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Exploitation du Bois Paradoxe de la Pauvrete et

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En eff<strong>et</strong>, en ce qui concerne, par exemple, <strong>la</strong> société ENRA, les ouvriers spécialisés<br />

viennent <strong>du</strong> Nord Kivu pour <strong>de</strong>s travaux qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une certaine technicité. Dans c<strong>et</strong>te<br />

catégorie, on peut citer les utilisateurs <strong>de</strong>s tronçonneuses, les chauffeurs, les gérants, <strong>et</strong><br />

même les porteurs (appelés « golozers »). La main d’œuvre locale est rarement utilisée <strong>et</strong><br />

est découragée par <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> travail proposé, comme le portage <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches <strong>et</strong><br />

l’abattage manuel <strong>de</strong>s arbres, ainsi que par le sa<strong>la</strong>ire payé.<br />

Les données <strong>de</strong> l’enquête renseignent que les conditions <strong>de</strong> travail dans les sites<br />

d’exploitation sont précaires <strong>et</strong> les conditions <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong>s ouvriers autochtones ne<br />

sont pas motivantes. Les ouvriers locaux, selon les renseignements reçus, sont<br />

généralement utilisés comme <strong>de</strong>s journaliers <strong>et</strong> ne sont pas couverts par <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong><br />

travail.<br />

Il a été également observé que dans les sites d’exploitation, il n’existe aucune disposition <strong>de</strong><br />

prise en charge médicale en cas d’acci<strong>de</strong>nt, ni <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> sécurité <strong>et</strong> d’hygiène dans les<br />

milieux <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> sorte qu’en cas <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die ou d’acci<strong>de</strong>nt, l’employé est abandonné à<br />

son triste sort.<br />

S’agissant <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires pratiqués, il a été noté une certaine discrimination dans le traitement<br />

<strong>de</strong>s employés. Un ouvrier autochtone touche un sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> 10 à 15$ par mois alors que celui<br />

qui a été recruté à partir <strong>du</strong> Nord – Kivu touche un sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> 25 $ par mois d’autres<br />

avantages. La situation est plus dramatique chez les Pygmées qui sont utilisés dans<br />

l’abattage manuel <strong>de</strong>s arbres <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> prospection comme pisteurs. Ils sont payés à moins<br />

<strong>de</strong> 10$ par mois. Dans ces conditions <strong>de</strong> travail, on enregistre une désertion <strong>de</strong>s Pygmées<br />

qui sont fatigués d’être méprisés <strong>et</strong> déconsidérés.<br />

La situation <strong>de</strong>s employés <strong>et</strong> les conditions <strong>de</strong> travail dépen<strong>de</strong>nt, selon l’enquête d’un<br />

exploitant à un autre <strong>et</strong> d’un site à un autre. Les cas suivants ont été documentés :<br />

• Chez l’exploitant Kambale Kitamuliko alias Maman Neema, tous les ouvriers viennent <strong>du</strong><br />

Nord Kivu. Les conditions <strong>de</strong> travail qui leur sont imposées sont loin d‘être incitatives :<br />

pour avoir droit à un sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> 50$us, un « golozer » doit transporter au moins 4m³(4<br />

tonnes) <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nches. On a par exemple noté lors <strong>de</strong> l’enquête que 8 golozers étaient<br />

appelés à remplir 1 camion - remorque d’une capacité <strong>de</strong> 160 m³ pour toucher 150 $ à<br />

<strong>la</strong> fin <strong>du</strong> chargement.<br />

• Chez l’exploitant Kamul<strong>et</strong>a, les Pygmées sont payés en nature : boisson alcoolique,<br />

chanvre <strong>et</strong> quelques poissons salés pourris. Ils sont utilisés pour l’abattage manuel, le<br />

portage, pour le traçage <strong>et</strong> l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong>s pistes d’évacuation <strong>de</strong> bois (1 Km pour 2 $).<br />

• Chez l’exploitante Kahindo Apolline, <strong>la</strong> main d’œuvre provient <strong>de</strong> Oicha ou <strong>de</strong> Biakato<br />

parce que, dit- elle, ils sont beaucoup plus expérimentés <strong>et</strong> que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion locale est<br />

fainéante <strong>et</strong> s’adonne à <strong>la</strong> boisson alcoolique.<br />

• A Andifele, le machiniste reçoit comme sa<strong>la</strong>ire <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> 5 $ en plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> nourriture.<br />

Le transport <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt jusqu’au bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> route (environ 5 Km) est payée<br />

pour 200 francs congo<strong>la</strong>is par personne <strong>et</strong> par p<strong>la</strong>nche. C<strong>et</strong>te tâche est généralement<br />

exécutée par les jeunes filles <strong>et</strong> les Pygmées. Ces <strong>de</strong>rniers sont <strong>de</strong> fois stimulés par <strong>la</strong><br />

boisson alcoolique <strong>et</strong> même le chanvre.<br />

De ce qui précè<strong>de</strong> nous pouvons conclure que l’exploitation forestière actuelle dans le<br />

territoire <strong>de</strong> Mambasa constitue une activité économique essentielle. C<strong>et</strong>te activité mobilise<br />

plus d’une centaine d’opérateurs impliqués. Les données renseignées par l‘enquête<br />

indiquent que <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction 2006 -2007 est estimée à 56.119,25 m 3 <strong>de</strong> bois. Ces activités se<br />

réalisent dans un contexte <strong>de</strong> pauvr<strong>et</strong>é généralisée <strong>et</strong> attisent plusieurs conflits à <strong>de</strong>s<br />

niveaux différents <strong>de</strong> sorte que <strong>la</strong> manne forestière <strong>de</strong> Mambasa n’apporte encore aucun<br />

eff<strong>et</strong> sur le vécu quotidien <strong>de</strong>s communautés locales. La mauvaise canalisation <strong>de</strong>s<br />

paiements effectués par les exploitants <strong>et</strong> <strong>la</strong> mauvaise gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> main

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