Manuel de numismatique française - University of Toronto

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ORGANISATION MONETAIRE
et les maîtres des monnaies cités à la même époque ' étaient cer-
tainement déjà des généraux. En effet, les mêmes personnages,
sous le titre de « monnayeurs du roi », prononcent une sentence
en faveur de Tévèque de Viviers ; par contre, Tun de ces jugées,
Guillaume Le P'iamenc, est connu pour avoir fait acte d'entrepre-
neur de la monnaie en 1303, et l'autre, Béthin Gaucinel, est,
quelques années plus tard, adjudicataire du bail des Agnels ^.
On rencontre les généraux maîtres sous cette appellation et avec
le caractère propre de leur institution, à partir de Philippe VI. Ils
étaient au nombre de trois ou quatre dans le principe, puis six,
sept et huit sous François I^"*. Ils faisaient des tournées d'inspec-
tion ou u chevauchées » ; à partir du xvi^ siècle, certains d'entre
eux furent établis à demeure dans les provinces [généraux subsi-
diaires, généraux provinciaux)
.
Les généraux maîtres nommaient les maîtres particuliers et autres
officiers des Monnaies, ou du moins entérinaient leurs lettres de pro-
vision si elles avaient été délivrées par le roi (depuis Charles VII)
ou si le choix était dû aux corps de ville (sous Henri II). Ils surveillaient
les fabrications. Mais, s'ils étaient les juges des mon-
nayeurs, ils étaient aussi leurs patrons et défendaient à l'occasion
leurs privilèges. A ces fonctions administratives et judiciaires, ils
joignaient des attributions de police. Ils avaient dans leur ressort la
circulation des monnaies, ainsi que le commerce des métaux pré-
cieux; ils donnaient licence aux changeurs, orfèvres et balanciers ;
enfin ils poursuivaient, devant les juges royaux, les contraventions
aux ordonnances qu'ils avaient transmises à ces magistrats.
Il y eut fréquemment des généraux maîtres qui, à titre de com-
missaires réformateurs ou inquisiteurs, reçurent des pouvoirs plus
étendus que d'ordinaire, soit pour l'ensemble du royaume, soit pour
une province en particulier. Certains même exercèrent une sorte
de dictature : par exemple Jean Poillevillain, au lendemain de la
mort d'Etienne Marcel.
Les généraux maîtres, ceux du moins qui étaient à Paris, com-
posaient la Chambre des monnaies ; dès Philippe le Bel, le « clerc
des monnaies » (greffier) et l'essayeur général sont nommés à côté
1. F. de Saulcy, Doc, I, 149, n. 2.
2. Il n'est pas surprenant qu'un personnage, après avoir été adjudicataire
delà monnaie, devienne général maître: tel Ravant le Danois, le premier
associé de Jacques Cœur; mais il est anormal qu'un haut fonctionnaire à vie,
tel qu'était un général maître, retourne au négoce.