La guerre secrète du pétrole - carpem
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<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> <strong>secrète</strong> <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong> Intro<strong>du</strong>ction<br />
Le heurt, que certains prévoient pour bientôt, s’il a lieu, sera sanglant. De<br />
son issue dépendront non seulement la survie des régimes de Boumedienne et<br />
de Moulay Hassan, mais aussi :<br />
1) L’avenir de l’implantation américano-anglaise dans cette partie<br />
<strong>du</strong> monde, opposée comme partout ailleurs à celle des Russes.<br />
(<strong>La</strong> règle <strong>du</strong> jeu consistant à défendre la coexistence pacifique<br />
dans une vue planétaire, mais à se grignoter les États satellites<br />
dans des « conflits limités »).<br />
2) Une relative indépendance française par rapport à Washington.<br />
<strong>La</strong> partie est en cours.<br />
Les déboires qu’a eus la France un peu partout dans le monde signifientils<br />
donc une totale impuissance, un servage total ? Non. <strong>La</strong> Compagnie<br />
Française des Pétroles, semi-étatisée, est le huitième trust pétrolier <strong>du</strong> monde<br />
par ordre d’importance. Elle contrôle 143 filiales réparties à travers le monde<br />
sur les cinq continents et ses bénéfices officiels pour l’exercice 1966 montaient<br />
à 424 millions de francs lourds. Pourquoi ne sommes-nous donc pas<br />
totalement indépendants ?<br />
Parce que, à la moindre velléité d’indépendance, les « Sept Sueurs » font<br />
bloc contre la C.F.P. Il n’est que de voir les remous provoqués par l’accord<br />
franco-irakien, négocié par-dessus la tête de l’I.P.C. Avoir suffisamment de<br />
<strong>pétrole</strong> sur notre territoire et l’exploiter nous-mêmes serait échapper au<br />
dilemme. Il ne le faut à aucun prix. En revanche, nous avons tous les droits,<br />
dès qu’il s’agit d’entreprises situées au bout <strong>du</strong> monde. On comprend<br />
pourquoi : c’est que plus la distance est grande entre nos sources de<br />
ravitaillement et nous, plus il est aisé de couper la route en cas de rébellion.<br />
Plus nos entreprises sont lointaines, plus elles sont fragiles. C’est ainsi par<br />
exemple que nous venons de nous associer avec le gouvernement sud-africain<br />
pour construire une raffinerie à Orange, ou avec le gouvernement indien pour<br />
une autre raffinerie.<br />
Conclusion : la France, par l’intermédiaire de la Compagnie Française des<br />
Pétroles, joue un rôle important dans le monde. Mais on ne tolère ses initiatives<br />
que dans la mesure où elle accepte de s’intégrer au système. Et l’accord de<br />
principe n’empêche pas que ses rivaux fassent tout ce qui est en leur pouvoir<br />
pour ronger ses positions : ce qui n’a pas été bien difficile jusqu’à ces derniers<br />
temps, l’État n’ayant pas défen<strong>du</strong> avec beaucoup d’acharnement ses intérêts<br />
nationaux, en raison principalement des puissants lobbies étrangers qui font<br />
pression sur lui. Depuis quelques années, une volonté certaine d’indépendance<br />
énergétique s’affirme. Mais les batailles que nous avons gagnées ne nous ont<br />
pas encore fait gagner la <strong>guerre</strong>.<br />
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