INTERNAT ET INTERNEMENT SOUS L'ANCIEN REGIME TOME 4 ...

état ..." (160). Les Filles de la Croix, de Lavaur, "...auront soin d'élever ...
des jeunes filles à la piété chrétienne ; leur montrant à lire, à écrire, et
les dressant à quelque travail manuel, ainsi qu'elles jugeront à propos, et
que les parens trouveront convenable...". Nouvelles converties ou catholiques,
le principe est de leur faire faire des "...exercices conformes à leur état et
à leur qualité ..." (161).
La Congrégation de Notre-Dame, de Pierre Fourier (dès les années 16001, a pour
but "...de dresser des écoles publiques et y enseigner gratuitement les filles
à lire et écrire, à besogner de l'aiguille et l'instruction chrétienne ...
selon 1 'état, àge et capacités de chacune d'icelles. .." (162). La place des
travaux manuels est importante : une heure et demie dans une journée scolaire
de cinq heures (163). Deux cas, en gros, peuvent être distingués. L'appren-
tissage du ménage et de 1 'économie domestiques, dans une perspective chré-
tienne, est utile pour certaines filles, "...attendu que lorsqu'elles seront
plus âgées et mères de famille, elles demeureront d'ordinaire au ménage pour y
gouverner leurs enfants, serviteurs et servantes et conduire toute la maison
et quant, donner aux petits, soit fils ou filles, la première nourriture et
des impressions et exemples ou de bien ou de mal, qui pourront s'enraciner en
leurs âmes et par aventure y persévérer pour toute la vie..." (164). Le
travail manuel consiste "...à coudre et besogner en nuance, linges, lassy,
point coupé, et autres ouvrages semblables propres à des filles et qui, de
soi, puissent apporter quelque profit à celles qui les apprennent.. .". Cette
dernière précision fait allusion au cas d'autres filles, plus pauvres : il
s'agit aussi de donner "...matière et commodité à plusieurs pauvres filles de
gagner - honnêtement leur vie, lesquel les auparavant n'avaient moyen de rien
apprendre à raison de leur pauvreté et de là pouvaient tirer occasion de
s'exposer à plusieurs hasards et dangers.. ." (165). Très tôt, on le voit, le
travail manuel - à court, moyen ou long terme - est considéré corne un
puissant moyen de moralisation.
Lorsque les évêques réformateurs créent des petites écoles de filles, la
nécessité d'inclure du travail manuel dans le programme scolaire ne leur
échappe pas. L'évëque de Cahors, en 1673, établit dans les villes principales
du diocèse des "filles et veuves de piété' pour instruire les filles "...non
seulement à lire, mais encore à servir Dieu et à travailler et à faire des
ouvrages chacune suivant sa condition.. ." (166). Les statuts synodaux