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La guerre secrète du pétrole - carpem

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<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> <strong>secrète</strong> <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong> Intro<strong>du</strong>ction<br />

base de <strong>pétrole</strong>. Sur la console, la pen<strong>du</strong>lette, bien lubrifiée avec une huile de<br />

<strong>pétrole</strong> raffinée, marque l’heure. Il est déjà tard. <strong>La</strong> jeune femme s’habillera<br />

précipitamment : chemisier d’Orlon, jupe de Tergal, bas Nylon, chaussures de<br />

cuir naturel, mais tannées au <strong>pétrole</strong>. Un coup d’œil alentour. Une pulvérisation<br />

de désodorisant (<strong>pétrole</strong>), ranger les disques (<strong>pétrole</strong>) qui traînent près de<br />

l’électrophone sur le plancher bien ciré (<strong>pétrole</strong>), vérifier le chauffage (gaz ou<br />

mazout), penser à vérifier aussi, en sortant, la jauge d’essence de la voiture et la<br />

pression des pneus de gomme synthétique. <strong>La</strong> porte se ferme doucement (huile<br />

sur les gonds) et une nouvelle journée commence... »<br />

A ces pro<strong>du</strong>its chimiques complexes, on aurait pu ajouter des pro<strong>du</strong>its<br />

extrêmement simples, comme le noir de fumée, indispensable pour la<br />

fabrication des pneus d’automobiles ; l’acétylène, base de très nombreux<br />

plastiques, de médicaments, de carburants spéciaux ; la glycérine, dont les<br />

applications sont innombrables dans le domaine des vernis en particulier, On<br />

estime qu’en 1975, l’ensemble de la pétrochimie aura triplé son chiffre<br />

d’affaires et le volume des pro<strong>du</strong>its manufacturés.<br />

Mais le débouché le plus extraordinaire de l’in<strong>du</strong>strie pétrolière est<br />

désormais sans conteste la pro<strong>du</strong>ction de nourriture synthétique. Il y a dix ans,<br />

c’était de la science-fiction. Aujourd’hui, grâce à un Français, M. Alfred<br />

Champagnat, directeur de recherches à la filiale française de la Compagnie<br />

Britannique B.P., le « bifteck de <strong>pétrole</strong> » (l’expression est à peine exagérée) est<br />

devenu une réalité.<br />

Tout a commencé il y a huit ans, en 1959, lorsque M. Champagnat, en<br />

combinant la méthode microbienne de Weizmann à la pétrochimie, fit cette<br />

découverte sensationnelle : lorsqu’on intro<strong>du</strong>it certaines levures dans <strong>du</strong> gasoil,<br />

pro<strong>du</strong>it par une première distillation <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong> brut, elles se nourrissent de la<br />

paraffine qu’il contient. Séparées <strong>du</strong> gasoil, puis purifiées, elles donnent une<br />

poudre jaunâtre susceptible d’être digérée par les animaux – et même<br />

directement par l’homme.<br />

<strong>La</strong> construction de la première usine qui applique in<strong>du</strong>striellement cette<br />

découverte a déjà commencé, à <strong>La</strong>véra (Bouches-<strong>du</strong>-Rhône), . à proximité de la<br />

raffinerie B.P. Elle sera achevée en 1970, et coûtera 30 millions de francs. Le<br />

jeu en vaut la chandelle. Elle fournira par an 16 000 tonnes d’un concentré<br />

,protéique susceptible d’être incorporé directement dans la nourriture des<br />

animaux de ferme tels que les poulet ; les poules, les porcs ou les vaches. Quant<br />

au gasoil utilisé pour l’opération, il n’est pas per<strong>du</strong> loin de là : le fait qu’il soit<br />

débarrassé de sa paraffine par les micro-organismes améliore sa qualité. Ainsi,<br />

avec 100 tonnes de matière première obtient-on 90 tonnes de gas-oil de qualité<br />

supérieure, et 10 de concentré.<br />

On avait longtemps pensé que les aliments à base de <strong>pétrole</strong> pourraient<br />

être cancérigènes : il semble bien qu’il n’en soit rien. Des essais concluants ont<br />

été effectués, sur trente mille rats, par deux laboratoires hollandais de la plus<br />

haute intégrité. L’administration française elle-même a été convaincue par<br />

l’épaisseur et par la loyauté <strong>du</strong> dossier qu’elle a eu à étudier.<br />

Reste la question <strong>du</strong> goût : il paraît qu’on ne peut reconnaître un poulet<br />

nourri avec des éléments protéiques classiques (farine de poisson) d’un autre,<br />

gavé de gas-oil. (Peut-être n’en va-t-il pas de même avec un authentique poulet<br />

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