La guerre secrète du pétrole - carpem
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<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> <strong>secrète</strong> <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong> Intro<strong>du</strong>ction<br />
en juillet 1944 à Washington, aboutit à un partage officiel <strong>du</strong> monde « libre »<br />
entre les grands trusts. Accord beaucoup plus précis que celui d’Achnacarry.<br />
D’une part, il marque un recul assez net *de l’influence anglaise au profit des<br />
États-Unis. D’autre part, il établit sans mystère qu’aucun pays n’est libre de ses<br />
décisions en matière de <strong>pétrole</strong> – donc en matière de stratégie.<br />
Les pays importateurs (la France) sont tenus de s’intégrer dans les<br />
réseaux des trusts. Les pays exportateurs (Moyen-Orient, Amérique <strong>La</strong>tine,<br />
etc.) sont tenus de respecter le statu quo des accords précédents. Les pays non<br />
encore exploités sont priés de laisser la porte ouverte à toute entreprise<br />
étrangère.<br />
Un mot sur la France, pour terminer ce chapitre. Parce que, pendant<br />
cinquante ans, ni les gouvernements successifs ni la bourgeoisie d’affaires<br />
française ne se sont ren<strong>du</strong> compte de l’importance économique et stratégique<br />
<strong>du</strong> <strong>pétrole</strong>, parce que nous n’avons pas su voir à temps que, sans indépendance<br />
pétrolière, il n’y avait pas d’indépendance <strong>du</strong> tout, notre pays se trouve à la<br />
traîne.<br />
Nous ne possédons pas de flotte pétrolière suffisante pour assurer tout<br />
seuls notre ravitaillement : la plus grosse partie appartient à la filiale française de<br />
la Shell.<br />
Les prospections effectuées sur notre territoire se sont révélées<br />
décevantes. Plusieurs spécialistes (dont M. Pierre Fontaine) affirment à ce<br />
propos que, négligence ou malveillance, les forages ont été effectués en dépit<br />
<strong>du</strong> bon sens, et notamment n’ont pas été faits assez profonds. Ils ajoutent que,<br />
étant donnée la structure géologique de notre sous-sol, nous devrions être en<br />
mesure de satisfaire à nos propres besoins. Par ailleurs, le plus important<br />
gisement français, celui de Parentis, dans les <strong>La</strong>ndes, n’est exploité, disent-ils,<br />
qu’au dixième de sa valeur. Encore a-t-il été découvert par la filiale française de<br />
la Standard Oil of New jersey. Ils font également remarquer la date de la<br />
découverte : 1954, l’année de la pire tension américano-soviétique, où l’on était<br />
à deux doigts de la <strong>guerre</strong>, et où une armée U.S. aurait pu avoir besoin de<br />
ravitaillement local.<br />
Autre détail : les deux tiers des raffineries françaises appartiennent à des<br />
trusts anglo-saxons.<br />
Quant à nos anciennes colonies, nous n’avons pas eu de chance avec<br />
elles : ni en Indochine ni en Afrique Noire, nous n’avons jamais rien trouvé,<br />
tandis que les colonies voisines, sous contrôle anglais, révélaient leurs richesses<br />
minières. En revanche, au fur et à mesure que les poussées nationalistes<br />
appuyées sur la virulence des attaques anticolonialistes américaines, nous ont<br />
chassés, le <strong>pétrole</strong> est apparu peu à peu (Gabon et Cameroun notamment).<br />
Reste l’Afrique <strong>du</strong> Nord. Là, autres sujets d’étonnement. Le Fezzan<br />
libyen tout d’abord, ex-italien, fabuleusement riche en <strong>pétrole</strong>, quoique libéré<br />
par le générai Leclerc, a été attribué à l’Angleterre en 1944. Les neuf dixièmes<br />
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