Nr. 1/2010 - Schweizerische Vereinigung der Weinfreunde

Michel Chapoutier
Rôties de Guigal, l’Ermitage de Chapoutier ou
encore les Châteauneuf-du-pape de Perrin»,
constate-t-il fièrement. Et d’ajouter encore au
passage: «de mon expérience en Californie,
pays des cépages par excellence, j’ai acquis,
par «contre-exemple», la certitude absolue que
l’AOC n’était pas un simple outil de marketing,
mais bien une subtile rencontre entre des terroirs,
des cépages et des hommes, et surtout la
seule vérité qui vaille d’être défendue!»
360 hectares de vignes…
Aujourd’hui, Michel Chapoutier est à la tête
d’une maison fondée en 1808 et qui compte
maintenant 700 ha de propriétés terriennes,
dont 360 ha de vignes exploités en France, en
Australie et au Portugal, dont 34 ha en Hermitage.
La Maison M. Chapoutier est aujourd’hui
le plus gros propriétaire en Hermitage. Un Michel
Chapoutier qui constitue ainsi le portraitrobot
- improbable mais bel et bien réel - du
parfait vigneron-négociant… Définitivement
encadré par le blason familial «Fac et Spera»
(Fais et Espère), devenu la devise de la maison:
deux verbes pour dire toute la patience, toute
l’audace indispensables à ce métier. Patience
vis-à-vis de la nature qui préside tout. Audace
du vigneron, lui qui observe, choisit et accompagne…
Et le vin qui, lui, s’exprime véritablement
à partir de cette alchimie!
Portrait
Dégustation: «de la diversité jaillit la richesse!»
Au moment de la dégustation, quel bonheur de retrouver les vins d’une maison à son plus haut niveau
qui témoignent, avec une précision presque horlogère, de la volonté de Michel Chapoutier de tirer
toute la quintessence de ses terroirs! Chez lui, la recherche du fruit n’est jamais sa quête première,
mais c’est bien, pour les rouges, l’équilibre, la droiture et la maturité des tanins qui dictent le
potentiel des vins. Par exemple l‘Hermitage La Sizeranne 2007, avec beaucoup de richesse, d’élégance
et de finesse, figure indubitablement dans le peloton de tête des meilleurs vins produits par Chapoutier.
Autre vin exceptionnel: l’Ermitage «Le Pavillon» 2007 que, dans le livre qu’ils ont consacré à Michel
Chapoutier, Bettane et Desseauve décrivent comme «noble, avec ce classicisme intemporel du
corps et de la texture… Triomphe de l’alliance de la rigueur de l’homme et d’un sol revenu à la plénitude
de sa vie propre».
Quant aux vins blancs de Chapoutier, ils se montrent vifs avec une harmonieuse fraîcheur de fruit, à
l’image de cet Ermitage Le Méal, 2007, pur et racé, qui vient confirmer le virage pris par la propriété
en matière de vinification des blancs. Le Saint-Joseph Deschants est un blanc très élégant et frais,
avec une belle longueur et une finale très précise. Enfin, le Chante-Alouette 2007 est parfait à boire
en ce moment, avec des notes miellées mais aussi une belle droiture.
Une conclusion à tout cela? Pour nous ce sera tout simplement: dans toute sa production vinicole,
Michel Chapoutier paraît, décidément, avoir fait sienne la courte formule du philosophe-théologien
Teilhard de Chardin: «de la diversité jaillit la richesse!»
Culture biodynamique
Pas étonnant donc que la Maison M. Chapoutier
se soit tournée, dès 1991 déjà, vers la culture
biodynamique… Une méthode que Michel
Chapoutier définit ainsi: «Elle passe par des
sols nourris à base de matières naturelles. Par
la volonté de donner à nos terroirs la plus
grande liberté d’expression… Et pour que cette
expression soit la plus juste, la plus vraie, aucune
substance chimique de synthèse n’est utilisée,
puisque seule la nature vient en aide à
elle-même. Cette biodynamie repose aussi sur
l’observation et l’analyse des cycles naturels:
ceux de la terre, du soleil et de la lune. Car, de
leur interaction, naît une énergie, conjuguée à
celle de notre travail de vigneron!»
Les fondamentaux
de l’art agricole…
Justement, évoquant l’art du vigneron, la
grande figure de Tain le résume magistralement
en ces termes: «Art agricole, art de la taille, le
vigneron accompagne la nature dans son travail
de mère nourricière pour la vigne…Vigne qu’il
se chargera d’éduquer par la suite. Compostage
et labourage sont les deux mamelles de la
vigne… Ou mieux: une véritable colonne, constituant
les fondamentaux de l’art agricole. Du
temps pour enrichir la terre…Et du temps
également pour la préparer. En fonction des reliefs
variés de nos parcelles, je les cultive aussi
bien avec un tracteur qu’un cheval… Avec un
treuil ou une pioche. Puis, nous mettons toute
l’expérience de notre art dans la taille de la
vigne. C’est de là que dépend, entre autres, le
rendement… Un rendement que nous voulons
résolument modéré!»
la Maison Chapoutier possède le plus grand
vignoble en Hermitage.
Ami du Vin 4/09 45