Manuel de numismatique française - University of Toronto

28 LA FABRICATION
vouloir des tailleurs particuliers, soit négligence du tailleur géné-
ral, le résultat fut médiocre.
En 1572, on lui adjoignit un Contrôleur général des effigies,
chargé de lui fournir les cires pour son travail ; mais la routine et
la guerre civile laissaient les ateliers de province soustraits à l'ac-
tion de ces officiers.
Et cependant le pouvoir central ne se contentait pas d'inviter les
monnayeurs à ce qu'ils apportassent le plus grand soin à la fabrica-
tion du numéraire, surtout de l'or. Nous avons quelques exemples
de fabrications refusées : ainsi le premier Écu de Jean le Bon avec
la légende lOhGS, ainsi les Écus à la salamandre de François l", ou
le Teston avec le portrait de ce prince qui avait été gravé à Lyon ^.
Ce n'est qu'à partir de l'adoption de l'outillage mécanique, au temps
de Louis XIII et de Louis XIV, que le poinçonnage officiel rétablit
quelque uniformité. Même, « jusqu'à la Révolution, malgré le talent
des Varin, des Rœttiers, des Duvivier, le but que le successeur de
François P"" s'était proposé ne fut pas complètement atteint, et il ne
pouvait l'être. Par suite de l'inhabileté ou du mauvais vouloir des
graveurs particuliers, les matrices et les poinçons fournis par le gra-
veur général furent toujours plus ou moins altérés. Il est juste d'a-
jouter que l'imperfection des procédés, les ressources bornées de la
mécanique, et surtout la mauvaise qualité des aciers, opposaient
de sérieux obstacles à la reproduction uniforme des types moné-
taires ». Ainsi s'exprime A. Barre ^ ; mais qui l'approuverait de se
plaindre? Qui oserait médire de la variété des anciennes monnaies
et préférer aux errements qui nous la procurèrent la fastidieuse
régularité d'aujourd'hui ?
§ V. — Le faux monnayage ^.
Les monnaies fausses ou contrefaites, on le sait, étaient nombreuses,
mais il ne faudrait pas croire qu'il y en eût autant que
semblent le proclamer les textes. Le roi, pour décrier ses mauvaises
1. On le trouvait peu ressemblant (F. de Saulcy, Doc IV, 418. Vignette en
tête de HofTmann).
2. A. Barre, Graveurs généraux... des Monnaies de France, dans Ann. Soc.
fr. num., 1867, 151. — De LouisXIII à Louis XVI, les pièces sont de largeur
inégale, la variabilité de leur épaisseur rachetant cette dilTcrcnce pour leur
donner le poids.
3. Pour la partie juridique de la question, voy. ch. I, p. 20.