Exploitation du Bois Paradoxe de la Pauvrete et

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65 CONCLUSION GENERALE La recherche – action participative sur l’exploitation du bois dans le territoire de Mambasa a permis d’entrer au cœur d’une problématique sociale, politique et économique qui constitue un enjeu majeur de développement dans le territoire de Mambasa. Cette question est actuellement considérée comme une préoccupation des communautés locales qui n’arrivent pas à justifier cet engouement sur l’exploitation forestière d’autant plus qu’elle ne favorise pas le développement local. En effet, ayant couvert 70 sites repartis dans 04 axes de recherche (Mambasa – Beni, Mambasa - Bunia, Mambasa – Kisangani et Mambasa- Mungbere), l’enquête a permis de dresser l’état des lieux de l’exploitation forestière dans le territoire de Mambasa, d’identifier les problèmes majeurs nés de cette exploitation, de dégager les impacts de l’exploitation avant de formuler des recommandations à l’intention de tous les acteurs impliqués dans la question forestière. Au terme de l’étude, il a été dégagé que les concessions sont octroyées, aux exploitants forestiers par les chefs coutumiers appuyés par les autorités politico – administratives, les communautés locales ne sont ni consultées, ni associées à cette opération. Il n’a jamais été élaboré des cahiers des charges signés conjointement par les communautés riveraines et les exploitants forestiers. Les données récoltées démontrent que contrairement aux statistiques officielles du territoire qui déclarent 28 exploitants forestiers, plus de 100 exploitants forestiers ont été dénombrés dans les différents sites touchés par l’enquête, parmi lesquels moins de 10 détiennent un titre d’exploitation conforme au Code Forestier et à ses mesures d’application. La superficie des concessions cédées aux exploitants varie de 10 ha à 5800 ha dans lesquelles plus de 50 essences forestières sont exploitées. Il n’existe pas un programme de reboisement. Faute de statistiques fiables, il a été difficile de relever avec précision le volume du bois exploité. Les informations qui ont été recoupées estiment cependant à plus de 56.119,25 m³ le volume du bois exploité entre 2006 – 2007. Plus de 90 % des opérateurs forestiers pratiquent l’exploitation du type semi - industriel et évacuent leurs produits par route vers les pays frontaliers (principalement Ouganda, Rwanda et Kenya) via les provinces voisines. La consommation locale est très faible. L’étude a établi que le prix appliqué localement est de 40 $ pour un arbre, 5$ pour une planche d’épaisseur de 2,5 cm, 100 $ pour 1 m³ de bois. Selon les informations qui restent encore à vérifier 1 m³ de bois coûterait plus de 550$ dans les pays frontaliers où ils sont écoulés. Les différents paiements légaux et illégaux payés par les exploitants sous forme de taxes et redevances ne semblent pas être canalisés vers le Trésor Public. Au mépris de la loi forestière et des dispositions fiscales qui y sont prévues, plusieurs services de l’Etat du territoire de Mambasa sont impliqués dans leur perception. Les recettes provenant de l’exploitation forestière sont dilapidées et ne font pas l’objet d’une certaine traçabilité. Elles ne sont utilisées au profit des communautés riveraines pour le développement du milieu. Par rapport à la question de la main d’œuvre, il a été constaté lors de l’enquête que les ouvriers employés par les exploitants forestiers proviennent en grande partie des territoires voisins de Beni, Lubero, Butembo (Nord Kivu) et d’Irumu (Ituri). La main d’œuvre locale est négligée, mal payée et subit un mauvais traitement de la part des exploitants.
66 Plusieurs problèmes et conflits ont été identifiés dans les sites d’exploitation au sein des communautés locales, entre les exploitants et les communautés, entre les communautés et les chefs coutumiers et autres autorités locales, entre les exploitants eux-mêmes et entre les exploitants et les autorités de l’Etat. L’impression générale qui s’est dégagée est que les communautés locales sont victimes de l’exploitation forestière car elles n’en profitent pas. Parmi les victimes les plus touchées se trouvent les populations autochtones Pygmées qui, en général, sont privées de leur cadre de vie et de leurs moyens de subsistance du fait de la destruction des forêts. Tous ces problèmes et conflits ne sont pas traités avec équité et responsabilité par le pouvoir public. A la longue, ils peuvent déboucher sur des crises violentes. L’exploitation du bois à Mambasa s’effectue dans un contexte de vulnérabilité et de pauvreté généralisée des communautés locales. Les effets de cette exploitation ont été jugés négatifs sur les jeunes et les femmes qui en sont victimes, sur l’environnement, sur les infrastructures de transport et sur la vie des communautés riveraines. L’exploitation des ressources forestières à Mambasa n’a pas encore participé au développement socio-économique du milieu. C’est pourquoi, des actions doivent être engagées au niveau du pouvoir public, des communautés locales et de la communauté internationale pour une gestion durable et responsable des forêts de Mambasa. La consolidation du cadre légal actuel, la vulgarisation des textes des lois à tous les niveaux, la consultation et l’implication des communautés locales, le renforcement des capacités des acteurs à tous les niveaux grâce à l’accompagnement des organisations nationales et internationales peuvent faire des forêts de Mambasa un levier de développement durable plutôt qu’une source de pauvreté des populations. Cette étude sur l’exploitation forestière, le paradoxe de la pauvreté et les conflits dans le territoire de Mambasa vient encore de soulever la problématique du développement dans les régions riches en ressources. A considérer le niveau de vie actuel des populations du territoire de Mambasa, on n’hésite pas de considérer, au rythme de l’exploitation actuelle, que la forêt devient une malédiction car source de pauvreté et de conflits. Comment conjurer ce paradoxe paraît être le défi que cette étude soulève auprès des acteurs à tous les niveaux.
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