les routes marchandes qui menaient au sud à
Chersonèse, à l’est aux cités grecques du Royaume du Bosphore. La conquête au IIe siècle avant J.-C.
d’un comptoir grec bâti sur la rivière Al’ma donne au royaume scythique le contrôle sur les échanges
commerciaux avec Kalos-Limen et Olbia.
2. La construction d’avant-postes dans la zone orientale du royaume vise avant tout à garder la
haute main sur la voie commerciale menant au royaume du Bosphore ; ces places fortes (Arginskoe,
Jaman-Tash) ont également une fonction défensive et marquent l’extension maximale des Scythes
tardifs à l’est de la presqu’île de Crimée.
3. La zone nord-ouest correspond au littoral criméen occidental s’étendant de Kizil-Jar au sud à
Kalos-Limen au nord où s’égrenaient des établissements grecs compris dans la chôra de Chersonèse.
Ces colonies ont toutes été conquises par Skilouros durant la deuxième moitié du IIe siècle et ont été
absorbées et intégrées au royaume scythe. Toutes sont équipées d’un système de fortification comprenant
fossé, remblai et remparts à revêtement de pierres qui s’inspirent manifestement des techniques
de construction grecque (Beljaus, Juzhno-Donuslavskoe, Kul’tschuk, Tchajka, etc.). L’habitat trahit
tantôt une planification grecque –des maisons de type hellénistique, tantôt reflète les coutumes nomades
–des yourtes d’un diamètre pouvant atteindre plus de trois mètres, disposées de manière chaotique
à quelque distance les unes des autres.
4. On se contentera de mentionner pour la zone sud-ouest la forteresse d’Al’ma-Kermen qui abritera
au IIe siècle apr. J.-C. une garnison romaine.
Repliée sur une colline rocheuse de forme triangulaire Neapolis des Scythes fut la principale cité
fortifiée du royaume scythe tardif. Lieu de résidence du roi, situé là où la steppe rencontre les montagnes,
un complexe palatial y est bâti dès le milieu du IIe siècle av. La citadelle est aujourd’hui intégrée
au tissu urbain de la ville moderne de Symferopol’ sous la forme d’une réserve archéologique [Ill. 2].
7
Sur ce point, voir l’ouvrage de O. D. Dashevskaja, « Les Scythes tardifs en Crimée », Moscou, 1991 (en russe).
8
Planche 1, p.57, de O. D. Dashevskaja, op. cit.
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