Vers des villes durables Amérique du Nord, Europe du ... - Urbamet

contraire sur une contestation forte de la modernité qui émerge dès la moitié du XIXème
siècle, au nom notamment d’une certaine sensibilité pré- voire écologique, préfigurant le
discours contemporain sur le développement durable.
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I.3.3. Stockholm, un positionnement qui empreinte aux deux conceptions polaires
de la ville durable
La conception développée à Stockholm de la ville durable empreinte aux deux conceptions
évoquées ci-dessus. Comme nous l’avons précédemment, le développement de la ville et du
territoire sont très empreints de modernisme, par exemple, les stratégies développées à
l’échelle de la ville et de l’agglomération en matière de développement économique
s’appuient sur le développement de solutions techniques innovantes destinées à pallier la
raréfaction des ressources environnementales.
Pourtant, si la conception de la ville et du développement économique s’appuient sur une
conception faible de la durabilité, la conception du monde qui prévaut en Suède relève d’une
conception forte. Or, c’est au nom de cette conception du monde, que le développement
urbain a été contraint par de mesures de protection de la nature même dans les années 1940,
au moment où l’influence du modernisme était à son paroxysme.
Les deux conceptions ont cohabité sans qu’il y ait d’opposition forte entre ville et nature, car
la conception fonctionnaliste de la ville et du développement territorial a été dès l’origine
subordonnée à celle de la nature (les animaux, les végétaux, les ressources naturelles, les
paysages), comme cadre sans lequel rien ne serait possible.
Cette cohabitation de deux conceptions du développement opposées fait la spécificité du
développement durable suédois. Nous verrons dans la deuxième partie comment celle-ci se
traduit dans la fabrique de la ville durable depuis que le développement durable est devenu un
enjeu de développement.
I.3.4. Une conception du développement durable en constante évolution
La conception suédoise du développement durable, nous l’avons vu, est fondée sur une
conception du monde selon laquelle l’homme fait partie d’un tout qui le dépasse, et qui de ce
fait n’appartient à personne 49 , c’est pourquoi on n’a pas le droit de l’altérer. Ce tout, la nature,
est considéré comme quelque chose de supérieur, voire de sacré. Il faut rappeler à ce propos
que la culture suédoise repose aussi sur la mythologie nordique dans laquelle la nature occupe
une place centrale, puisque les célébrations religieuses se faisaient sur des sites naturels ou au
pied d’arbres sacrés. De plus l’organisation de l’univers à la forme de l’arbre cosmique
(Yggdrasil). Cette conception du monde explique pourquoi l’approche suédoise du
développement durable a été dès l’origine très axée sur la protection de l’environnement. Elle
fournit également des éléments d’explication sur les raisons de l’implication de la Suède dans
la promotion du développement durable sur la scène internationale. De cette conception du
monde découle en effet un sentiment de responsabilité collective à l’égard de la planète tout
entière.
49 L’accès à la nature pour tous est symbolisée par une loi non écrite, l’Allemanrätten, qui donne droit d’usage du territoire à
chacun (ex. on peut camper ou traverser tout terrain privé, à condition d’avertir le propriétaire).