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Documents Greco - Roumains: le fonds Mourouzi d'Athenes

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WTRODUCTION 31<br />

souvent provoquait de petits scanda<strong>le</strong>s à Jassy, dont l'attitude était<br />

sévèrement critiquée dans la bonne société et qui montrait une superbe<br />

indifférence vis-à-vis du danger présenté par l'épidémie de peste qui<br />

sévissait dans <strong>le</strong> pays, et cela à la grande inquiétude de sa famil<strong>le</strong>, qui<br />

s'était mise à l'abri à Cumaräu ou à Lipcani.<br />

Le même Démètre, qui en 1837-1838 se trouvait à Jassy, marié et attendant<br />

d'être père, échange quelques <strong>le</strong>ttres, p<strong>le</strong>ines de nostalgie, avec<br />

son ancien professeur de Paris, È. Geruzez. Celui-ci avait succédé à<br />

Vil<strong>le</strong>main à la Sorbonne et Démètre voulait lui confier l'éducation de<br />

son frère cadet, Constantin. De son côté Geruzez lui souhaite de réussir à<br />

s'établir en Grèce, comme il l'avait tant désiré, pour contribuer à la<br />

prospérité de ce pays. Mais <strong>le</strong> sort en décida autrement, car celui qui<br />

s'établit en Grèce fut justement Constantin, qui deviendra l'Aide de<br />

camp du roi Othon et dont <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres envoyées vingt ans après à son<br />

frère aîné expriment d'une part son enthousiasme pour la marine<br />

grecque - dans laquel<strong>le</strong> il lui conseil<strong>le</strong> d'investir - et d'autre part l'agacement<br />

que lui provoquent <strong>le</strong>s jérémiades de <strong>le</strong>ur mère, la princesse Rallou.<br />

Ainsi que nous l'écrivions ci-dessus, <strong>le</strong>s événements de 1821, <strong>le</strong> meurtre<br />

de son mari, <strong>le</strong> refuge à Odessa, <strong>le</strong>s procès pour Särata et pour <strong>le</strong>s terrains<br />

de Copou avaient rendu la vie assez dure pour la princesse. De<br />

nombreuses <strong>le</strong>ttres échangées avec ses banquiers, ses créditeurs et<br />

surtout avec ses enfants se rapportent presqu' exclusivement au manque<br />

d'argent et aux demandes de lui assurer <strong>le</strong> nécessaire pour la vie quotidienne.<br />

Il ressort de cette correspondance que, malgré l'amour filial<br />

qu'ils lui montraient, ses fils la trouvaient pour <strong>le</strong> moins excentrique.<br />

Ainsi, en 1854, excédé, A<strong>le</strong>xandre écrit à son frère Démètre que <strong>le</strong>ur<br />

mère, qui se croyait malade et "quoiqu'el<strong>le</strong> même médecin", s'entoure<br />

de toute espèce de guérisseurs plus que suspects et qu'el<strong>le</strong> se soumet entre<br />

autres à des "expériences de sulphate". Au seuil de la vieil<strong>le</strong>sse, la<br />

princesse dépend de plus en plus de ses fils qui, fort inquiets du "qu'en<br />

dira-t-on" se disputent à qui mieux-mieux pour son entretien 42 . Mais <strong>le</strong><br />

soi-disant "état de pauvreté" de la princesse est bien relatif, comme <strong>le</strong><br />

prouvent de généreuses donations à des institutions de bienfaisance<br />

d'Athènes.<br />

Ses <strong>le</strong>ttres, comme d'ail<strong>le</strong>urs cel<strong>le</strong>s de ses fil<strong>le</strong>s, Marie, Euphrosyne et<br />

Zoé, adressées surtout à Démètre (écrites toutes en grec) sont plutôt<br />

monotones. Cel<strong>le</strong>s des fil<strong>le</strong>s datent du temps où el<strong>le</strong>s habitaient la terre<br />

de Cumaräu et ne sont que de longues litanies dépeignant la vie triste et<br />

vide qu'el<strong>le</strong>s mènent là-bas, <strong>le</strong>s maladies qui frappent tantôt l'un, tantôt<br />

42. Ainsi Constantin écrit furieux à son frère qu'il a dû renoncer à son<br />

cheval et qu'il partage avec sa mère la rente annuel<strong>le</strong> de mil<strong>le</strong> ducats. "Que<br />

veux-tu qu'on fasse de plus?" s'écrie-t-il exaspéré. Et il ajoute amèrement<br />

qu'A<strong>le</strong>xandre qui est <strong>le</strong> plus riche d'entre tous et qui se vante continuel<strong>le</strong>ment<br />

que Särata n'est pas perdue, ferait bien de lui avancer l'argent nécessaire, sans<br />

quoi "<strong>le</strong> monde nous jettera la pierre si on venait à savoir l'état de délaissement<br />

dans <strong>le</strong>quel nous la laissons".

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