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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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Darwinien de “sélection naturelle”. Son intérêt est ainsi principalement téléonomique (porté à la sélection<br />

naturelle par le marché) <strong>et</strong> non téléologique (porté aux intentions ou à la rationalité des agents<br />

économiques) :<br />

All the preceding arguments leave the individual economic participant with imitative, venturesome, innovative, trial-and-error<br />

adaptive behaviour. Most conventional economic tools and concepts are still useful, although in a vastly different analytical<br />

framework – one which is closely akin to the theory of biological evolution. The economic counterparts of gen<strong>et</strong>ic heredity,<br />

mutations and, and natural selection are imitation, innovation and positive profits. (Alchian, 1950, p. 219-220).<br />

The suggested approach embodies the principles of biological evolution and natural selection by interpr<strong>et</strong>ing the economic<br />

system as an adaptive mechanism which chooses among exploratory actions generated by the pursuit of ‘success’ of ‘profit’.<br />

(Alchian, 1950, p. 211).<br />

Par-là, Alchian cherche à montrer que, dès l’instant où l’on place les individus dans un environnement<br />

incertain où la maximisation d’une variable est rendue impossible, le système économique prend le relais<br />

de telle sorte que les survivants peuvent apparaître comme ceux qui se sont adaptés alors que la vérité<br />

peut bien être que l’environnement les a adoptés (Alchian, 1950, p. 214). Il invente de c<strong>et</strong>te manière une<br />

ligne de défense (le fameux argument “as if”) qui sera reprise <strong>et</strong> développée plus tard par Friedman<br />

(1953) 10 , Becker (1962) <strong>et</strong> Machlup (1967). Alchian avance également l’idée Darwinienne que le hasard<br />

est un élément majeur dans les processus de “sélection naturelle” que subissent les firmes. Il imagine ainsi<br />

que si toutes les firmes tiraient au sort leurs décisions, certaines décisions seront adaptées aux conditions<br />

du marché <strong>et</strong> donc ces firmes réaliseront un profit non nul <strong>et</strong> survivront alors que les autres vont<br />

disparaître. Dans ce schéma, la métaphore biologique est utilisée dans le cadre d’un raisonnement<br />

statique. La sélection apparaît comme un processus exogène, indépendant des comportements <strong>et</strong> de<br />

l’histoire des agents. Elle est “naturelle”. 11<br />

9<br />

Coriat <strong>et</strong> Weinstein (1995) parlent d’intuitions évolutionnistes chez Alchian (1950) plutôt que d’une véritable<br />

conceptualisation aboutie.<br />

10<br />

En reprenant l’argumentation d’Alchian (1950), Friedman (1953) va recourir à la métaphore des feuilles de l’arbre pour<br />

justifier la logique d’optimisation : en observant les feuilles, il apparaît qu’en recherchant systématiquement la lumière, ces<br />

feuilles se conduisent comme si elles cherchaient à maximiser la quantité de soleil qu’elles reçoivent. De la même manière que<br />

les feuilles, si les firmes survivent sur le marché, c’est comme si elles adoptaient un comportement maximisateur. “Unless the<br />

behavior of business in some way or other approximated behavior consistent with the maximisation of r<strong>et</strong>urns, it seems<br />

unlikely that they would remain in business for long.” (Friedman, 1953, p. 22). Ceci étant dit, c<strong>et</strong>te ligne de défense<br />

orthodoxe est critiquable. Contrairement à c<strong>et</strong> irréalisme méthodologique, l’évolution n’a aucune vision d’avenir <strong>et</strong> ne produit<br />

donc pas nécessairement la meilleure solution. Elle ne peut que procéder avec ce qu’elle a, là où elle se trouve à l’instant. Les<br />

processus de sélection sont ainsi marqués par de nombreux échecs qui conduisent à ce que ce qui est sélectionné n’est pas<br />

nécessairement le plus efficace, le plus adapté ou le plus apte à survivre. La différence fondamentale entre les logiques de<br />

sélection <strong>et</strong> d’optimisation est que la première n’est pas du tout finalisée (absence d’équilibre). L’évolution économique ne<br />

peut donc être compatible qu’avec une logique de satisficing à la Simon <strong>et</strong> absolument pas avec la logique d’optimisation de la<br />

théorie économique standard. Winter (1964, 1971) mit fin à ce débat en plaçant la sélection dans un cadre temporel dynamique<br />

où il fait en particulier remarquer que le point crucial dans le processus de sélection est qu’il s’inscrit dans un temps<br />

relativement long. Un facteur d’hérédité ou de rétention est donc nécessaire. Constatant que le processus de sélection dans le<br />

milieu biologique ne s’exerce qu’à long terme sur les gènes des êtres vivants, Winter conclut que la sélection n’agit qu’à long<br />

terme sur les structures des firmes. L’analyse des comportements des firmes montre en eff<strong>et</strong> qu’elles sont loin de maximiser<br />

leurs profits <strong>et</strong> pourtant elles arrivent à survivre. Ce qui dément catégoriquement la proposition de Friedman.<br />

11<br />

La qualification de Khalil (2000) du principe Darwinien de sélection naturelle d’optimisation évolutionnaire nous paraît<br />

parfaitement adaptée. Nous pouvons ainsi r<strong>et</strong>rouver la même ligne de défense Friedmanienne “as if” dans la définition<br />

Darwinienne de Boyd <strong>et</strong> Richerson (1980, p. 100) de la sélection naturelle : “… in general, the natural selection process<br />

behaves ‘as if’ it optimizes fitness at the level of the individual”. Blaug (1994, p. 91 f) raconte c<strong>et</strong>te histoire, devenue célèbre à<br />

propos de la thèse Friedmanienne d’irréalisme méthodologique : Un économiste, un ingénieur <strong>et</strong> un chimiste échouèrent

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