Manuel de numismatique française - University of Toronto

14 ORGANISATION MONETAIRE
Conformément à Tesprit des temps féodaux, ces offices furent
; en cas d'incapacité, les héritiers, femme
long^temps héréditaires *
ou enfant, déléguaient leurs droits ^ ; le maître également, s'il
mourait en cours d'exercice, transmettait ses charges et ses droits.
Que l'on songe maintenant à toutes les contestations qui pouvaient
survenir, que l'on évoque la bizarre coutume des adjudications en
surdite, ou encore ce fait que les instruments et le matériel étaient
la propriété des maîtres et des tailleurs, enfin le grand nombre des
pleiges, et l'on comprendra que d'innombrables procès aient laissé
leurs traces dans nos registres.
Le personnel proprement dit comprenait les monnoyers chargés
de frapper les monnaies et les ouvriers qui préparaient les flans ;
parmi ceux-ci, l'échelon le plus élevé était celui des tailleurs '*,
au-dessous desquels venaient les recuiteurs ou recochons *. La
classe des monnayeurs et celle des ouvriers avaient chacune son
prévôt élu •' dans chaque Monnaie ^.
§ IV. — La corporation des monnayeurs ^.
Les ouvriers et monnayeurs formaient une Corporation. A. de
Barthélémy en fait remonter l'origine à la réforme monétaire des
Carolingiens; reconnue par Philippe Auguste ^, elle comprit les
ouvriers et monnayeurs du domaine tel qu'il existait antérieure-
1. Voy. la concession à. Henri Plartard par Louis VIII (F. de Saulcy. Doc,
1,120).
2. R. Vallentin, Réception des filles de compagnons à la Monnaie d'Avignon^
dans Ann. Soc. fr. niim., 1893, 1. — Les femmes avaient pour remplaçant tel
ouvrier choisi par leur tuteur et ensuite d'ordinaire leur mari ; quelquefois
elles exerçaient elles-mêmes (recuiteresses, tailleresses).
3. Il faut se garder de confondre les tailleurs des flans, simples ouvriers,
avec le tailleur de la Monnaie qui gravait le coin et dont il a été question précédemment.
4. Hev. num., 1912, 515, n. 5.
5. Prévôt royal de Henri II à Henri IV (1555-1581).
6. Voy. listes du personnel dans les monographies citées p. 12, note 2.
7. A. de Barthélémy, Rev. num,, 1848, 267 ; 1850, 119; 1852, 61. Cf. A. Blanchet,
Ann. Soc. fr. num., 1888, 311 et Rev. num., 1912, 510; R. Vallentin.
Ann., 1889, 302 ; P. Bordeaux, Ann., 1895, 101. Les textes des privilèges sont
dans Rev. num., 1846, 370 (Serment de France) et 1905, 76 (Serment de
l'Empire). Cf. Rev. suisse num., 1891, p. 189.
8. Si la charte de 1211 a été contestée (L. Dclisle, Cat. des actes, n° 1315),
il y a une charte authentique de Louis VIII (F. de Saulcy, Doc, t. I, p. 120),
laquelle n'est pas à vrai dire un acte émané de l'autorité royale, mais une
transaction fondée sur la recherche des anciens usages.