Bulletin 2007 - SAKA-ASAC

Le harnachement du cheval attire en particu-
lier notre attention : sa bride est ornée de phalè-
res qui évoque l’équipement scythe. Le motif du
cavalier héroïque qui s’élance victorieux est
bien connu et trouve de nombreuses illustrations
à l’époque hellénistique, période à laquelle
pourrait se rapporter le relief. Le complexe pa-
latial érigé à Neapolis Scythica témoigne de
l’attrait qu’a exercé l’hellénisme sur
l’aristocratie de l’époque de Skilouros: le roi fit
construire un ensemble palatial fortifié dont la
façade principale était scandée de colonnes do-
riques et agrémentée de statues de divinités
grecques en marbre 11 . Un bâtiment à portique,
un mégaron peint, un pressoir à vin complètent
encore cet ensemble et nous fondent à penser
que l’on fit appel pour leur construction à des
architectes et artisans grecs provenant d’Olbia
ou d’autres cités grecques du Pont-Euxin. Dès le
milieu du IIe siècle av. J.-C., le plateau rocheux
se mue en forteresse royale protégée par
d’épaisses murailles. Un complexe palatial y est
érigé qui sera une première fois détruit lors d’un
incendie, en 135 av. J.-C., avant d’être rebâti
dans les années 120 puis ruiné lors des campagnes militaires de Diophante.
Ill.3 : Relief équestre dit de Palakos (Musée des Antiquités,
Odessa ; Artyom Petrenko/IASA)
Le complexe architectural que l’archéologue ukrainien Ju. P. Zajtsev désigne sous le terme de
« Palais-Sud » correspond à un ensemble de 2500 m_ situé à proximité des portes centrales et qui au-
rait fonctionné jusqu’en 111 av. J.-C. [Ill. 4] La construction centrale, baptisée « mégaron », est un
bâtiment de 25 mètres de long pour 10 mètres de large, n’abritant qu’une seule salle aux murs épais de
1,5 m et dont la paroi occidentale était peinte. Le toit était couvert de tuiles provenant de Sinope. Un
foyer prenait place au centre du bâtiment. Un grand nombre d’objets en terre cuite –autels et thymiate-
ria peints de couleurs vives– ont été découverts à l’intérieur et à l’extérieur du mégaron, ce qui lui
confère une qualité rituelle évidente. Le bâtiment abritait encore des statues dont seuls quelques frag-
11 Ju. P. Zajtsev a considérablement renouvelé l’étude de la capitale du royaume scythe tardif ; il est l’auteur de nombreux
articles portant sur le roi Skilouros et dirige les fouilles archéologiques de la citadelle de Neapolis Scythica dont il restitue
l’aménagement du IIe siècle av. notre ère au IIIe siècle après notre ère. Voir Ju. P. Zajtsev, « Le mausolée de Neapolis des
Scythes », in Arkhelogia, 1, 1992, pp.93-99 ; id., « Neapolis des Scythes aux IIe siècle av. n.è. – IIIe siècle de n.è. », Kiev,
1995 (thèse de doctorat) ; id., « Skilouros et son royaume », in VDI, 2, 1999, pp.127-148 ; id., « Nouveau monument
épigraphique de Neapolis des Scythes », in Arkheologia, 1,2003, pp.44-53. Ses travaux sont publiés en langue russe.
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