Construction impossible et défense improbable : la ... - e-Sorbonne

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la forteresse est particulièrement résistante, et c’est en dernier recours
seulement que le feu en vient à bout, ainsi que de vertigier.
en supprimant les prophéties de merlin, le Brut refuse de développer
la senefiance des dragons. il amorce ainsi la restriction qui s’opère dans le
Merlin où ce duel spectaculaire ne désigne plus l’affrontement intemporel de
deux peuples, mais annonce plus précisément la destitution de l’usurpateur
renversé par les fils de constant :
li reis juste l’estanc s’assist ;
merlin preia qu’il li desist
Que li dragun senefioent
Ki par tel ire s’assembloent.
dunc dist merlin les prophecies
Que vus avez, ço crei, oïes,
des reis ki a venir esteient,
Ki la terre tenir deveient.
ne vuil sun livre translater
Quant je nel sai interpreter ;
nule riens dire n’en vuldreie
Que si ne fust cum jo dirreie 55 .
sans l’indiquer explicitement, Wace suggère que la lutte des deux dragons
mettra aux prises vertigier et les enfants de constantin qui causeront la mort
du roi. merlin rappelle en outre les fautes de vertigier à l’égard des héritiers
légitimes, la culpabilité à l’origine du châtiment qui va s’abattre sur lui 56 .
au lieu de supprimer, comme dans le Brut, les longues prophéties que
geoffroy insérait dans son texte comme un élément étranger, le Merlin
reprend partiellement ces prédictions en les intégrant à la trame narrative de
l’histoire de vertigier. le Merlin, suivant l’interprétation suggérée par le Brut,
réduit la portée de cet affrontement symbolique. merlin explique ainsi à
vertigier la senefiance des dragons : « li rous senefie toi et li blans senefie les fix
55 Brut, v. 7531-7542.
56 « Guarde, dist Merlin, guarde tei / Del feu as enfanz Constentin, / Kar par lur feu vendras a
fin. […] / Mal lur as fait, mal te ferunt, / De tei griefment se vengerunt. / A tun mal lui frere
traïs /Et a tun mal rei te feïs, / E a tun mal en cest païs / Paens et Saisnes atraïs » (Brut,
v. 7547-7560). Merlin évoque par le biais de répétitions et de parallèles la vengeance des
deux frères comme l’exercice d’une justice implacable (« Mal lur as fait, mal te ferunt ») et
rend Vertigier responsable des malheurs qui s’abattent sur lui (« a tun mal ») à cause de
son désir illégitime de monter sur le trône et de son recours à des Païens et des Saxons
qu’il a introduits en Grande Bretagne à ses propres risques et périls.