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L'approche genre

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plus de protection et de bénédictions. Je pense qu’un des fondements du<br />

dynamisme bamiléké se trouve dans sa religion traditionnelle.<br />

Ma tendre enfance s’est passée avec ma tante, Megni Ngue’da, une<br />

belle femme élégante, grande de taille et avec beaucoup de caractère.<br />

Megni Ngue’da était une prêtresse de la religion traditionnelle, Elle<br />

n’était pas mariée et n’a pas eu d’enfants. J’ai été un de ses enfants, car<br />

chez nous une femme peut recevoir de ses sœurs des enfants qui vivent<br />

avec elle et elle les considère comme les siens. Le fait de ne pas se marier<br />

n’est pas une prescription de la religion traditionnelle, mais un fait de<br />

société. Selon les explications de ma mère, les femmes comme ma tante<br />

ne trouvent pas d’hommes à leur niveau. Présider des cérémonies du<br />

culte traditionnel leur confère un pouvoir du fait de leur place dans la<br />

société, en plus, leur qualité de prêtresse leur attribue des dons surnaturels<br />

de voyance et de vision. Pour ma mère, très peu d’hommes peuvent<br />

s’accommoder de vivre avec des femmes aussi puissantes. Le plus difficile<br />

étant de cohabiter sans secrets, car une prêtresse voit tout et sait<br />

tout. Devant elle, vous êtes « transparent ».<br />

Ma maman Megni Ngue’da, recevait chaque jour 10 à 30 personnes<br />

souffrantes à qui elle prodiguait des traitements. Elle travaillait 6 jours<br />

sur 7, jamais le dimanche. La plupart des patients étaient des enfants et<br />

les maladies étaient très souvent celles que la médecine moderne avait<br />

été incapable de traiter. Elle fabriquait elle-même ses potions, faisait ellemême<br />

la cueillette des « herbes » nécessaires pour les cures. Certaines<br />

écorces et amulettes, elle les achetait chez des marchands spéciaux réservés<br />

aux prêtres et prêtresses.<br />

Megni Ngue’da avait dans sa maison un espace sacré où coulait une<br />

source qui n’a tari qu’à sa mort. Certaines phases de traitement se faisaient<br />

à cet endroit où elle donnait à boire de l’eau de source avec<br />

comme gobelet des coquilles d’escargot. Cette eau était toujours très<br />

rafraichissante avec un goût spécial. Parfois, pour des cas difficiles,<br />

Megni Ngue’da officiait dans la « forêt sacrée » de la famille du patient.<br />

Avant le « modernisme », chaque famille avait sa forêt sacrée, un lieu<br />

pour le culte des ancêtres de la famille. Celui qui avait besoin d’observer<br />

80 Ma tante, la vie, les Eglises et « Le Bien »

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