La guerre secrète du pétrole - carpem
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<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> <strong>secrète</strong> <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong> Intro<strong>du</strong>ction<br />
par le président des États-Unis, Woodrow Wilson. Ici comme ailleurs, nous ne<br />
disons pas que les pétroliers provoquent systématiquement des troubles dans<br />
les pays qu’ils exploitent. Simplement leur rapacité fait naître des<br />
mécontentements ; ils s’en aperçoivent, noyautent et arment des groupes de<br />
révoltés, qui conquièrent le pouvoir à leur profit, et voyant qu’ils ont été <strong>du</strong>pés,<br />
se révoltent à nouveau. Jusqu'au moment où ils sont tués.<br />
Américains et Anglais ne se rejoignent que sur un seul point: mettre le<br />
pays en coupe réglée. Ce n'est pas de l'exploitation: c'est <strong>du</strong> pillage. Ils épuisent<br />
les gisements, gâchant la moitié <strong>du</strong> contenu des poches de <strong>pétrole</strong> dans leur<br />
souci d'aller plus vite, ne rebouchant même pas les puits après les avoir<br />
abandonnés, si bien que l'eau salée se répand sur les terres fertiles, après leur<br />
départ, ruinant les déjà misérables paysans. Il faut dire que les bénéfices sont en<br />
rapport avec le rendement: les millions de tonnes débitées chaque jour se<br />
transforment en pelletées de dollars: c'est cela, la véritable alchimie.<br />
1914: la <strong>guerre</strong> civile reprend. Carranza, soutenu par la population,<br />
l'emporte. Véritable héros de l'indépendance mexicaine, il doit faire front de<br />
deux côtés. Contre les Américains qu'il endort par de belles promesses et qui<br />
reconnaissent son gouvernement, et contre les paysans qui trouvent que les<br />
réformes ne viennent pas assez vite: Pancho Villa, convaincu d'avoir été berné,<br />
les mène à une nouvelle révolte ; massacrant tous les « gringos » qu'il trouve<br />
sur son passage. D'où une expédition punitive <strong>du</strong> général Pershing, sans autre<br />
résultat qu'une tension grandissante avec Carranza.<br />
En 1917, coup de tonnerre: Carranza fait voter une nouvelle<br />
constitution, libérale et assez sociale, et qui surtout, a l'audace d'affirmer les<br />
droits imprescriptibles de l'État mexicain sur son propre sous-sol. Cela ne<br />
change rien pour les exploitations déjà établies, mais il sera plus difficile à<br />
l'avenir d'obtenir des concessions sans contrepartie. Le résultat ne se fait guère<br />
attendre. En 1920, le général Obregon fomente une nouvelle et sanglante<br />
révolution, où Carranza trouve la mort. « Cet assassinat, écrit pudiquement à<br />
ce propos un historien officiel <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong>, mit un terme à la menace de<br />
nationalisation qui gênait les Compagnies de <strong>pétrole</strong>. » Cependant, avec<br />
Obregon, les Anglais gagnent <strong>du</strong> terrain et les Américains sont furieux. Ils<br />
rompent les relations diplomatiques. Obregon est victime de telles pressions<br />
qu'il rectifie le tir: il garantit aux Américains qu'ils ne seront pas chassés des<br />
exploitations qui leur appartiennent. Flambée immédiate de colère anglaise, qui<br />
se tra<strong>du</strong>it par le soulèvement d'Adolfo de la Huerta. Obregon, soutenu à fond<br />
par les Américains, l'emporte, puis, compromis aux yeux des nationalistes, il<br />
doit se retirer. Son ami Calles lui succède en 1924. Lui n'y va pas par quatre<br />
chemins: il exige que les grandes compagnies troquent leurs titres de propriété<br />
contre des baux de cinquante ans. Elles refusent. Les États-Unis ont à choisir:<br />
envoyer des troupes ou négocier. On négocie.<br />
Un historien de la Standard Oil écrira, sans pudeur celui-ci : « Si l’on<br />
avait employé la force plutôt que les paroles, le gouvernement des États-Unis<br />
aurait arrêté la tendance mondiale à la nationalisation des propriétés privées, et<br />
aurait ainsi restauré le respect que les nations égarées doivent conserver pour la<br />
Loi Internationale.<br />
Tra<strong>du</strong>isons « la loi <strong>du</strong> plus fort ».<br />
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