Platée - Opéra national du Rhin
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Une commande pour un mariage arrangé<br />
<strong>Platée</strong> fut commandé à Rameau pour le mariage des jeunes enfants de souverains.<br />
Louis-Ferdinand a 10 ans lorsqu’on le fiance à l’infante, Marie-Thérèse qui en a 13. Sa soeur aînée, 12 ans, épouse<br />
l’infant Philippe d’Espagne. Ces mariages sont sensés réconcilier les deux branches des Bourbons. En 1744, Louis<br />
XV tombe malade à Metz. Mené par son précepteur, le jeune Louis-Ferdinand, 14 ans, est déclaré apte à accéder<br />
au trône. L’année suivante, à l’âge de 15 ans, Louis épouse donc sa cousine l’infante d’Espagne Marie-Thérèse-<br />
Raphaëlle de Bourbon, deuxième fille de Philippe V, au Château de Versailles. Les deux époux se heurtent à la<br />
nouvelle favorite, la Marquise de Pompadour. Marie-Thérèse meurt. L’année suivante, peu de temps après avoir<br />
donné le jour à une petite fille qui ne vit que deux ans. Veuf à 17 ans, Louis-Ferdinand est très affecté par la mort de<br />
son épouse.<br />
La création<br />
Écrite en 1745, pour le mariage <strong>du</strong> Dauphin et de l’Infante d’Espagne, <strong>Platée</strong> fit, lors de sa création à Versailles, l’effet<br />
d’une petite révolution. Car outre le fait qu’on y raillait une vieille nymphe jouée par un homme devant une jeune<br />
mariée « peu gâtée » par la nature, on y voyait pour la première fois un ouvrage purement burlesque. À la différence<br />
de l’opéra italien, l’opéra français n’admettait guère le mélange des styles, pourtant constitutif <strong>du</strong> Baroque, et dans<br />
la « Tragédie lyrique », qui demeurait le modèle des théâtres musicaux de ce temps, il était parfois permis de sourire,<br />
mais jamais davantage.<br />
<strong>Platée</strong>, donc, joue délibérément la carte <strong>du</strong> burlesque. Mais c’est aussi parce que l’œuvre elle-même est un énorme<br />
pastiche de l’opéra français traditionnel. Tous les poncifs, les tics, les manies <strong>du</strong> genre y sont regroupés et il suffit juste<br />
de déplacer un accent ou de les replacer dans un autre contexte pour en souligner l’aspect comique. Et comme<br />
le sujet le plus courant de l’opéra traditionnel est l’Amour, avec toutes ses vicissitudes, il est normal que la parodie<br />
s’étende à ce sujet et que <strong>Platée</strong> présente une image grotesque et dérisoire <strong>du</strong> « doux lien ».<br />
Sur le plan musical, Rameau joue de la même ironie et, pour tra<strong>du</strong>ire la maladresse et le ridicule de la pauvre<br />
<strong>Platée</strong>, invente des accords dissonants et malmène les règles, sacrées au XVIII e siècle, de la bonne prosodie. Le<br />
baron Grimm et Jean-Jacques Rousseau furent de fervents admirateurs de l’œuvre.<br />
Un coup de génie<br />
Dans cette comédie lyrique qu’il aimait à appeler lui-même « ballet bouffon », Rameau donne au théâtre lyrique une<br />
petite pépite de jubilation. Après ses succès dans le genre noble (Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux par exemple), il<br />
met en effet en musique une satire à l’humour caustique et dérangeant, mêlant les genres les plus divers avec une<br />
virtuosité inconnue jusqu’alors sur une scène lyrique.<br />
Avec une musique d’une inventivité unique et d’une richesse éblouissante et d’importants moyens artistiques<br />
(solistes, chœur, danseurs), <strong>Platée</strong> est assurément l’un des plus incroyables coups de génie de l’opéra français.<br />
La forme originale de la comédie lyrique<br />
Le ballet de cour est à l’origine <strong>du</strong> genre de ce que constitue <strong>Platée</strong>, intitulé<br />
ballet bouffon ou comédie lyrique. En effet, les divertissements que s’offrait la<br />
cour <strong>du</strong> royaume de France étaient dansés par la famille royale et les courtisans,<br />
menés par des danseurs professionnels. Ils étaient constitués de poésie lyrique et<br />
de chorégraphies. Né sous Louis XIII, son succès éclate sous Louis XIV. Ce dernier<br />
cesse de se pro<strong>du</strong>ire en 1670, mettant ainsi fin au genre. Il trouve rapidement<br />
des successeurs avec l’opéra-ballet et la comédie lyrique qui se développent<br />
au XVIII e siècle. Comédie et fantaisie sont présentes et trouvent vie dans une<br />
multiplication de décors et de costumes, la danse agissant en intermèdes.<br />
Louis XIV costumé pour le ballet de cour<br />
« Le Bal de la nuit » en 1653 : il a 15 ans