Exploitation du Bois Paradoxe de la Pauvrete et

Section 5 : PROBLEMATIQUE DU MOUVEMENT DES POPULATIONS
(DELOCALISATION ET MIGRATIONS SAISONNIERES).
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Les informations recueillies renseignent que l’exploitation forestière est la base des
mouvements des populations. Ces mouvements des populations concernent les populations
riveraines qui sont obligées d’abandonner leurs sites d’habitation dès que ces derniers font
partie des concessions d’exploitation acquises par les exploitants. Lesdits mouvements
concernent aussi les ouvriers recrutés ailleurs qui quittent leurs milieux d’origine pour
s’installer dans les sites d’exploitation. La délocalisation des communautés riveraines qui
affecte particulièrement les populations Pygmées est ressentie comme un acte de
dépossession des terres ancestrales et est souvent à la base des conflits entre les
populations riveraines, les exploitants et les autorités de l’Etat comme cela a été souligné au
chapitre 4.
Au niveau de l’axe Mambasa – Beni: A Mantumbi et à Katanga, les populations locales
Pygmées quittent leur milieu à cause de la perturbation de leur train de vie provoquée par
l’exploitation forestière. La société ENRA continue à détruire leur cadre idéal de vie en
abattant des essences forestières qui leur procurent nourriture et médicaments. Dans la
localité de Mapimbi - Mantumbi, plus de 8 campements Pygmées sont menacés par la
Société ENRA. Les Pygmées sont obligés de se déplacer pour s’installer ailleurs.
Cette tentative fait suite à celle de l’année 2000 au cours de laquelle cette entreprise avait
demandé aux populations locales vivant dans ses concessions de les quitter ; les
communautés riveraines s’y étaient farouchement opposées.
Au sujet des migrations saisonnières, la main d’œuvre provenant surtout du Nord - Kivu
cherche à s’implanter définitivement dans les zones d’exploitation de bois. Cette situation est
signalée à Biakato, à Alima, à Luemba, à Malutu, …où les sites d’exploitation se
transforment peu à peu à des colonies de peuplement. Les populations locales digèrent très
mal cette situation.
Au niveau de l’axe Mambasa – Bunia, il a été également rapporté qu’il y a mouvement des
populations locales d’une zone à une autre dans les localités d’exploitation forestière. Ainsi
abandonnent – elles les travaux des champs. Les exploitants et leurs ouvriers provenant
surtout de BUNIA cherchent à s’installer définitivement dans les zones de coupe car le
territoire de Mambasa ressemble à un oasis de paix.
SECTION 6 : PERTURBATION DU CYCLE DE VIE DES COMMUNAUTES RIVERAINES
Les données récoltées lors de l’enquête montrent que l’exploitation du bois a provoqué des
changements dans le mode de vie des populations locales.
En effet, dans l’axe Mambasa – Beni, particulièrement à ALIMA, à BIAKATO et à LWEMBA
ce sont les jeunes qui se font enrôler comme des ouvriers dans les sites d’exploitation et
laissent les villages aux vieux. Ces jeunes, force sociale du milieu, ont abandonné les
travaux agricoles au profit de l’exploitation du bois ; ce qui est à la base de la spéculation
des produits vivriers et de la famine dans leurs milieux.
A Mapimbi, les Pygmées ne savent plus où ils peuvent continuer à pratiquer la chasse, faire
la cueillette et le ramassage étant donné que les exploitants détruisent leur habitat par la
coupe de bois. Ils se demandent s’ils sont aussi vendus avec leur forêt. Les exploitants
abattent les arbres à chenille, font fuir les animaux par leurs activités de telle sorte
qu’aujourd’hui, il est rare d’attraper de la viande de chasse, produit de la forêt et nourriture
de base des Pygmées. Ils assistent, impuissants, à la diminution de leur espace de vie.