Contact Sages-Femmes n° 24 - Ordre des sages-femmes
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Lettre juridique<br />
La participation<br />
<strong>des</strong> <strong>sages</strong>-<strong>femmes</strong><br />
à la surveillance<br />
post-interventionnelle<br />
L e Conseil national a été<br />
<strong>des</strong>tinataire de nombreux témoignages<br />
de <strong>sages</strong>-<strong>femmes</strong>,<br />
lesquelles ont été sollicitées par<br />
leur établissement pour assurer<br />
la surveillance post-interventionnelle<br />
au sein de la maternité ou<br />
du bloc obstétrical.<br />
Ces sollicitations soulèvent de<br />
nombreux problèmes d’ordre<br />
médico-légal.<br />
En effet, conformément à<br />
l’article D.61<strong>24</strong>-98 du code de la<br />
santé publique, "la surveillance<br />
qui suit le transfert de la patiente<br />
consécutivement à une intervention<br />
doit être mise en œuvre dans<br />
une salle de surveillance postinterventionnelle".<br />
Cette surveillance<br />
a pour objet de contrôler<br />
les effets résiduels <strong>des</strong> médicaments<br />
anesthésiques et leur<br />
élimination et de faire face aux<br />
complications éventuelles liées à<br />
l’intervention ou à l’anesthésie.<br />
L’article D.61<strong>24</strong>-101 de ce<br />
même code énonce que les patientes<br />
admises dans une salle<br />
de surveillance post-interventionnelle<br />
sont prises en charge<br />
en principe par un ou plusieurs<br />
agents paramédicaux (dont sont<br />
exclues les <strong>sages</strong>-<strong>femmes</strong> qui<br />
sont <strong>des</strong> personnels médicaux).<br />
Ces personnels sont alors affectés<br />
exclusivement à cette salle<br />
pendant sa durée d'utilisation et<br />
placés sous la responsabilité<br />
médicale d'un médecin anesthésiste-réanimateur<br />
qui doit pouvoir<br />
intervenir sans délai.<br />
Par ailleurs, sous réserve que les<br />
patientes puissent bénéficier <strong>des</strong><br />
mêmes conditions de surveillance,<br />
une salle de travail située<br />
dans l’unité d’obstétrique peut<br />
tenir lieu de salle de surveillance<br />
post-interventionnelle pour <strong>des</strong><br />
accouchements par voie basse.<br />
Dans cette hypothèse, les patientes<br />
peuvent être prises en<br />
charge par <strong>des</strong> <strong>sages</strong>-<strong>femmes</strong><br />
pour les seuls accouchements<br />
par voie basse.<br />
Cela dit, toute salle de surveillance<br />
post-interventionnelle<br />
doit comporter en permanence<br />
au moins un infirmier formé à<br />
ce type de surveillance, si possible<br />
un infirmier anesthésiste<br />
diplômé d’Etat. Lorsque la salle<br />
dispose d’une capacité égale ou<br />
supérieure à 6 postes occupés,<br />
l’équipe paramédicale comporte<br />
au moins 2 agents présents dont<br />
l’un est obligatoirement un infirmier<br />
formé à ce type de surveillance<br />
et, si possible, infirmier<br />
anesthésiste.<br />
Ainsi, si les textes précités<br />
prévoient l’hypothèse de la<br />
prise en charge d’une parturiente<br />
par la sage-femme après<br />
une anesthésie générale ou locorégionale<br />
pour un accouchement<br />
par voie basse, cela n’enlève rien<br />
à l’obligation de la présence d’un<br />
infirmier.<br />
C’est pourquoi, une organisation<br />
qui prévoirait la surveillance<br />
d’une patiente admise dans la<br />
salle post-interventionnelle suite<br />
à un accouchement par voie<br />
basse par la seule sage-femme<br />
ne serait pas conforme à la réglementation<br />
en vigueur.<br />
De plus, les <strong>sages</strong>-<strong>femmes</strong> ne sont<br />
pas habilitées à prendre en charge<br />
<strong>des</strong> patientes admises dans une<br />
salle de surveillance post interventionnelle<br />
suite à une césarienne,<br />
seuls les infirmiers anesthésistes<br />
pouvant assurer cette surveillance.<br />
L’article R.4311-9 du code<br />
de la santé publique qui définit<br />
les compétences <strong>des</strong> infirmiers<br />
N°<strong>24</strong> JUILLET 2010<br />
prévoit d’ailleurs que "l’infirmier<br />
ou l’infirmière est habilité à accomplir<br />
sur prescription médicale<br />
écrite, à condition qu’un médecin<br />
puisse intervenir à tout moment,<br />
les soins et surveillance <strong>des</strong> personnes,<br />
en postopératoire".<br />
D’une manière générale, il convient<br />
de rappeler le fait que, si<br />
les <strong>sages</strong>-<strong>femmes</strong> sont habilitées<br />
à effectuer <strong>des</strong> soins infirmiers<br />
dans le cadre de l’exercice<br />
de leurs compétences, elles ne<br />
peuvent pour autant occuper un<br />
poste d’infirmier dans les services<br />
d’un établissement dès lors<br />
que les tâches qui leur seraient<br />
demandées n’auraient pas de<br />
rapport avec le champ de compétences<br />
qui, normalement,<br />
relève de la profession de sagefemme.<br />
En effet, aucun <strong>des</strong> articles<br />
du code de la santé publique<br />
ne peut être interprété comme<br />
donnant compétence à une<br />
sage-femme pour pratiquer, de<br />
manière exclusive, la totalité <strong>des</strong><br />
actes qui entrent dans le champ<br />
de compétence de la profession<br />
d’infirmier.<br />
alain Bissonnier<br />
Conseil National de l’<strong>Ordre</strong> <strong>des</strong> <strong>Sages</strong>-<strong>Femmes</strong><br />
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