La guerre secrète du pétrole - carpem
La guerre secrète du pétrole - carpem
La guerre secrète du pétrole - carpem
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>La</strong> <strong>guerre</strong> <strong>secrète</strong> <strong>du</strong> <strong>pétrole</strong> Intro<strong>du</strong>ction<br />
<strong>La</strong> France continuera, nous allons le voir, à fournir au <strong>pétrole</strong> des<br />
hommes de premier plan. Mais dès la fin <strong>du</strong> XIXe siècle, on se penchait déjà<br />
dans le monde entier sur les problèmes scientifiques et pratiques que posait l’or<br />
noir.<br />
Le grand chimiste Nobel, père de la dynamite, avait commencé en 1879 à<br />
exploiter les <strong>pétrole</strong>s russes. Il fonda en 1886, avec les Rothschild de Paris, la<br />
Société de la Caspienne et de la Mer Noire. Tout était à faire. Tout était<br />
compliqué : d’où venait le <strong>pétrole</strong> ? Comment l’exploiter ? Comment le<br />
transporter ? Dans ces différents domaines, scientifiques et inventeurs volèrent<br />
au secours des in<strong>du</strong>striels. De la pittoresque galerie qu’ils forment, i1 faut<br />
extraire deux grandes figures : Ipatieff, le Cosaque, et Midgley, l’Américain<br />
pathétique. C’est grâce à eux que nous pouvons acheter <strong>du</strong> super-carburant<br />
chez un pompiste.<br />
Vladimir Nikolaevich Ipatieff est né à Moscou voici un siècle, le 29<br />
novembre 1867. En 1887, il est nommé officier ; en 1889, il entre à l’École de<br />
Guerre. <strong>La</strong> chimie est déjà sa véritable passion. Il réussit à aller faire des études<br />
en Allemagne et en France. Il étudie les explosifs et s’intéresse surtout à la<br />
chimie organique. En 1900, il découvre le moyen d’influencer les réactions qui<br />
se pro<strong>du</strong>isent lorsqu’on chauffe les molécules organiques. Pendant la Première<br />
Guerre mondiale, il est chargé de coordonner l’in<strong>du</strong>strie chimique russe. C’est<br />
alors qu’éclate la révolution de 1917. Ipatieff refuse de partir et travaille à la.<br />
reconstruction de son pays. Mais ses origines nobles le rendent suspect et,<br />
sentant sa vie en danger, à regret, il part en 1939 pour les États-Unis où l’on<br />
reconnaît aussitôt sa valeur.<br />
Le principal problème de l’époque est d’empêcher les moteurs<br />
d’automobile de cogner. Dans un laboratoire de Chicago, qui appartient à<br />
l’Universal Oil Pro<strong>du</strong>ct Company, Ipatieff trouve le moyen de transformer<br />
in<strong>du</strong>striellement les hydrocarbures à faible indice d’octane (c’est-à-dire qu’ils<br />
font beaucoup cogner le moteur) en hydrocarbures à indice d’octane élevé<br />
(c’est-à-dire qu’ils font peu cogner le moteur.) Il restera à Chicago jusqu’à la fin<br />
de sa vie. Avec la Deuxième Guerre mondiale, il s’attaque au problème des<br />
supercarburants pour avions, et l’American Air Force lui est redevable en<br />
somme de ses victoires, pour une bonne partie.<br />
Lorsque, en 1947, l’un des auteurs <strong>du</strong> présent livre est reçu par lui à<br />
Chicago, le patriarche de la chimie organique apparaît comme un vieillard<br />
simple, savant et sage à la fois, sans un gain de mesquinerie, faisant honneur à<br />
la science. A quatre-vingts ans il manifeste une jeunesse et une curiosité<br />
extraordinaires. Il mourra à Chicago, couvert d’honneurs, le 29 novembre 1952.<br />
Le grand apport d’Ipatieff est d’avoir trouvé le moyen de pro<strong>du</strong>ire des<br />
supercarburants en modifiant la structure moléculaire des essences.<br />
L’Américain Midgley devait trouver un autre moyen : ajouter aux carburants<br />
des pro<strong>du</strong>its qui empêchent le moteur de cogner et qu’on a appelés les<br />
antidétonants.<br />
Midgley est né le 18 mai 1889 à Beaver Falls (Pennsylvanie). Après un<br />
doctorat de mécanique appliquée, il commence ses recherches vers 1920. Il part<br />
d’une théorie fausse : il croit que les phénomènes de détonation sont <strong>du</strong>s à des<br />
radiations. Il pense pouvoir les arrêter en ajoutant <strong>du</strong> plomb à l’essence. Il<br />
– 44 –