Sarah F. überlebte mit 14 einen schweren Mofa ... - Fragile Suisse
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Fotolia<br />
Face à la maladie ou à l’accident d’un des leurs, les proches doivent apprendre à se ménager.<br />
La lésion cérébrale<br />
comme épreuve collective<br />
Texte : Carine Fluckiger<br />
Une lésion cérébrale fait basculer simultanément plusieurs vies. Si les victimes sont<br />
souvent confrontées à la dépression, les études montrent que la charge émotionnelle<br />
est aussi lourde pour leurs familles. Épuisement et anxiété guettent notamment les<br />
proches, de même que le syndrome de stress post-traumatique. Un syndrome sur lequel<br />
s’est penchée plus spécifiquement l’étude PEBITA.<br />
« Mon fils me dit que c’est du passé, qu’il<br />
faut savoir tourner la page. » Combien de<br />
proches de cérébro-lésés n’entendent-ils<br />
pas des propos similaires ? Alors que les<br />
victimes ont parfois perdu tout souvenir<br />
de l’accident et des semaines qui ont<br />
suivi, qu’elles s’adaptent plus ou moins à<br />
leur nouvelle vie, il semble que pour les<br />
proches, le traumatisme reste indéfiniment<br />
ancré dans leur mémoire.<br />
Plusieurs types de troubles<br />
La peur de perdre un être cher n’est pas<br />
la seule épreuve que traverse la famille.<br />
Celle-ci devra encore mobiliser toutes<br />
ses ressources pour appuyer l’équipe soignante,<br />
soutenir et assister le blessé, réorganiser<br />
la vie quotidienne … Il en résulte<br />
un risque élevé de dépression, d’anxiété et<br />
d’épuisement qu’attestent de nombreuses<br />
études.<br />
Psychologue clinicienne à l’Université de<br />
Zurich, Laura Pielmaier s’est penchée dans<br />
le cadre de l’étude PEBITA (voir encadré,<br />
p. 21) sur la question du stress post-traumatique<br />
chez les proches et chez les<br />
victimes de lésions cérébrales. Basées notamment<br />
sur des entretiens avec plus de<br />
200 parents et conjoints de cérébro-lésés,<br />
ses recherches ont montré que près de<br />
20 % des proches souffrent de symptômes<br />
de stress post-traumatique dans les mois<br />
qui suivent l’accident.<br />
Une réaction normale à une situation<br />
anormale<br />
À la différence de la dépression proprement<br />
dite, le syndrome de stress posttraumatique<br />
constitue une réaction –<br />
normale – à un événement traumatisant.<br />
Les souvenirs obsédants de l’événement,<br />
des attitudes d’hébétude ou d’évitement,<br />
« Dialoguer avec<br />
le patient peut<br />
aider à diminuer<br />
la charge<br />
des proches. »<br />
ou encore des réactions d’irritabilité excessive<br />
peuvent en être les symptômes.<br />
« Dans la majorité des cas, ces symptômes<br />
s’atténuent naturellement avec le temps.<br />
On parlera de syndrome au sens pathologique<br />
s’ils persistent au-delà d’un mois et<br />
qu’ils empêchent la personne de mener<br />
sa vie comme avant », éclaire la spécialiste.<br />
À l’origine d’un tel trouble, on trouve<br />
de multiples facteurs. L’un d’eux est la<br />
position quasiment schizophrénique dans<br />
laquelle sont projetés les proches : « D’un<br />
côté, on attend d’eux qu’ils soutiennent et<br />
soignent le patient. De l’autre, ils doivent<br />
affronter leurs propres angoisses et gérer<br />
une situation où le patient n’est souvent<br />
plus comme avant. » Le contexte familial,<br />
la perception de la gravité de l’accident<br />
ainsi que des facteurs de stress supplémentaires<br />
– soucis financiers, problèmes<br />
d’assurances, etc. – peuvent en outre<br />
contribuer à installer un tel syndrome.<br />
Au-delà de la gravité de la blessure,<br />
c’est l’ampleur des déficits neuropsychologiques<br />
qui en résultent qui affecte à terme<br />
la résistance des proches. Deux éléments<br />
peuvent alors jouer un rôle protecteur, relève<br />
Laura Pielmaier : d’une part, un bon<br />
réseau de soutien, fait de parents, amis et<br />
voisins, auquel la famille puisse déléguer<br />
une partie des tâches. Et d’autre part, le<br />
maintien d’un dialogue avec le patient.<br />
« Parler de ce qui s’est passé et des conséquences<br />
est important. Cette communica-