Vers des villes durables Amérique du Nord, Europe du ... - Urbamet
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ville (1960-1980) menée sous l’influence d’un modernisme et d’un fonctionnalisme qui ont<br />
fait table rase <strong>du</strong> passé. Par contre, l’urbanisation préférentiellement organisée le long <strong>des</strong><br />
infrastructures de transport collectif a permis de sauvegarder <strong>des</strong> espaces tampons naturels et<br />
de maintenir un rapport privilégié à la nature en ville.<br />
Le cas de Stockholm ouvre ainsi <strong>des</strong> pistes de recherche sur les valeurs de solidarité qui<br />
peuvent se consolider à travers une réflexion sur la valorisation <strong>des</strong> ressources <strong>des</strong> territoires<br />
et leur mutualisation. Il pose aussi la question <strong>des</strong> façons d’appréhender le traitement de la<br />
dimension sociale de la <strong>du</strong>rabilité puisque celle-ci ne peut plus se satisfaire d’une<br />
massification de l’offre de logements conventionnés et <strong>des</strong> services urbains, compte tenu <strong>des</strong><br />
effets pervers in<strong>du</strong>its et <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> et contraintes spécifiques <strong>des</strong> usagers.<br />
Au tournant <strong>des</strong> années 1990, la perte de crédibilité <strong>des</strong> politiques interventionnistes dans le<br />
domaine <strong>du</strong> développement social-urbain et la montée <strong>des</strong> préoccupations de développement<br />
<strong>du</strong>rable vont con<strong>du</strong>ire à un interventionnisme dans le domaine environnemental vis-à-vis<br />
<strong>du</strong>quel il existe une forte conscience citoyenne. Ce tournant est favorisé par la crise <strong>des</strong><br />
années 1990, pendant laquelle l’économie apparait pouvoir constituer un ciment de la société.<br />
La conception de la <strong>du</strong>rabilité repose alors sur l’hypothèse qu’une économie en bonne santé<br />
est la condition sine qua non de la justice sociale et de la protection environnementale. D’où<br />
un soutien à « l’économie verte » qui contribue à <strong>des</strong> valeurs de solidarité à travers la<br />
préservation environnementale et la sobriété <strong>des</strong> comportements. Il s’agit d’exploiter<br />
autrement les ressources de l’environnement en mutualisant leur usage (réseaux collectifs de<br />
chaleur…) et en repositionnant leur exploitation dans une économie plus territorialisée<br />
(exploitation <strong>des</strong> ressources forestières et <strong>des</strong> déchets par le développement <strong>des</strong> secteurs de la<br />
biomasse…). Toutefois la focalisation sur le couple économie-environnement se substitue aux<br />
politiques de solidarité qui participaient d’une cohésion sociale. Se pose alors la question de<br />
savoir si les effets distributifs et la solidarité atten<strong>du</strong>s d’un soutien à l’économie<br />
environnementale ne génèrent pas de nouvelles inégalités et n’écartent pas les plus<br />
défavorisés <strong>des</strong> bénéfices escomptés (voir à ce sujet certains <strong>des</strong> effets pervers <strong>du</strong> péage<br />
urbain et <strong>du</strong> raccordement aux réseaux de chaleur).<br />
La reconstitution <strong>des</strong> trajectoires de Vancouver et de Stockholm montrent ainsi que la<br />
<strong>du</strong>rabilité revêt un sens et <strong>des</strong> contenus différents dans <strong>des</strong> sociétés à <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de temps<br />
distinctes. Les conceptions de la <strong>du</strong>rabilité se construisent dans le temps long et évoluent sous<br />
l’influence <strong>des</strong> tensions et <strong>des</strong> ruptures qui traversent les sociétés à chaque grande période<br />
historique de leur mutation.<br />
Le sens donné à la <strong>du</strong>rabilité à Stockholm illustre ainsi la mutation d’une société dont le<br />
système social était bâti sur <strong>des</strong> valeurs d’égalité qu’une économie florissante mais assez<br />
refermée sur elle-même permettait d’entretenir. Le rejet de l’uniformisation sociale,<br />
l’ouverture économique, puis la crise ont rebattu les cartes. L’émergence de la notion de<br />
<strong>du</strong>rabilité s’est inscrite dans cette mutation. Elle a véhiculé l’idée d’un renouveau<br />
démocratique et économique : moins de politiques <strong>des</strong>cendantes, plus d’initiatives locales et<br />
de place à l’innovation, une responsabilisation environnementale partagée qui trouve à<br />
s’exprimer à travers un développement économique et urbain territorialisé préservant le cycle<br />
éco-systémique <strong>des</strong> ressources et dont les expérimentations trouvent à s’exporter dans le<br />
contexte d’une économie plus ouverte.<br />
En ce sens, l’un <strong>des</strong> enseignements de cette recherche est l’importance à accorder au<br />
renouvellement <strong>des</strong> conceptions de la <strong>du</strong>rabilité dans l’objectif de refonder une capacité d’agir<br />
face à de nouveaux défis à relever. En fait, chaque ville apporte <strong>des</strong> réponses différenciées<br />
aux enjeux à traiter. Lisbonne met en avant la notion d’équité territoriale face à <strong>des</strong><br />
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