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Que faire ? - Médias 19

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<strong>Que</strong> <strong>faire</strong> ?<br />

Général Boulanger, le budgeti-vauriens (1889). Il a fondé un premier périodique avant<br />

Tabarin, Le Gueux, en mai 1879, qui compta onze numéros et qui annonce le ton de<br />

Tabarin 7 . C’est en octobre <strong>19</strong>00 que Gaillet fonda ce petit hebdomadaire satirique,<br />

politique et financier. Aujourd'hui presque introuvable, la feuille de quatre pages qui<br />

paraissait le samedi et coûtait dix centimes valut à son directeur de nombreuses<br />

menaces de suspension, des procès et quelques mois de prison, en <strong>19</strong>03. Gaillet était le<br />

fondateur, le directeur, le gérant et probablement le principal auteur de Tabarin. Le ton<br />

de l'hebdomadaire était ironique, violent, franc et populaire, voire vulgaire. C'est là<br />

qu'Apollinaire, après avoir connu Gaillet à l'occasion de leur collaboration à <strong>Que</strong> <strong>faire</strong> ?,<br />

débuta véritablement dans le journalisme parisien, participant à deux campagnes de<br />

presse 8 . On voit ainsi se dessiner trois silhouettes bien distinctes derrière <strong>Que</strong> <strong>faire</strong> ? :<br />

celle d’un avocat et homme de lettres vieillissant, celle d’un jeune auteur cherchant à se<br />

tailler une place dans le monde littéraire, et enfin celle d’un journaliste satirique et<br />

besogneux.<br />

Les malheurs d’Emma<br />

3. De ces trois influences conjuguées est née une trame narrative pour le moins sinueuse.<br />

L’intrigue se situe en 1887, au moment où se déroule l’instruction du criminel Pranzino,<br />

accusé du meurtre de trois femmes. Or, cette af<strong>faire</strong> criminelle se trouve tragiquement<br />

liée au destin d’une noble famille parisienne, celle des Montfort-Chalosse. En effet, la<br />

presse menace de révéler la correspondance scandaleuse entre une femme du grand<br />

monde et l’assassin Pranzino : il s’agit des lettres de la duchesse de Montfort-Chalosse.<br />

Le duc, découvrant l’infamie, se suicide, la duchesse sombre dans la maladie, et la<br />

jeune héritière, Emma de Montfort-Chalosse, jure de venger l’honneur de sa famille en<br />

détruisant lesdites lettres. Dans cette quête où elle perd, bien malgré elle, fortune et<br />

honneur, Emma est secondée par un jeune journaliste du New-York Messenger dont<br />

elle est amoureuse, René Danglars. Celui-ci veut prouver que Pranzino n’est pas<br />

coupable du triple meurtre dont il est accusé, mais que le véritable assassin serait un<br />

« petit homme brun » que René Danglars croit pouvoir démasquer, un rastaquouère<br />

élégant et hautain, le comte Linski de Castillon, se faisant aussi nommer marquis<br />

d’Alamanjo. Parallèlement à cette première intrigue, les curieuses recherches<br />

scientifiques du docteur Cornélius Hans Peter de Prague, qui désire par-dessus tout<br />

étudier les crânes des grands criminels, entrent en scène. D’abord à la poursuite du<br />

crâne de Pranzino, Cornélius abandonne rapidement la quête de cette première boîte<br />

osseuse pour se tourner vers celle du marquis d’Alamanjo, bien supérieur dans le crime,<br />

comme l’indique sans ambiguïté sa conformation crânienne. Le bon docteur joindra ses<br />

efforts à ceux de René Danglars, dans l’espoir de réformer le terrible assassin et de<br />

perfectionner l’humanité en opérant son cerveau.<br />

4. Enfin, cette intrigue s’insère dans un récit-cadre : dès la première livraison, le lecteur se<br />

trouve confronté au cas de conscience d’Emma de Montfort-Chalosse, qui confie au<br />

narrateur anonyme, rencontré à la sortie d’un procès, un manuscrit racontant ses<br />

malheurs. Emma demande au narrateur, journaliste et ami de René Danglars, de lire ce<br />

« roman réel » et de lui donner une réponse aux questions morales qu’elle se pose, à la<br />

7 Cf. Pierre Caizergues, Apollinaire journaliste, op. cit., p. 64-71.<br />

8 Ibid., p. 58-63.

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