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Que faire ? - Médias 19

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C’est alors qu’il émigra, sous un prétexte futile, dans le pavillon du fond.<br />

<strong>Que</strong> <strong>faire</strong> ?<br />

La duchesse supporta avec résignation cet abandon. Tant qu’elle eut sa fille auprès<br />

d’elle, elle versa sur cette enfant les trésors de bonté de son âme, et le besoin d’aimer<br />

de la femme se fondit dans les caresses de la mère.<br />

Mais, lorsque Emma eut été conduite aux Oiseaux, que la duchesse se trouva seule,<br />

isolée au milieu du monde, sans affection, en butte à ces déclarations à brûle-pourpoint<br />

qu’autorise presque l’abandon officiel du mari, elle sentit un vide morne dans son cœur<br />

de femme.<br />

Ses tentatives pour reprendre l’affection de son époux échouèrent ; sa beauté, bientôt,<br />

fut menacée par l’embonpoint ; une tristesse mortelle l’envahit.<br />

Alors, elle imita son mari ; comme lui, elle chercha à s’étourdir… à oublier 51 … Tantôt<br />

s’enfermant, solitaire, et s’absorbant en des lectures pieuses, tantôt se lançant dans le<br />

tourbillon des bals. Parfois, elle passait les journées à courir seule, à pied, dans Paris au<br />

profit d’œuvres dont elle avait accepté le patronat.<br />

On plaignit la duchesse sans la censurer.<br />

Quant à son mari, il se montrait fort jaloux de sa maîtresse et continuait à mener la<br />

grande vie sans s’inquiéter de sa femme.<br />

Depuis quelques mois, Emma, sortie du couvent, avait fait son entrée dans le monde ;<br />

Mme de Montfort-Chalosse semblait donc devoir redevenir sinon heureuse, au moins<br />

calme, la fille consolerait de nouveau la mère et rappellerait le père à son foyer. Mais il<br />

n’en fut pas ainsi ; le duc ne parut pas s’apercevoir qu’il dût rien changer à son genre de<br />

vie. Alors, une fois encore déçue, la duchesse devint plus fiévreuse et fantasque, surtout<br />

depuis la vente de la princesse de Courthenay.<br />

Ce fut une de ces fêtes quasi publiques où, sous le couvert de la charité, toutes les<br />

sociétés se coudoient avec une excessive liberté d’allures. Là, elle avait si longuement<br />

causé avec un étranger, inconnu de tous, que sa fille, embarrassée de son isolement<br />

dans la cohue, avait accepté le bras d’un journaliste qui venait de lui être présenté.<br />

— Les Montfort s’encanaillent ; avait déclaré le vicomte de Lossignol devant ce manque<br />

de correction.<br />

Oscar Laurendeau, son accompagnateur ordinaire dans le haut monde, où il cherchait à<br />

s’introduire, approuva :<br />

51 De manière semblable, la femme du grand monde séduite par Pranzini, dont on a retrouvé la<br />

correspondance, était « étouffée par son milieu, dévorée d’ennui, à la recherche d’impressions<br />

neuves, bizarres, [et] elle avait, un jour de spleen, rencontré dans un passage l’homme de proie »<br />

(Pierre Bouchardon, L’af<strong>faire</strong> Pranzini, op. cit., p. 165). Quant à elle, la victime, Mme de Montille,<br />

avait probablement succombé par chagrin d’amour à une existence déréglée qui lui avait permis<br />

de rencontrer Pranzini.

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