INTERNAT ET INTERNEMENT SOUS L'ANCIEN REGIME TOME 4 ...

f 172). Méme industrie dans certaines parties du Languedoc. C'est le cas, vers
le milieu du XVIIIe siècle, de la communauté des Soeurs de Saint-Joseph (1731,
instituée à Craponne (1741, par Louise Dupoux, pour ". . .vacquer, dit 1 'acte de
fondation du 22 mai 1723, aux saints exercices de 1 'instruction des jeunes
personnes de leur sexe. .," (175). Cet établissement devient si prospère et si
utile que les habitants de la ville adressent, le 25 mai 1766, une supplique à
1 'évêque du Puy, pour obtenir des lettres patentes de confirmation. ". . Il
est manifeste, disent-i ls, que ces demoisel les sont entièrement dévouées au
bien public. En pratiquant beaucoup d'actes de vertus, elles apprennent à un
nombre infini de jeunes filles à les pratiquer. Ce sont elles qui instruisent
et élèvent presque toute la jeunesse de cette communauté et des lieux circonvoisins...".
Cette maison n'est pas seulement un lieu d'instruction profane et
de formation morale et re1 igieuse ; c'est également une école professionnel le
(même limitée à une seule "industrie") et une importante manufacture dont
l'utilité est évidente, pour les enfants et leurs familles : "... Enfin on ne
peut pas dissimuler que l'établissement ne forme une véritable fabrique de
dentel les. El les ont continuel lement sous les yeux environ deux cent cinquante
fiTles et souvent trois cents qu'elles ont soin de faire travailler. Il y en a
de tout âge et de tout état. Ce sont elles qui élèvent et enseignent les
jeunes filles à ce travail, se trouvant par là en état d'aider à la subsistance
de leur famille, et sortant de là elles trouvent plus aisément à se
marier...". Cette maison est par là-même d'une importance vitale dans une
région aussi pauvre : "... Et sans le secours de la dentelle que deviendrait
cette contrée ? La plus grande partie des habitants se trouverait dans une
impuissance absolue de payer les impôts et vivrait dans la misère extrême..."
(176).
Dans l'ensemble tout en enseignant à pratiquer les vertus chrétiennes,
1 'essentiel de la scolarisation des fi 1 les est axé sur I 'apprentissage des
tâches ménagères et la tenue d'une maison. Coudre, filer, tricoter sont les
activités féminines par excellence et peuvent s'exercer soit à la maison, soit
dans un atelier pour celles qui doivent gagner leur vie ; ce que prévoit le
règlement de la plupart de ces institutions puisque la formation pratique que
1 'on y dispense se fait en fonction de 1 '"état", de la "condition" et de la
"qualité" des filles. Qu'en était-il du problème des garçons ?