Rapport annuel 2009 - 2010 Lycée-Collège des Creusets

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L’Atelier Théâtre des Creusets
Antigone de Jean Anouilh
Voilà. Les applaudissements ont cessé, le rideau est tombé. Acteurs
et spectateurs s’en vont. Les uns pour quitter leur personnage
de scène et retrouver leur personnage de vie, les autres pour sortir
de la tragédie d’Anouilh et reprendre la leur où ils l’avaient laissée.
Sur les planches, il n’y a plus que quelques draps et dans la salle de
spectacle, les sièges sont vides. Vient alors la question : qu’est-ce qui
subsiste d’une histoire, lorsque celle-ci est terminée ? En effet, que
reste-t-il, après la mort d’Antigone, du désespoir de sa nourrice, de
la solitude de Créon et du suicide de son fils Hémon ? Où s’en vont la
belle Ismène, les gardes innocents et l’inexorable chœur quand leur
besogne est achevée? Qu’est-ce qui demeure, après, de cette tragédie
dans laquelle on réalise que tout espoir est vain, que les dieux
n’existent plus, que le monde est pauvre, que l’homme est seul avec
lui-même et que ni le refuge de l’enfance ni celui de l’amour ne peuvent
abriter des coups de la vie ? Le théâtre naît-il aux trois coups
pour mourir au rideau ? Et dans nos cœurs comme dans tout ce
décor de voiles immobiles, n’y a-t-il plus rien d’autre qui résonne
que l’écho sourd et profond d’une réplique oubliée ?
Cyrille Praz, 5B